La conception de l âme chez les Indiens Cuna de l isthme de Panamá (la signification de trois mots cuna : purba, niga et kurgin). - article ; n°1 ; vol.24, pg 5-30
27 pages
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La conception de l'âme chez les Indiens Cuna de l'isthme de Panamá (la signification de trois mots cuna : purba, niga et kurgin). - article ; n°1 ; vol.24, pg 5-30

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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1932 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 5-30
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Erland Nordenskiöld
La conception de l'âme chez les Indiens Cuna de l'isthme de
Panamá (la signification de trois mots cuna : purba, niga et
kurgin).
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 24 n°1, 1932. pp. 5-30.
Citer ce document / Cite this document :
Nordenskiöld Erland. La conception de l'âme chez les Indiens Cuna de l'isthme de Panamá (la signification de trois mots cuna :
purba, niga et kurgin). In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 24 n°1, 1932. pp. 5-30.
doi : 10.3406/jsa.1932.1842
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1932_num_24_1_1842LA CONCEPTION DE L'ÂME
CHEZ LES INDIENS CUNA
-DE L'ISTHME DE PANAMA
(LA SIGNIFICATION DE TROIS MOTS GUNA,
PUŘBA, N1GA ET KURGIN) К
Par Erland NORDENSKIÔLD.
A Monsieur Lêvy-Bruhl.
Hommage respectueux.
Il y a quatre ans que je visitai les Indiens cuna de l'isthme de Panama,
en compagnie de ma femme, du Dr S. Linné et de mon fils Éric. Au
cours de ma visite chez ces Indiens, je tombai gravement malade et dus
revenir à Panama-City, d'où peu après je rentrai chez moi en Suède. De
mon voyage je rapportai, entre autres, plusieurs manuscrits, soit écrits par
des Indiens cuna avec nos caractères, soit dessinés avec leur pictogra-
phie. Malheureusement, en raison de ma maladie, je n'avais pu en tra
duire et étudier de près que quelques-uns.
D'une manière ou d'une autre, il fallait arranger cela. J'invitai dans ce
but un Indien cuna très intelligent, Ruben Perez Kantule, à venir passer
quelque temps en Suède. Pérez accepta l'invitation et voilà maintenant
six mois qu'il est dans ce pays.
Quand Pérez arriva en Europe, il apportait des éléments manuscrits
très précieux,' qui à un haut degré complétaient mes collections. Il s'agis
sait, en premier lieu, de chants, d'incantations, de descriptions de maladies
et de leurs remèdes, écrits en langue cuna et principalement en notre
écriture. Pérez a écrit ceux-ci sous la dictée de vieux hommes-médec
ine et autres qui les avaient conservés en pictographie, laquelle ne fut
transcrite par Pérez qu'exceptionnellement.. Nous avons traduit ensemble
les manuscrits indiens, et il les a commentés. De cette manière, j'ai
1. Traduit du suédois par Mme Robertsson. .
SOCIÉTÉ DRS AMÉR1CANISTES 6
des éléments de très grande valeur éclairant les représentations myst
iques des Indiens cuna.
Outre les manuscrits en cuna, Pérez apporta une certaine quantité
d'annotations en espagnol et en anglais, faites par lui et d'autres Indiens
cuna, surtout sous la dictée de Nèle, leur chef et grand voyant. Celles-
ci traitent des traditions et de l'histoire des Indiens cuna, et sont elles-
mêmes de grand intérêt. Je ne m'occuperai pas ici de ces derniers él
éments, je veux seulement faire ressortir que, par eux, nous connaissons,
entre autres choses, ce que les cuna savent encore de la conquête espa
gnole de leur pays, et de la colonisation française de leur territoire au
commencement du dix-huitième siècle.
La comparaison de ces traditions orales avec ce que nous lisons dans
des relations faites à la même époque par des Européens est d'un grand
intérêt. Nous avons ainsi un aperçu sur la valeur de la tradition orale '
comme document historique. _
Quelques manuscrits en espagnol et en anglais sont même précieux
pour la compréhension des idées religieuses des cuna.
Il y a beaucoup de choses à savoir avant de comprendre les textes
indietis. Ainsi, la langue des chants, des incantations et autres n'est pas la
langue parlée, mais en partie une autre langue que les Indiens cuna ne
comprennent certes pas tous. De plus, toutes sortes de circonlocutions
possibles sont employées à un grand degré.
Dans l'imagination des Indiens cuna, les histoires delà création jouent
un rôle énorme. Chaque chant magique doit être précédé d'une incanta
tion qui parle de l'origine du remède employé, autrement il n'agit pas.
Quand, dans les forêts vierges, les Indiens veulent essayer d'attirer vers
eux les animaux, ils se baignent daná de l'eau où ils ont mis certaines
plantes magiques. Avant le bain une incantation est prononcée par l'homme
médecin. Si nous lisons une de ces incantations annotée par Pérez en
pictographie, il s'y trouve : Dieu, Olotililisop, âme blanche, âme noire,
âme bleue, âme rayée, âme jaune, âme teintée de rose, âme rouge, table,
étoffe blanche, Olokebikdigma et Olokebikdili . Sur ces derniers signes nous
voyons des lignes en zigzag. Puis nous arrivons au coffre ulu, etc.
Le tout fait l'effet d'une parfaite absurdité. Pour comprendre cette
incantation il faut savoir que Olotililisop est la première femme créée par
Dieu et la mère du Tout, que purba, âme, signifie ici menstruation, la
table, le sein de la femme, l'étoffe blanche, la vulve, Olokebikdigifia et
Olokebikdili sont les noms du mâle et de la femelle de la plante pîsep, que les
représentent' le cordon ombilical et que le coffre est l'alignes en zigzag
bdomen de la mère.
De la même manière on emploie des circonlocutions dans d'autres his- CONCEPTION DE L.AME CHEZ. LES INDIENS CUNA <7 LA
toifes de. là. création. Celui qui .ne .connaît, pas ces isireonloeutions. né com
" prend rien. .. , ?,.._,: ..._.:.. . 1;. , . . ; /,
. J'ai dit que dans les chants et -les incantations, une autre langue cfue
lalangue parlée est employée, et que dans les incantations des circon
locutions sont d'usage. Il faut aussi que nous sachions que. dans les
mythes jet les noms propres on emploie des noms d'animaux tout, à fait
autres que dans la langue parlée, et que^ dans les chants, les animaux" ont
.des noms spéciaux pour le jour ou la nuit, que les sorciers ont recours, .à
des termes techniques pour les plantes médicinales, etc.; pour comprendre
combien l'interprétation des textes cuna peut offrir de difficultés*. Nous
yoyons ainsi combien la tribu cuna est intéressante et combien sa cul
ture est riche, .. .- ....", u „.'*■.- -,_ . 'Л
Les éléments dont je dispose maintenant sur les cuna semblent, être
considérables, mais il découle des discussions avec Pérez qu'ils ne. sont
qu'une petite fraction de ce qu'il y a à trouver chez eux. Là-rbas, jl y. a
des quantités • de chants de . toute . nature^ des calendriers en . .jncto-
graphie, écriture, en rébus .ressemblant au vieil aztek, des planchettes
avec des pictographies gravées en, relief, etc. Nous, verrons bien .dans
un prochain avenir ce qui paraîtra de nouveau. Beaucoup , d'éléments
disparaissent continuellement^ car chaque horiime-médecine emporte
avec lui ses .annotations . dans la tombe, et les chants et autres choses
semblables subsistent seulement si de son vivant ses élèves, lég copient*
T Nous yoyons ainsi de quelle sorte sont les éléments qui ont été apportes,
et qui peuvent être apportés de chez les Indiens cuna. Je vais, essaye*!
de montrer comment ils ont contribué à nous éclairer sur, l'idée de
chez les Indiens, et. sur ce, que,, dans le langage ordinaire, nous
coutume .d'appeler les attributs de l'âme. Ainsi, c'est la signification,
trois mots, de la langue cuna que je vais essayer d'expliquer ^ pufba* .w
et kur gin. . ,\'Sih
. Au cours de; cet essai d'explication, mon rapport ,pourra parfois^ cer
tainement paraître inconséquent. Ceci est tout à fait, naturel, car ,1a f§№
sée des Indiens quand il s'agit de .l'immatériel ou.de l'invisible; £'e.st, pa;s
conséquente. Comme M. .Lévy-Bruhl. Га ; exposé .de main -, 4e, maître,
" ,." . leur manière de, penser, dans bien des cas n'est pas logique.' • • ,.
Purba est le seul mot que les Indiens cuna possédant; tant, spit peu
d'une langue étrangère traduisent par âme. C'est ainsi que même les savapts
qui s'occupent de l'histoire des religions devraient traduire -рщЬа, mais je
préfère ne pas. le traduire du tout. Il signifie tant de choses !. ;_ , ' ,. : < ]
1 :Purha d'une personne ou la somme de ses purbas\ est en Quelque sorte
: 1. Le pluriel de рщЬа est purbagana, mais j'ai toujours employé uni pour le pluriel. 8 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
son double, en général inyisible. Dans un chant sûrement très

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