La mort chez les Kouroumba - article ; n°1 ; vol.12, pg 9-24
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1942 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 9-24
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1942
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marcel Griaule
Germaine Dieterlen
La mort chez les Kouroumba
In: Journal de la Société des Africanistes. 1942, tome 12. pp. 9-24.
Citer ce document / Cite this document :
Griaule Marcel, Dieterlen Germaine. La mort chez les Kouroumba. In: Journal de la Société des Africanistes. 1942, tome 12. pp.
9-24.
doi : 10.3406/jafr.1942.2520
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1942_num_12_1_2520MORT CHEZ LES KOUROUMBA. LA
PAR
Marcel GRIAULE et Germaine DIETERLEN
Les documents faisant l'objet du présent article ont été recueillis au
cours de la mission Lebaudy-Griaule (1938-39). Ils concernent l'âme et
la mort chez les Kouroumba de la boucle du Niger1 et constituent le
résultat d'une première enquête. C'est dire qu'ils ne donnent qu'un
aperçu de ces questions importantes et ne prétendent avant tout qu'à
attirer l'attention sur elles.
Par ailleurs il a semblé intéressant de présenter des documents per
mettant aux chercheurs d'établir des comparaisons entre les Kouroumba
et les Dogons des Falaises de Bandiagara 2.
En effet, des fractions de Kouroumba ont séjourné, avant d'occuper-le
Yatenga, dans les massifs actuellement habités par les Dogons. Inverse
ment ceux-ci ont vécu au Yatenga avant l'arrivée des Kouroumba et
certains d'entre eux y sont restés avec les envahisseurs. Il y a donc eu,
à une époque relativement récente, cohabitation et interpénétration des
deux éléments et il est possible de relever des analogies dans leurs rites
et dans leurs croyances notamment en ce qui concerne l'âme, la force
vitale conférée à chaque être et le génie de l'eau.-
Tout homme possède une âme, hirigu (Yoro) ou lengsmx (Aribinda) et
un principe vital, adubey, distinct de celle-ci.
1. Sur ces populations, cf. également G. Dieterlen, Note sur les Kouroumba
du Yatenga septentrional. Journal de la Société des Africanistes, t. X, 1940., p. 181
à 189; M. Guiaule, Le Domfé des Kouroumba, Journal de la Société des Africa
nistes, t. XI, 1941, p. 7 à 20 ; J.-P. Lebeuf, Notes sur la circoncision chez les Kou
roumba du Soudan Français, Journal de la Société des Africanistes, t. XI, 1941,
p.01à84.
2. Cf. notamment M. Griaule. Jeux Dogons, Travaux et Mémoires de l'Institut
d'Ethnologie, t. XXXII, Paris, 1938; Masques Dogons, t. XXXIII, 1938 (même collec
tion) ; G. Dieterlen, Les Âmes des Dogom, t. XL, 1941 (môme collection);' S. de
Ganay, Les Devises des 'Dogons, t. XLI, 1941 (même collection) ; D. Paulme, Organi
sation sociale des Dogons, Paris, Domat-Montchrestien, 19iO. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 10
/
L'âme est mobile et peut quitter le corps, notamment pendant le somm
eil. Elle est invisible pour le commun Ues. mortels sauf pour l'es voyants
dits birifo ', dont certains ont le pouvoir de lui faire quitter le corps
qu'elle anime ou de l'y faire revenir si elle l'a déjà quitté.
D'une façon générale Yaduhey est une énergie répandue dans tout ce
qui a vie, apparence de vie ou qui contribue au développement de la vie ;
| les hommes, les animaux, les végétaux en sont pourvus ainsi que le
' fumier, le soleil, la tornade, etc. . . En ce qui concerne l'homme, ce prin-
} ■ cipe vital lui est conféré en partie par son père, en partie par un ancêtre
en ligne paternelle, le plus souvent le grand-père de. l'intéressé, quel
quefois son grand-oncle. L'enfant nouveau-né est dit le ahule du défunt
et porte parfois son nom 2.
Deux procédés permettent de reconnaître de quel ancêtre l'enfant est
le ahute : par divinationlorsqu'ils'est manifesté avant ou pendant la gros
sesse, par examen des signes physiques du nouveau-né dans le cas con
traire. Lorsqu'une femme rêve constamment d'un défunt, les devins con-
" suites annoncent son intervention dans la naissance d'un futur enfant et \
conseillent au mari d'offrir' des libations à ce mort. Dès que la femme
sur' est enceinte on sait quel ancêtre est « venu boire » et on le terre
- déclare ahute de celui qui va naître: amana hute la bene « le ahute d'un
• tel est venu».
Lorsqu'une telle révélation n'a pas eu lieu, la famille se fonde pour
cette determination sur la ressemblance "de l'enfant avec un mort. Les
vieillards se réunissent et, après .avoir examiné le nouveau-né, déclarent
de quel défunt il est le ahute. . •
La vie de l'homme n'est pas seulement liée à celle d'un ascendant
mais aussi à un serpent de petite taille qui, sorte de double de l'individu,
naît et meurt en même temps que lui. L'âme de l'homme se. rend parfois
1. Cf. M. GniAuLE, Le Domfé des Kouroumba, p. \2. Certains Kouroumba apparte
nant à la famille Sawadogo et habitan'tle quartier Tolou de Karo sont doués de cette
sorte de voyance. Cette faculté est utilisée au moment de la nomination du chef des
deux quartiers sonray de l'agglomération. Les descendants directs des deux fonda
teurs réunissent le mil nécessaire à la préparation de la bière qui est faite par les
soins des Sawadogo. Unecertainequantité du liquide est prélevée dans une calebasse,
le reste est consommé par les devins qui, après cette beuverie rituelle et en présence
des vieillards, regardent dans la calebasse. Ils voient apparaître dans la bière l'âme
de celui qui doit être le chef.
• 2. Réciproquement le même terme est appliqué au défunt lui-même. L'institution
de Vahute présente de remarquables analogies avec celle du nani des Dogons. Lès
.Kouroumba pensent que la force- vitale du mort, après transmission, reste en liaison
avec lui et constitue son observateur dans le nouveau support. Cf. G. Dieterle,n,
Les Ames des Dogons, ch. IV. Mais alors que, chez les Dogons, un mort peut désigner
plusieurs répondants, les informateurs affirment qu'il n'en désigne qu'un chez les
Kouroumba. MORT CHEZ LES KOUROUMBA. ~ 11 LA
dans l'animal qui gîte habituellement dans les murs de la maison. Ce rep
tile est dit abaram boi^ogo (litt. : abaram, multicolore, boro, fondrière
humide) car, si on l'aperçoit rarement en saison sèche, il se montre sou
vent après les orages et passe pour avoir l'habitude de s'enfoncer dans
le sol mouillé après la pluie.
Gomme le Domfé, génie de l'eau, qui prend lui-même la forme d'un
serpent, le premier abaram borogo est descendu du ciel en même temps
que l'ancêtre des Kouroumba dont il était le double1.
L'âme quitte le corps trois ans avant la mort2. Elle erre alors, en
brousse, parfois dans le village et reste visible aux voyants qui lui
donnent dans cette période le nom de nintude, double.
Après le décès, l'âme se dirige vers le sud selon les uns, vers l'ouest
selon d'autres 3. .
. ISadubey au contraire séjourne avec l'es objets appartenant au défunt
et finalement dans le sanctuaire réservé aux ancêtres.
Les rites exécutés à l'occasion d'un décès règlent d'une part le sort
du cadavre, d'autre part celui de l'âme^et de la force vitale. Ils comport
ent deux temps :
les funérailles proprement dites exécutées immédiatement après le
décès ;
le lever du deuil, ahomna, qui a lieu un certain temps après l'inh
umation et dont l'effet principal -est de joindre la force vitale dû nouveau
mort à celle de ses ascendants déjà contenue dans le sanctuaire des
ancêtres.
Ces rites varient selon la qualité du défunt : les vieillards seuls
reçoivent des funérailles complètes alors qu'aucune danse n'est prévue
pour celles d'un jeune homme non marié. La mort d'un incirconcis, celle
d'un noyé ou d'un foudroyé ne donnent lieu à aucune cérémonie.
1'. Sans être à proprement parler l'objet d'un culte, les serpents abaram borogo
sont respectés par les hommes : nul n'y touche, ne les tue ni ne les mange et des
sanctions sévères seraient appliquées à quiconque contreviendrait à cette règle . Si
l'un d'eux est vu dans les rues du village, on prévient un Sawadogo qui est seul habil
ité à le prendre pour le remettre près du mur d'une Habitation.
2. Cette propriété est utilisée dans un rite' divinatoire qui consiste à vérifier la
présence de l'âme du consultant dans de

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