La perspective historique des lois hammourabiennes - article ; n°2 ; vol.116, pg 297-317
22 pages
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1972 - Volume 116 - Numéro 2 - Pages 297-317
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Klíma Josef
La perspective historique des lois hammourabiennes
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 116e année, N. 2, 1972. pp. 297-
317.
Citer ce document / Cite this document :
Josef Klíma. La perspective historique des lois hammourabiennes. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 116e année, N. 2, 1972. pp. 297-317.
doi : 10.3406/crai.1972.12760
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1972_num_116_2_12760LA PERSPECTIVE HISTORIQUE DES LOIS HAMMOURABIENNES 297
COMMUNICATION
LA PERSPECTIVE HISTORIQUE DES LOIS HAMMOURABIENNES,
PAR M. JOSEF KLlMA, CORRESPONDANT DE L' ACADÉMIE.
Soixante-dix ans se sont écoulés, cette année, depuis la découverte1
d'une importance tout à fait particulière qui signifie une véritable
étape dans les études orientales et dans les recherches de l'histoire
du droit2. Dans les premières semaines de 1902, la Mission archéolo
gique de Perse, sous la direction de l'éminent archéologue J. de Mor
gan, remportait un succès extraordinaire : G. Jéquier, membre de
cette mission, découvrait sous les ruines de l'Acropole de Suse,
ancienne capitale de l'Élam, la stèle de basalte, presque intacte,
qui contenait les lois de Hammurabi, un des plus grands souverains
mésopotamiens, ayant régné au xvme siècle av. J.-C. On peut parl
er, sans aucun doute, d'une des plus belles découvertes faites au
Proche-Orient depuis qu'on y interrogeait les ruines3, et cette décou
verte se présentait d'une manière qui surprenait et déconcertait
le monde savant ; même le fait que la stèle n'était pas retrouvée
dans sa patrie babylonienne mais sous le sol de la capitale rivale
où elle avait été emportée par le vainqueur élamite au xne siècle
av. J.-C.4 comme un trophée de guerre, semblait être surprenant.
A côté des archéologues français, au cours de la même année,
l'assyriologie française pouvait enregistrer un succès égal : le père
Vincent Scheil, membre de l'Institut et professeur à l'École des
Hautes Études, réussissait le tour de force, en tant qu'épigraphiste
de la Mission archéologique de Perse, de publier le déchiffrement
et la traduction de la stèle, quelques mois seulement après sa découv
erte. On pouvait ainsi saluer le résultat final d'un travail inlassable,
mené par un esprit d'une extrême finesse, dans le IVe tome des
Mémoires de la Délégation en Perse, publié sous le titre Code de
Lois (Droit privé) de Hammourabi, roi de Babylone, vers Van 2000
av. J.-C.K
1. Pour les données générales concernant la découverte de la stèle, cf. particulièr
ement P. Cruveilhier, Introduction au Code a" Hammourabi, 1937, p. 1 sq.
2. L'importance de cette découverte est très convenablement présentée par P. Kos-
chaker dans son œuvre fondamentale, Rechtsvergleichende Studien zur Gesetzgebung
Hammurapis, Kônigs von Babylon, 1917, p. 1 sq. Cf. également E. Cuq, Études sur le
droit babylonien, les lois assyriennes et les lois hittites, 1929, p. 2 sq.
3. Cf. P. V. Scheil, La loi de Hammourabi (vers 2000 av. J.-C), 3e éd., 1906, p. n.
4. Il s'agit du roi élamite Sutruk-nahhunte (1185-1155) ; cf. W. Hinz, Dos Reich
Elam, 1964, p. 100 sq. ; E. Cassin, dans Fischer Weltgeschichte, 3, 1966, p. 37 sq. et
P. Amiet, Élam, 1966, p. 389.
5. Cf. Mémoires de la Délégation en Perse, publiés sous la direction de M. J. de Morgan,
délégué général, t. IV (= MDP, IV). Textes élamites-sémitiques. Deuxième série,
accompagnée de 20 planches hors-texte, par V. Scheil, O.P., professeur à l'École Pratique
des Hautes Études, Paris, Ernest Leroux, 1902, p. 11. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 298
II est vrai que cette découverte n'était pas inattendue. En 1898,
l'éminent assyriologue allemand, B. Meissner1, l'avait prédite à
l'occasion de son édition de quelques fragments des lois hammura-
biennes provenant de la célèbre bibliothèque d'Assurbanipal en
les caractérisant comme des passages d'une œuvre législative de
la Babylonie ancienne rédigée d'après son opinion vers 2300 av. J.-C.
Personne n'osait croire que cette hypothèse était si près d'être
confirmée par la découverte de la stèle de Suse.
On ne peut que rappeler les paroles de son premier éditeur, le
père V. Scheil, pour comprendre quelle valeur fut attribuée à la
stèle au moment de sa trouvaille : « Depuis qu'est ouverte l'ère
des fouilles, il n'a pas été mis au jour ni en Egypte, ni en Assyrie,
ni en Babylonie, pour ne nommer que les plus importants
champs d'investigation, de document plus considérable par sa
haute portée morale et son ample teneur que le Code de Lois de
Hammourabi ».2
L'assyriologue autrichien, David Heinz Miiller3, comparait la
découverte de la stèle avec celle de la radiographie, presque contemp
oraine. D'après son opinion, la pierre de la stèle qui se taisait pen
dant des millénaires et qui, tout à coup, avait commencé à parler,
irradie une lumière comparable à celle des rayons X. Cette lumière
pénètre les obscurs et les éclaire. Au moment où tout
le monde parlait de ces rayons miraculeux, la comparaison de
Miiller était juste et convenable.
On pourrait ajouter des dizaines d'appréciations semblables dont
les auteurs avaient vite compris que la découverte de la stèle faisait
époque. Il est moins important qu'elles aient été très souvent sou
tenues par un enthousiasme exagéré ou des espoirs irréalisables ;
dans l'ensemble la découverte susienne fut appréciée objectivement.
Les savants n'ont pas hésité à affirmer que, à la suite de cette décou
verte, le souverain babylonien Hammurabi, qui n'appartenait
autrefois qu'à la sphère des assyriologues, était devenu tout à coup
personnage de l'histoire universelle, digne d'entrer dans le Panthéon
des grands génies4. Il a captivé l'attention des historiens et tout
particulièrement celle des historiens du droit ou des religions, celle
aussi des économes, des sociologues, etc.
Pour les assyriologues le texte de la stèle offrait une base solide
présentant la langue akkadienne, sinon dans la forme purement
classique, c'est-à-dire dans une langue littéraire de caractère contrai
gnant, suivant la conception actuelle de l'assyriologue allemand
1. Cf. BA, III, p. 501 sq.
2. Voir M DP, IV, p. 11.
3. Dans son œuvre Ùber die Gesetze Hammurabis, 1904, p. 6.
4. Cf. H. Grimme, Dos Gesetz Chammurabis und Moses, 1903, p. 6. LA PERSPECTIVE HISTORIQUE DES LOIS HAMMOURABIENNES 299
Von Soden1, mais du moins dans une forme qui s'approchait le plus
possible de cet idéal. C'est pourquoi le texte des lois hammurabiennes
est devenu le guide le plus sûr pour initier les adeptes de l'assyrio-
logie aux secrets de la grammaire akkadienne.
La stèle hammurabienne forme aussi une borne milliaire dans le
développement de l'histoire juridique. Les historiens du droit
étaient — sinon surpris — du moins frappés par la monumentalité
toute singulière de la stèle aussi bien que par l'esprit et la portée
de son contenu. Jusqu'au moment de la découverte de la stèle
susienne, on considérait comme la plus ancienne codification le
Code de l'Alliance de Moïse2, aucune œuvre législative de l'Egypte
ancienne3 n'étant connue ; beaucoup plus récents étaient les pre
miers législateurs grecs et, enfin, avec les lois romaines des XII Tables
on descend déjà au ve siècle avant l'ère chrétienne.
La découverte de la stèle a donné naissance à une nouvelle branche
de recherches de l'histoire juridique — celle des recherches des
droits cunéiformes. Pour la construire et pour l'organiser, il était
indispensable que ses constructeurs et organisateurs devinssent
capables de comprendre et d'interpréter les sources cunéiformes
avec la même habileté qu'ils savaient déployer, en analysant les
textes grecs ou latins. Nous pouvons dire que bientôt les premiers
spécialistes, premiers maîtres des droits cunéiformes, s'engageaient
dans la voie de cette tâche nouvelle.
Rappelons à occasion l'

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