« L'énonciation piétonnière ». Le boulevard au crible de l'Étude de moeurs (1821-1867) - article ; n°134 ; vol.36, pg 19-31

Boris Lyon-Caen

Description

Romantisme - Année 2006 - Volume 36 - Numéro 134 - Pages 19-31
Suscitant la déambulation du marcheur et motivant l’observation de l’espace social, le Boulevard est au coeur des Tableaux de Paris et des études de moeurs élaborés au XIX e siècle dans le sillage de l’oeuvre de Mercier. Selon qu’elles désentravent ou non le pas de l’écriture
, ces études de moeurs peuvent prendre la forme, en termes structurels, de «textes en créneau» ou de «textes-diagrammes». Elles dispensent une connaissance par la scène, fondée sur le paradigme du voyeurisme, la scénographie théâtrale et l’écriture du type. Ainsi transfiguré, le Boulevard apparaît alors comme l’espace d’une poésie paradoxale, foncièrement moderne, relevant d’une éthique et d’une esthétique de la «bigarrure».
Motivating the flaneur’s stroll, fueling observation of the social world, the boulevard is located at the very core of both the Tableaux de Paris and the studies of manners popular in the nineteenth century in the wake of Mercier. Depending on whether they facilitate or hinder the flow of the writing, these studies of manners can take the form, in structural terms, of “time-block texts” or “diagram-texts”. They present a dramaturgical (that is, staged) knowledge, relying on the paradigm of voyeurism, theatrical scenography, and writing by type. Thus transfigured, the Boulevard appears as the space of a paradoxical, fundamentally modern poetry, belonging to an ethics and an aesthetics of the “patchwork”.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ROMANTISME
• Publié le: 01 janvier 2006
• Nombre de lectures: 31
• Langue: Français

Extrait

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Boris LYON-CAEN

On l’observe et on l’arpente. Sur le Boulevard, l’individu est à la fois « un marcheur et un voyeur » 1 . De là deux régimes d’écriture, lorsque le Boulevard accède à la représentation littéraire, deux régimes d’écriture le plus souvent entrelacés : une dominante narrative consistant à épouser le mouvement de l’ aller , une dominante descriptive suscitée par la stase du regarder 2 .  Rien d’étonnant dès lors à ce qu’un tel espace constitue un cadre romanesque privilégié, au même titre d’ailleurs que l’ensemble des grands schèmes urbains et plus particulièrement parisiens. Rien d’éton- nant non plus à ce qu’il cristallise quelques enjeux majeurs des « études de mœurs » conçues, au XIX e siècle, dans le sillage de l’œuvre de Mercier. ’ L’étudedemœursnest-e e ll - e È pastoutentièretendue,commel’ontnoté Karlheinz Stierle et Mari ve Thérenty 3 , entre l’acte de référence  et le geste de dramatisation ? Ne repose-elle pas pour l’essentiel sur cet entre- deux, sur cette solution de compromis : l’esthétique de la scène , qu’autorise et qu’intensifie précisément la déambulation boulevardière ? On l’aura compris : poser que la représentation du Boulevard est pour ainsi dire consubstantielle à ce régime discursif nous permettra, dans les pages qui 1. Daniel Oster et Jean-Marie Goulemot, La Vie parisienne. Anthologie des mœurs du XIX e siècle , Sand/Conti, 1989, p. 21. 2. Sur ce point, voir Michel de Certeau, L’Invention du quotidien. I : Arts de faire , Galli- mard, 1990, p. 176 et 189. 3. Voir Karlheinz Stierle, La Capitale des signes. Paris et son discours , Maison des Scien- ces de l’Homme, 2002, p. 191-292 ; et Marie-Ève Thérenty, Mosaïques. Être écrivain entre presse et roman (1829-1836) , Honoré Champion, 2003, p. 278. Romantisme n o 134 (2006-4)

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