L'évolution du statut de la migration arménienne en france - article ; n°1 ; vol.4, pg 51-64

Martine Hovanessian

Description

Sociétés contemporaines - Année 1990 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 51-64
Résumé : L'article interroge le caractère complexe de la migration arménienne établie massivement en France depuis les années 1922-23. Comment interpréter le changement de statut de cette collectivité qui tente de nos jours sur la base a une intégration réussie , d'élaborer un lien communautaire autour de projets (réseaux économiques, associatifs, culturels), se substituant aux anciennes communautés d'espaces ou aux solidarités familiales et villageoises des années 1930 ? Ce texte s'attache à dégager les multiples paramètres qui ont contribué à façonner dans le champ des sciences sociales relatif aux migrations, l'image d'un groupe ne faisant pas problème, échappant à i analyse^ ď une sociologie des migrations formulée en termes de conflits entre autochtones et immigrés. Depuis 19/5, la dépendance du groupe aux fluctuations idéologiques ď une société française dite plurielle favorise de nouvelles stratégies de négociation d'une identité d'origine qui se construit et se déconstruit en rapport avec l'identité nationale et donne lieu à l émergence de nouveaux concepts (celui d'arménité, de deuxième génération). Cette nouvelle dynamique tient de plus en plus compte de la réalité interne de la collectivité (existence ď une diaspora ; présence en France depuis 1975 de nouveaux venus originaires du Proche-Orient ; événements récents en Arménie Soviétique).
MARTINE HOVANESSIAN The article questions the complex character of the established massive Armenian migration in France since 1922-23. How can we interpret the changing status of this community which tempts nowadays, on the basis of a successful integration, to elaborate on a community bond around the projects (economic networks, associative and cultural) which substitute for the ancient territorial communities or for family and village solidarity in the 1930's. This text tasks to free the many parameters which have contributed to shape, in the field of social science relative to migration, the group related image of doesn't cause any problem, escaping from a socialogical analysis of migration formulated in terms of conflicts between autochtons and immigrants. Since 1975, the dependence of the group on the varying ideology of a French society said pluralistic, favor the new strategies of négociations of an identity of origin which constructs and deconstructs in relation with the national identity and gives place to the emergence of new concepts (ex. the Armenity, the second generation). This new dynamic takes more and more into account the internal reality of the collectivity (with the existence of a diaspora, the presence in France since 1 975 of new arrivals originating from the Near East : recent events in Soviet Armenia).
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: SOCIETES_CONTEMPORAINES
• Publié le: 01 janvier 1990
• Nombre de lectures: 21
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Martine Hovanessian
L'évolution du statut de la migration arménienne en france
In: Sociétés contemporaines N°4, Décembre 1990. pp. 51-64.
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Hovanessian Martine. L'évolution du statut de la migration arménienne en france. In: Sociétés contemporaines N°4, Décembre
1990. pp. 51-64.
doi : 10.3406/socco.1990.975
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1990_num_4_1_975Résumé
Résumé : L'article interroge le caractère complexe de la migration arménienne établie massivement en
France depuis les années 1922-23. Comment interpréter le changement de statut de cette collectivité
qui tente de nos jours sur la base a" une intégration "réussie , d'élaborer un lien communautaire autour
de projets (réseaux économiques, associatifs, culturels), se substituant aux anciennes communautés
d'espaces ou aux solidarités familiales et villageoises des années 1930 ? Ce texte s'attache à dégager
les multiples paramètres qui ont contribué à façonner dans le champ des sciences sociales relatif aux
migrations, l'image d'un groupe "ne faisant pas problème", échappant à i analyse^ ď une sociologie des
migrations formulée en termes de conflits entre autochtones et immigrés. Depuis 19/5, la dépendance
du groupe aux fluctuations idéologiques ď une société française dite " plurielle" favorise de nouvelles
stratégies de négociation d'une identité "d'origine" qui se construit et se déconstruit en rapport avec
l'identité nationale et donne lieu à l émergence de nouveaux concepts (celui "d'arménité", de "deuxième
génération"). Cette nouvelle dynamique tient de plus en plus compte de la réalité interne de la
collectivité (existence ď une diaspora ; présence en France depuis 1975 de nouveaux venus originaires
du Proche-Orient ; événements récents en Arménie Soviétique).
Abstract
MARTINE HOVANESSIAN The article questions the complex character of the established massive
Armenian migration in France since 1922-23. How can we interpret the changing status of this
community which tempts nowadays, on the basis of a successful integration, to elaborate on a
community bond around the projects (economic networks, associative and cultural) which substitute for
the ancient territorial communities or for family and village solidarity in the 1930's. This text tasks to free
the many parameters which have contributed to shape, in the field of social science relative to
migration, the group related image of "doesn't cause any problem", escaping from a socialogical
analysis of migration formulated in terms of conflicts between autochtons and immigrants. Since 1975,
the dependence of the group on the varying ideology of a French society said "pluralistic", favor the new
strategies of négociations of an identity "of origin" which constructs and deconstructs in relation with the
national identity and gives place to the emergence of new concepts (ex. "the Armenity", the "second
generation"). This new dynamic takes more and more into account the internal reality of the collectivity
(with the existence of a diaspora, the presence in France since 1 975 of new arrivals originating from
the Near East : recent events in Soviet Armenia).♦ ♦♦♦♦♦♦ MARTINE HOVANESSIAN ♦ ♦♦♦♦♦♦
L'ÉVOLUTION DU STATUT DE LA
MIGRATION ARMÉNIENNE EN FRANCE
fluctuations faisant façonner massivement venus substituant de lien des RÉSUMÉ l'identité "deuxième interne cette négociation conflits années communautaire originaires pas de collectivité dans : nationale la problème", L'article génération"). aux 1930 entre idéologiques en le anciennes France d'une champ ? du autochtones Ce qui et Proche-Orient interroge donne échappant autour identité texte tente depuis (existence des ď Cette communautés une s'attache sciences de lieu les de "d'origine" nos nouvelle société le et à années projets ď caractère i jours l immigrés. ; analyse^ une émergence sociales événements à française diaspora dégager dynamique d'espaces 1922-23. sur (réseaux qui ď la complexe relatif une Depuis se base de dite les ; récents présence Comment sociologie construit ou nouveaux a" tient économiques, " multiples aux plurielle" une 19/5, de migrations, en solidarités intégration en Arménie la et interpréter plus des concepts la France paramètres se migration favorise migrations dépendance en déconstruit associatifs, plus Soviétique). familiales l'image depuis "réussie (celui le de changement compte arménienne qui nouvelles formulée 1975 "d'arménité", d'un en du ont , et culturels), d'élaborer rapport de groupe villageoises contribué stratégies nouveaux en la de établie termes réalité statut avec aux "ne un se de à
I . LES FRONTIERES COMMUNAUTAIRES DES ARMENIENS DANS LA VILLE
L'étude diachronique de l'édification du "communautaire" chez les Arméniens de
France révèle quatre processus importants, dans la chronologie de l'histoire de cette
migration.
- Des débuts de l'immigration en France (1923) jusqu'aux années d'après-guerre, nous
assistons à une tentative de reproduction des structures communautaires du "pays"
d'origine : les partis politiques arméniens 1 et leurs associations satellites, les lieux
1 . La reproduction en France de partis politiques strictement arméniens, dès les débuts de l'immigration
et jusqu'à nos jours, reste une caractéristique des Arméniens, bien que leurs activités soient
progressivement en déclin. Schématiquement, on peut les distinguer en partis "pro-soviétiques" : le
parti Hentchak fondé à Genève en 1887, le parti Ramkavar fondé à Constantinople en 1908 par des
bourgeois libéraux, et en partis "anti-soviétiques" : le parti Dachnakzoutioun créé à Tiflis en 1890,
rattaché à la If internationale en 1907.
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Sociétés Contemporaines (1990) n 4 MARTINE HOVANESSIAN ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦
culturels et les Eglises 2. Leurs finalités consistent néanmoins à favoriser la rencontre
épisodique des familles par le biais de "fêtes", "bals", "pique-niques" champêtres, qui
rythment le champ quotidien, et à créer des espaces de sociabilité. La diversité des
unités associatives de l'époque s'explique par leurs différends idéologiques, mais
beaucoup révèlent avoir fréquenté ces associations pour les activités de loisirs qu'elles
développèrent et pour y rencontrer d'autres "jeunes" arméniens. On évoque alors le
côté "grande famille" de ces associations transformées parfois en véritables agences
matrimoniales.
- Nous dirons d'autre part, que la "communauté" de l 'entre-deux-guerres se dessinait
moins autour d'objectifs communs que par une délimitation d'un territoire qu'elle avait
produit (la juxtaposition de rues - investies en majorité par des Arméniens). Dès les
années 1930, les Arméniens en France reproduisent à l'échelle des banlieues urbaines
des communautés d'espace où les mobilités quotidiennes dessinent les limites du
groupe et rendent perceptible son héritage.
Ce sont les réminiscences de modes de vie ruraux, la mobilisation des ressources au
travers des réseaux villageois et confessionnaux qui seront dans ces deux décennies les
supports de certaines formes de solidarité (qui se limitent à des formes d'entraide, à des
pratiques de convivialité entre les familles) et permettront la reprise d'une activité
artisanale familiale de type spécialisé. Citons en ce sens l'apparition en France des
"Unions compatriotiques" ou associations d'originaires d'une même région existant
déjà dans l'Empire ottoman. Remarquons alors que cette transposition de valeurs
propres à la société d'origine n'épargne pas les divisions internes et l'esprit de clan et
de clocher repérables surtout dans le champ du politique, par le pouvoir des notables
et de certains clans familiaux qui gèrent "le culturel".
- Par la suite, après l'épisode déçu du rapatriement de 1947, où beaucoup d'Arméniens,
par le biais des propagandistes communistes décidèrent de regagner "La Mère Patrie"
en Arménie soviétique 3, nous assistons en Franc