L  « investissement-travail », le renouveau d un concept ? - article ; n°127 ; vol.32, pg 485-498
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Tiers-Monde - Année 1991 - Volume 32 - Numéro 127 - Pages 485-498
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Guichaoua
L' « investissement-travail », le renouveau d'un concept ?
In: Tiers-Monde. 1991, tome 32 n°127. pp. 485-498.
Citer ce document / Cite this document :
Guichaoua André. L' « investissement-travail », le renouveau d'un concept ?. In: Tiers-Monde. 1991, tome 32 n°127. pp. 485-
498.
doi : 10.3406/tiers.1991.4646
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1991_num_32_127_4646L' « INVESTISSEMENT-TRAVAIL »,
LE RENOUVEAU D'UN CONCEPT?
par André Guichaoua*
Consacrer aujourd'hui une série d'articles au thème de Г « investiss
ement travail » peut sembler étonnant dans un contexte où les débats écono
miques majeurs sur la croissance et le développement se focalisent avant tout
sur les modalités de fonctionnement des « marchés » des biens et capitaux
et l'extrême rapidité des changements technologiques. Aussi bien comme
concept de la pensée économique que comme thème de mobilisation
politique, l'investissement-travail apparaît comme une référence du
passé.
Pourtant de nombreux éléments peuvent être invoqués pour illustrer
l'importance et l'actualité d'une réflexion sur ce sujet :
L' « investissement-travail », quelles que soient les formes sous lea I
squelles il est considéré, représente toujours aux yeux de nombreux respon
sables et spécialistes du développement un des leviers essentiels de politique
économique à des fins d'accumulation ou de prise en charge des coûts récur
rents des infrastructures et équipements « collectifs ». Plus généralement, le
thème de l'investissement-travail continue à servir de support à la conviction
commune qu'il existe dans le tiers-monde des ressources humaines inexploi
tées et abondantes. Cette conviction s'appuie habituellement sur une double
argumentation démographique (« sur-abondance » de force de travail) et
économique (investissement-travail comme remède au « sous-emploi »,
agricole principalement);
b I Même sans la publicité tapageuse qui au cours des années 60 en parti
culier a assuré à ce concept une large réputation, des petits, moyens et grands
♦ Professeur de sociologie à l'Université de Lille 1, ura cnrs 363 « Tiers Monde/Afrique »
(équipe Paris 1).
Revue Tiers Monde, t. XXXII, n» 127, Juillet-Septembre 1991 486 André Guichaoua
chantiers de « mise au travail » des divers « chômeurs ruraux ou urbains,
permanents ou saisonniers, visibles ou déguisés » continuent d'être promus
en grand nombre sous la plupart des latitudes et au travers de modalités sur
lesquelles les gouvernements (tout comme les coopérations qui y participent
quelquefois) préfèrent souvent conserver un certain flou. A bien des égards
même, on pourrait démontrer que la mobilisation des « ressources locales
non valorisées » s'impose avec une force accrue non seulement « devant
l'ampleur des besoins et la faiblesse de l'héritage », mais aussi du fait des
politiques de désengagement de l'Etat central dans divers domaines (en
particulier au niveau des services de base) où il intervenait traditionnellement
de manière pratiquement exclusive.
On assiste donc à un regain d'intérêt assez récent et général en faveur de
l'investissement-travail particulièrement (et paradoxalement) dans les pays
où les impacts économiques et sociaux des « ajustements » sont les plus
intenses et où la nécessité de recourir aux ressources locales disponibles
devient imperative, vu la raréfaction des apports extérieurs. Répondant aux
sollicitations des gouvernements, la plupart des structures et organismes
d'aide et de coopération (ong, coopérations bilatérales — principalement des
pays du nord de l'Europe — , Bureau international du Travail (bit), us-aid et,
depuis peu, certains secteurs de la Banque mondiale) se soucient de pro
mouvoir des programmes à forte composante en travail.
Mis en œuvre pour répondre à des objectifs immédiats ou à moyen terme,
souvent conçus en porte à faux avec les politiques économiques officielles,
ces programmes occupent aujourd'hui un espace significatif et mobilisent des
budgets non négligeables. Engagée par leurs principaux promoteurs et bail
leurs de fonds, la réflexion en cours sur leurs objectifs et finalités, leur
insertion institutionnelle dans les structures administratives et économiques
nationales et leurs perspectives à moyen terme, pourrait inciter à un « regain
de la pensée économique » actuellement fort atone sur ce sujet (cf. article
bibliographique de L. Alain).
En ce qui nous concerne, le présent numéro voudrait surtout illustrer la
diversité des pratiques que recouvre un concept aux contours vagues et aux
usages multiples puis, dans un deuxième temps, aborder les principaux
débats que ces pratiques engendrent. En effet, sous ce terme générique,
débordant les conceptualisations univoques, se trouvent habituellement
amalgamées des formes de mobilisation de travailleurs et des prestations de
travail qui n'ont que peu de points communs entre elles : programmes de
travaux d'urgence ou de reconstruction, chantiers d'infrastructures rurales à
« haute intensité de main-d'œuvre », travail bénévole obligatoire de la part
des populations, travaux collectifs auto-organisés par des groupements
divers d'usagers ou de « bénéficiaires », etc. V « investissement-travail », le renouveau ďun concept ? 487
Pour notre part, nous distinguerons et illustrerons trois grands types de
mobilisation du facteur travail :
— l'engagement d'effectifs, souvent très nombreux, de travailleurs sur des
chantiers privilégiant, dans des proportions variables, le recours à la main-
d'œuvre plutôt que l'équipement;
— différentes formes de travail non rémunérées allant du travail « volont
aire » au travail plus ou moins « imposé » sur des chantiers où le facteur
humain est décisif;
— enfin, sous diverses variantes, les chantiers créés pour donner du travail
dans des régions sinistrées (interventions d'urgence) ou particulièrement
démunies.
l'héritage historique d'un concept
De l'après-guerre à aujourd'hui, en passant par la période des indépen
dances, le thème de l'investissement-travail a fait l'objet de vigoureux
débats théoriques et politiques qui, mis en perspective, illustrent successiv
ement le rayonnement, puis le reflux et, assez récemment, le timide renouveau
d'un concept vieux d'un peu plus d'une génération. Trois périodes, carac
térisant chacune un type d'approche, peuvent schématiquement être dis
tinguées.
1 / Les politiques ď 'emploi des années 50
La première couvre la période de l'immédiat après-guerre. On peut alors
dégager deux références principales. Parmi les enseignements de la seconde
guerre mondiale figurait la démonstration des immenses capacités de
mobilisation dont disposent des nations tout entières tendues vers des
objectifs faisant une très large unanimité. La reconstruction de l'Europe,
en particulier au travers des programmes d'emploi et de lutte contre la
pauvreté, confortait elle aussi la possibilité de faire converger en les planifiant
les efforts endogènes et l'aide étrangère. Dans un ouvrage récent,
G. M. Meier rappelle très justement l'importance des travaux et programmes
de l'époque soulignant la nécessité de maintenir en temps de paix le plein
emploi qui, d'une certaine manière, prévalait en temps de guerre1.
1. Rapport Beveridge {Full employment in a Free Society, 1945), Economies of Full Employ
ment de l'Institut de Statistiques d'Oxford (1945), etc. Cf. G. M. Meier, D. Seers, Les pionniers
du développement, Paris, Economica, 1988, p. 16. 488 André Guichaoua
Cette problématique devait inspirer dans un second temps les grands
programmes de développement grâce auxquels les principales métropoles
coloniales tentaient de sortir du « sous-développement » les autres régions
« déprimées » du globe (Plans décennaux français et belges en Afrique, Loi
sur le bien-être et le développement dans les colonies britanniques, etc.).
Dans chaque cas, sont programmés 

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