L'urbanisation russe à la fin du XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.32, pg 70-86

Daniel Brower

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1977 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 70-86
The rapid growth of Russian cities in the last years of the nineteenth century marked new era in the development of Russian society By 1897 the total population in cities of over 15000 inhabitants numbered more than 8.5 million of whom over one-half were urban migrants Who were these migrants Where did their migration take them How did their presence alter the character of urban society What social and economic forces explain this vast movement of the lower classes to the towns and cities This article provides statistical analysis of urbanization in those cities of European Russia with population of over 15000 144 cities and suggests theory to explain the peculiar nature of Russian urban growth The data for this study come from the census of 1897 Twelve social and economic variables identified characteristics of each population computer programs for fac tor and discriminant analysis permitted the isolation of special type of city closely associated with high proportion of migrants These migrant towns represented unique adaptation of Russian society to the forces of urbanization
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ANNALES_ECONOMIES_SOCIETES_CIVILISATIONS
• Publié le: 01 janvier 1977
• Nombre de lectures: 19
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Daniel Brower
L'urbanisation russe à la fin du XIXe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 32e année, N. 1, 1977. pp. 70-86.
Abstract
The rapid growth of Russian cities in the last years of the nineteenth century marked new era in the development of Russian
society By 1897 the total population in cities of over 15000 inhabitants numbered more than 8.5 million of whom over one-half
were urban migrants Who were these migrants Where did their migration take them How did their presence alter the character of
urban society What social and economic forces explain this vast movement of the lower classes to the towns and cities This
article provides statistical analysis of urbanization in those cities of European Russia with population of over 15000 144 cities and
suggests theory to explain the peculiar nature of Russian urban growth The data for this study come from the census of 1897
Twelve social and economic variables identified characteristics of each population computer programs for fac tor and discriminant
analysis permitted the isolation of special type of city closely associated with high proportion of migrants These migrant towns
represented unique adaptation of Russian society to the forces of urbanization
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Brower Daniel. L'urbanisation russe à la fin du XIXe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 32e année, N. 1,
1977. pp. 70-86.
doi : 10.3406/ahess.1977.293800
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1977_num_32_1_293800MODELES URBANISATION
URBANISATION RUSSE LA FIN DU XIXe SI CLE
Les villes de Empire russe connurent un essor remarquable dans les
dernières années du xixe siècle Leur activité commerciale et industrielle se
développa rapidement et leur population augmenta une vitesse jamais connue
alors dans le pays Le mouvement massif des populations vers les grandes
villes frappa imagination des contemporains tel Léon Tolstoï Dans son der
nier roman Résurrection achevé en 1899) il décrit le sort des migrants anciens
paysans affamés dont quelques-uns étaient adaptés la vie urbaine
avaient profité des occasions et étaient devenus en quelque sorte comme leurs
maîtres tandis que autres tombés dans une condition pire encore
que celle ils avaient connue la campagne Le sort de cette masse de
pauvres gens nous est inconnu mais le jugement de Tolstoï fondé sur son idée
de influence corruptrice de la vie urbaine est pour le moins sujet caution Il
est probable que la population rurale en Russie connaissait une misère telle que
importe quel travail dans les villes lui semblait préférable Le nombre toujours
croissant de migrants urbains en est la preuve la plus directe urbanisation
était devenue un processus irréversible et prenait pour la première fois dans
histoire russe le caractère un phénomène de masse
Quels ont été les traits démographiques et sociaux de cette migration ur
baine En quoi les villes russes forte croissance se distinguaient-elles des
autres villes Quels facteurs ont déterminé essor de certaines villes la
stagnation des autres Autant de questions qui présent ont pas re de
réponse Les données quantitatives ne manquent pourtant pas Le recensement
national de 1897 fournit des détails de première importance sur la population
des villes bien que comme nous exposerons plus tard sa fa on de classer ces
données soit très imparfaite En fait les bases mêmes une histoire de ur
banisation russe font encore défaut2
Nous nous proposons ici de faire un premier pas dans cette direction en
abordant le problème de immigration urbaine telle elle était au moment du
recensement La raison de ce choix est très simple il existe pas autre source
informations quantitatives sur le niveau urbanisation du pays en son entier
Il bien eu des recensements de villes mais chacun fut mené séparément et
des époques différentes Le recensement de 1897 permet de se faire au moins
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Réseau ferroviaire et fluvial de la Russie européenne en 1900 et localisation des villes de
plus de 44 de migrants selon le recensement de 1897 Seul le nom de quelques-unes
des principales villes été indiqué
une idée ensemble des caractéristiques des villes forte migration Nous avons
choisi étudier les villes de plus de 15 000 habitants soit 144 villes dans les
48 provinces de la Russie Europe exception des provinces baltes et
polonaises Leur population atteignait 85 millions soit presque 10 des
92 millions habitants de ce territoire Le recensement groupe la population en
classes sociales selon la répartition en ordres sosloviia du code des lois de
Empire Le tableau montre la distribution de ces habitants urbains par ordre
social et lieu de naissance Plus de la moitié entre eux 47 millions étaient nés
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TABLEAU
La population urbaine en millions habitants
Habitants se Habitants Total
trouvant dans leur nés attteurs
vitte de naissanoe
Ordres sociaux #-
Ordres ruraux 10 27 57 57 44
paysannerie
Ordres urbains 25 66 16 54 41 48
petite bour
geoisieetc
Noblesse et 05 04 07
bureaucratie
Total 58 100 47 100 85 100
ailleurs que dans la ville où ils résidaient au moment du recensement et peuvent
donc être tenus pour des migrants La majorité 57 96 appartenait aux ordres
ruraux skie soslo viia) est-à-dire la paysannerie mais côté eux se
trouvait un grand nombre de migrants des ordres urbains gorodskie
sosloviia) presque entièrement constitués de petits-bourgeois les marchands et
citoyens honoraires représentent de très faibles pourcentages après le
code des lois tout citadin faible revenu de père petit-bourgeois ou ayant
renoncé ordre de son père était inscrit dans ordre de la petite-
bourgeoisie meshtchanstvo) bien un paysan vivant en permanence la ville
ne pût entrer dans cet ordre sans autorisation du village dont il dépendait
légalement Certains des migrants des ordres urbains venaient de villes si petites
on les aurait désignées comme villages en autres pays De même une partie
des migrants paysans bien pu naître dans des villes le fait que 26 des
citadins se trouvant dans leur ville de naissance appartenaient encore aux ordres
ruraux laisse voir quel point le classement légal en ordres ne rendait plus
compte des complexités sociales de époque On doit donc considérer que les
chiffres sur les migrants des ordres ruraux et urbains ont une valeur
relative Il est pas surprenant de trouver un nombre relativement grand de
migrants de la noblesse et de la bureaucratie car la croissance de adminis
tration impériale et locale et la chute économique de la noblesse terrienne
étaient en train de créer une nouvelle élite se dépla ant selon les besoins de
tat Toutefois la présence une si grande proportion de migrants des ordres
urbains un tiers du total indique clairement existence un fort courant
de migrations de ville ville Cette population urbaine telle que la fait appa
raître le recensement de 1897 est surtout remarquable par son instabilité
La migration urbaine était étroitement liée la mobilité de la main-d uvre
russe rurale et Depuis plus un siècle déjà ensemble du territoire était comme un vaste chantier qui attirait un grand nombre de travailleurs
essentiellement paysans était des otkhokniki migrants temporaires Vers les
années 1890 des statisticiens des zemstva comités locaux estimaient plus de
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millions le nombre des otkhodniki dont au moins 35 millions se dirigeaient
chaque année vers les villes la recherche de travail4 Ces migrants ne venaient
pas exclusivement de la campagne étaient également des petits-bourgeois
Dans certaines petites villes du Nord la moitié de la population adulte partait
chaque année travailler dans des villes telles que Moscou et Saint-Pétersbourg
munie de passeports temporaires les laissez-passer qui identifient toute
migration ou otkhodnitchestvo)5 Cette mobilité extraordinaire de la main-
uvre faisait partie intégrante de la vie économique et sociale du pays Elle
créait un groupe qui tout en gardant les traits sociaux de ses origines devenait
une population semi-urbaine Les paysans venaient travailler la ville le temps
un été et un hiver des petits-bourgeois partaient en groupe pour autres
villes ou même pour la campagne Les liens étroits créés de la sorte entre cer
taines villes et leur campagne environnante firent naître dans certaines régions
un type de ville un historien soviétique qualifie insuffisamment
différencié de la campagne Des études soviétiques récentes sur la main-
uvre industrielle ont montré que ces migran