L enquête historique ordonnée par Édouard Ier, roi d Angleterre, en 1291 - article ; n°4 ; vol.119, pg 572-584
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L'enquête historique ordonnée par Édouard Ier, roi d'Angleterre, en 1291 - article ; n°4 ; vol.119, pg 572-584

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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1975 - Volume 119 - Numéro 4 - Pages 572-584
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Bernard Guenée
L'enquête historique ordonnée par Édouard Ier, roi d'Angleterre,
en 1291
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 119e année, N. 4, 1975. pp. 572-
584.
Citer ce document / Cite this document :
Guenée Bernard. L'enquête historique ordonnée par Édouard Ier, roi d'Angleterre, en 1291. In: Comptes-rendus des séances
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 119e année, N. 4, 1975. pp. 572-584.
doi : 10.3406/crai.1975.13190
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1975_num_119_4_13190COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 572
COMMUNICATION
l'enquête historique ordonnée par Edouard i^r,
roi d'angleterre, en 1291,
par m. bernard guenée.
Si je simplifie à l'extrême, je dirai que les historiens français
de la première moitié du xixe siècle ont lu avec passion les sources
narratives. Mais, par nécessité, parce qu'il fallait bien commencer
par établir la suite des événements, ou par conviction, parce que
l'histoire, pour eux, c'était d'abord des faits, ils ne cherchaient dans
les chroniques « que des faits a1. Ils lisaient donc les chroniques
médiévales, mais, ce faisant, ils exploitaient simplement des car
rières de faits, ils ne s'inquiétaient guère des historiens eux-mêmes,
ils se souciaient peu de leurs constructions et de leurs intentions,
ils n'envisageaient pas d'ensemble une littérature historique pour
laquelle, d'ailleurs, ils n'avaient même pas de mot.
Les premiers à véritablement sympathiser de l'intérieur avec
les historiens du Moyen Âge furent quelques érudits formés à l'École
des Chartes qui, dans les années 1840, sous l'influence conjointe du
romantisme et d'un catholicisme qui, désormais ultramontain,
n'avait plus d'hostilité pour un temps que la papauté avait dominé,
voulurent comprendre et réhabiliter toutes les œuvres du Moyen
Âge, les œuvres historiques comme les autres. Ils s'intéressèrent
donc au travail et à la philosophie des historiens du Moyen Âge.
Mais à vrai dire ces historiens ne dépassèrent pas le stade des inten
tions parce que les meilleurs d'entre eux, comme L. Gautier, pour
mieux défendre dans un large public leurs convictions religieuses,
se tournèrent vers des tâches, qu'ils considéraient plus urgentes,
de vulgarisation.
La réhabilitation totale des historiens du Moyen Âge vint pendant
la formidable révolution qui, entre 1866 et 1876, transforma complè
tement la science historique française. Ses artisans, Gaston Paris,
Paul Meyer, Gabriel Monod, d'autres encore, serrés autour de l'agres
sive Revue critique d'histoire et de littérature, étaient pénétrés des
perspectives et des méthodes allemandes. Ils donc tout
naturellement convaincus qu'il y avait eu au Moyen Âge une litt
érature historique digne d'intérêt. Et ce n'est pas un hasard si le
mot historiographie, dans le sens de littérature historique qu'il avait
depuis fort longtemps en Allemagne, apparaît à ma connaissance
pour la première fois en France en 1869 sous la plume de l'alsacien
1. Dom Martin Bouquet, Recueil des Historiens des Gaules et de la France,
t. I, Paris, 1738, p. ix. HISTORIQUE EDOUARD Ier 573 ENQUÊTE
Rodolphe Reuss dans la Revue critique d'histoire et de littérature2.
A la fin du xixe siècle, l'histoire de l'historiographie, portée par
Gabriel Monod et ses élèves, sûre de son objet et de ses méthodes
érudites, semblait avoir pour elle l'avenir.
Je ne dirai pas ici pourquoi il n'en fut rien, pourquoi, en France,
l'histoire de l'historiographie en général et l'histoire de l'histori
ographie médiévale en particulier somnolèrent longtemps. L'effort
érudit était pourtant vigoureux, parfois admirable. L'histoire des
manuscrits et l'histoire des bibliothèques, sans lesquelles personne
ne saurait songer à étudier l'historiographie médiévale, faisaient de
décisifs progrès. Mais c'est un fait que, de cette érudition, personne
ne bâtissait une histoire. Et puis, peu après la fin de la seconde guerre
mondiale, et d'abord grâce à M. Marrou et à ses bulletins de la Revue
historique, les historiens de l'historiographie commencèrent à se
sentir moins seuls. L'histoire de antique reprit vie ;
puis l'histoire de l'historiographie moderne. L'histoire de l'histori
ographie médiévale se fit plus longtemps attendre, sans doute surtout
parce que les médiévistes étaient accablés par la conviction des
modernistes qu'il n'y avait pas eu d'histoire digne de ce nom avant
les temps modernes. Mais tous les médiévistes sont désormais per
suadés que l'étude du passé n'a été au Moyen Âge ni délaissée ni
impuissante, et que l'effort d'un Guillaume de Malmesbury, d'un
Sigebert de Gembloux, d'un Vincent de Beauvais, mérite, au moins
autant que celui de Guizot ou d'Augustin Thierry, d'être étudié.
Si bien qu'à l'heure actuelle éditions et recherches se multiplent,
l'histoire de l'historiographie est plus consciente que jamais de son
objet, plus assurée que jamais de ses méthodes. En s'y consacrant
aujourd'hui, on sait pouvoir s'appuyer sur une longue tradition,
et sur une récente renaissance.
Tout au plus avouerai-je que, pour moi, l'étude de l'histori
ographie n'est qu'une étape. Je suis intéressé par l'historien, mais
plus encore par son public ; par l'œuvre historique, mais plus encore
par son succès ; par l'histoire, mais plus encore par la culture histo
rique. En effet, j'ai longtemps étudié l'histoire politique, et je suis
persuadé qu'en définitive la vie et la solidité des États dépend moins
de leurs institutions que des idées, des sentiments et des croyances
des gouvernés. Mais ces mentalités politiques elles-mêmes ne sont-
elles pas largement façonnées par le passé que chacun se croit ?
Quelques-uns, nourris de lectures nombreuses et copieuses, ont en
tête une histoire précise. Beaucoup d'autres savent seulement ce
que leur apprennent d'anonymes manuels, de rudimentaires séries
chronologiques, des listes princières, des nomenclatures géogra-
2. Revue critique d'histoire et de littérature, 1869, p. 77, 78, 139. 574 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
phiques. L'ignorance du plus grand nombre n'est traversée que de
quelques éclairs plus ou moins mythiques. Saint Louis, Charlemagne,
Arthur, Francion et ses Troyens peuplent seuls leur nuit. Mais
qu'ici on lise Guillaume de Malmesbury, on sache la liste des rois
d'Angleterre, et on s'enthousiasme pour Arthur ; qu'ailleurs on lise
les Grandes Chroniques de France, on apprenne la généalogie capé
tienne, et on vénère Charlemagne ; et là est le secret de bien des
forces et bien des faiblesses. L'analyse et la géographie de la culture
historique sont nécessaires. Elles seront difficiles, car elles nécessi
teront la mise en œuvre d'une documentation fort dispersée. Il est
toutefois des documents, plus nombreux qu'il ne pourrait sembler
d'abord, qui permettront de véritables photographies de la culture
historique. C'est l'un d'eux que je voudrais vous présenter aujourd
'hui.
Depuis des siècles se posait le problème de la position juridique
respective de l'Angleterre et de l'Ecosse. Tantôt le roi d'Ecosse
se proclamait souverain, tantôt il consentait l'hommage au roi
d'Angleterre. La situation était encore, à la fin du xme siècle, des
plus indécises. Or, en 1286, meurt le roi d'Ecosse Alexandre III.
Tous ses enfants étaient morts avant lui. Il n'avait qu'une petite-
fille, Margaret, née trois ans auparavant. Et la petite Margaret
meurt elle-même en septembre 1290. De nombreux prétendants
s'apprêtent à une âpre lutte successorale. Tous ont besoin, pour
s'imposer, de l'appui du roi d'Angleterre. Sollicité de trancher,
Edouard Ier les convoque tous pour le 10 mai 1291 à Norham,
à sept milles de Berwick, sur la frontière. Les prétendants s'attendent
simplement à ce que le roi tranche entre eux tous, mais celui-ci
veut profiter de cette situation provid

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