L interprétation de l empire ottonien - article ; n°1 ; vol.9, pg 5-22
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L'interprétation de l'empire ottonien - article ; n°1 ; vol.9, pg 5-22

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Description

Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public - Année 1978 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 5-22
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 22
Langue Français
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Extrait

Monsieur Robert Folz
L'interprétation de l'empire ottonien
In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public. 9e congrès,
Dijon, 1978. pp. 5-22.
Citer ce document / Cite this document :
Folz Robert. L'interprétation de l'empire ottonien. In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de
l'enseignement supérieur public. 9e congrès, Dijon, 1978. pp. 5-22.
doi : 10.3406/shmes.1978.1269
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/shmes_1261-9078_1979_act_9_1_1269L'INTERPRÉTATION DE L'EMPIRE OTTONIEN
par Robert FOLZ, professeur à l'Université de Dijon
I - L'héritage carolingien
L'époque carolingienne transmit au Xe siècle une conception
complexe de l'Empire (1). Il faut, pour la saisir, partir de la définition
que donna de l'empereur un traité sur les fonctions publiques datant du
Ville siècle. «Est empereur celui qui exerce la prépondérance dans le
monde», puissance universelle par conséquent, d'un rang supérieur à celui
des rois ; l'empereur ne commande pas ceux-ci \praecellit in mundo (2).
Cette conception, originairement détachée de tout lien avec l'Empire
romain, illustrerait bien la situation où se trouvait Charlemagne à la veille
de l'an 800, à condition de réduire le "mundus" à l'Occident.
L'idée progressa au cours du IXe siècle sur deux voies diffé
rentes.
A) D'une part, le couronnement de Charlemagne par le pape
Léon III rétablit le lien de l'idée impériale avec l'Empire romain, mais
aux dépens de la pleine autonomie du pouvoir impérial, puisqu'à partir
de 823, à partir de 850 surtout, il est admis que pour porter le titre
d'empereur il faut avoir été couronné à Rome par le pape. D'autre part,
sous l'influence de certains pontifes, Nicolas 1er et surtout Jean VIII,
l'Empire tend à devenir un office dans l'Église : il est créé, constitué par
le sacre et le couronnement que le pape dispense à celui qu'il appelle à la
fonction impériale : celle d'être le défenseur de la Papauté et de l'Église
romaine. Enfin cet Empire d'Occident suscita dès après 800 l'hostilité de
l'empereur qui régnait sur les bords du Bosphore et qui maintenait jalou
sement toutes les prérogatives attachées à son titre : unicité, romanité et
universalisme de l'institution. Ainsi naquit le Zweikaiserproblem (3) qui
reçut en 812 sa première solution de compromis : Charlemagne reconnu
empereur par Byzance, mais renonçant à toute attache romaine dans son
titre impérial : il est Imperator Augustus sans déterminant (4). A ce titre
demeurèrent fidèles ses successeurs, à l'exception de Louis II qui, une
seule fois il est vrai, en 871, dans la lettre fameuse qu'il adressa à Basile 1er
s'intitula Imperator Romanorum, affirmant ainsi tout à la fois la légit
imité et la réalité de son pouvoir né à Rome, face au souverain qu'il appel
ait "empereur de la Nouvelle Rome" (5). Le scandale ressenti à Byzance
et l'effondrement de l'Empire carolingien quelques années plus tard (888)
firent que 1' "empereur des Romains" authentique ne connaîtra plus en
Occident que des rois.
-5- Parallèlement à cette première conception universelle et B)
romaine de l'Empire se développe au cours du IXe siècle une autre idée
qui ignorait sciemment Rome et les rites de l'avènement impérial et selon
laquelle était empereur le roi qui régnait sur plusieurs régna (ce pouvaient
être les royaumes francs) ou sur plusieurs peuples. Charles le Chauve
dont l'annaliste de Fulda croit savoir qu'après avoir été sacré roi de Lor
raine à Metz (869) il se fit appeler empereur et auguste «parce qu'il pos
sédait deux royaumes» (6) ; Louis le Germanique qualifié par Notker de
Saint-Gall de roi ou empereur en raison de l'étendue de ses États et de la
diversité des peuples qui lui étaient soumis (7) ; Charlemagne lui-même
dont Réginon de Prum évoque l'accession à l'Empire «non seulement des
Francs mais de peuples nombreux» sans mentionner son couronne
ment (8) : autant d'exemples d'une conception de l'Empire qu'on peut
appeler hégémoniale ou "royauté impériale", affaiblissement certain de
la première définition, mais qui préservait l'autonomie d'un Empire ainsi
conçu. La synthèse de ces deux façons de voir demeure cependant pos
sible si, comme le fit encore Notker de Saint-Gall à propos de Charlemag
ne, on découvre dans la domination multiple d'un roi la condition même
de son avènement à l'Empire. «Parce qu'il était déjà rector et imperator
plurimarum nationum, Charlemagne fut appelé à Rome par le pape pour
recevoir de lui le titre (nomen) d'empereur, de César et d'Auguste» (9).
Synthèse possible, certes : il n'en demeure pas moins que les deux idées
de l'Empire sont capables de cheminer indépendamment l'une de l'autre.
Le témoin le plus singulier de cette juxtaposition, reconnu
pour la première fois par Cari Erdmann, est sans doute le vénérable
Pontifical romano-germanique compilé au monastère Saint-Alban de
Mayence entre 950 et 961 qui contient deux ordines pour le sacre et le
couronnement de l'empereur (10). L'un, qui est incontestablement
romain, place la cérémonie à l'église Saint-Pierre de Rome et adapte à
P "ordination" du prince les rites de celle du pape ; il date au plus tard du
premier tiers du Xe siècle. L'autre "formule de bénédiction pour l'ord
ination de l'empereur selon le rite occidental" (secundum Occidentales)
suit de très près un ordo franc pour le sacre royal de la seconde moitié du
IXe siècle. On n'y trouve aucune mention ni de Rome, ni du pape ; les
mots "royaume" et "Empire" sont constamment employés l'un pour
l'autre ; l'Empire est dit simplement illud Imperium, cet Empire-là.
L'insertion de ce rituel dans le Pontifical montre bien que le compilateur
a imaginé l'éventualité d'un couronnement impérial en dehors de toute
intervention du pape.
De ces deux possibilités, Otton 1er a choisi la première, con
sacrée par une tradition datant de plus d'un siècle : c'est à Rome, des
mains du pape Jean XII qui Pavait appelé à l'aide contre ses ennemis
qu'il reçut le 2 février 962 la couronne impériale, mais selon des rites qui
manifestement ne sont pas ceux prévus par Yordo romain et qu'il faut
nous résigner à ignorer.
-6- - Autour d'Otton 1er : autonomie ou romanité de l'Empire ? II
La renaissance de l'Empire qui avait été vacant pendant 34
ans fit réfléchir les contemporains sur son essence et sur sa mission. De
cette réflexion on possède des témoignages multiples qui s'échelonnent
de 962 à 982 et qui reflètent les deux tendances majeures de l'idée
impériale qui viennent d'être esquissées.
A. L'idée non romaine de VEmpire
Elle marque profondément les trois livres de V Histoire des
Saxons écrite par le moine Widukind de Corvey (11). Il ne connaît de
puis la chute de Rome qu'un seul Empire, l'Empire des Francs (12), por
té à présent par les Saxons unis aux Francs depuis Charlemagne par la
communauté de foi jusqu'à former avec eux "pour ainsi dire" (quasi)
une seule nation (13), les Saxons, successeurs des Francs à la direction de
l'Empire parce qu'ils sont héritiers de leur fortuna (14). Henri 1er "roi
et empereur de nombreux peuples" est le créateur d'un magnum latum
imperium qu'il tient de Dieu seul. Son fils Otton, sacré à Aix, apprend de
son consécrateur que «l'autorité divine lui a conféré le pouvoir sur tout
l'Empire des Francs» (15). En écrivant de lui que «ni la Germanie, ni
l'Italie, ni la Gaule (et il ajoutera même «ni presque toute l'Europe») ne
peuvent soutenir sa puissante majesté» (16), Widukind évoque les trois
régions qui figuraient au préambule des Libri Carolini et retrouve peut-
être la conception première de l'Empire carolingien. Comme ce fut le cas
avant le 25 décembre 800, pré

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