L homme antédiluvien : Anthropologie et géologie - article ; n°3 ; vol.1, pg 131-151
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L'homme antédiluvien : Anthropologie et géologie - article ; n°3 ; vol.1, pg 131-151

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Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1989 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 131-151
Résumé. — II convient de replacer les Antiquités celtiques et antédiluviennes de Boucher de Perthes dans le système de culture dont elles dépendent nécessairement pour comprendre l'émergence de l'homme antédiluvien, et sa disparition. La conception initiale de Boucher de Perthes, qu'on oppose volontiers à l'opinion de Cuvier — « II n'y a pas d'os humain fossile » — s'inscrit en fait dans le cadre de la théorie cuviériste des révolutions du globe et des créations successives. Mais ensuite, Boucher de Perthes prend en compte les thèses actualistes qui s'accordent avec son intuition métaphysique de la progression continue des êtres, et il affirme la continuité et l'unité de l'espèce humaine. On montre enfin comment son vitalisme psychologique peut fonder les convictions anthropologiques qui guident ses recherches sur l'industrie primitive et les arts à leur origine.
ANTEDILUVIAN MAN : ANTHROPOLOGY AND GEOLOGY Summary. — In order to understand the appearance — and disappearance — of Antediluvian Man, one must place Boucher de Perthes's Celtic and Antediluvian Antiquities back within the cultural framework it inevitably belongs to. Boucher de Perthes's initial views, which are readily opposed to Cuvier's — « There are no human fossil bones » — actually lie in the scope of Cuvier's theory of the revolutions of the terrestrial globe and of successive creations. But, later on, Boucher de Perthes will take into account the actualist arguments which are in keeping with his metaphysical intuitions of the continuous progression of beings and he will argue for the continuity and unity of the human species. Finally, this paper shows Boucher de Perthes's psychological vitalism can be at the roots of the anthropological beliefs which guide his researches on primitive industry and the arts at their beginnings.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Yves Pautrat
L'homme antédiluvien : Anthropologie et géologie
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 1 fascicule 3-4, 1989. pp.
131-151.
Résumé
Résumé. — II convient de replacer les Antiquités celtiques et antédiluviennes de Boucher de Perthes dans le système de culture
dont elles dépendent nécessairement pour comprendre l'émergence de l'homme antédiluvien, et sa disparition. La conception
initiale de Boucher de Perthes, qu'on oppose volontiers à l'opinion de Cuvier — « II n'y a pas d'os humain fossile » — s'inscrit en
fait dans le cadre de la théorie cuviériste des révolutions du globe et des créations successives. Mais ensuite, Boucher de
Perthes prend en compte les thèses actualistes qui s'accordent avec son intuition métaphysique de la progression continue des
êtres, et il affirme la continuité et l'unité de l'espèce humaine. On montre enfin comment son vitalisme psychologique peut fonder
les convictions anthropologiques qui guident ses recherches sur l'industrie primitive et les arts à leur origine.
Abstract
ANTEDILUVIAN MAN : ANTHROPOLOGY AND GEOLOGY Summary. — In order to understand the appearance — and
disappearance — of Antediluvian Man, one must place Boucher de Perthes's Celtic and Antediluvian Antiquities back within the
cultural framework it inevitably belongs to. Boucher de Perthes's initial views, which are readily opposed to Cuvier's — « There
are no human fossil bones » — actually lie in the scope of Cuvier's theory of the revolutions of the terrestrial globe and of
successive creations. But, later on, Boucher de Perthes will take into account the actualist arguments which are in keeping with
his metaphysical intuitions of the continuous progression of beings and he will argue for the continuity and unity of the human
species. Finally, this paper shows Boucher de Perthes's psychological vitalism can be at the roots of the anthropological beliefs
which guide his researches on primitive industry and the arts at their beginnings.
Citer ce document / Cite this document :
Pautrat Jean-Yves. L'homme antédiluvien : Anthropologie et géologie. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de
Paris, Nouvelle Série, tome 1 fascicule 3-4, 1989. pp. 131-151.
doi : 10.3406/bmsap.1989.2578
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1989_num_1_3_2578et Mém. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, n.s., t. 1, nos 3-4, 1989, pp. 131-152 Bull,
L'HOMME ANTEDILUVIEN :
ANTHROPOLOGIE ET GÉOLOGIE
Jean- Yves Pautrat (*)
Résumé. — II convient de replacer les Antiquités celtiques et antédiluviennes de Bou
cher de Perthes dans le système de culture dont elles dépendent nécessairement pour com
prendre l'émergence de l'homme antédiluvien, et sa disparition. La conception initiale de
Boucher de Perthes, qu'on oppose volontiers à l'opinion de Cuvier — « II n'y a pas d'os
humain fossile » — s'inscrit en fait dans le cadre de la théorie cuviériste des révolutions
du globe et des créations successives. Mais ensuite, Boucher de Perthes prend en compte
les thèses actualistes qui s'accordent avec son intuition métaphysique de la progression con
tinue des êtres, et il affirme la continuité et l'unité de l'espèce humaine. On montre enfin
comment son vitalisme psychologique peut fonder les convictions anthropologiques qui gui
dent ses recherches sur l'industrie primitive et les arts à leur origine.
ANTEDILUVIAN MAN : ANTHROPOLOGY AND GEOLOGY
Summary. — In order to understand the appearance — and disappearance — of Ante
diluvian Man, one must place Boucher de Perthes's Celtic and Antediluvian Antiquities
back within the cultural framework it inevitably belongs to. Boucher de Perthes's initial
views, which are readily opposed to Cuvier's — « There are no human fossil bones » —
actually lie in the scope of Cuvier's theory of the revolutions of the terrestrial globe and
of successive creations. But, later on, Boucher de Perthes will take into account the actual
ist arguments which are in keeping with his metaphysical intuitions of the continuous pro
gression of beings and he will argue for the continuity and unity of the human species.
Finally, this paper shows Boucher de Perthes's psychological vitalism can be at the roots
of the anthropological beliefs which guide his researches on primitive industry and the arts
at their beginnings.
I. — INTRODUCTION
Le point de départ de la science préhistorique, remarquait de Nadaillac (1881 :
6), est véritablement curieux : « C'est à l'aide de quelques misérables cailloux sou
vent à peine dégrossis, de quelques fragiles instruments en os, de quelques monu
ments informes (...) qu'on est parvenu à reconstituer tout un passé bien antérieur
à l'histoire écrite, un passé qui n'a laissé nulle trace dans la mémoire des homm
es. » C'est dire combien le discours sur l'homme des temps primitifs ne peut
se constituer que par ce mouvement de l'induction — explicitement évoqué par
Boucher de Perthes — qui permet de donner une signification à ce que l'on trouve
(*) Centre de Recherche « Analyse et Théorie des Savoirs », Université de Lille III, B.P. 149, 59653
Villeneuve-d'Ascq Cedex. 132 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS
dans le sol, qui permet d'élaborer des conjectures rationnelles sur des hommes
dont il faut restituer, reconstituer, inventer l'histoire.
C'est dire aussi que l'homme antédiluvien n'est pas un fait : objet de croyance,
sujet de controverses, il a certes un rapport à la réalité — avec ces silex au travail
si problématique, avec ces pierres-figures où Boucher de Perthes pense trouver les
vestiges d'une écriture primordiale, avec les ossements fossiles, et le grand livre
ouvert de la stratigraphie — mais il relève pour l'essentiel d'interprétations qui
donnent à voir la haute antiquité de l'homme là où d'autres ne voient qu'erreur
manifeste et rêveries de visionnaire. L'homme antédiluvien, invention de Boucher
de Perthes, n'appartient ni à l'histoire, ni à la tradition, ni à la science officielle
qui se place sous l'autorité de Cuvier pour déclarer qu'il n'y a pas d'os humains
fossiles. La figure de l'homme antédiluvien surgit en cet espace, encore incertain,
dessiné par une nouvelle configuration des savoirs qui fait se rencontrer, dans la
première moitié du XIXe siècle, la géologie des révolutions du globe de Cuvier, la
paléontologie et la méthode stratigraphique, la tradition biblique et une médita
tion métaphysique sur la progression de la vie.
Nous nous proposons de comprendre comment se constitue dans ce jeu de l'ima
ginaire et des savoirs l'hypothèse de l'homme antédiluvien, d'expliquer en quoi
cette hypothèse fut abandonnée ; enfin, de montrer le rôle essentiel de cette
métaphysique de la vie qui fonde l'anthropologie à l'œuvre dans les premières
recherches archéologiques de Boucher de Perthes sur l'antiquité de l'homme (1).
II. — L'HOMME ANTÉDILUVIEN ET LA GÉOLOGIE DE CUVIER
Entre les années 1823 et 1840, les diverses découvertes dans les loess (par Ami
Boue) et dans les cavernes (entre autres, par Tournai, Christol, Marcel de Serres,
Godwin Austen et Schmerling) avaient posé la question de l'homme fossile, i.e.
de l'homme contemporain des grands mammifères disparus, à une époque géolo
gique antérieure aux temps actuels. Et Schmerling avait signalé dès 1833 une indust
rie de pierre et d'os parmi les restes d'animaux éteints. Cependant, les divers essais
consacrés aux cavernes à ossements furent le plus souvent ignorés et, quand il n'était
pas hostile, le monde savant resta sur une prudente réserve.
On peut trouver à cette attitude deux raisons. La première tient au discrédit
qui enveloppe, au début du XIXe siècle, l'ensemble des découvertes relatives à
l'homme fossile à la suite des progrès de la paléontologie et de l'ostéologie com
parée : ceux-ci avaient permis de rejeter les erreurs nombreuses et les inévitables
supercheries qui entretenaient la légende des géants en présentant des os de grands
mammifères comme des restes humains.
La seconde raison tient à la difficulté d'établir dans les cavernes une stratigra
phie rigoureuse. L'interprétation en restait problématique, comme le montrait l'arti
cle, qui fit autorité, de Desnoyers (1845) : en raison du

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