L'investissement direct étranger en Hongrie - article ; n°2 ; vol.28, pg 39-69

György Csáki

Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1997 - Volume 28 - Numéro 2 - Pages 39-69
Foreign direct investment in Hungary.
Competition for scarce investment resources is fierce worldwide. The balance-sheet of foreign direct investments (FDI) in Hungary is compared with that of the three other Visegrad countries, and found to be quite positive. This can be considered as Hungary's greatest success since it has changed its economic and political system. After analysing the factors stimulating or impeding FDI, an explanation is provided for the attraction Hungary exercises on foreign investors. A few recommendations are then made for mid- and long-term economic policy.
Après avoir rappelé que la concurrence est rude, au niveau mondial, pour capter les maigres ressources d'investissement disponibles, l'auteur dresse le bilan des flux d'investissements directs étrangers (IDE) en Hongrie comparativement aux trois autres pays du groupe de Visegrad. Il le qualifie d'extrêmement positif et y voit la plus grande réussite de la Hongrie depuis le changement de système politique et économique. Il analyse ensuite les stimulants et les freins des IDE et explique l'attraction exercée par la Hongrie sur les investisseurs étrangers, avant de formuler quelques recommandations de politique économique à moyen et long termes.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_D-ETUDES_COMPARATIVES_EST-OUEST
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 34
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

György Csáki
Dominique de Lapparent
L'investissement direct étranger en Hongrie
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 28, 1997, N°2. pp. 39-69.
Abstract
Foreign direct investment in Hungary.
Competition for scarce investment resources is fierce worldwide. The balance-sheet of foreign direct investments (FDI) in
Hungary is compared with that of the three other Visegrad countries, and found to be quite positive. This can be considered as
Hungary's greatest success since it has changed its economic and political system. After analysing the factors stimulating or
impeding FDI, an explanation is provided for the attraction Hungary exercises on foreign investors. A few recommendations are
then made for mid- and long-term economic policy.
Résumé
Après avoir rappelé que la concurrence est rude, au niveau mondial, pour capter les maigres ressources d'investissement
disponibles, l'auteur dresse le bilan des flux d'investissements directs étrangers (IDE) en Hongrie comparativement aux trois
autres pays du groupe de Visegrad. Il le qualifie d'extrêmement positif et y voit la plus grande réussite de la Hongrie depuis le
changement de système politique et économique. Il analyse ensuite les stimulants et les freins des IDE et explique l'attraction
exercée par la Hongrie sur les investisseurs étrangers, avant de formuler quelques recommandations de politique économique à
moyen et long termes.
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Csáki György, de Lapparent Dominique. L'investissement direct étranger en Hongrie. In: Revue d’études comparatives Est-
Ouest. Volume 28, 1997, N°2. pp. 39-69.
doi : 10.3406/receo.1997.2851
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1997_num_28_2_2851Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1997, 2
pp. 39-69 - Gyôrgy CSAKI
L'investissement direct étranger en Hongrie
Gyôrgy CSÂKI*
La compétition au niveau mondial
Depuis le milieu des années 80 environ et le recyclage des pétro-dollars, les
mouvements internationaux de capitaux se caractérisent essentiellement par
une compétition acharnée pour s'emparer des maigres ressources d'investiss
ement disponibles. Cela a été à l'origine de luttes acerbes entre les pays import
ateurs de capitaux, déterminés chacun à obtenir la plus grosse part possible de
la totalité des fonds.
Selon un rapport de l'UNCTAD de décembre 1995, l'économie mondiale a
accumulé 2 080 milliards de dollars US d'investissements directs étrangers
(IDE) entre 1981 et 1993. Ce stock s'est accru en moyenne de 220-230 mil
liards de dollars par an dans les années 90. Après avoir atteint un chiffre record
de 240-250 milliards de dollars en 1990-1991, l'accroissement annuel semble
s'être stabilisé à quelque 230 milliards de dollars. La hausse a été particulièr
ement rapide entre 1986 et 1990, avec un taux moyen de 28,3% par an, encore
qu'on ne puisse pas qualifier de bas le taux de 5,6% par an enregistré en
moyenne de 1991 à 1993. Les IDE ont, pendant chacune de ces périodes, aug
menté beaucoup plus vite que le PIB, la formation de capital brut ou les export
ations de biens et services i.
Les pays en voie de développement accueillent une plus grande part des
importations de capitaux directs que des importations de biens et services. Le
flux d'IDE (capitaux privés) vers l'ensemble des pays en voie de développe
ment a été plus important dans les années 90 que celui de l'aide (fonds publics
nationaux et internationaux). Toutefois, ces pays n'ont reçu que 6 % de
l'ensemble des IDE, qui sont très inégalement répartis, puisque dix d'entre eux
en captent les deux tiers.
* Docteur es sciences économiques, Directeur général adjoint de l'Institut d'écono
mie mondiale, Académie des sciences de Hongrie.
1. UNCTAD, 1995, pp. 5-6.
39 Csaki Gyôrgy
Les mouvements les plus importants se produisent évidemment dans le tr
iangle formé par les États-Unis, l'Union européenne et le Japon. Sur le total de
2 080 milliards de dollars d'IDE en 1993, 339 milliards de dollars se répartis-
saient entre les pays de l'Union européenne. 249 de sont allés
de l'Union européenne aux Etats-Unis et 10 milliards de l'Union européenne
au Japon. 86 milliards sont allés des États-Unis au Mexique et au Canada, et
40 milliards en sens inverse. Les IDE des dans l'Union
ont atteint 232 milliards de dollars et au Japon, 31 milliards. Durant une
période de 14 années, le Sud, l'Est et le Sud-Est asiatique ont reçu 30 milliards
de dollars en provenance du Japon, 96 milliards des États-Unis et 25
de l'Union européenne. Les États-Unis ont ainsi été exportateurs nets d'IDE
dans une seule aire géographique (46 milliards de dollars vers le Mexique et le
Canada). Leur déficit vis-à-vis de l'Union européenne était de 16 milliards de
dollars et, vis-à-vis du Japon, de 65 milliards. Durant cette même période,
l'Union européenne était en déficit de 15 milliards de dollars par rapport au
Japon, et le Japon manifestement en excédent dans les deux directions. En fait,
le Japon a exporté entre 1981 et 1993 116 milliards de dollars d'investiss
ements directs de plus qu'il n'en exportait à l'apogée de son important pr
ogramme de crédit international. Il a été le plus grand exportateur au monde de
capital entre 1987 et 1991, mais le record de 48 milliards de dollars enregistré
en 1991 a été suivi d'une forte baisse à 17, 14 et 18 milliards les trois années
suivantes. L'exportation de capitaux par les États-Unis s'est développée rap
idement et de façon stable, atteignant 46 milliards de dollars en 1994. Les
autres grands exportateurs de capitaux étaient la France, le Royaume-Uni et
l'Allemagne ; les deux premiers l'étaient par tradition et le dernier a développé
rapidement cette activité depuis la fin des années 80 2.
Les pays en voie de développement ont reçu 73 milliards de dollars (33 %)
en 1993 et 84 milliards (38 %) en 1994, dont plus de 70 % pour l'Asie du Sud-
Est. Les pays développés y gardent une part prédominante, de près de 60 %. Le
fait nouveau des années 90 a été l'émergence des pays d'Europe centrale et
orientale (PECO) post-socialistes comme destination, bien que marginale, des
mouvements mondiaux de capitaux. Cette région, qui n'avait importé que 200
à 300 millions de dollars en 1990, a vu affluer des sommes de plus en plus éle
vées : de 2,5 à 4,4 et 6,3 milliards de dollars entre 1991 et 1994, soit 2,2-2,7 %
des importations mondiales de capitaux. Les flux d'entrée annuels dans les
PECO étaient donc inférieurs à ceux de la seule île de Singapour et le stock
d'IDE accumulé était comparable à celui de l'Argentine 3.
En 1995, le niveau des IDE atteint un record « mondial » avec 315 milliards
de dollars, dont 100 milliards dans les pays en développement et 12
dans les économies en transition de l'Europe centrale et orientale. La Hongrie
2. Ibid., p. 5.
3.p. 8.
40 U investissement direct étranger en Hongrie
figure dans le groupe de tête des pays bénéficiaires des IDE puisqu'elle a pu
attirer, en 1995, environ 2 % de leur montant total (alors que sa part dans le
commerce mondial ne dépasse pas 0,35 %) 4.
Les IDE en Hongrie : quelques remarques générales 5
Le flux d'IDE en Hongrie constitue le plus grand (peut-être le seul) succès
enregistré par l'économie de ce pays depuis 1988. Cette constatation est vraie
envers et contre toutes les critiques et le mécontentement justifiés, y compris
les scandales ayant émaillé la privatisation et l'ambivalence de certaines de ses
conséquences. Cela reste vrai en dépit du déclin et de la stagnation relatifs de
1994 et du début de 1995, et indépendamment de l'essor spectaculaire de la fin
de 1995.
Le total cumulé des IDE, en espèces et en nature, atteignait 14,5 milliards de
dollars à la fin de 1995, après la réussite inespérée des privatisations dans
l'industrie énergétique. C'est une somme respectable, qui constitue environ
45 % du stock des IDE dans les PECO. Même en 1994, année financière
incontestablement mauvaise, la Hongrie a drainé plus d'IDE que n'importe
quel autre pays de la région. Les chiffres de 1994 ont confirmé l'opinion qui
était depuis des années celle de l'Institut d'économie mondiale, et selon
laquelle