La politique à l égard de la petite enfance sous la III République. Présentation d un Cahier de l INED - article ; n°2 ; vol.46, pg 349-358
11 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La politique à l'égard de la petite enfance sous la III République. Présentation d'un Cahier de l'INED - article ; n°2 ; vol.46, pg 349-358

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
11 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Population - Année 1991 - Volume 46 - Numéro 2 - Pages 349-358
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 0
Langue Français

Extrait

Catherine Rollet Echalier
La politique à l'égard de la petite enfance sous la III République.
Présentation d'un Cahier de l'INED
In: Population, 46e année, n°2, 1991 pp. 349-358.
Citer ce document / Cite this document :
Rollet Echalier Catherine. La politique à l'égard de la petite enfance sous la III République. Présentation d'un Cahier de l'INED.
In: Population, 46e année, n°2, 1991 pp. 349-358.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1991_num_46_2_17474LA POLITIQUE A L'EGARD
DE LA PETITE ENFANCE
SOUS LA IIIe RÉPUBLIQUE*
Présentation d'un cahier de FINED
Dans le contexte de l'Inde moderne, Nehru a écrit :
« La nation marche sur les pieds fragiles des petits enfants ».
Majestueuse et paradoxale, cette proposition interpelle tous ceux
qu'intéressent les rapports entre ressources humaines et processus de dé
veloppement. Elle invite à se représenter une pyramide des âges dont la
puissance assise repose et progresse sur la faiblesse même.
Mais ce qui frappe aussi dans le texte de Nehru, c'est le rapproche
ment entre nation et petite enfance : comme catégorie spécifique de la po
pulation, comme groupe qui peut faire l'objet d'une politique, la petite
enfance n'est-elle pas une invention des nations, des Etats ?
Nous avons étudié dans cet esprit l'émergence et le développement
d'une politique en faveur de la petite enfance. Par la qualité des sources
et par sa spécificité démographique, la France sous la IIPme République
(1870-1940) s'est particulièrement bien prêtée à ce type d'analyse conduis
ant à mettre en lumière la « petite enfance » comme groupe constitutif
de la société globale. L'objectif a donc été de reconstituer le processus
par lequel la société française, durant cette période historique, s'est donné
les moyens de modifier certaines conditions de vie faites aux plus jeunes
enfants (moins de trois ans).
A l'origine simple questionnement démographique sur la courbe de
mortalité infantile depuis deux siècles, cette étude en effet, a pris une d
imension plus large à mesure qu'étaient explorés de nouveaux champs do
cumentaires et qu'était construite une interprétation historique globale.
C'est cette démarche que recouvre le terme de « politique ».
* Cahier n° 127, Travaux et Documents, INED, 1990 par Catherine Rollet-Echalier,
Préf. de Alain Girard.
Population, 2, 1991, 349-358 350 POLITIQUE ET PETITE ENFANCE
Trois idées-farces à l'œuvre Le concept de politique a deux
mensions étroitement liées sur le
fond. La première abstraite, idéologique, la seconde concrète, voire matér
ielle.
La politique est l'expression consciente des principes devant régir la
vie collective, cette expression se traduisant par des décisions, des choix.
Faisant le point de la situation à un moment donné, une société procède
à un bilan, met en lumière des contradictions, propose des compromis et
des solutions, trace un programme. Des cercles de médecins et de parle
mentaires firent cette analyse vers la fin du Second Empire, à propos de
la petite enfance et de l'excessive mortalité. Un peu plus tard, les mêmes
groupes explicitèrent trois idées-forces, que l'on retrouve durant toute la
Troisième République : humanité, justice sociale, intérêt national, tels fu
rent les mots-clefs de la période.
La première de ces idées est celle des droits de l'enfant, droits nais
sants, qu'un membre de l'Académie de Médecine a magnifiquement évo
qués dès 1869 : « Un jour viendra où l'on comprendra que V enfant possède
aussi des droits dès sa naissance ». Oui, le tout petit a des droits qu'il
faut protéger, rétablir, sauvegarder, et que bafouent ou contrecarrent ses
propres parents, l'organisation sociale, l'ignorance, la pauvreté, l'étroitesse
de vue des pouvoirs publics. Rendre la société plus humaine aux enfants,
moins « barbare » : telle est la première ligne consciemment poursuivie par
les Républicains. La « politique » a consisté à définir très progressivement
ces droits et à les inscrire dans un espace qui en permette l'exercice.
La justice sociale fournit le second axe vers lequel ont tendu les
contemporains. C'est-à-dire réduire les inégalités les plus voyantes, celles
qui s'étaient aggravées à la faveur des progrès de l'industrialisation, des
grands brassages géographiques et sociaux des deux premiers tiers du XIXe
siècle. Réduire les inégalités qui opposaient les riches aux pauvres, les
villes aux campagnes, les enfants naturels aux enfants légitimes dans des
domaines très variés mais principalement dans ceux des conditions de la
survie et du mode d'allaitement. La lutte contre les discriminations les
plus choquantes a eu pour objectif de limiter la lutte des classes et d'éviter
la reproduction des flambées insurrectionnelles. La classe dirigeante a eu
en vue le maintien de l'ordre. Naturellement, c'est sur cette question que
le consensus a été le plus difficile à trouver, même si l'on a cru qu'autour
du berceau, tous les antagonismes sociaux pouvaient - et devaient - s'ef
facer.
Humanité, justice sociale : à ces deux principes fondamentaux, les
contemporains ont ajouté celui de l'intérêt national. Qu'ont-ils entendu par
cette formule ? Très clairement, la question démographique. Tous les c
itoyens avaient intérêt à faire plus pour l'enfance car il fallait arracher les
enfants de la mort pour maintenir l'équilibre démographique compromis
par la baisse de la fécondité. C'est en ce sens que la primitive discussion POLITIQUE ET PETITE ENFANCE 351
sur la mortalité des enfants en nourrice vers 1865 devint, selon les ex
pressions de l'époque, une « question d'Etat digne d'un examen sérieux ».
La survie même de la nation paraissait en jeu : « la patrie est en danger »,
s'était exclamé un médecin en faisant allusion à la situation de la France.
Inlassablement répétée sous la Troisième République, l'idée de cet intérêt
supérieur de l'Etat emporta la conviction des parlementaires, fonda le prin
cipe de l'intervention croissante des pouvoirs publics dans la sphère du
privé. Peut-être aussi ne fut-elle pas étrangère à la recherche de techniques
nouvelles pour préserver la vie.
Dès l'origine et jusqu'en 1939 et même au-delà, la question démog
raphique fut au cœur même de la question de la prime enfance.
Humanité, justice sociale, intérêt national forment ainsi la base idéo
logique de la politique menée en direction de l'enfance, base que l'on
peut analyser à travers les débats publiés au Journal Officiel, les textes
de loi, les documents parlementaires, les rapports d'inspection, les revues
de l'époque, les ouvrages de pédiatrie, de puériculture et d'hygiène sociale,
mais aussi à travers l'exploitation d'archives publiques et privées. On peut
citer à titre d'exemple les livres écrits par le sénateur Paul Strauss, ainsi
Г Enfance malheureuse et Dépopulation et puériculture.
Passons à l'aspect concret de la politique. Dans le cas des petits en
fants, le cadre de vie matériel, affectif, relationnel joue un rôle important.
C'est pourquoi nous avons étudié en détail les attitudes, les modes de garde
et d'allaitement, et aussi des objets matériels tels que berceau, layette,
biberons et autres accessoires qui font partie de ce décor « puéril ». Par
ailleurs nous avons pris en compte les multiples initiatives privées dans
le domaine de la bienfaisance, de l'assistance, des soins médicaux, de la
recherche scientifique et même de l'industrie. Le propre d'une politique
n'est-il pas d'intégrer dans la sphère du public une expérience qui a donné
de bons résultats ? A l'époque étudiée, le plus intéressant, nous semble-t-il,
fut la relation intime, organique pourrait-on dire entre les scientifiques et
les législateurs, entre la volonté politique et la technologie.
Enfin l'application des lois constitue le troisième aspect de cet axe
concret de la recherche. Il a paru en particulier souhaitable de comprendre
l'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents