L Europe dans l économie mondiale - article ; n°107 ; vol.27, pg 563-576
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Description

Tiers-Monde - Année 1986 - Volume 27 - Numéro 107 - Pages 563-576
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Laganier
Jean-Paul Laurencin
L'Europe dans l'économie mondiale
In: Tiers-Monde. 1986, tome 27 n°107. pp. 563-576.
Citer ce document / Cite this document :
Laganier Jean, Laurencin Jean-Paul. L'Europe dans l'économie mondiale. In: Tiers-Monde. 1986, tome 27 n°107. pp. 563-576.
doi : 10.3406/tiers.1986.4399
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1986_num_27_107_4399- UNE PERSPECTIVE RÉGIONALE IL
EN EUROPE
L'EUROPE
DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE
par Jean Laganier* et Jean-Paul Laurencin**
U instabilité de l'économie mondiale présente de grands risques pour l'Europe
Pauvreté, endettement du Tiers Monde, montée en puissance ou déclin
des Etats-Unis, excédent commercial démesuré du Japon, les ruptures ne se
programment pas et la prospective est bien en peine de montrer l'avenir. Les
déséquilibres internationaux induits par le développement des échanges à
l'échelle mondiale ont aussi des vertus jusqu'à ce qu'ils deviennent insupport
ables. Le marché nord-américain a ainsi joué, au cours de ces dernières années,
un rôle décisif dans le rééquilibrage des soldes de nombreux pays du Tiers
Monde et même de pays développés jusque-là déficitaires vis-à-vis des Etats-
Unis (la France notamment). Par voie de conséquence, cependant, il a com
promis (ou différé) les tentatives d'une organisation multilatérale des échanges
internationaux durablement plus avantageuse pour les pays du Tiers Monde,
en développant une polarisation des courants d'échanges en grande partie
fondée sur la surévaluation de la devise américaine.
Les évolutions les plus récentes en matière de parités et d'écarts de crois
sance confirment la fragilité de cette situation et la gravité des incertitudes qui
seraient associées à une réduction du déficit des paiements courants des Etats-
Unis dont certains experts prévoient qu'il devrait représenter en 1986 3,5 %
du PNB, soit un pourcentage encore plus élevé qu'en 1985 (3,1 %), (0,3 % en
1982)1. Il est en effet probable qu'à moyen terme, les Etats-Unis devront, bon
gré mal gré, s'inscrire dans les limites d'une certaine contrainte extérieure. En
effet, la perte continue de leurs parts de marché n'est pas indéfiniment compat
ible avec les exigences de la restructuration de l'industrie nord-américaine et de
la résorption de certains déséquilibres généraux (déficit budgétaire notamment).
Il semble bien que l'heure soit proche d'une réduction du déficit extérieur.
Cette réduction pourrait provenir de la baisse du cours du dollar, mais aussi,
* Professeur associé, IREP-développement, Université des Sciences sociales de Grenoble.
** Chargé de Recherche cnrs, iREP-développement, Université des Sciences sociales de
Grenoble.
1. Cf. Financial Times du 26 septembre 1985, « Don't expect lower deficit ».
Revue Tiers Monde, t. XXVII, n° 107, Juillet-Septembre 1986 J. LAGANIER ET J.-P. LAURENCIN 564
pour le cas où cette baisse n'aurait pas les effets escomptés par les économistes
libéraux, par un dispositif protectionniste avoué. La nécessité de la réduction
du déficit américain, vis-à-vis du Japon notamment, apparaît suffisamment
imperative pour impliquer la tentation protectionniste et le recours à 1' « Omn
ibus Trade Act », tentation à laquelle le Japon cède lui-même si facilement,
en dépit de la ferveur libre-échangiste officielle des autorités japonaises.
Or, la réduction du déficit américain « par le bas », c'est-à-dire par la baisse
ou la moindre croissance des importations, entraînerait des risques importants
pour l'économie européenne : les courants d'exportations dirigés jusque-là
vers les Etats-Unis tendraient alors à se redéployer et à menacer ainsi plus
directement le commerce international des pays européens.
Jusqu'ici, en effet, l'Europe est restée largement abritée des prétentions des
nouveaux pays exportateurs du Sud et du Japon. Elle a par ailleurs montré une
indéniable capacité de réaction aux chocs pétroliers de la précédente décennie.
Certes elle n'a maintenu ni ses soldes vis-à-vis de l'extérieur, ni ses parts de
marché, mais elle a su résister et demeurer ainsi dans une position médiane
somme toute assez stable entre les évolutions divergentes des Etats-Unis et
du Japon.
Mais ce calme relatif de la situation de l'Europe risquerait, dans l'hypothèse
où nous nous situons, d'être remis en cause. En effet, les facteurs qui y ont
contribué tendent à épuiser leurs effets : le marché des pays de Горер, qui avait
permis le rééquilibrage du commerce extérieur européen, tend à stagner; le
processus d'intégration régionale des économies européennes s'essouffle;
enfin l'éloignement de l'Europe par rapport à la zone du Pacifique, théâtre
des grandes manœuvres commerciales, commence à jouer plus nettement
contre elle.
Dans la situation nouvelle qui serait celle d'une moindre polarisation des
exportations mondiales vers les Etats-Unis et a fortiori s'il y avait recours à un
protectionnisme plus étendu, il ne fait guère de doute que l'Europe serait alors
attaquée sur son propre marché et non plus seulement sur les marchés tiers.
Le déclin de l'Europe risque fort, dans cette hypothèse, d'être devant nous.
Cependant, si la situation des pays européens est aussi directement menacée,
c'est sans doute qu'ils n'ont su — ou pu — dépasser les stratégies nationales
de type défensif face à la crise, pour adopter ensemble une position plus offen
sive qui ne peut être qu'européenne et non nationale, dans une nouvelle donne
de l'économie mondiale caractérisée par la mondialisation des marchés, l'inten
sification de la concurrence par la technologie, et la déstabilisation des régu
lations nationales.
Il ne semble pas, en effet, que les ajustements de type récessionniste et les
dispositifs de restriction budgétaire qui prévalent aujourd'hui dans l'ensemble
des pays européens — et notamment dans les pays de la cee — constituent une
réponse adéquate au défi devant lequel l'Europe est placée.
Ces moyens défensifs apparaissent bien plutôt comme autant de symptômes
d'un affaiblissement inéluctable : sur ce constat se rejoignent (pour en tirer des
conclusions différentes...) les tenants de stratégies nationales indépendantes
comme ceux d'une plus grande intégration économique et politique de l'Europe2.
2. Sur ce débat, cf. J. Moreau et M. Richonnier, Quelle stratégie européenne pour la France
dans les années ipSo ?, Paris, La Documentation française, 1983; M. Albert, Un pari pour
l'Europe, Paris, Seuil, 1983. L'EURO PE DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE 565
Cette dernière alternative traduit, au niveau des politiques, les forces centri
fuges et centripètes de régionalisation et de mondialisation qui agissent sur les
économies européennes. Elle marque bien, par ailleurs, la forte incertitude des
perspectives qui s'offrent à ces économies dans l'économie mondiale.
Cette situation de l'Europe, pour être comprise, doit être éclairée par trois
idées que nous développerons successivement dans les trois parties de cet
article :
— les économies européennes ont un trait commun déterminant : le poids, pour elles,
de la contrainte extérieure ;
— l'espace économique européen reste largement hétérogène et fragmenté ;
— il est soumis à des forces contraires de régionalisation et de mondialisation.
I. — Du RÔLE DÉTERMINANT DE LA CONTRAINTE EXTÉRIEURE
DANS LA SITUATION DE L'EUROPE DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE
Une contrainte extérieure forte
La dépendance de l'Europe en matières premières et sources d'énergie
reste le facteur déterminant d'une vocation échangiste qu'un vif développe
ment de la spécialisation internationale de l'industrie européenne a fortement
amplifiée. L'assise relativement étroite de la plupart des systèmes productifs
et le haut niveau d'industrialisation atteint ont joué un rôle décisif dans le déve
loppement de la spécialisation

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