L évolution du problème des aphasies - article ; n°1 ; vol.13, pg 344-369
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L'évolution du problème des aphasies - article ; n°1 ; vol.13, pg 344-369

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Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 344-369
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. F.
L'évolution du problème des aphasies
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 344-369.
Citer ce document / Cite this document :
F. M. L'évolution du problème des aphasies. In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 344-369.
doi : 10.3406/psy.1906.1305
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1305XXI
"L'ÉVOLUTION DU PROBLÈME DES APHASD3S
La découverte de Broca, localisant l'aphasie dans la région
postérieure de la troisième frontale gauche, devint, malgré
quelques protestations, le point de départ des plus belles
conquêtes de la physiologie cérébrale. Enregistrer toutes les
observations qui furent publiées à l'appui de cette localisation
serait dresser une longue liste de confirmations du fait énoncé
pour la première fois avec cette précision par Broca. Aussi le
pied de la troisième frontale gauche devint et resta le point
du cerveau dont le rôle était le mieux connu, et Soury (1), dans
son ouvrage si documenté sur les doctrines du système
nerveux central, pouvait, d'accord avec la presque unanimité
des auteurs, écrire : « Le lobe frontal considéré comme centre
d'association demeure une sorte de terra incognita. Dans ce
grand désert, une oasis : le centre de Broca. »
C'est que grâce aux travaux de Charcot et de ses élèves,
Ballet, Marie, Brissaud, Pitres, Féré, Blocq, Bernard, et à ceux
de Déjerine et son élève Mirallié en France, de Wernicke,
Kussmaul et Lichtheim en Allemagne, de Jackson, Gairdner,
Popham, Ogle et Bastian en Angleterre, la doctrine des aphas
ies avait acquis un tel prestige qu'il semblait audacieux et
téméraire d'y toucher.
Et cependant des voix s'étaient élevées contre ce dogme de
l'aphasie. Déjà Trousseau, dans ses cliniques, — comme s'il
avait pu prévoir l'évolution actuelle de cette question, —
concluait en ces termes : « Les lésions les plus diverses de cette
portion de la troisième frontale peuvent entraîner l'aphasie, et
j'ajoute qu'il en est ainsi, non seulement des lésions des
parties voisines situées plus profondément, telles que l'insula
de Reil et le corps strié, mais encore des altérations des lobes
moyens et postérieurs du cerveau. Toutefois la lésion de la tro
isième frontale gauche est de beaucoup la plus fréquente. » Plus
récemment Bernheim (2), de Nancy, repousse l'existence des - . ,'- ...-.* -r, -- .. _
F. BERNHEIM. — L'ÉVOLUTION DU PROBLÈME DES APHASIES 345
centres de mémoire phonétique, graphique, auditive et visuelle
des mots : il n'y a que des aphasies de conductibilité. Bastian (3)
fait remarquer que l'hémisphère droit, recevant une éducation
partielle de ses centres verbaux, est prêt à suppléer l'hémi
sphère gauche, lorsque celui-ci est atteint. Collins (4) partage
cette Opinion. Préobrajenski (5) et Moltschanow (6) citent des cas
d'aphasie motrice chez des droitiers où la lésion siège à droite.
D'autre part Giulo Levi (7), Byrom-Bramwell (8), Collier (9)
publient des cas de lésion du centre de Broca, chez des droi
tiers, sans aphasie. Dans l'ouvrage de Charcot et Pitres (10) il
y a nombre d'observations d'aphasie sans lésion de la tro
isième frontale. Bernheim (11) enfin cite le cas d'une aphasie
motrice totale avec intégrité de la troisième frontale.
En présence de ces faits nouveaux, il fallut bien songer à
reviser la question des aphasies; le doute entra dans les
esprits et on demanda à la localisation de Broca de faire sa
preuve, à la doctrine des aphasies de faire face à toutes les
critiques. De ce besoin de précision dans les théories et les
faits est né le mouvement actuel, qui passe au crible étroit
de l'examen toute la doctrine classique des aphasies : c'est
précisément cette phase de l'évolution des que nous
chercherons à dégager dans cette étude succincte.
Rappelons d'abord en quelques lignes les données classiques.
Les souvenirs ou images acoustiques des mots sont localisés
à l'extrémité postérieure de la première temporale gauche.
Les lésions de cette région produisent l'amnésie auditive ou
surdité verbale : le malade entend, mais ne comprend plus ce
qu'il entend; il peut parler, écrire et lire.
Les souvenirs ou images visuelles des mots sont localisés
dans le pli courbe gauche. Les lésions de cette région pro
duisent l'amnésie visuelle ou cécité verbale : le malade voit ce
qui est écrit ou imprimé, mais ne comprend plus la significa
tion de ce qu'il voit écrit ou imprimé ; il peut parler, il peut
écrire, il peut comprendre ce qu'on lui dit; mais il ne
pas lire.
Les souvenirs ou images phonétiques des mots sont loca
lisés dans le pied de la troisième frontale gauche. Les lésions
de cette région produisent l'amnésie motrice verbale ou
aphasie motrice : le malade a perdu la mémoire de la coordi
nation phonétique, il comprend ce qu'on lui dit, il
comprend ce qu'il lit; mais il ne peut ni parler, ni écrire. — ^ ï^--,*- ^Hf
346 MÉMOIRES ORIGINAUX
Les images graphiques avaient été localisées depuis Exner au
pied de la deuxième frontale gauche; mais l'existence de ce
centre a été abandonnée à peu près universellement.
Surdité et cécité verbales représentent les aphasies de
réception ou sensorielles, l'aphasie motrice avec l'agraphie
constitue l'aphasie de transmission.
Chez la plupart des sujets, les facultés intellectuelles sont
compromises au prorata de l'étendue des lésions; la mimique
est souvent exagérée. Chez d'autres, l'aphasie est incomplète,
et le malade substitue au milieu d'un mot des lettres ou des
syllabes qui rendent le mot ou la phrase inintelligibles : c'est
de la paraphasie; parfois même il forge des mots nouveaux
(jargonaphasie). Cette substitution se reproduit en écrivant.
Paraphasie et jargonaphasie se rencontrent presque exclus
ivement dans l'aphasie sensorielle, où les malades sont des
verbeux.
La musique peut présenter dans son expression, son audi
tion et sa lecture des troubles analogues à ceux de la parole :
il s'agit d'amusie (Blocq, Edgren).
Tantôt aphasies sensorielle et motrice se combinent pour
donner lieu à l'aphasie totale. C'est généralement à la période
initiale que ce syndrome apparaît; puis les lésions se circons
crivant et les phénomènes d'inhibition disparaissant, l'aphasie
revêt le type moteur ou sensoriel, ou même il ne reste plus
que de la surdité ou de la cécité verbales.
Selon que les lésions sont corticales ou sous-corticales, le
langage intérieur du malade est atteint ou intact; dans ce
dernier cas il s'agit d'aphasie pure par lésion des faisceaux
blancs sous-jacents aux centres de la zone du langage.
Cette zone comprend l'extrémité postérieure de la première
temporale gauche, qui, avec le pli courbe gauche, forme le
territoire de Wernicke, et le pied de la troisième frontale
gauche ou région de Broca. Ces centres verbaux sont étroit
ement reliés entre eux, de sorte que lorsque l'un d'eux est
atteint, la lésion retentit sur les autres centres.
Illustrons par un exemple d'aphasie motrice * ces données
classiques, de façon à montrer un aphasique après avoir
parlé de l'aphasie en général.
Cécile B., âgée de vingt-sept ans, entre dans le service de
1. Cet exemple est tiré de ma thèse : De V aphasie motrice (étude ana-
tomo-clinique et physiologique), Paris, 1900, chez Baillière. ^ri^^
F. BERNHEIM. — l/ ÉVOLUTION DU PROBLÈME DES APHASIES 347
mon maître, M. le Professeur Déjerine. Sans antécédents héré
ditaires ou personnels, elle fut frappée d'hémiplégie droite
avec aphasie trois ans auparavant. Elle eut une perte de
connaissance jours après une couche. Six semaines après
l'attaque la malade a pu marcher. Elle est restée quatre mois
sans pouvoir parler : elle ne disait que « concon ».
A son entrée dans le service on constate une hémiplégie
droite avec aphasie améliorée, dues à un rétrécissement
mitral (dédoublement du 2e bruit, souffle diastolique et présys-
tolique).

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