La période de consolidation mnésique : quelques données apportées par l expérimentation sur l animal - article ; n°1 ; vol.70, pg 195-221
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La période de consolidation mnésique : quelques données apportées par l'expérimentation sur l'animal - article ; n°1 ; vol.70, pg 195-221

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Description

L'année psychologique - Année 1970 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 195-221
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

B. Deweer
La période de consolidation mnésique : quelques données
apportées par l'expérimentation sur l'animal
In: L'année psychologique. 1970 vol. 70, n°1. pp. 195-221.
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Deweer B. La période de consolidation mnésique : quelques données apportées par l'expérimentation sur l'animal. In: L'année
psychologique. 1970 vol. 70, n°1. pp. 195-221.
doi : 10.3406/psy.1970.27706
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1970_num_70_1_27706REVUES CRITIQUES
LA PÉRIODE DE CONSOLIDATION MNÉSIQUE :
QUELQUES DONNÉES
APPORTÉES PAR L'EXPÉRIMENTATION
SUR L'ANIMAL
par Bernard Deweer
Laboratoire de Psychophysiologie, Faculté des Sciences de Lille
(C.N.R.S., E.R.A. 190)
INTRODUCTION
Malgré plusieurs dizaines d'années consacrées « à la recherche de
l'engramme » (Lashley, 1931, 1950), les problèmes de la nature et de la
localisation de la trace mnésique sont restés jusqu'ici sans réponse.
Cependant, il est ressorti de tous ces travaux l'existence de deux phases
au moins dans les processus de mémorisation, comme le montrent les
revues récemment publiées, tant en psychologie humaine (Florès,
1962, 1964) qu'en psychologie animale (Gerard, 1955, 1961 ; Glickman,
1961 ; Deutsch, 1962, 1969 ; Hoagland, 1966). La plupart des auteurs
admettent aujourd'hui que l'enregistrement d'une information nouvelle
nécessite — avant l'établissement définitif du souvenir — une période
préliminaire, pendant laquelle la trace serait particulièrement fragile,
et dont la durée varie en fonction de nombreux facteurs que nous exami
nerons plus loin.
Depuis l'hypothèse de la persévération des traces mnésiques (Müller
et Pilzecker, 1900), selon laquelle l'activité du système nerveux mise
en jeu par un apprentissage ne s'arrêterait pas dès la fin de l'essai,
mais se prolongerait un certain temps tout en s'atténuant progress
ivement, de nombreux auteurs ont cherché à mettre en évidence une
« période de consolidation », dont l'intégrité serait nécessaire à la mise
en mémoire de l'information. L'estimation de la durée de cette phase,
probablement brève, varie considérablement selon les auteurs : elle REVUES CRITIQUES 196
serait pour certains de l'ordre de quelques secondes (Chorover et Schiller,
1965 a et b, 1966 ; Sprott, 1966 ; Sprott et Waller, 1966), pour d'autres
de l'ordre de plusieurs jours (Pearlman, Sharpless et Jarvik, 1961) ou
de plusieurs semaines (Flexner, Flexner et Stellar, 1963).
Ce processus nerveux de persévération serait suivi d'une phase de
mémoire à long terme, dont la nature a suscité de nombreuses hypo
thèses (voir Cardo, 1966 a et b). Depuis quelques années, les recherches
consacrées à la mémoire à long terme s'orientent vers des explications
en termes biochimiques (Halstead, 1951 ; Halstead et coll., 1967).
Cette seconde phase — qui correspondrait donc au stockage de l'info
rmation proprement dit — pourrait impliquer des transformations quanti
tatives et qualitatives des acides nucléiques et des protéines réceptrices
dans les cellules nerveuses (Hyden et Egyhazi, 1962 ; John, 1967),
et peut-être dans le tissu glial (Galambos, 1961 ; Hyden et Egyhazi, 1963) .
Nous ne considérerons ici que la première de ces deux phases, la
période de consolidation. Nous nous sommes surtout intéressés aux
données apportées par l'expérimentation sur l'animal, et aux problèmes
méthodologiques que pose cette expérimentation. En effet, les travaux
en psychologie humaine, et notamment les études de l'interférence
rétroactive, ont mené jusqu'ici à des résultats plus difficiles à inter
préter, et parfois assez divergents (voir Florès, 1962).
L'approche psychophysiologique du problème consiste le plus sou
vent à perturber l'activité nerveuse supposée impliquée dans l'acqui
sition d'informations nouvelles, soit au moyen d'agents violents comme
l'électrochoc, soit par administration de drogues — à effets stimulants
ou dépressifs — , soit encore par la modification de certains éléments du
milieu nécessaires au fonctionnement normal du système nerveux
(refroidissement ou anoxie). De tous ces agents extérieurs, ce sont
l'électrochoc et les drogues qui ont été les plus utilisés.
DONNÉES RELATIVES A L'EXISTENCE
DE LA PÉRIODE DE CONSOLIDATION
Quelques éléments à l'appui de l'existence d'une période de conso
lidation ont été apportés par la physiologie humaine, notamment par
l'étude des amnésies rétrogrades résultant de traumatismes crâniens.
Russell et Nathan (1946) ont publié une étude portant sur plus de
1 000 cas de blessures à la tête. Ils ont observé, chez environ 700 de
leurs patients, des phénomènes d'amnésie rétrograde portant sur une
période inférieure à la demi-heure ayant précédé l'accident. Chez
133 sujets seulement, cette période était supérieure à une demi-heure.
Mais, chez la plupart des malades, la période sur laquelle portait l'oubli
était de quelques instants seulement. Les auteurs en avaient conclu
que la perte de mémoire était due à l'interférence du traumatisme avec
un processus de persévération. B. DEWEER 197
I. — Electrochoc
Depuis l'introduction de l'électrochoc en clinique neurologique, de
nombreux auteurs ont constaté que ce traitement provoquait une
amnésie rétrograde, portant sur la brève période qui précède son admin
istration. Zubin et Barrera (1941) ont ainsi pu montrer que l'admi
nistration d'un électrochoc abolissait tout gain, lors du réapprentissage
d'une liste apprise avant le traitement. Ils ont montré d'autre part
que l'importance de la perturbation variait en fonction inverse de
l'intervalle séparant l'apprentissage initial de l'électrochoc.
Ces observations effectuées sur l'Homme ont été étendues et confir
mées chez l'animal. C'est à Duncan (1948) que l'on doit la première
expérience mettant en évidence l'action perturbatrice de l'électrochoc
sur l'apprentissage : des rats, qui ont préalablement appris un laby
rinthe où il fallait toujours tourner à droite, en apprennent un second
où il faut toujours tourner à gauche. Après chaque essai du
apprentissage, ils reçoivent un électrochoc, l'intervalle entre l'essai
et le traitement variant selon les groupes. On constate que l'électrochoc
perturbe d'autant plus l'apprentissage qu'il a été appliqué plus tôt
après l'essai.
Dans une expérience ultérieure (Duncan, 1949), les animaux doivent
apprendre à éviter un choc électrique, dans une cage à deux compart
iments. Ils subissent 18 essais, à raison d'un essai par jour. Après chaque
essai, ils reçoivent un électrochoc, l'intervalle essai-traitement variant,
selon les groupes, de 20 secondes à 14 heures. Les résultats précisent
ceux du travail précédent, en mettant en évidence une relation inverse
entre la performance et l'intervalle séparant l'essai de l'électrochoc ;
de plus, ils montrent que cette action perturbatrice de
ne se manifeste plus lorsque l'intervalle séparant l'essai du traitement
est supérieur à une heure. Enfin, l'auteur écarte une interprétation
des résultats en seuls termes d'effets aversifs de l'électrochoc ; en effet,
si on remplace cet électrochoc par un choc électrique sur les pattes,
la performance n'est plus diminuée que dans le cas où l'intervalle essai-
traitement est de 20 secondes.
D'après Duncan, les résultats obtenus constituent une vérification
expérimentale de l'hypothèse de Muller et Pilzecker. Pour lui, la durée
de la persévération n'excéderait pas une heure, et serait même proba
blement inférieure à 15 minutes. Leukel (1957) aboutit à la même
conclusion, lors d'une expérience d'apprentissage de labyrinthe aqua
tique chez le Rat.
De nombreuses expériences ultérieures aboutissent à des conclusions
convergentes, que ce soit chez le Rat (King, 1965), chez la Souris (Kopp,
1966), chez le Hamster (Gerard, 1955)

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