La formation de la classe capitaliste thaïlandaise et son mouvement de recomposition dans les années quatre-vingt - article ; n°124 ; vol.31, pg 763-788
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La formation de la classe capitaliste thaïlandaise et son mouvement de recomposition dans les années quatre-vingt - article ; n°124 ; vol.31, pg 763-788

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Tiers-Monde - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 124 - Pages 763-788
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Kevin Hewison
La formation de la classe capitaliste thaïlandaise et son
mouvement de recomposition dans les années quatre-vingt
In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°124. pp. 763-788.
Citer ce document / Cite this document :
Hewison Kevin. La formation de la classe capitaliste thaïlandaise et son mouvement de recomposition dans les années quatre-
vingt. In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°124. pp. 763-788.
doi : 10.3406/tiers.1990.3955
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1990_num_31_124_3955LA FORMATION
DE LA CLASSE CAPITALISTE
THAÏLANDAISE
ET SON MOUVEMENT
DE RECOMPOSITION
DANS LES ANNÉES QUATRE-VINGT
par Kevin Hewison*
Après une crise sérieuse au milieu des années quatre-vingt qui s'est
soldée par l'affirmation de la stratégie d'industrialisation pour l'expor
tation entamée dans les années soixante-dix, la Thaïlande est en train de
rejoindre les Nouveaux Pays industriels d'Asie. Supérieur à 7 % tout au
long des années soixante et le taux moyen de croissance de
l'économie s'est élevé à 12% dans les années quatre-vingt. Cette crois
sance, qui représente une augmentation du Pimper capita de 4,5 % entre 1960
et 1982, s'est manifestée par des changements considérables dans la structure
de l'économie1. Alors qu'en 1960, l'agriculture était le secteur le plus
important et que les produits primaires assuraient l'essentiel des export
ations, sa participation au Produit national brut a considérablement
diminué au profit de l'industrie, des services et des activités financières
qui sont devenus les secteurs dominants de l'économie. L'industrie s'est
développée rapidement, sa production passant de 1 % des exportations
totales en 1960 à 30% au début des années quatre-vingt8.
Au milieu des années quatre-vingt, il était clair que l'industrialisation
allait continuer à se développer.
* Visiting Professor, Department of Social Science, Mahldol University, Thailand.
Cet article est une synthèse de ses articles antérieurs sur ce sujet, qui en reprend, de façon
inchangée, plusieurs passages. Traduit de l'anglais par Catherine Paix.
1. J. A. C. Mackie, Economie Growth in the asean Region : The Political Underpinnings,
paper, Workshop on Explaining the Success of Industrialisation in East and Southeast Asia,
Canberra, Australian National University, août, p. 42, 1985.
2. Thailand Investment Bulletin, 5 janvier 1980, p. 1-14 ; Bangkok Bank Annual report,
1983, p. 8.
Revue Tiers Monde, t. XXXI, n» 124, Octobre-Décembre 1990 764 Kevin Hewison
L'évolution de l'économie thaïlandaise au cours des trois dernières
décennies avait été marquée par l'expansion d'une classe capitaliste locale,
dominée par un petit nombre de groupes industriels et financiers aux
intérêts diversifiés et fortement imbriqués, qui détenaient un contrôle
considérable sur l'économie et avaient intérêt au développement industriel
du pays8. Ce développement avait été largement le fait d'entrepreneurs
locaux, et l'amorce du processus d'industrialisation pour l'exportation
n'ayant pas résulté d'un afflux d'investissements directs étrangers, l'indus
trie était en grande partie sous le contrôle des groupes capitalistes thaï.
La Thaïlande n'avait pas à faire face à un endettement écrasant. La
poursuite de la croissance économique au cours des années soixante-dix
avait certes largement dépendu d'un accroissement des transferts finan
ciers, sous forme d'emprunts et de crédits contractés auprès des grandes
banques privées étrangères et des organismes financiers internationaux.
Dans le premier quart de l'année 1985, le montant de la dette atteignait
13 milliards de dollars et il représentait plus de 36 % du pnb et plus de
25 % des réserves de devises en 1984*. Mais l'endettement n'était en fait
qu'un aspect d'une crise plus profonde liée aux déficits chroniques de la
balance des paiements et du budget que la plus grave chute des prix
des produits primaires depuis des décennies n'avait fait qu'exacerber.
Et en 1987, la croissance économique s'était à nouveau redressée, sous le
coup d'une hausse des cours des matières premières et d'un accroissement
conjugué important de la production industrielle, des investissements
étrangers — japonais et taïwanais notamment — et du tourisme.
Enfin, la Thaïlande connaissait depuis déjà plus de dix ans une relative
stabilité politique et l'amorce d'un système parlementaire avec l'élection
en 1988, pour la première fois depuis 1976, du Premier Ministre Chatichai
Choonhavan8.
1 1 , 3.4, 1981 Kevin ; Krirkkiat Hewison, Phipatseritham, The Financial Bourgeoisie Wikhro laksana in Thailand, кап pen chaokhong Journal of thurakit Contemporary khanat y ai Asia, nai
prathet thai, Bangkok, Thai Khadi Research Institute, 1981 ; Kraisak Choonhavan, The Growth
of Domestic Capital and Thai Industrialisation, Journal of Contemporary Asia, 14, 2, 1984.
4. Bangkok Post, 27 juin 1985.
5. Entre 1976 et 1986, le système politique thaï est devenu beaucoup plus libéral. Au régime
réactionnaire et autoritaire de Thamin Kraivixien, qui avait été personnellement choisi par le roi,
a succédé un régime militaire plus souple, conduit par le général Kriangsak Chomanan, en 1977.
Ce gouvernement et ceux qui ont suivi, ont adopté des politiques visant à réduire les conflits,
et spécialement le rôle du Parti communiste de Thaïlande. Ces politiques, fortement aidées
par des scissions au sein du ctp, n'ont pas été sans résultat et l'évolution politique a été dans
le sens d'une plus grande représentativité du gouvernement. La stabilité et la relative
institutionnalisation du régime qui en a résulté (il n'y a pas eu de coup d'Etat militaire
depuis 1977) ont stimulé les investisseurs locaux et étrangers, et tout spécialement les Japonais
et les Chinois d'outre-mer de Taïwan et de Hong-kong, qui ont cherché à faire des joint-
ventures dans presque tous les secteurs de l'activité industrielle. La formation de la classe capitaliste thaïlandaise 765
Pour le capital local et les industriels en particulier, la crise du milieu
des années quatre-vingt et le retournement qui a eu lieu depuis 1986
ont néanmoins constitué une véritable crise de recomposition du capital,
qui s'est traduite — tant au plan économique que politique — par le
triomphe des groupes capitalistes les plus favorables à une plus forte
ouverture de l'économie et au renforcement des politiques d'industria
lisation pour l'exportation.
Si l'on veut comprendre l'évolution récente de l'économie thaïlandaise,
il nous semble donc important de revenir sur les origines et le processus
historique de formation de la classe capitaliste thaïlandaise, et sur les
conflits et oppositions qui, au plan politique, ont animé ses différentes
composantes au cours des dernières années. Les nombreuses analyses sur
la structure de classe de la société thaïlandaise — notamment depuis le
coup d'Etat sanglant de 1976 — ont en effet, à juste titre, mis l'accent sur
le rôle des pays impérialistes, mais elles ont minimisé le fait que s'est
constituée en Thaïlande une classe capitaliste disposant d'un réel pouvoir
et d'une certaine indépendance. C'est à définir cette classe capitaliste et
son développement historique que je m'attacherai en partie dans cet article.
LES ORIGINES DU CAPITAL THAÏLANDAIS
C'est d'un groupe de négociants sino-thaï et des rangs les plus élevés
de la noblesse et de l'aristocratie thaï, soudés dans une relation symbiot
ique, investissant leurs richesses accumulées dans la terre, l'industrie, le
commerce et la banque, qu'émergea la bourgeoisie thaï à partir du milieu
du xixe siècle.
Plutôt que de se poser comme classe ouvertement antagoniste, la
bourgeoisie a accumulé beaucoup de ses richesses initiales en coopérant
avec la classe sakdina. De nombreux marchands qui assuraient des fonc
tions gouvernementales pour la monarchie — comme la participation au
monopole royal de commerce, et plus tard la collecte de l'impôt qui était
affermée — et les gouverneurs du sud qui agissaient comme autorités
semi-autonomes, ont eu les capacités d'accumuler d'imme

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