La curiosité des savants français pour la Russie dans la première moitié du XVIIIe siècle - article ; n°4 ; vol.57, pg 565-576
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Description

Revue des études slaves - Année 1985 - Volume 57 - Numéro 4 - Pages 565-576
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Marie-Anne Chabin
La curiosité des savants français pour la Russie dans la
première moitié du XVIIIe siècle
In: Revue des études slaves, Tome 57, fascicule 4, 1985. Aspects des relations intellectuelles entre la France, la
Russie et l'U.R.S.S., sous la direction de Robert-Henri Bautier. pp. 565-576.
Citer ce document / Cite this document :
Chabin Marie-Anne. La curiosité des savants français pour la Russie dans la première moitié du XVIIIe siècle. In: Revue des
études slaves, Tome 57, fascicule 4, 1985. Aspects des relations intellectuelles entre la France, la Russie et l'U.R.S.S., sous la
direction de Robert-Henri Bautier. pp. 565-576.
doi : 10.3406/slave.1985.5521
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1985_num_57_4_5521LA CURIOSITE DES SAVANTS FRANÇAIS POUR LA RUSSIE
DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIIie SIÈCLE
PAR
MARIE-ANNE CHABIN
De l'histoire des relations franco-russes dans la première moitié du XVIIIe
siècle on ne retient généralement que le voyage de Pierre le Grand à Paris au prin
temps 1717, tel que le raconte Saint-Simon dans ses Mémoires : un séjour pitto
resque rempli d'anecdotes. Or, en 1726, un astronome français, Joseph-Nicolas
Delisle, quitte la France pour Saint-Pétersbourg à la suite d'une invitation de
Pierre le Grand. Bien sûr, Pierre le Grand a fait venir à Saint-Pétersbourg de nom
breux artistes et ouvriers français, mais ceux-ci ont suivi le tsar dès 1717 et sont,
pour la plupart, revenus peu après. Delisle, lui, se met en route bien plus tard,
alors que Pierre le Grand est mort depuis près d'un an, et surtout il reste en Russie
vingt- et -une années, vingt -et -une années qu'il consacre à des travaux entrepris
sous l'égide de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, avant de rentrer à
Paris en 1747.
Le séjour prolongé de ce Français en Russie à une époque où les deux pays
sont encore, somme toute, très éloignés l'un de l'autre, surprend un peu au premier
abord. On se demande quel a été le contexte de ce voyage en Russie, quelles ont
été les pensées et l'attitude de ce savant et de ses confrères parisiens à l'égard de
la Russie en cette première moitié du XVIIIe siècle. Les archives de cet astronome,
riches et abondantes, permettent de répondre à cette question, de replacer son
aventure dans un cadre plus large et de découvrir que d'autres savants français
ont eu à l'époque des contacts plus ou moins étroits avec la Russie1 .
Parmi ces savants, on compte d'abord trois autres membres de la famille Delisle :
en effet, le père de l'astronome, Claude Delisle, historien de métier, rencontre à
Paris, à l'aube du XVIIIe siècle, un voyageur russe et le questionne largement sur
1. Les archives de Joseph-Nicolas Delisle sont réparties entre plusieurs dépôts d'archives
et bibliothèques : Archives nationales (archives du Service hydrographique de la Marine),
Bibliothèque de l'Observatoire de Paris, Bibliothèque nationale (Département des manusc
rits, fonds français, Département des cartes et plans), Bibliothèque de l'Assemblée nationale, Sainte-Geneviève. Voir : M.-A. Chabin, les Français et la Russie dans la première
moitié du XVIIIe siècle : la famille Delisle et les milieux savants, thèse de l'École nationale
des chartes, 1983, 345 p., dact. (consultable aux Archives nationales, après accord de l'auteur).
Rev. Êtud. slaves, Paris, LVII/4. 1985, p. 565-576. M.-A. CHABIN 566
la Russie ; le frère aîné de l'astronome, Guillaume Delisle, géographe et académic
ien des sciences, a le privilège de s'entretenir personnellement en 1717 avec Pierre
le Grand, qui avait remarqué une carte de Russie de ce géographe ; enfin, un autre
frère de Joseph-Nicolas Delisle, Louis Delisle, académicien lui aussi, accompagne
l'astronome en Russie pour le seconder dans ses travaux et effectue durant son
séjour plusieurs voyages dans l'Empire russe. D'autre part, un certain nombre
d'académiciens français ou de lettrés qui s'intéressent aux Académies saisissent
l'occasion du séjour de Joseph-Nicolas Delisle à Saint-Pétersbourg pour se ren
seigner, de diverses façons, sur ce pays nouveau pour eux.
L'historien Claude Delisle s'intéresse, lui, à tous les pays du monde. Pour chacun
d'eux, il recueille les descriptions et les relations historiques, chez les auteurs de
différents siècles et de différentes langues. Son but est de rédiger, à l'aide de toute
cette documentation, une grande histoire universelle. Les sources historiques rela
tives à la Russie sont très peu nombreuses à l'époque, et peu sûres. Quant aux
sources orales sur les pays étrangers, elles sont d'une façon générale, rares. Or,
Claude Delisle à la chance de rencontrer à Paris le Russe Petr Postnikov, et il saisit
l'occasion qui lui est offerte pour enrichir ses connaissances.
On sait peu de choses du séjour de ce Russe en France. Petr Postnikov est le
fils d'un négociateur des tsars en Occident. Lui-même entreprend une série de
voyages en Europe peu après 1690. Il rejoint Pierre le Grand en Hollande en 1698
lors de son grand voyage et l'accompagne en Angleterre. Il réside à Paris en 1703
où il joue le rôle d'agent diplomatique du tsar. Il est également chargé d'acquérir
des instruments et de recruter des ouvriers pour le compte du tsar. C'est de toute
évidence, un personnage cultivé et à l'aise pour parler de son pays.
Claude Delisle a eu plusieurs entretiens avec Postnikov. On ignore les circonstan
ces de la première rencontre mais il est certain qu'ils se sont vus au moins trois
fois : en 1699, lors du premier voyage du Russe à Paris, en 1703, et une dernière
fois en 1707 ou 1708, date des mémoires établis par Claude Delisle après ces entre
tiens.
Au cours de ces entrevues, Postnikov fait part au Français de ce qu'il sait de la
Russie dans différents domaines. Claude Delisle apprend ainsi diverses particular
ités des provinces et des grandes villes de la Russie ainsi que des peuples soumis
aux tsars. Postnikov expose au Français quel est le mode de gouvernement de son
pays ; il lui explique quel titre il convient de donner au souverain de la Russie,
que l'expression « grand-duc de Moscovie » qu'utilise Claude Delisle, est erronée
et qu'il faut dire « Sa Majesté Czarienne ». Le Russe explique encore l'origine
du mot knjaz ', généralement traduit par « prince » . Postnikov se plaît naturell
ement à évoquer les dernières conquêtes de Pierre le Grand.
Le Français écoute avec intérêt ces informations et, surtout, il pose des ques
tions. Il veut profiter de la présence du Russe pour vérifier ou corriger les sources
écrites qu'il a étudiées, et principalement le Rerum Moscoviticarum commentarii
de l'ambassadeur allemand Herberstein du XVIe siècle, et la Relation du voyage
d'Adam Olearius en Moscovie, Tartane et Perse, publiée au milieu du XVIIe siècle
et plusieurs fois rééditée par la suite1 .
1. Sigismund von Herberstein, Rerum Moscoviticarum commentarii, Bâle, 1571, in-80,
227 p. ; Robert Delort, la Moscovie du XVIe siècle vue par un ambassadeur occidental, Her
berstein, Paris, Calman-Lévy, 1965, 283 p. ; Adam Olearius, Relation du voyage de Moscovie,
Tartarie et Perse, fait à l'occasion d'une ambassade envoyée au Grand Duc de Moscovie et au
Roy de Perse par le Duc de Holstein depuis l'an 1633 jusqu'en l'an 1639, traduite de l'aile- SAVANTS FRANÇAIS ET LA RUSSIE 567 LES
Claude Delisle rédige donc une longue liste de questions à l'attention de Post-
nikov. Ces questions sont des plus variées : générales sur le milieu
naturel, les différents peuples, les souverains ; questions de détail portant sur
l'identification d'un nom de lieu relevé chez un auteur ou sur une carte, la langue
d'un peuple ou le statut d'une ville. L'historien français se demande par exemple
si la province d'Onega appartient au tsar, si les Zyrianes sont russes, si la Nouvelle-
Zemble est une île. Une autre question a trait aux titres et dignités portés par les
grands de Russie. D'autres encore se rapportent à la religion : si saint Nicolas,
patron de la Russie, est le saint Nicolas honoré en France, si les Tchérémisses et
les Kalmuks ne sont pas musulmans.
On voit le Français s

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