L'évolution du processus planificateur en Andalouise: l'exemple de l'agriculture - article ; n°1 ; vol.24, pg 331-351

Jean-Bernard Duboscq

Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1988 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 331-351
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: MELANGES_DE_LA_CASA_DE_VELAZQUEZ
• Publié le: 01 janvier 1988
• Nombre de lectures: 30
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

M. Jean-Bernard Duboscq
L'évolution du processus planificateur en Andalouise: l'exemple
de l'agriculture
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 24, 1988. pp. 331-351.
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Duboscq Jean-Bernard. L'évolution du processus planificateur en Andalouise: l'exemple de l'agriculture. In: Mélanges de la
Casa de Velázquez. Tome 24, 1988. pp. 331-351.
doi : 10.3406/casa.1988.2521
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1988_num_24_1_2521L'ÉVOLUTION DU PROCESSUS PLANIFICATEUR
EN ANDALOUSIE:
L'EXEMPLE DE L'AGRICULTURE
Jean-Bernard DUBOSCQ
Membre de la Section Scientifique
Alors que la majorité des dirigeants politiques des pays industrialisés
s'interroge sur l'opportunité et la viabilité des politiques de planification
économique et que les mêmes dirigeants remettent partiellement en cause la
croyance dans les bienfaits de la décentralisation ou de la régionalisation,
l'Etat espagnol encourage les régions autonomes qui le constituent à se doter
de plans économiques propres. Si la planification régionale est désormais un
impératif pour les régions désireuses d'accéder aux aides de la Communauté
Economique Européenne, elle se réduit dans la plupart des cas à l'établi
ssement de priorités en matière d'aménagement du territoire ou de volontés
générales dans le domaine économique. La Constitution espagnole permet
au contraire aux différentes autonomies de se doter d'un plan économique,
dont la valeur et la portée seront fonction non pas des compétences, larges
en ce domaine, mais de la volonté de chaque exécutif régional. En
Andalousie cette volonté s'est vite faite sentir, approuvée et/ ou suscitée par
le gouvernement de Madrid, elle a débouché sur l'élaboration du premier
des plans économiques régionaux dont le contenu était clairement exprimé
dans le titre : «Plan Econômico para Andalucia» (P.E. A.). Les contraintes
(économiques et nationales) et les enjeux (politiques et régionaux) étaient
nombreux et à la hauteur du défi: il s'agissait d'essayer de résoudre en
périphérie une situation de sous-développement et d'inadaptation, structur
els et conjoncturels, situation que le centre n'avait pu jusqu'à présent
modifier seul. S'il faut limiter la portée et les effets possibles de la logique
centre/ périphérie en raison des liens qui unissent ces deux concepts constitu-
tionnellement en Espagne et politiquement en Andalousie, il faut néanmoins
Mélanges de la Casa de Velazquez, (M.C. V.) 1988, t. XXIV, p. 331-351. 332 JEAN-BERNARD DUBOSCQ
s'interroger sur les fondements d'une politique qui se veut économique,
globale et régionale. Le demi-échec de ce premier plan dû au retard dans
l'élaboration et à la réalisation très partielle des mesures proposées ne doit
pas amener des conclusions hâtives ; la mise en place du «Programa Andaluz
de Desarrollo Econômico» (PADE) pour la période 1987-1990 traduit la
volonté de poursuivre ce type de politique même si la notion de «plan»
disparaît au profit de celle de «programme». Ce double processus de
planification permet donc de s'interroger de façon comparative et chrono
logique sur la volonté, et la concrétisation de cette volonté, de l'exécutif
régional à planifier. L'établissement dans chaque plan d'un diagnostic de la
situation régionale, d'objectifs et de stratégies suivies de mesures concrètes
permet d'établir un schéma de réflexion. Dans un premier temps, en se
plaçant d'un point de vue général, il faut essayer, à partir des trois premiers
éléments, de savoir comment les élus régionaux ont essayé de répondre à la
question : «qu'est-ce que planifier?». L'examen de la structure du plan, de la
hiérarchisation des problèmes et des priorités débouche sur trois niveaux de
réflexion portant sur la perception de l'espace régional et de ses problèmes,
le rôle de l'institution régionale et la définition des objectifs.
Afin d'aller plus loin dans la description de certaines dimensions
(actions spécifiques, acteurs, analyse critique) il est apparu important de se
centrer sur un secteur précis de la vie économique andalouse. L'agriculture
parce qu'elle occupe une place centrale dans la structure économique
régionale mais aussi parce qu'elle présente des problématiques à la fois
structurelles et conjoncturelles pouvait être l'élément révélateur des dimens
ions précédemment citées, mais aussi servir de test aux conclusions
partielles établies dans un premier temps. A l'intérieur du secteur agricole,
un regard particulier sera posé sur les zones irriguées et les productions de
fruits et légumes qui y sont développées. Secteur d'innovation et d'avenir
vis-à-vis de la CEE, il pourra servir d'indicateur sur les capacités d'adapta
tion et de prévision de la planification andalouse.
A travers ces trois niveaux d'analyse il ne s'agit pas d'établir un bilan
critique d'une planification encore trop jeune mais plutôt de voir la
maturation d'une institution, elle aussi récente, maturation et formation de
la perception de son territoire, de son rôle, de son avenir. En cela
l'Andalousie constitue un test non seulement pour les autres régions
espagnoles mais pour l'ensemble du processus d'autonomie. PLANIFICATION RÉGIONALE ET AGRICULTURE 333
I) LES AXES DE LA PLANIFICATION : VOLONTÉS, ESPOIRS ET
INTERROGATIONS?
A) Principes et organisation des plans : qu'est-ce que planifier?
D'un point de vue purement politique, la planification répond dès 1983
à un triple objectif pour le PSOE au pouvoir à Madrid et à Seville. Il s'agit,
tout d'abord, au niveau national de lancer l'idée de la planification jugée
nécessaire pour les communautés autonomes. Commencer par l'Andalousie,
traditionnel fief socialiste, mais surtout région connaissant de graves
problèmes structurels et conjoncturels, est donc un symbole tendant à
démontrer l'opportunité et l'urgence d'un plan. D'autre part la planification
a pour objectif de fournir une crédibilité plus importante à l'institution
régionale encore jeune, crédibilité qui est censée lui être donnée par le
document lui-même, mais aussi par les conditions de son élaboration.
L'importante concertation avec les forces sociales régionales qui a précédé la
rédaction du plan, légitime l'institution en elle même et donne aussi au
PSOE, et il s'agit là du troisième objectif, une place centrale dans la vie
politique andalouse tout en lui fournissant une dimension, un marquage
territorial régional qu'auraient pu lui contester les tenants d'une rupture
plus franche avec Madrid. Politiquement il s'agissait donc d'un test, non
seulement pour le PSOE mais aussi pour l'ensemble du processus de
décentralisation mis en place depuis 1978.
En 1983 les responsables politiques mais aussi administratifs régionaux
doivent établir les principes d'une politique périphérique novatrice et
répondre à la question: qu'est-ce que planifier? L'introduction aux deux
plans présente la planification comme «l'élément décisif pour le lancement
du développement économique de l'Andalousie» l. Instrument à long terme,
permanent, elle est considérée comme tout à fait adaptée aux problèmes
andalous qui, de caractères structurels, ne pourront être traités que sur un
très long délai. Elle est, de plus, justifiée par l'obligation faite aux régions
désireuses d'accéder aux aides de la communauté européenne et plus
particulièrement du Fond Européen de Développement Régional
(F.E.D.E.R.) de se doter du Plan de Développement Régional (P.D.R.). La
nécessité et la volonté de planifier au niveau économique ont cependant
rapidement fait apparaître les limites structurelles, dues aux fondements
constitutionnels de l'Etat espagnol, d'un tel projet : tout d'abord la présence
d'un système économique libéral donnant la priorité à l'initiative privée,
ensuite l'appartenance de la r