La débâcle de l expérience soviétique. De la tentative de réformer l irréformable à la « thérapie de choc » - article ; n°1 ; vol.23, pg 29-59
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La débâcle de l'expérience soviétique. De la tentative de réformer l'irréformable à la « thérapie de choc » - article ; n°1 ; vol.23, pg 29-59

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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1992 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 29-59
L'auteur montre comment la dynamique de la perestroïka était mortelle pour le système soviétique. La compatibilité du « retour à Lénine », d'un communisme rénové avec la démocratie et le respect des principes humanistes, tout comme la transition d'un socialisme bureaucratique fonctionnant tant bien que mal sur les injonctions du parti vers le « socialisme de marché », n'ont jamais été sérieusement pensés par les réformateurs gorbatchéviens. Mais pouvaient-ils l'être ? En tout état de cause, ceux-ci ont fait œuvre utile : ils ont contribue à accélérer la décomposition de l'ordre soviétique.
L'équipe du président Eltsine s'attaque courageusement, depuis le début de 1992, à la liquidation de l'expérience soviétique. L'entreprise est titanesque, socialement douloureuse. Les moyens employés avec la « thérapie de choc » sont ceux qui s'imposent. Le processus de « commercialisation » ne pouvait être engagé que pour la réduction brutale des subventions et l'« ouverture » de l'inflation. Il faudra certainement beaucoup de temps pour parvenir à une économie « normale » (comme disent les Russes pour parler de l'économie de marché) : on ne change pas les mentalités et les structures sociales en quelques mois. Les premiers résultats obtenus par le gouvernement Gaïdar, concernant la monnaie et le budget sont encourageants.
The collapse of the Soviet system. From the attempt to reform the unreformable to « shock therapy ».
The author shows how the dynamics of perestroïka were fatal for the Soviet system. The compatibility of a « return to Lenin », of a regenerated communism, with democracy and respect for humanist principles, just as the transition from a bureaucratic socialism, operating more or less on party directives, to « market socialism », were never seriously envisaged by Gorbachev's reformers. But could they have been ? However that may have been, the reformers performed a useful task : they helped to speed up the breakdown of the Soviet regime.
Since the beginning of 1992, president Yeltsin's team have manfully set about dismantling the Soviet system. It is a colossal undertaking, and socially painful. The means used, including «shock therapy» are such as the circumstances dictate. The process of « commercialization » could not be set in motion other then by the abrupt cutting of subsidies and opening the way to inflation. It will certainly take a long time to achieve a « normal » economy (as the Russians speak of a market economy) : attitudes and social structures cannot be changed in a few months. The first results obtained by Gaidar's government, relating to money and the budget, are encouraging.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Serge Metais
La débâcle de l'expérience soviétique. De la tentative de
réformer l'irréformable à la « thérapie de choc »
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 23, 1992, N°1. pp. 29-59.
Citer ce document / Cite this document :
Metais Serge. La débâcle de l'expérience soviétique. De la tentative de réformer l'irréformable à la « thérapie de choc ». In:
Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 23, 1992, N°1. pp. 29-59.
doi : 10.3406/receo.1992.1539
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1992_num_23_1_1539Résumé
L'auteur montre comment la dynamique de la perestroïka était mortelle pour le système soviétique. La
compatibilité du « retour à Lénine », d'un communisme rénové avec la démocratie et le respect des
principes humanistes, tout comme la transition d'un socialisme bureaucratique fonctionnant tant bien
que mal sur les injonctions du parti vers le « socialisme de marché », n'ont jamais été sérieusement
pensés par les réformateurs gorbatchéviens. Mais pouvaient-ils l'être ? En tout état de cause, ceux-ci
ont fait œuvre utile : ils ont contribue à accélérer la décomposition de l'ordre soviétique.
L'équipe du président Eltsine s'attaque courageusement, depuis le début de 1992, à la liquidation de
l'expérience soviétique. L'entreprise est titanesque, socialement douloureuse. Les moyens employés
avec la « thérapie de choc » sont ceux qui s'imposent. Le processus de « commercialisation » ne
pouvait être engagé que pour la réduction brutale des subventions et l'« ouverture » de l'inflation. Il
faudra certainement beaucoup de temps pour parvenir à une économie « normale » (comme disent les
Russes pour parler de l'économie de marché) : on ne change pas les mentalités et les structures
sociales en quelques mois. Les premiers résultats obtenus par le gouvernement Gaïdar, concernant la
monnaie et le budget sont encourageants.
Abstract
The collapse of the Soviet system. From the attempt to reform the unreformable to « shock therapy ».
The author shows how the dynamics of perestroïka were fatal for the Soviet system. The compatibility of
a « return to Lenin », of a regenerated communism, with democracy and respect for humanist
principles, just as the transition from a bureaucratic socialism, operating more or less on party
directives, to « market socialism », were never seriously envisaged by Gorbachev's reformers. But could
they have been ? However that may have been, the reformers performed a useful task : they helped to
speed up the breakdown of the Soviet regime.
Since the beginning of 1992, president Yeltsin's team have manfully set about dismantling the Soviet
system. It is a colossal undertaking, and socially painful. The means used, including «shock therapy»
are such as the circumstances dictate. The process of « commercialization » could not be set in motion
other then by the abrupt cutting of subsidies and opening the way to inflation. It will certainly take a long
time to achieve a « normal » economy (as the Russians speak of a market economy) : attitudes and
social structures cannot be changed in a few months. The first results obtained by Gaidar's government,
relating to money and the budget, are encouraging.La débâcle de l'expérience soviétique
De la tentative de réformer Firréformable
à la « thérapie de choc »
Serge MÉTAIS *
II n'est certainement pas exagéré de dire que l'effondrement du système
soviétique est un événement majeur du XXe siècle. Peut-être même, s'agit-il,
de la fin d'une histoire, celle du constructivisme social dont les prémices
remontent au courant volontariste des Lumières et à l'expérience jacobine.
Le cycle long du phénomène idéologique ' serait à l'agonie.
Si le recul de l'histoire n'est pas suffisant aujourd'hui pour prendre la
mesure de l'événement, il demeure que, d'un point de vue libéral, la fin de
l'expérience communiste, telle que nous la vivons depuis le putsch manqué
d'août dernier, sans l'apocalypse nucléaire que beaucoup craignaient, sans
guerre mondiale, sans guerre civile, presque même sans violence (si on exclut
quelques conflits interethniques localisés dans une Russie qui ne connut pas
la décolonisation), est un événement heureux. On ne saurait donc partager
la morosité largement répandue chez nous, dès lors qu'il est question de
l'ex-Union soviétique. La démission de M. Gorbatchev, annoncée le jour de
Noël, l'échec de la « perestroïka » et l'éclatement de l'empire ont été souvent
perçus de façon négative. Il était entendu que la « thérapie de choc », lancée
au début de l'année, serait une nouvelle catastrophe. Après les files d'attente
interminables devant les magasins, en décembre, on nous promettait, sur nos
écrans de télévision, des émeutes de la faim en janvier.
* Maître de conférences à l'Université du Maine.
1. L'idéologie est un phénomène moderne. Pour simplifier, disons qu'ils s'agit d'une
croyance en une fin de l'Histoire fondée sur une argumentation à prétention scientifique.
L'idéologie a donc deux composantes, une composante non rationnelle (qu'elle partage
avec les religions) et une composante apparemment rationnelle. La première est une vision
du monde, une croyance en un sens de l'Histoire ; elle ne saurait être discutée car elle est
étayée par la seconde : ce que l'on croit être la Science. Le marxisme-léninisme peut être
considéré comme l'idéologie la plus achevée.
29 Métais Serge
Certes, la situation est difficile. Le passif laissé par l'expérience commun
iste est particulièrement lourd. Mais, il y a, aujourd'hui, semble-t-il, des
motifs, sinon d'optimisme, du moins, d'espoir. Il y a quelques mois encore
un système responsable de dizaines de millions de victimes, bien que
condamné, représentait encore une réelle menace. Une reprise en main
sanglante ne pouvait être exclue. Elle avait ses partisans, pas seulement dans
les rangs de la nomenklatura. Elle n'aurait pas pu sauver le système, mais
paraissait capable de prolonger son agonie. Le coût humain d'une tentative
désespérée de restaurer l'ordre soviétique aurait pu être élevé.
Aujourd'hui, l'acte de décès du système peut être établi. Comment ne pas
s'en réjouir ? Cela ne veut pas dire que les libertés en Europe orientale ne
sont plus menacées. Des dérives populistes, des affrontements nationalistes, quasiment inévitables. Il demeure toutefois que les ruptures sans
lesquelles la réforme était impossible se sont produites. Il s'agit de la
dissolution du parti communiste, du KGB, de l'Union soviétique et, de
facto, de l'armée rouge. Sans ces ruptures, la mise en place d'institutions
garantes des droits et de la dignité de l'homme, la transition vers une
« économie normale » (comme disent les Russes pour parler de l'économie
de marché), n'avaient aucune perspective.
Les réflexions qui suivent s'articulent autour de deux parties. La première
est consacrée à l'effondrement du système soviétique. La seconde est une
réflexion sur la « thérapie de choc » et les raisons d'espérer en l'émergence
d'un nouvel ordre en Russie.
I. POURQUOI L'EFFONDREMENT ?
La débâcle de l'expérience soviétique a des causes structurelles et des
causes conjoncturelles.
Nous n'insisterons pas sur les causes structurelles. Il s'agit de causes dont
les effets se manifestent sur la longue période. Elles expliquent le ralentiss
ement de la croissance dans les années soixante-dix et la quasi-stagnation au
début des années quatre-vingt. Elles sont liées à l'incapacité de l'économie
soviétique à passer au stade de la « croissance intensive », c'est-à-dire au
stade d'une croissance économe en ressources humaines et matérielles. Le
système de commandement administratif a progressivement épuisé ses
possibilités d'accroître la production de richesses. Il était adapté, dans une
certaine mesure (au prix de dizaines

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