L « inflation structurelle » et l expérience latino-américaine - article ; n°39 ; vol.10, pg 533-552
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Description

Tiers-Monde - Année 1969 - Volume 10 - Numéro 39 - Pages 533-552
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Emilio de Figueroa
L'« inflation structurelle » et l'expérience latino-américaine
In: Tiers-Monde. 1969, tome 10 n°39. pp. 533-552.
Citer ce document / Cite this document :
de Figueroa Emilio. L'« inflation structurelle » et l'expérience latino-américaine. In: Tiers-Monde. 1969, tome 10 n°39. pp. 533-
552.
doi : 10.3406/tiers.1969.2508
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1969_num_10_39_2508L'
« INFLATION STRUCTURELLE »
ET L'EXPÉRIENCE
LATINO-AMÉRICAINE
par Emilio de Figueroa*
i . C'est un fait patent que l'inflation et le développement économique
ont généralement fait leur apparition ensemble dans les principaux pays
d'Amérique latine. Ce serait une perte de temps inutile que de rechercher
ici lequel des deux phénomènes a été cause ou effet de l'autre, étant donné
qu'en sciences sociales il existe toujours des relations d'interdépendance;
pour cette raison, il est très difficile de savoir si, en certains pays, l'inflation
a été la conséquence du développement économique ou sa force d'im
pulsion. En Amérique latine, vraiment, l'expérience qu'est susceptible
de révéler l'information statistique ne tranche en faveur d'aucune des
deux thèses opposées : celle de ceux qui soutiennent que « sans une stabi
lisation monétaire préalable, il ne peut y avoir un authentique dévelop
pement économique» (thèse monétariste) , et celle de ceux qui, au contraire,
affirment que « sans un mouvement soutenu de développement, qui
transforme les structures existantes, il est difficile, ou impossible, d'at
teindre la stabilité interne et l'équilibre externe » (thèse structuraliste).
L'observation empirique montre que des pays latino-américains ont subi
une inflation avec développement; d'autres ont atteint une relative
stabilité monétaire, mais sans croissance; tandis que d'autres, enfin, ont eu
suffisamment de chance pour atteindre les deux objectifs ensemble (i).
* Professeur à l'Université de Madrid, sous-directeur du Service des Etudes de la Banque
d'Espagne. Auteur notamment de Teorias de los ciclos económicos (2 vol., c.s.i.c, Madrid) et
de Curso de Po/Uica Económica (2 vol., Ed. Rev. Derecho Privado, Madrid).
(1) Pour une vérification statistique de chacune de ces affirmations, voir l'Appendice
statistique en fin d'article.
533 EMILIO DE mGUEROA
Doit-on une telle disparité dans ces expériences à l'adresse ou aux erreurs
des gouvernements des pays respectifs ? Ou est-ce là plutôt le fruit des
circonstances différentes qu'ils ont traversées ? Ou bien cette diversité
obéit-elle, en réalité, aux différentes philosophies économiques qui ont
inspiré leur conduite ? A notre avis, la question est suffisamment complexe
pour que l'on ne puisse pas donner, a priori, une réponse catégorique.
Scientifiquement parlant, l'inflation — comme l'affirme le
Pr F. Perroux — obéit à une multitude de causes :
« Des conditions institutionnelles, politiques, sociales sans le moindre rapport avec les
quasi-mécanismes des offres et demandes de monnaie, des prix du marché libre et des taux
d'intérêt courts et longs, favorisent une tendance durable au dépassement par les moyens
de paiement, du produit disponible. Entrées dans les mœurs ou consacrées par des règles
officielles du jeu, des rigidités des prix des produits et des services, et des défauts de plasticité
des structures de la production et des échanges, forment le cadre dans lequel il devient presque
futile de distinguer trop rigoureusement les différentes sortes d'inflations monétaires : infla
tion par excès de demande, inflation par poussée des coûts, inflation induite par le budget,
inflation induite par le salaire, comprimée, inflation ouverte » (i).
En effet, quelle que soit l'étiologie de l'inflation, il existe toujours un
« mécanisme de propagation » qui fait que, à mesure que se développe
la hausse des prix, jusqu'à se convertir en une spirale salaires-prix, appa
raissent des réactions de défense de tous les secteurs économiques et les
groupes sociaux du pays, qui essaient de maintenir, par tous les moyens
à leur portée, le statut particulier dont ils jouissent. Cela explique la
coexistence dans les pays latino-américains d'une inflation de demande,
de coûts, de budget, avec les facteurs sous-jacents de l'inflation structurelle.
2. Les économies des pays d'Amérique latine ont des possibilités
d'industrialisation, mais elles sont limitées, d'une part, par des facteurs
techniques, d'autre part, par la dimension du marché. Parmi les figurent l'absence de quelques matières premières pour cer
taines industries, ou la pénurie de main-d'œuvre spécialisée, et pour
d'autres industries fait défaut l'échelle de production requise pour qu'elles
soient rentables. La spécialisation sera donc toujours avantageuse, étant
donné que les plus gros importateurs de produits industriels sont tou
jours les pays exportateurs de ces mêmes (2).
Outre ces facteurs techniques, qui déterminent quels sont les pro-
(1) F. Perroux, « Indépendance » de la nation, Paris, Aubier, 1969, p. 184.
(2) Cf. League of Nations, Industrialisation and Foreign Trade, 1945, p. 76-80.
534 V « INFLATION STRUCTURELLE » LATINO-AMÉRICAINE
duits industriels que doit produire chaque pays, ceux qu'il convient
d'importer, le marché global (production intérieure et importation) des
biens a toujours pour limite le niveau de vie de la population.
Ainsi, par exemple, dans un pays où les paysans qui ne disposent que
d'un niveau de vie de simple subsistance, sans pouvoir d'achat disponible
pour des dépenses en produits manufacturés, constituent 50 % de la
population, la possibilité d'une production industrielle sera inévi
tablement réduite si on ne transforme pas la structure économique et
sociale (1).
Agriculture et industrie sont interdépendantes. C'est ce qui ressort
avec évidence en une « économie fermée ». L'augmentation de la pro
duction industrielle élève la demande alimentaire et celle de matières
premières agricoles. Si la production agricole reste stationnaire — comme
c'est le cas en de nombreux pays latino-américains — , les prix agricoles
augmenteront. Ce qui, à son tour, fera augmenter les salaires — part
iculièrement si, comme cela se passe en Argentine, au Brésil, au Chili, etc.,
on doit compter avec des forces syndicales déjà puissantes et bien orga
nisées — , réduisant la rentabilité de la production industrielle, jusqu'à
paralyser, même, la croissance de l'industrie. Cependant, dans une écono
mie ouverte, les produits alimentaires et les matières premières indis
pensables peuvent être importés sans qu'il en découle une hausse des
prix ; mais, alors ces importations devront être payées par l'exportation
de produits industriels. L'industrialisation, donc, exige soit une crois
sance équilibrée de l'agriculture et de l'industrie (ce qui n'est pas pos
sible sans une réforme agraire intelligente et une transformation de la
structure sociale et culturelle du pays) (2), soit une augmentation des
exportations (3), ou une combinaison des deux.
L'industrialisation par la substitution des importations est possible
jusqu'au point limite où l'économie nationale a remplacé tous les pro
duits industriels importés qui peuvent être produits dans le pays dans des
conditions avantageuses. Ce point atteint ou cette étape franchie, l'au
gmentation des importations provoquée par l'expansion du revenu
national est payée avec les devises libérées par la substitution des import
ations. Arrivée à cette situation, la substitution des importations ne
(1) Cf. le tableau II de l'Appendice statistique.
(2) Cf. le III de
(3) Cf. le tableau IV de
535 EMILIO DE FIGUEROA
joue plus, et la nation n'a d'autre choix, pour continuer sa croissance, que
d'exporter davantage, l'exportation devenant ainsi le « moteur » du
développement. Il est très possible que l'Argentine, le Chili soient par
venus actuellement à cette étape de leur développement économique.
Les pays qui ont déjà épuisé les possibilités de substitution d'import
ations, sans arriver à un progrès durable du secteu

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