La convertibilité du rouble et le choix d'un régime de change - article ; n°1 ; vol.26, pg 67-93

Danielle Neuwly

Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1995 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 67-93
Convertibility of the rouble, and choice of an exchange system.
As from the 1st July 1992, the rouble became convertible for the settling of routine transactions among residents. However, internal economic conditions do not appear to have favoured the development, or even the continuance of this minimal system. With a reminder to the reader that convertibility is not only an objective in the reform of centrally planned economies, but also a means of powering the process of transition, the article then considers the part played by exchange policy in the consolidation of convertibility. This leads to a discussion of the precarious nature of convertibility in the present state of the floating rouble, and the causes thereof. There follows a discussion about adopting a fixed rouble in the context of Russia's financial relations, firstly with the West, and subsequently with the States of the former USSR.
In the first instance, the analysis is concerned with the problem of intertemporal coherence, and the credibility of economic policy. The characteristics of the transitional economy certainly make it a good candidate for the adoption of a nominal fixed rate, but the fact remains that this theoretical argument is not wholly convincing, since fixing the rouble cannot substitute for macro-economic stabilization. Discussion about the choice of exchange system for the rouble with the new currencies of the States of the former USSR arises from the theory of the optimal monetary zone. The establishment of a rouble zone fulfils the traditional ideal criteria to a very limited extent only, since it is based uniquely on the economic integration inherited from socialist planning. Consequently, in this context also, it seems that there is no adequate theoretical justification for adopting fixed exchange rates.
Depuis le Ie' juillet 1992, le rouble est convertible pour le règlement de transactions courantes par les résidents. Les conditions économiques internes ne paraissent cependant pas favorables au développement, si ce n'est même au maintien, de ce régime minimal. L'article s'interroge, après avoir rappelé que la convertibilité n'est pas seulement un objectif de la réforme des économies centralement planifiées, mais aussi un instrument de la dynamique de la transition, sur le rôle de la politique de change pour la consolidation de la convertibilité. Cette démarche conduit à démontrer la précarité de la convertibilité dans le régime actuel de flottement du rouble et à en dégager les causes. Puis, l'adoption de la fixité est discutée dans le cadre des relations monétaires de la Russie avec les pays occidentaux d'abord, avec les États de l'ex-U.R.S.S. ensuite.
Dans le premier cas, l'analyse se réfère au problème de la cohérence intertemporelle et de la crédibilité de la politique économique. Les particularités de l'économie en transition en font certes une bonne candidate à l'adoption d'un ancrage nominal, mais il n'en reste pas moins que, puisque l'ancrage ne se substitue pas à la stabilisation macroéconomique, l'argument théorique n'est guère convaincant. La discussion du choix du régime de change du rouble avec les nouvelles monnaies des États de l'ex- U.R.S.S. relève de la théorie de la zone monétaire optimale. La constitution d'une zone rouble ne satisfait que très partiellement les critères traditionnels d'optimalité, puisqu'elle ne s'appuie que sur l'intégration économique héritée de la planification socialiste. Par conséquent, il semble que, dans ce contexte également, il n'y ait pas de justification théorique satisfaisante pour l'adoption de la fixité des changes.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_D-ETUDES_COMPARATIVES_EST-OUEST
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 32
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Danielle Neuwly
La convertibilité du rouble et le choix d'un régime de change
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 26, 1995, N°1. pp. 67-93.
Citer ce document / Cite this document :
Neuwly Danielle. La convertibilité du rouble et le choix d'un régime de change. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest.
Volume 26, 1995, N°1. pp. 67-93.
doi : 10.3406/receo.1995.2712
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1995_num_26_1_2712Abstract
Convertibility of the rouble, and choice of an exchange system.
As from the 1st July 1992, the rouble became convertible for the settling of routine transactions among
residents. However, internal economic conditions do not appear to have favoured the development, or
even the continuance of this minimal system. With a reminder to the reader that convertibility is not only
an objective in the reform of centrally planned economies, but also a means of powering the process of
transition, the article then considers the part played by exchange policy in the consolidation of
convertibility. This leads to a discussion of the precarious nature of convertibility in the present state of
the floating rouble, and the causes thereof. There follows a discussion about adopting a fixed rouble in
the context of Russia's financial relations, firstly with the West, and subsequently with the States of the
former USSR.
In the first instance, the analysis is concerned with the problem of intertemporal coherence, and the
credibility of economic policy. The characteristics of the transitional economy certainly make it a good
candidate for the adoption of a nominal fixed rate, but the fact remains that this theoretical argument is
not wholly convincing, since fixing the rouble cannot substitute for macro-economic stabilization.
Discussion about the choice of exchange system for the rouble with the new currencies of the States of
the former USSR arises from the theory of the optimal monetary zone. The establishment of a rouble
zone fulfils the traditional ideal criteria to a very limited extent only, since it is based uniquely on the
economic integration inherited from socialist planning. Consequently, in this context also, it seems that
there is no adequate theoretical justification for adopting fixed exchange rates.
Résumé
Depuis le Ie' juillet 1992, le rouble est convertible pour le règlement de transactions courantes par les
résidents. Les conditions économiques internes ne paraissent cependant pas favorables au
développement, si ce n'est même au maintien, de ce régime minimal. L'article s'interroge, après avoir
rappelé que la convertibilité n'est pas seulement un objectif de la réforme des économies centralement
planifiées, mais aussi un instrument de la dynamique de la transition, sur le rôle de la politique de
change pour la consolidation de la convertibilité. Cette démarche conduit à démontrer la précarité de la
convertibilité dans le régime actuel de flottement du rouble et à en dégager les causes. Puis, l'adoption
de la fixité est discutée dans le cadre des relations monétaires de la Russie avec les pays occidentaux
d'abord, avec les États de l'ex-U.R.S.S. ensuite.
Dans le premier cas, l'analyse se réfère au problème de la cohérence intertemporelle et de la crédibilité
de la politique économique. Les particularités de l'économie en transition en font certes une bonne
candidate à l'adoption d'un ancrage nominal, mais il n'en reste pas moins que, puisque l'ancrage ne se
substitue pas à la stabilisation macroéconomique, l'argument théorique n'est guère convaincant. La
discussion du choix du régime de change du rouble avec les nouvelles monnaies des États de l'ex-
U.R.S.S. relève de la théorie de la zone monétaire optimale. La constitution d'une zone rouble ne
satisfait que très partiellement les critères traditionnels d'optimalité, puisqu'elle ne s'appuie que sur
l'intégration économique héritée de la planification socialiste. Par conséquent, il semble que, dans ce
contexte également, il n'y ait pas de justification théorique satisfaisante pour l'adoption de la fixité des
changes.Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1995, 1 (mars)
pp. 67-93 - Danielle MEUWLY
La convertibilité du rouble
et le choix d'un régime de change
Danielle MEUWLY
Depuis le 1er juillet 1992, le rouble est convertible pour le règlement de tran
sactions courantes par les résidents. Mais, les conditions économiques internes
ne paraissent guère favorables au développement, si ce n'est même au maint
ien, de ce régime minimal. Or, la convertibilité n'est pas seulement un but de
la réforme de l'économie centralement planifiée (ECP), c'est aussi un instr
ument de la dynamique de la transition. Il est donc légitime de s'interroger sur
les moyens de consolider la convertibilité. C'est ici le rôle du régime de
change dans lequel se déploie la convertibilité qui est étudié.
Une première section, après avoir formulé la problématique du retour à la
convertibilité pour l'économie centralement planifiée, est consacrée à l'évalua
tion de la performance du flottement, sur la base de l'évolution des principaux
indicateurs macroéconomiques. Puis, la discussion de la fixité des changes est
menée dans le contexte des relations monétaires de la Russie avec les pays
occidentaux d'abord, avec les États de l'ex-U.R.S.S. ensuite. Cette démarche
se fonde sur une lecture critique de la littérature consacrée aux problèmes de
change en ex-U.R.S.S., en particulier des travaux de Borensztein et Masson
(1993), Villanueva (1993) et Genberg (1994). La seconde section est consacrée
à la nécessité d'un ancrage nominal du rouble à une devise de référence.
L'analyse se fonde sur les développements apportés par Genberg (1989) à
l'argument de la cohérence temporelle et de la crédibilité de la politique éco
nomique, mis en évidence par Kydland et Prescott (1977). Il s'agit alors de di
stinguer les particularités de l'économie en transition qui plaident pour un
ancrage et, le cas échéant, d'en déterminer la forme. La troisième section
s'intéresse au maintien d'une zone de fixité des changes entre le rouble et les
nouvelles monnaies des États de l'ex-U.R.S.S. L'argumentation relève de la
théorie de la zone monétaire optimale. L'utilisation des critères d'optimalité de
Mundell (1961), McKinnon (1963) et Kenen (1969) fournit un élément de
réponse et permet d'apprécier les modèles proposés notamment par Aglietta
(1992), Gros et Steinherr (1991), Gros (1992), Gros et Bofinger (1992), ainsi
que par Tarr et Michalopoulos (1992, 1994).
* Université de Fribourg, Suisse. Une première version de ce texte a été présentée
lors du Congrès de l'Association Internationale des Economistes de Langue Française,
qui s'est tenu à Luxembourg, du 26 au 28 mai 1994.
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L'analyse se mène essentiellement en termes monétaires, mais elle ne nie
pas qu'un retour durable à la convertibilité exige une restructuration de l'éc
onomie domestique puisqu'il s'agit, en définitive, de déterminer le régime de
change le plus favorable à la mise en place des conditions réelles de la convert
ibilité.
1. L'état de la convertibilité
Pour mesurer la précarité actuelle de la convertibilité du rouble, il faut en
définir le sens et le rôle.
1.1. Typologie de la convertibilité
1.1.1. L' article VIII des statuts du FMI
La convertibilité de la monnaie est définie à l'article VIII des statuts du FMI,
par une liste de conditions à respecter1. La Russie et les anciennes républiques
de l'ex-U.R.S.S. sont aujourd'hui membres du FMI au bénéfice des disposi
tions transitoires de l'article XIV2.
La définition de VIII est incontournable puisqu'elle apporte la
reconnaissance officielle, au niveau international, de situations de fait. Mais un
manque de clarté lui est habituellement reproché et d'autres propositions lui
sont substituées. Par exemple, une distinction entre convertibilités économique
et juridique se trouve chez Dembinski (1985, pp. 113-115), alors que les
notions de "convertibilité légale à deux sens et convertibilité légale à sens
unique" sont utilisées par Dunajewski (1979, p. 196). Finalement, il y a plé
thore de définitions et le même terme recouv