L'étude sur photographies de caractères physionomiques ; application à une ethnie africaine : les Bushong - article ; n°3 ; vol.3, pg 239-268

Ducros (J.)

Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1968 - Volume 3 - Numéro 3 - Pages 239-268
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: BULLETINS_ET_MEMOIRES_DE_LA_SOCIETE_D-ANTHROPOLOGIE_DE_PARIS0
• Publié le: 01 janvier 1968
• Nombre de lectures: 31
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

J. Ducros
L'étude sur photographies de caractères physionomiques ;
application à une ethnie africaine : les Bushong
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XII° Série, tome 3 fascicule 3, 1968. pp. 239-268.
Citer ce document / Cite this document :
Ducros J. L'étude sur photographies de caractères physionomiques ; application à une ethnie africaine : les Bushong. In:
Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XII° Série, tome 3 fascicule 3, 1968. pp. 239-268.
doi : 10.3406/bmsap.1968.1419
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1968_num_3_3_1419et Mémoires de la Société ď Anthropologie de Paris, Bulletins
tome 3, XIIe série, 1968, pp. 239 à 268.
L'ÉTUDE SUR PHOTOGRAPHIES
DE CARACTÈRES PHYSIONOMIQUES
APPLICATION A UNE ETHNIE AFRICAINE
LES BUSHONG
PAR
J. DUCROS
Avant de chercher à les expliquer, le premier travail de l'anthropologue est
de relever avec le maximum de précision les aspects de la diversité humaine.
Techniques d'étude, et résultats qu'on peut en attendre, diffèrent suivant les
différents domaines de l'anthropologie, c'est-à-dire suivant les sortes de carac
tères étudiés. Si les dimensions, les groupes sanguins par exemple, peuvent
faire l'objet de relevés précis et sont à ce titre très largement utilisés, les
caractères dits descriptifs et, parmi eux, ceux qui composent en grande partie
la physionomie, sont moins exploités. Certes de très nombreux travaux con
cernent les caractères physionomiques. On connaît l'association de détails,
parfois fort discrets, de la physionomie avec des maladies organiques ; la
génétique humaine s'est abondamment penchée sur les caractères physiono
miques à des propos les plus divers (recherche de paternité, recherche des cri
tères physiques présidant au choix du conjoint...) ; d'une manière générale
l'hérédité des éléments de la figure humaine a intéressé beaucoup de chercheurs.
Des raciologues ont également souligné l'intérêt de ces caractères qui, à ce
titre, ont été exploités. Cependant les conditions les plus fréquentes d'enquêtes
anthropologiques sur une population nombreuse empêchent qu'on puisse, à
côté des relevés les plus habituels (dimensions, empreintes digito-palmaires,
groupes sanguins...), faire un Felevé des caractères physionomiques eu égard
à l'imprécision et la subjectivité qui peuvent s'attacher au relevé de ceux-ci
dans un temps le plus souvent limité. Aussi l'usage de la photographie est-il
un bon moyen d'enregistrer rapidement quelques caractères morphologiques
qu'on peut tout à loisir étudier en laboratoire. L'utilisation de la photographie
à des fins de recherches anthropologiques n'est pas nouvelle. A. Bertillon fut 240 SOCIETE D ANTHROPOLOGIE DE PARIS
un magistral précurseur en la matière puisqu'il y a plus de cinquante ans il
exposait les conditions pour relever les mensurations crâniennes et corporelles
sur photographies, et calculait l'écart à la réalité en fonction de la prise de vue.
Depuis, la photographie est devenue un auxiliaire précieux dans plusieurs
domaines de la recherche anthropologique. Récemment D. R. Brothwell et
R. G. Harvey, dans le cadre des travaux préparatoires au Programme Bio
logique International, ont publié les résultats d'une analyse sur photographies
du visage d'une population de Tristan Da Cunha.
Jean Hiernaux, Maître de Recherche au Centre National de la Recherche
Scientifique, a bien voulu nous confier l'étude de photographies de sujets
africains appartenant à cinq ethnies différentes, et dont il possède par ailleurs
les principales caractéristiques anthropologiques. On pourrait, en confrontant
les résultats des différents domaines d'étude, tester au moins le pouvoir de di
scrimination qu'apporte l'étude des caractères physionomiques par rapport à
celle d'autres caractères biologiques, voire rechercher les liaisons éventuelles
de tous les entre eux. Notre propos ici est beaucoup plus limité. Il
se borne à exposer les différents traits qu'on a pu relever sur des photographies
qui n'ont pas été prises pour une recherche de cet ordre et la façon dont on a
pu le faire, en prenant pour illustration les Bushong, ethnie africaine du
royaume Kuba (Congo-Kinshasa).
I. — Les caractères étudiés
La plupart des caractères ont été relevés sur des photographies de sujets
en vue de profil et quelques-uns seulement en vue de face. C'est :
Front : angle d'inclinaison par rapport à la verticale, 1)
forme, 2)
Nez : angle de la base du nez avec la verticale, 3) du dos du nez avec la verticale, 4)
position de l'aile et du septum par rapport à l'horizontale, 5)
forme du dos, 6)
Lèvres : aspect de l'union du sillon naso-oralis avec la lèvre (en vue de face),
Q\ S) 7) de la lèvre épidermique supérieure,
inclinaison de la lèvre 9) de la inférieure, 10)
Menton : angle d'inclinaison du menton, П)
Oreille : inclinaison de l'insertion de l'oreille, 12)
direction de l'attache de l'hélix, 13)
longueur de la racine de 14)
inclinaison de l'antitragus, 15)
développement de 16)
forme de lobule, 17)
degré d'adhérence du lobule à la joue, 18)
présence ou absence de caractères rares, 19)
Œil : ou du Plica orbito-palpebralis, 20)
variantes du Plica orbito-palpebralis et plis particuliers. 21) DUCROS. CARACTÈRES PHYSIONOMIQUES DES BUSHONG 241 J.
Ces éléments de la physionomie sont de trois sortes :
— les uns sont des détails de la morphologie dont on note simplement la
présence ou l'absence (tubercule de Darwin, plis...) ;
— d'autres peuvent être matérialisés par des segments qu'on trace à partir
de points de repère du visage ; on peut évaluer leur variations par des mesures
angulaires ;
— d'autres enfin sont difficiles sinon impossibles à matérialiser par des
segments. Ce sont le plus souvent des éléments de forme. On range leurs varia
tions dans quelques catégories préalablement déterminées.
II. — Matériel, problèmes techniques
Les Bushong qui illustreront cet exposé sont au nombre de 117 et repré
sentés par un cliché de face et un cliché de profil. Cependant, dans les résultats,
le nombre de sujets illustrant chaque trait physionomique est variable. En
effet on peut, quelle que soit l'orientation d'une photographie, relever les carac
tères de la première porte que nous avons évoquée plus haut. Par contre les
deux autres types de caractères, et notamment les mesures angulaires, deman
dent que les prises de vue de tous les sujets aient été faites dans les mêmes
conditions d'orientation. Il importe, pour une photographie de profil, que le
plan de symétrie sagittal du sujet soit confondu avec le plan de l'épreuve ;
l'orientation par rapport à une horizontale du sujet (tête plus ou moins levée)
importe en général peu, car on choisit sur le sujet lui-même des points parti
culiers permettant de tracer une ligne de référence (verticale ou horizontale).
Pour une photographie de face il importe que non seulement le sujet soit pho
tographié bien de face (c'est-à-dire qu'un plan frontal, perpendiculaire au plan
de symétrie sagittal, soit confondu avec le plan de l'épreuve) mais surtout que
l'orientation par rapport à l'horizontale soit toujours la même pour tous les
sujets.
Les photographies à notre disposition n'avaient pas été prises spécialement
pour une recherche de cet ordre. Plusieurs souffraient d'orientation défectueuse
du sujet lors de la prise de vue. En fonction du caractère étudié nous avons
rejeté les photographies visiblement mal orientées et qui auraient entraîné une
évaluation fausse du caractère. Mais une variation minime de l'orientation
autour de la position idéale peut ne pas être visible sur la photographie. On
a admis, pour la photographie de profil, que la variation minime d'orientation,
non décelable, entraînait certes une « erreur sur la mesure » mais sans que
cela puisse fausser complètement les résultats.
Nous avons relevé le plus possible de mesures angulaires. Celles-ci ne repré
sentent que le tiers des caractères étudi