La chasse et le piégeage chez les indigènes de Madagascar - article ; n°1 ; vol.9, pg 3-41
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1939 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 3-41
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Raymond Decary
La chasse et le piégeage chez les indigènes de Madagascar
In: Journal de la Société des Africanistes. 1939, tome 9 fascicule 1. pp. 3-41.
Citer ce document / Cite this document :
Decary Raymond. La chasse et le piégeage chez les indigènes de Madagascar. In: Journal de la Société des Africanistes.
1939, tome 9 fascicule 1. pp. 3-41.
doi : 10.3406/jafr.1939.2468
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1939_num_9_1_2468LA CHASSE ET LE PIÉGEAGE
CHEZ LES INDIGÈNES DE MADAGASCAR,
PAR
Raymond DEGARY,
Administrateur en chef des Colonies.
Le Malgache ne se livre généralement à la chasse ni par plaisir ni par
sport ; il voit surtout dans cette occupation une œuvre utilitaire qu'il
accomplit d'ailleurs aussi souvent pour se débarrasser d'animaux nui
sibles (sangliers, crocodiles) que pour se procurer la nourriture carnée
qui lui est nécessaire (tanrecs, oiseaux, chiroptères), ou même pour
enrichir ses troupeaux (bœufs sauvages).
Déjà l'excellent observateur qu'était Flacourt écrivait en 1661 : « Cette
nation ne prend plaisir à aucun exercice violent du corps, ny mesme à
la promenade. .. ayant devant les yeux cette maxime que les choses
qui donnent de la peine et de la fatigue sont plutôt sujets de desplaisir
et de fascheries que de passe temps et de contentement. . . Si on les voit
aller à la chasse ce n'est pas pour le plaisir et contentement qu'ils en
puissent prendre, mais pour l'utilité qu'ils en peuvent recevoir ; ainsi
les voit-on aller à la chasse aux sangliers, non pas pour en manger car
la plus part n'en mangent point (si ce ne sont les chasseurs, encore rare
ment), mais pour se vanger et tascher d'exterminer ces bestes qui leur
mangent et gastent leurs vivres *. »
Lémuriens. — Les lémuriens, englobés vulgairement sous le nom de
Maki, sont essentiellement arboricoles. Ils vivent soit en bandes nomb
reuses, soit par petits groupes d'une demi-douzaine d'individus. Ce
sont des animaux peu sauvages dont une destruction inconsidérée a
beaucoup diminué le nombre depuis une quarantaine d'années. Aujourd
'hui la chasse et l'exportation en sont interdites par arrêté du chef de la
1. Flacourt. Histoire de la Grande lsle de Madagascar. Ch. XXXIIII. De la chasse
et de la pêche, p. 107, 1661. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES - 4
Colonie ; les réserves naturelles créées à Madagascar leur assurent
d'autre part un refuge assuré ; ils sont enfin considérés comme fady,
tabou, chez quelques peuplades, Antandroy et Mahafaly notamment. Ils
reçoivent dans ces conditions le maximum de protection possible en
l'état actuel. C'est seulement loin de la surveillance administrative et
dans les régions où n'existe pas le tabou protecteur que l'indigène se
livre encore à la chasse de ces animaux.
Le modele plus primitif, que pratiquent les Sakalava, consiste à affo
ler l'animal qui bondit d'arbre en arbre, et à le poursuivre en lui lançant
pierres et bâtons. Lorsqu'il s'immobilise enfin, épuisé ou blessé, un grand
feu est allumé au pied de l'arbre sur lequel il se trouve :Ла fumée a
bientôt raison de sa dernière résistance. Si au cours de la poursuite, on
parvient sur une lisière de forêt, on manœuvre de telle façon que la bête
traquée quitte les branches et la course continue à travers les herbes;
elle est toujours brève et le lémurien est rapidement rejoint et assommé.
Le plus souvent, il est chassé à l'aide de pièges. Les deux modèles ci-
après sont de nature assez voisine.
Piège des Tsimihety et des Sihanaka de la région d'Andilamena : En
bordure de la forêt, un tronc incliné à 45 degrés environ s'appuie sur un
arbre de la lisière. En travers du tronc et à mi-hauteur, un cadre de
branches, carré, de 30 centimètres de côté, est maintenu verticalement ;
une ficelle mince et solide, terminée par un nœud coulant (tadi-mody) se
trouve au milieu du cadre et dans le même plan que lui. D'autre part, au
tronc incliné est attachée une branche souple tendue en ressort et à
l'autre extrémité de laquelle est fixée la ficelle, elle-même tenue en
place par une boucle qui entoure la partie supérieure du cadre et dans
laquelle elle coulisse. Un système de morceaux de bois en porte à-faux
placé tout près de la base du cadre maintient la branche tendue. Quand
un lumérien monte sur le tronc, il dérange, avec ses pattes un des bouts
de bois, au moment précis où il arrive à hauteur du cadre et engage sa
tête dans la floche; le ressort se détend, entraînant le nœud qui se serre
contre la partie supérieure du cadre et immobilise ou étrangle l'animal
(fig. 1, en haut).
Lorsqu'il n'existe pas d'arbre présentant la disposition voulue, on
perce dans la forêt une saignée assez large pour que les lémuriens ne
puissent la franchir d'un bond, et l'on réunit les troncs face à face par de
grosses branches ou des bambous horizontaux [lalazanga). Sur cette sorte
de passerelle est installé le nœud coulant, fixé, comme dans le piège
précédent, à une branche arquée qui doit servir de ressort. Ce
porte le nom de fandriWavohotra.
Piège des Beosy et des Sakalava du Bemaraha, dans la partie occi
dentale de Madagascar : Dans une percée naturelle ou artificielle de la LA CHASSE ET LE PIÉGEAGE CHEZ LES INDIGÈNES DE MADAGASCAR S
forêt, deux rangées de longues perches parallèles espacées l'une de l'autre
de 2 mètres sont posées horizontalement sur de,s piquets fourchus à
2 mètres du sol. Un cadre de baguettes, suspendu à une branche par
une ficelle à 30 centimètres environ au-dessus de la perche et immo-
Fig. 1. — Pièges à Lémuriens : en haut, des Tsimihety et des Sihanaka
de la région d'Andrilamena ; en bas, des Beosy et des Sakalava du Bemaraha. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 6
bilisé perpendiculairement à celle-ci, est garni en son milieu d'un nœud
coulant. Chaque perche est surmontée de trois ou quatre cadres de cette
sorte, qui constituent autant de pièges distincts. Dans ce système, par
conséquent, ne figure pas la branche-ressort du pays Sihanaka ; le lému-
rien s'étrangle simplement au cours des efforts qu'il fait pour se dégager
dès que sa tête est entrée dans le nœud (fig. 1, en bas).
Je dois à l'écrivain interprète principal Emile Razafindrakoto d'inté
ressants renseignements sur le piégeage par les Antanosy. Le tandraho
utilisé par eux est ins"tallé par groupes de 4 ou S appareils et même
davantage sur un arbre débarrassé de la plupart de ses branches et
abattu de façon à former passerelle. Une tige mince est fixée par ses
extrémités au tronc et forme un arceau large de 23 centimètres et haut
d'une trentaine. A l'intérieur un nœud coulant ouvert est attaché au som
met de l'arceau. Quand un animal est pris, l'arceau bascule autour du
tronc sous ses efforts, dégageant le passage vers les autres pièges desti-
*nés au reste de la bande des lémuriens (fig. 9).
L' Aye-aye ou Daubentonia madagascariensis est un des plus curieux
mammifères de la Grande Ile. Découvert par Sonnerat vers 1880, il
aurait reçu de ce naturaliste son nom singulier de aye-aye qui ne serait
autre que le « cri d'exclamation et d'étonnement des habitants de Mada
gascar à la vue de l'animal» l. En réalité, il porte le nom vernaculaire de
Ahay en dialecte betsimisaraka, appellation sans aucun rapport, à notre
avis, avec une exclamation quelconque.
Le Daubentonia est fady pour le Malgache qui ne le chasse qu'avec
répugnance et seulement quand il en reçoit l'ordre de l'Européen ou de
l'Administration., Il se contente alors de le chercher dans les trous de
rochers, dans lès arbres creux qui lui servent4 de refuge. Si par hasard
un aye-aye pris dans un piège àlémuriens est encore vivant, il est aussi
tôt libéré, après avoir été frotté de graisse par le propriétaire du piège
qui pense s'excuser ainsi de l'ennui qu'il lui a causé.
En 1931 j'eus l'occasion de ramener en France deux aye-aye vivants.
Après les avoir capturés, les indigènes procédèrent à une cérémonie
dont je ne pus recueillir les détails, mais au cours de laquelle ils
demandèrent aux animaux qu'ils cons

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