La notion de droit dans la théorie de l agir communicationnel de Jùrgen Habermas  ; n°1 ; vol.18, pg 95-120
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La notion de droit dans la théorie de l'agir communicationnel de Jùrgen Habermas ; n°1 ; vol.18, pg 95-120

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Déviance et société - Année 1994 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 95-120
26 pages

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Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Matthieu Deflem
La notion de droit dans la théorie de l'agir communicationnel de
Jùrgen Habermas
In: Déviance et société. 1994 - Vol. 18 - N°1. pp. 95-120.
Citer ce document / Cite this document :
Deflem Matthieu. La notion de droit dans la théorie de l'agir communicationnel de Jùrgen Habermas. In: Déviance et société.
1994 - Vol. 18 - N°1. pp. 95-120.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1994_num_18_1_1330Déviance et Société, 1994, Vol. 18. No 1, pp. 95-120
Actualités bibliographiques
LA COMMUNICATIONNEL NOTION DE DROIT DANS DE JÛRGEN LA THEORIE HABERMAS DE L'AGIR
M. DEFLEM*
La théorie de l'agir communicationnel de Jiïrgen Habermas est généralement
considérée comme une des contributions les plus importantes à la théorie socio
logique contemporaine. On y découvre la place qu'occupe le droit dans la théorie
sociale d'Habermas ainsi que les problèmes et les possibilités qui inspirent sa
sociologie du droit.
On y trouve, tout d'abord, quelques notions centrales de l'agir communicat
ionnel et la manière dont Habermas, par le biais d'une discussion avec la socio
logie du droit de Weber, situe le droit dans la relation existant entre le système et
le monde vécu. Ensuite s'ébauche l'évolution du droit de ces dernières années
selon Habermas et la manière dont la sociologie du droit se lie intimement avec
la sociologie de la morale. C'est alors qu'il devient possible de débattre des prin
cipales critiques et points de discussions relatifs à l'approche habermassienne.
Dans cette perspective, l'attention est centrée sur les points suivants : les présup
posés de la théorie de l'agir de la sociologie du droit d'Habermas, les possibilités
et les limites de la situation idéale de parole et la relation entre le droit et la
morale.
Enfin, la pertinence d'une sociologie fondée sur la pensée d'Habermas pour
l'étude du droit pénal et de l'administration du droit pénal sera examinée.
I. L'activité communicationnelle, colonisation et droit
Cette contribution n'a pas pour objectif de fournir une introduction circons
tanciée à la théorie de l'agir communicationnel. Je me contenterai ici d'exposer
brièvement les principales propositions de la théorie d'Habermas pour prêter
ensuite plus particulièrement attention à la place du droit dans son œuvre.
Department of Sociology, University of Colorado at Boulder.
95 1. Quelques mots-dés de la théorie de l'agir communicationnel
Le point de départ de la théorie de l'agir d'Habermas est
fondé sur la distinction entre, d'une part, la notion de rationalité de l'action1 : la
rationalité cognitive-instrumentale de l'activité orientée vers le succès et, d'autre
part, la rationalité communicationnelle de l'activité orientée vers l'intercompré-
hension. La rationalité cognitive-instrumentale se limite à rendre discutable les
états de chose du monde objectif. Agir rationnellement signifie alors employer
rationnellement des moyens déterminés en vue d'un objectif déterminé.
Habermas estime cependant que la réalité n'est objective que lorsqu'elle est
acceptée comme telle à l'intérieur d'une communauté d'acteurs communication-
nels en relation. L'activité rationnelle ne peut alors être comprise que dans la
relation avec la réalité à propos de laquelle, dans une communauté donnée, un
consensus n'est pas encore obtenu de manière communicative, c'est-à-dire grâce
aux actes de paroles. La rationalité communicative renvoie ici à la mise en dis
cussion des actes de langage de manière à rendre possible la compréhension
mutuelle entre acteurs. Ceci implique que les actes de langages doivent être dis
cutables. Habermas identifie un certain nombre d'exigences de validité qui ren
dent critiquables les actes de paroles : un acte de parole bien conformé et com
préhensible exige une vérité objective, une justesse normative ainsi qu'une
véridicité et une authenticité subjectives des acteurs communicationnels.
Lorsque l'une ou plusieurs des exigences de validité en question est remplie,
les actes de paroles sont alors susceptibles d'amélioration. Les acteurs communic
ationnels peuvent atteindre cet objectif en introduisant dans un discours
(Diskurs) de bonnes raisons pour débattre des exigences de validité existantes.
Habermas distingue ici plus concrètement : le discours théorique concernant la
vérité des expressions : le discours moralo-pratique concernant la justesse des
normes d'action ; le discours explicatif concernant la compréhensibilité et la
bonne conformation des expressions : la critique esthétique et la critique théra
peutique concernant la convenance des standards de valeur, c'est-à-dire la véridi
cité des expressions. Si dans l'un ou l'autre discours, seul le meilleur argument
est décisif pour aboutir à un consensus, les exigences de la situation idéale de
parole sont alors satisfaites.
Cependant, les actes de parole ne sont pas mis en question pour la raison
qu'ils sont coordonnés grâce à des définitions communes de la réalité dans le
monde vécu. A travers l'histoire, le monde vécu est rationalisé : ce qui signifie
que les définitions de la réalité se basent à présent sur une différenciation de
toutes les exigences de validité qui rendent possibles certaines attitudes vis-à-vis
de ces : l'attitude objectivante vers le monde externe des choses ; l'att
itude de conformité aux normes dans le monde social de la société et l'attitude
1 Cf. Habermas, 1981 ; devenu après traduction Habermas 1987b. Pour des introductions générales
à la théorie de l'agir communicationnel, cf. Despoix, 1989 ; Grondin, 1986 ; Ladmiral, 1982 ;
Meschonnic, 1985 ; Santamaria et Achard, 1991 ; Villiani, 1991 ; Vincent, 1984.
96 expressive vers la nature interne de la subjectivité personnelle2. Autour de ces
attitudes, différentes institutions sont apparues : par exemple, la science pour
l'attitude objectivante, le droit et la morale pour l'attitude normativante, et l'art
pour l'attitude expressive.
La rationalisation du monde vécu a aussi conduit à l'émergence de systèmes.
C'est que le monde vécu a également besoin de la reproduction d'un substrat
matériel, et de son infrastructure où la relation avec son environnement est
garantie. A cet égard, Habermas s'intéresse surtout aux systèmes politiques et
économiques. Au cours de l'histoire, ces systèmes se sont détachés du monde
vécu et fonctionnent à présent de manière autonome grâce à leurs propres
moyens, principalement le pouvoir dans le système politique et l'argent dans
l'économie (disjonction entre système et monde vécu). Il est important que la
coordination des actions à l'intérieur des systèmes politiques et économiques ne
s'effectue pas via la langue et ne soit pas non plus orientée sur l'intercompréhen-
sion. Les actions à l'intérieur des systèmes politique et économique sont, grâce à
l'argent et au pouvoir, uniquement orientées vers raccommodement judicieux de
certains moyens déterminés en vue du succès. En outre, ces systèmes sont à
même de pénétrer à l'intérieur du monde vécu. De la sorte, le monde vécu est
limité dans ses possibilités communicationnelles par les systèmes économique et
politique. Le monde vécu est alors colonisé parce que le mécanisme coordinateur
de l'action orientée vers l'intercompréhension doit céder la place à un méca
nisme coordinateur de l'action orientée vers le succès.
2. Le droit comme institution et le médium du droit
Le droit joue un rôle important dans la relation entre le monde vécu et le sys
tème. Habermas considère le droit comme une facteur crucial dans la rationalisa
tion progressive du monde vécu3. Le droit qui s'interprète formellement comme
le complexe d'institutionnalisation de l'attitude normativante vers la commun
auté sociale s'éloigne de plus en plus de la morale ; le droit se cristallise en une
institution de contrainte externe (alors que la morale n'entretient des rapports
qu'avec la vie interne des individus). Habermas s'inspire surtout ici de

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