La notion de sujet en linguistique : à propos de la syntaxe du discours rapporté en russe contemporain - article ; n°1 ; vol.62, pg 117-124
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Description

Revue des études slaves - Année 1990 - Volume 62 - Numéro 1 - Pages 117-124
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Mademoiselle Jacqueline
Fontaine
La notion de sujet en linguistique : à propos de la syntaxe du
discours rapporté en russe contemporain
In: Revue des études slaves, Tome 62, Fascicule 1-2. En hommage à Roger L'Hermitte. pp. 117-124.
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Fontaine Jacqueline. La notion de sujet en linguistique : à propos de la syntaxe du discours rapporté en russe contemporain. In:
Revue des études slaves, Tome 62, Fascicule 1-2. En hommage à Roger L'Hermitte. pp. 117-124.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1990_num_62_1_5871LA NOTION DE SUJET EN LINGUISTIQUE
À propos de la syntaxe du discours rapporté en russe contemporain
PAR
JACQUELINE FONTAINE
Je centrerai mon article sur les problèmes fondamentaux que pose à l'analyse
linguistique le discours rapporté dans ses relations au sujet, plus que je ne le
consacrerai à l'exposé pour lui-même des structures syntaxiques qui le signifient
en russe contemporain. Je ferai, pour cette raison, implicitement référence à l'un de
mes travaux antérieurs sur le discours d'autrui paru dans les actes du colloque de
linguistique russe d'Aix-en-Provence (1983)1.
Que peut apporter une réflexion d'ensemble sur le statut du discours rapporté ?
Des suggestions utiles au linguiste s'interrogeant sur renonciation s'il sait qu'il ne
peut se départir du soin d'analyser les formes dans leur agencement syntaxique —
contrainte première et dernière qui le renvoie inévitablement à l'examen des
données fournies par les langues particulières.
Certes, l'étude littéraire et la psychanalyse se sont emparées du problème du
discours rapporté, car l'une et l'autre ont à interroger le fonctionnement du pour leur propre usage. La première poursuit l'image de l'auteur qui
s'échappe tout au long d'un texte, se cachant derrière des masques qui se fondent
parfois les uns dans les autres ; la seconde cherche à apercevoir ce qu'il advient de
la vieille idole du « sujet » à jamais inconstituable. Mais si ces deux disciplines
interrogent le texte pour ce qu'il dit ou ce qu'il ne dit pas, elles n'ont pas à analyser
la matérialité de sa fabrication interne — ce qui est, en revanche, le travail premier
du linguiste, indispensable à celui-ci pour relancer l'élaboration théorique de son
projet de description.
La notion même de discours rapporté pose le problème majeur du discours sur
lequel il se rapporte, du de référence. Ce discours de référence ne peut
être que celui produit par l'auteur de l'énoncé ou texte2. Mais ce texte de base est-il
de structure uniforme, comme nous le laisse penser une grammaire réduite à la
1. Étude reprise et complétée dans Grammaire du texte et aspect du verbe russe
contemporain, Paris, Institut d'études slaves, 1983, chap. 7
2. Je ne fais pas ici de différence entre texte et énoncé.
Rev. Étud. slaves, Paris, LXII/1-2, 1990, p. 117-124. 118 JACQUELINE FONTAINE
morphosyntaxe ? L'attitude de locution n'est-elle pas un critère de l'organisation
textuelle fondamentale ? Quelles variations en résulterait-il de l'image de l'auteur ?
Le grammairien qui opte théoriquement pour une linguistique du texte, ne se
contente pas d'étudier la langue comme potentiel de paradigmes grammaticaux et
lexicaux, susceptibles de se constituer en phrases selon des modèles tous dérivés
du schéma prédicatif, mais il prend en compte l'axe syntagmatique qu'impose le
déroulement du texte suivant ce que Saussure a appelé le principe de linéarité du
signifiant. Il tente de retrouver, à travers la mise en ordre morphosyntaxique orga
nisée autour de la prédicativité, une autre sorte d'organisation de l'énoncé
commandée par l'ordre d'apparition des éléments linguistiques (ou signifiants),
lequel est tributaire du type d'attitude qu'a le locuteur — l'auteur du texte — au
moment de renonciation. Ce type d'attitude ne peut linguistiquement se définir que
par le rapport qu'entretient le locuteur avec son texte et qui résulte de sa position au
sein de l'échange linguistique : d'un côté, tension du locuteur et attention vigilante
demandée à l'allocutaire ; de l'autre, détente du locuteur et invitation à une écoute
détachée pour l'allocutaire.
Deux projets sont donc possibles, deux seulement, aboutissant à la fabrication
de deux types de texte, le récit et le commentaire1 qui correspondent, dans la pro
position que je fais, respectivement, au texte perfectif et au texte imperfectif. En
effet, dans les langues indo-européennes en tout cas et dans bien d'autres, le verbe
est le noyau, le principe organisateur de l'énoncé2 et la catégorie verbale fonda
mentale pour la syntaxe, l'aspect, qu'il soit spécifiquement morphologisé comme
dans les langues slaves ou qu'il soit seulement supporté par les formes de temps,
comme en français, par exemple.
Récit3 et commentaire ne sont pleinement synonymes de texte perfectif et de
texte imperfectif que dans leur réalisation idéale. Dans les textes attestés, on ne
peut parler que de dominante aspectuelle et, plus le texte analysé est long4, plus
l'hétérogénéité aspectuelle est grande. C'est la communauté, constatée dans la
plupart des langues, des ressources morphosyntaxiques, résultant de l'organisation
prédicative, elle aussi centrée sur la fonction verbale, qui explique l'interpéné
tration effective des deux sous-systèmes textuels. Ceci doit inciter le grammairien à
être d'autant vigilant dans l'analyse de ce qui pourrait être appelé l'archéologie de
toute syntaxe. A noter que, pris dans ces acceptions techniques, le récit et le
commentaire représentent les deux champs d'activité linguistique que les philo
sophes ont de tous temps distingué en langage de représentation et langage
d'action.
Le récit, dans sa définition radicale, correspond à la réalisation la plus achevée
du texte, puisqu'il se déroule tout du long sur le mode de la représentation, dans
une situation d'échange linguistique qui, à aucun moment, ne vient interférer
le déroulement de l'énoncé : le récit défile, d'événement en événement, explicitant
1. Récit tt commentaire, empruntés à H. Weinrich, me semblent préférables à la
terminologie d'É. Benveniste histoire et discours, permettant d'user de ce dernier terme dans
l'acception générale ď échange linguistique où il est irremplaçable.
2. Cf. É. Benveniste, « La phrase nominale » (1950), in Problèmes de linguistique
générale, Paris, Gallimard, 1966.
3. Attention : un texte imperfectif peut raconter une histoire. Seulement il la raconte
avec d'autres moyens grammaticaux. Le récit en littérature reçoit une définition de nature
différente de celle qu'il a en grammaire du texte.
4. Le texte est une unité de longueur variable qui ne peut se limiter à la phrase. LA NOTION DE SUJET EN LINGUISTIQUE 1 19
au maximum les rapports de subordination et de coordination, riche de circonstants
divers et de marques d'anaphore, fermement pris dans une structure syntaxique qui
en manifeste l'autonomie, comme en témoignent le schéma intonatif compact et le
modèle constant de l'ordre des mots. Le locuteur est comme absent de son texte1,
bien qu'il soit à l'origine de sa mise en marche et qu'il réalise l'opération. Dans le
récit, le locuteur n'a pas de prise directe sur son énoncé qui se développe selon un
tracé qui se fait de lui-même ; il se trouve ainsi en position d'écoute par rapport à
son propre produit. C'est pourquoi le récit est toujours fictif. Le locuteur-réciteur
s'embarque en même temps que sa machine pour un devenir incertain et plein de
charme. Le jeu autonome du texte dans le récit implique pour le locuteur et
l'auditeur une impression de griserie inséparable du sentiment qu'existe la
contrainte d'une logique intra-textuelle.
Jamais donc un texte n'est autant texte que dans le récit, fonctionnant quasi à
l'écart du locuteur, comme malgré celui-ci, disposant des moyens morphos
yntaxiques les plus élaborés, répondant ainsi de la façon la plus adéquate à sa
fonction de représentation. Dans le commentaire, en revanche, le texte pourrait

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