La place des syndicats dans le processus de normalisation en Pologne - article ; n°2 ; vol.18, pg 75-91
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1987 - Volume 18 - Numéro 2 - Pages 75-91
The position of the unions in the normalization process in Poland
The news unions created in Poland, after the 8th October 1982, were introduced as spearheads of normalization by the authorities, who were anxious to see them fulfilling an integrating role with the workforce. Four years after their introduction, there is no reason to believe that they have fulfilled their task. .Worse still, they have, thanks to all manner of dissension in their midst, generated discontent among those whose mainstay they were intended to be. This is evident at three levels :
— firstly, recruitment. The numerical weakness which affects them is reflected especially in the lack of party members in their ranks ;
— secondly, at echelon level in the trade union movement, where federations, regional organizations, confederations, are riddled with the manner of dissension and opposition ;
— lastly, at the level of relations among the various partners in enterprise management. In this connection, the author categorizes the many conflicts in which the unions are engaged as conflicts relating to the particular situation of work units, and conflicts resulting from the general economic crisis. Those in the first category involve the union in opposition to the Director, often in the absence of political organization, and for reasons which in the main arise from the current management problems in enterprises. The second category involves conflict between two different views of trade unionism, the opposing party being represented either by the workers' council or by the combined partners.
Behind these conflicts can be seen a partial refusal by the party to strenghten the unions, and a desire to dissociate itself from them, thus destroying the classic image of the transmission belt. In a period when the distribution of power within the enterprise is being redefined, the union does not appear to have found its place.
Les syndicats nouveaux créés en Pologne après le 8 octobre 1982 ont été posés comme les fers de lance de la normalisation par les autorités soucieuses de les voir jouer un rôle d'intégrateur des travailleurs. Quatre ans après leur création rien ne permet d'affirmer qu'ils ont rempli leur tâche. Pire, ils ont, par leurs désordres de toutes sortes, provoqué le mécontentement de ceux dont ils étaient pourtant censés assurer le soutien. Ceci se caractérise à trois niveaux :
— d'abord à celui des effectifs. La faiblesse numérique qui les frappe se traduit, notamment, par un faible engagement des membres du parti en leur sein ;
— ensuite, au niveau des échelons du mouvement (fédérations, organisations régionales, confédération) traversés de désordres divers et d'oppositions ;
— enfin, au niveau des relations avec les divers partenaires dirigeants des entreprises. A cet égard, l'auteur classe les nombreux conflits auxquels sont mêlés les syndicats en conflits liés aux situations propres des unités de travail et en conflits liés à la crise générale.
Les premiers mettent en jeu le syndicat opposé au Directeur souvent en l'absence de l'organisation politique et pour des raisons qui tiennent dans la plupart des cas au fonctionnement courant des entreprises. Les seconds font se heurter deux visions du syndicalisme, la partie adverse étant représentée soit par le Conseil ouvrier soit par l'ensemble des partenaires.
A travers ces conflits, on peut lire le refus partiel du parti de renforcer le syndicat et la volonté de s'en démarquer, rompant ainsi avec l'image classique de la courroie de transmission. Dans cette période de redéfinition des pouvoirs dans l'entreprise, le syndicat ne semble pas avoir trouvé sa place.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Bafoil
La place des syndicats dans le processus de normalisation en
Pologne
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 18, 1987, N°2. pp. 75-91.
Citer ce document / Cite this document :
Bafoil François. La place des syndicats dans le processus de normalisation en Pologne. In: Revue d’études comparatives Est-
Ouest. Volume 18, 1987, N°2. pp. 75-91.
doi : 10.3406/receo.1987.1307
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1987_num_18_2_1307Abstract
The position of the unions in the normalization process in Poland
The news unions created in Poland, after the 8th October 1982, were introduced as spearheads of
normalization by the authorities, who were anxious to see them fulfilling an integrating role with the
workforce. Four years after their introduction, there is no reason to believe that they have fulfilled their
task. .Worse still, they have, thanks to all manner of dissension in their midst, generated discontent
among those whose mainstay they were intended to be. This is evident at three levels :
—firstly, recruitment. The numerical weakness which affects them is reflected especially in the lack of
party members in their ranks ;
—secondly, at echelon level in the trade union movement, where federations, regional organizations,
confederations, are riddled with the manner of dissension and opposition ;
—lastly, at the level of relations among the various partners in enterprise management. In this
connection, the author categorizes the many conflicts in which the unions are engaged as conflicts
relating to the particular situation of work units, and conflicts resulting from the general economic crisis.
Those in the first category involve the union in opposition to the Director, often in the absence of political
organization, and for reasons which in the main arise from the current management problems in
enterprises. The second category involves conflict between two different views of trade unionism, the
opposing party being represented either by the workers' council or by the combined partners.
Behind these conflicts can be seen a partial refusal by the party to strenghten the unions, and a desire
to dissociate itself from them, thus destroying the classic image of the transmission belt. In a period
when the distribution of power within the enterprise is being redefined, the union does not appear to
have found its place.
Résumé
Les syndicats nouveaux créés en Pologne après le 8 octobre 1982 ont été posés comme les fers de
lance de la normalisation par les autorités soucieuses de les voir jouer un rôle d'intégrateur des
travailleurs. Quatre ans après leur création rien ne permet d'affirmer qu'ils ont rempli leur tâche. Pire, ils
ont, par leurs désordres de toutes sortes, provoqué le mécontentement de ceux dont ils étaient pourtant
censés assurer le soutien. Ceci se caractérise à trois niveaux :
—d'abord à celui des effectifs. La faiblesse numérique qui les frappe se traduit, notamment, par un
faible engagement des membres du parti en leur sein ;
—ensuite, au niveau des échelons du mouvement (fédérations, organisations régionales,
confédération) traversés de désordres divers et d'oppositions ;
—enfin, au niveau des relations avec les divers partenaires dirigeants des entreprises. A cet égard,
l'auteur classe les nombreux conflits auxquels sont mêlés les syndicats en conflits liés aux situations
propres des unités de travail et en conflits liés à la crise générale.
Les premiers mettent en jeu le syndicat opposé au Directeur souvent en l'absence de l'organisation
politique et pour des raisons qui tiennent dans la plupart des cas au fonctionnement courant des
entreprises. Les seconds font se heurter deux visions du syndicalisme, la partie adverse étant
représentée soit par le Conseil ouvrier soit par l'ensemble des partenaires.
A travers ces conflits, on peut lire le refus partiel du parti de renforcer le syndicat et la volonté de s'en
démarquer, rompant ainsi avec l'image classique de la courroie de transmission. Dans cette période de
redéfinition des pouvoirs dans l'entreprise, le syndicat ne semble pas avoir trouvé sa place.La place des syndicats dans le processus
de normalisation en Pologne
François BAFOIL *
INTRODUCTION
Le processus de normalisation des rapports de travail depuis 1982 en
Pologne combine des traits à la fois connus pour avoir été expérimentés en
d'autres pays du bloc et neufs dans la mesure où certaines institutions
obtiennent un statut différent. C'est le cas des syndicats.
La politique de résolution préventive des conflits ' que caractérisent les
périodes succédant aux crises violentes prend ici un aspect spécifique.
Plutôt que d'intégrer les personnels en totalité dans les syndicats et
d'associer une partie des travailleurs à la gestion réelle des entreprises,
l'objectif visé est de vider de sens ces institutions : les syndicats, du coup,
deviennent des ensembles partiels, incapables qu'ils se trouvent de regrou
per les personnels. Ils n'ont ainsi d'autres fonctions que d'occuper le
terrain, celle qui les posait précédemment comme agent de la mobilisation
économique et idéologique ayant aujourd'hui disparu2.
A plus long terme, il semble que les conflits auxquels ils sont mêlés
servent à les poser comme probables coupables dans le cas d'une éventuelle
crise violente. Ce qui est escompté dans cette stratégie d'éviction des
syndicats que rend patente le retrait relatif du parti et l'abandon de
certaines tâches, c'est d'abord la suppression du fondement de toutes les
critiques qui ont été adressées dans le passé aux organisations syndicales ;
c'est ensuite de disposer d'un responsable, par défaut, des éventuelles
erreurs.
* Ingénieur d'Études, C.N.R.S. Laboratoire de sociologie du travail et des relations
professionnelles, Conservatoire National des Arts et Métiers.
1. Nous empruntons ce terme à Gert-Joachim Glaessner, « Le pouvoir bureaucrati
que-solution des conflits en RDA », Étude n° 13 du projet de recherche Les crises des
systèmes de type soviétique (dirigé par Zdenek Mlynar), Koln, 1986, 61 pages.
2. A l'exception d'un point précis, nous ne traiterons pas ici du sort réservé aux
conseils ouvriers.
75 François Bafoil
En parallèle de cette inflexion conférée au rôle des organisations social
es, se dessine, au niveau supérieur, une répétition de procédures déjà
éprouvées. Les responsables du mouvement syndical sont ainsi réinstallés
dans les instances économiques et politiques nationales.
Dans ce mouvement de normalisation au sein duquel les syndicats
occupent une place centrale, on peut ainsi distinguer une ligne de fraction.
Elle indique l'émergence de certaines nouveautés au niveau de l'entreprise
et nombre de permanences à l'extérieur de cette dernière. Or à n'en pas
douter, ces nouveautés n'ont nullement pour effet de modifier la nature du
système. Elles participent plutôt de sa réaffirmation, l'abandon de certaines
pratiques antérieures ayant pour objet une plus grande efficacité des
processus de domination.
Cet article se propose de mettre en valeur les désordres propres aux
organisations sociales qui s'enracinent d'abord dans leur faiblesse numéri
que, dans leur indépendance affirmée à la base, ensuite. Les effets se
traduisent au niveau des conflits auxquels ils sont mêlés, révélant de ce fait
la place qui leur est laissée dans la stratégie de normalisation.
I. Une faiblesse à la base
L'hostilité qui s'est manifestée contre la loi du 8-10-1982 2a qui régit les
syndicats ne s'est pas démentie les années suivantes. Aucune catégorie de
personnel n'est majoritairement représentée et c'est à peine, si au printemps
1985, ils regroupent plus du tiers des travailleurs.
Deux séries de données recueillies au cours d'un séjour en Pologne en
1984/1985 3 permettent de caractériser la composition des syndicats.
La première résulte d'une enquête menée auprès de 14 entreprises situées
dans 5 régions du pays, dont 6 appartiennent à l'industrie textile, 5 à
l'industrie de la métallurgie, 1 aux aciéries et 1 à la chimie. Concernant la
2a. Dziennik Ustaw, n° 32, poz. 216.
3. Voir François Bafoil, Les syndicats en Pologne, 1982-1985, Thèse de Doctorat,
I.E.P., Paris, 1986, 2 tomes, 830 pages. Pour réaliser cette thèse, l'auteur, invité à
l'Université de Lodz,

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