La diplomatie de la France en Amérique Latine au lendemain des Indépendances - article ; n°3 ; vol.28, pg 79-95
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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1992 - Volume 28 - Numéro 3 - Pages 79-95
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 13
Langue Français
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Extrait

M. Christian Hermann
La diplomatie de la France en Amérique Latine au lendemain
des Indépendances
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 28-3, 1992. pp. 79-95.
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Hermann Christian. La diplomatie de la France en Amérique Latine au lendemain des Indépendances. In: Mélanges de la Casa
de Velázquez. Tome 28-3, 1992. pp. 79-95.
doi : 10.3406/casa.1992.2631
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1992_num_28_3_2631LA DIPLOMATIE DE LA FRANCE EN AMÉRIQUE LATINE
AU LENDEMAIN DES INDÉPENDANCES
Christian HERMANN
Université de Nantes
II y a longtemps que l'étude des relations internationales ne se cantonne plus
aux guerres et aux traités de la vieille histoire diplomatique. Les historiens anglo-
américains, plus que d'autres, ont élargi à l'industrie, aux mouvements des
capitaux, à la technologie et à la culture, le champ des relations entre les grandes
puissances nord-atlantiques et les nations dominées de l'hémisphère sud. En
France, la coopération fructueuse de la diplomatie et de la haute finance sous la IIIe
République, en Europe de l'Est et au Proche Orient par exemple, a suscité de
brillantes thèses de doctorat d'État.
Force est tout de même de constater que, depuis la publication dans la
décennie 1950 de Y Histoire des relations internationales sous la direction de
Pierre Renouvin, l'historiographie française des relations internationales à l'époque
moderne et au XIXe siècle est d'une scandaleuse indigence. Le mépris d'une
génération intellectuelle pour l'histoire politique, inspiré par une lecture bornée des
Annales et par un marxisme incompris y est pour quelque chose. Il faut convenir
aussi, qu'en dépit d'une grande tradition archivistique, le Ministère français des
Affaires Étrangères a longtemps concédé un accès confidentiel à ses trésors.
Depuis une dizaine d'années, il entend assumer pleinement son rôle de service
historique national. La création et l'ouverture au public du dépôt d'archives de
Nantes, initiative de décentralisation de la recherche historique de même ampleur
que l'installation à Aix des archives coloniales, fut en ce sens un pas décisif. Les
fonds rapatriés des ambassades et consulats français sont la source d'une enquête
menée depuis 1990 par le Centre de Recherches sur l'Histoire des Mondes
Atlantiques de l'Université de Nantes, en coopération avec la Maison des Pays
Ibériques de Bordeaux. Le présent article dresse un bilan historiographique, et fait
le point à mi-parcours des perspectives ouvertes par les investigations.
Si le succès de la diplomatie se mesure à la capacité de nouer entre les nations
des liens pacifiques, fondés sur la bonne volonté et l'intérêt mutuels, il faut faire le
constat liminaire et fondamental de l'échec de la diplomatie française en Amérique
Mélanges de la Casa de Velazquez (MCV), 1 992, t. XXVIII (3), p. 79-95. 80 CHRISTIAN HERMANN
Latine au lendemain des indépendances. La France entretient avec les jeunes
nations ibéro-américaines des relations gênées, toujours tendues, souvent
violentes. La patrie des Droits de l'Homme est la promotrice, la championne de la
politique de la canonière, et des "traités inégaux" dictés sous la menace d'un
bombardement naval. Ce paradoxe plonge les gouvernants latino-américains dans
un abîme de perplexité.
En effet, on ne compte pas moins de sept interventions militaires françaises
dans le quart de siècle qui va de la Restauration à la Seconde République. Le rappel
est peut-être scolaire, il est trop éclairant pour être écarté.
La première démonstration navale affecte le Brésil en 1828. L'amiral
Roussin se présente devant Rio à la tête de onze bâtiments. Il s'agit de régler le
contentieux provoqué par le blocus naval de Buenos Aires depuis 1826. La France
exige réparation du préjudice subi par ses navires de commerce, interceptés par la
flotte brésilienne. L'empereur Pierre Ier est contraint de signer la convention du 21
août 1828.
En décembre de la même année, une émeute populaire entraîne le pillage du
marché de Parian, a Mexico. Les ressortissants français, maîtres d'une grande
partie du commerce de détail, sont particulièrement éprouvés. La demande
française d'indemnisation est confiée au capitaine Lecoupe, qui se présente devant
Vera Cruz avec un détachement de trois navires.
Les avanies infligées au consul Barrot à Carthagène par des magistrats
colombiens étaient certes inadmissibles. On peut douter que cette affaire de
personne justifiait le blocus du port de Carthagène par les deux corvettes du
capitaine Legrandais en 1833, puis par la division du contre-amiral Mackau en
1 834, afin de contraindre le gouvernement Colombien à une solennelle cérémonie
expiatoire.
Alors que la question de la Guyane avait été tranchée par les traités de
Vienne en 1815, des troupes venues de la Guyane française occupent en 1836 la
province brésilienne limitrophe de la Mapa. Elles se retireront en 1840.
Afin d'obtenir l'apurement du lourd contentieux accumulé depuis le pillage
du marché de Parian, et le traité de commerce que le congrès mexicain refusait à
la France, le détachement naval du capitaine Bazoche établit en mars 1838 le
second blocus de Vera Cruz. L'amiral Baudin conduit en qualité de ministre
plénipotentiaire de difficiles négociations, conclues par le traité du 9 mars 1839.
La première intervention française au Rio de la Plata débute également en
1838. Les amiraux Leblanc, puis Dupotet, bloquent le port de Buenos Aires,
soutiennent la lutte de l'Uruguay libéral et de son président, Rivera, contre
l'Argentine de Rosas ; ils appuient l'offensive malheureuse de Lavalle contre
Buenos Aires. Le 29 octobre 1840, l'amiral Mackau impose une convention de
paix au président Rosas.
L'intervention franco-britannique au Rio de la Plata qui débute en 1845,
devient rapidement une affaire proprement française. La France s'engage dans la
guerre civile provoquée par la sécession de la libérale Montevideo contre LA DIPLOMATIE DE LA FRANCE EN AMÉRIQUE LATINE 8 1
l'Uruguay conservateur d'Oribe, allié de l'Argentine rosiste. En 1851, la
convention Le Prédoux confirme l'abandon de Montevideo à son sort, la paix avec
l'Uruguay et l'Argentine.
En l'absence d'études méthodiques, il est difficile d'évoquer les répercussions
de ces initiatives belliqueuses sur les opinions publiques ibéro-américaines et sur
l'attitude des dirigeants politiques. Elles suscitèrent indignation et rancœur ; les
correspondances des agents diplomatiques français ne laissent aucun doute.
La défiance des républiques du Nouveau Monde a d'autres motifs.
L'expédition française de 1823, qui mit un terme à la révolution espagnole et
restaura l'absolutisme de Ferdinand VII, fit une impression désastreuse. Les
indépendantistes américains n'avaient aucune affection pour les libéraux du
Trienio, nous aurons l'occasion d'expliquer pourquoi. Après que les Cent mille fils
de Saint Louis les aient éliminés, ils eurent droit à la compassion, à la solidarité
posthumes des républiques américaines.
Avant 1 830, la France passe pour le bras séculier de la Sainte Alliance, d'une
Europe monarchique rêvant de remettre les peuples du Nouveau Monde sous son
joug. À la fin de 1824 et au début de 1825, le journal britannique Morning
Chronicle répand la nouvelle mensongère de préparatifs français en vue de la
conquête militaire de la Grande Colombie. Bolivar prend la menace au sérieux. Il
annule un déplacement prévu au Pérou, fait prendre les mesures nécessaires.
L'affaire entraîna l'échec de la mission diplomatique officieuse de Benoît
Chassériau (1821-1824). La démonstration navale de Lecoupe à Vera Cruz au
début de 1829 se place malencontreusement dans le contexte des préparatifs à
Cuba de la reconquête du Mexique par l'armée espagnole du général Barradas. Les
autorités de Mexico comme le petit peuple sont persuadés de la collusion franco-
espagnole. Le consul général de France, Alexandre Martin, a toutes les peines du
monde à dissiper l'

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