La population de la chaîne urbaine du Nord-Ouest atlantique marocain - article ; n°1 ; vol.9, pg 5-29
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Méditerranée - Année 1972 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 5-29
25 pages

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Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Robert Escallier
La population de la chaîne urbaine du Nord-Ouest atlantique
marocain
In: Méditerranée, Deuxième série, Tome 9, 1-1972. pp. 5-29.
Citer ce document / Cite this document :
Escallier Robert. La population de la chaîne urbaine du Nord-Ouest atlantique marocain. In: Méditerranée, Deuxième série,
Tome 9, 1-1972. pp. 5-29.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medit_0025-8296_1972_num_9_1_1415n° 1 - 1972 Méditerranée.
LA POPULATION DE LA CHAINE URBAINE
DU NORD-OUEST ATLANTIQUE MAROCAIN
par M. Robert ESCALLIER *
INTRODUCTION
Comme les autres pays du Maghreb, le Maroc participe à l'accélération
de la croissance urbaine des pays sous-développés. Si toutes les régions du
Maroc concourent à cette croissance, la diffusion du fait urbain y demeure fort
inégale. Au début du siècle, les grandes cités marocaines se situent encore
à l'intérieur du pays. L'ouverture du Maroc à l'activité économique moderne et
capitaliste entrafne un basculement radical des principaux axes de circulation
et d'échanges, de l'intérieur vers la côte et favorise le développement des vil
les les mieux situées pour réaliser et multiplier les échanges avec 1' Outre-
Mer. L'impulsion urbaine sera côtière. La côte atlantique du Nord-Ouest de
vient le premier axe urbain. De Kenitra à Casablanca, sur moins de 130 kilo
mètres, se rassemble près de la moitié de la population citadine, dans un cha
pelet de villes qui comprend du Sud au Nord : Casablanca, l'énorme capitale
économique dont le rayonnement s'étend à l'ensemble du pays, et son appen
dice industriel : Mohammedia ; l'agglomération de Rabat-Salé, la capitale po
litique et administrative ; Kénitra, la porte de la plaine du Rharb. La vie ur
baine ne se limite plus à ces gros noyaux, et, depuis le recensement de Juin
1960, sont apparus des foyers primaires d'activité urbaine qui s'échelonnent
le long des voies routières de Casablanca à Rabat, en particulier. Tels sont
Bouznika, petit centre commercial actif à mi-chemin entre Casablanca et Ra
bat et Skhirate. Ainsi, plus de deux millions d'hommes et de femmes se pres
sent, ici. L'apparition de cette concentration urbaine atlantique est un phéno
mène original au Maroc, d'autant qu'elle se produit dans un monde en majori
té rural. Elle est désormais un élément essentiel de la géographie marocaine
et maghrébine.
I - EVOLUTION ET COMPOSITION
DE LA POPULATION
Au début du siècle, la population du Maroc vit essentiellement de la
Laboratoire Raoul Blanchard à Nice. terre : moins de 10 % de la population totale participent à la vie citadine .
Soixante-dix ans plus tard, c'est le tiers de la population qui vit en milieu
urbain.
Cette ascension urbaine s'effectue à un rythme très rapide faisant pas
ser les citadins de 20 % de la population totale en 1936 (1,4 M de personnes)
à 29,3 % en 1960 (3,4 M h.). Ainsi, en moins d'un quart de siècle, l'effectif
urbain est multiplié par 2,5 tandis que, de 1960 à 1970, en dix années, la po
pulation citadine musulmane grossit de près de deux millions d'unités.
La chaîne urbaine côtière est la principale bénéficiaire de ce jailli
ssement.
A - EVOLUTION DE LA POPULATION TOTALE DE
L'AXE - (cf. Tableau 1) Fig. 1 et 2.
1°) Au lendemain de la première guerre mondiale, les villes de la côte
atlantique du Nord-Ouest ne rassemblent que 170000 habitants, le quart de la
population urbaine du Maroc.
Casablanca, qui a doublé sa population de 1850 à 1900, n'est encore
que la seconde cité. Marrakech possède quelques 40 000 habitants de plus ;
Mohammedia n'est qu'un bourg, encore «éloigné» de Casablanca ; Rabat et Sa
lé sont deux cités distinctes, de part et d'autre de 1' embouchure du Bou-Re-
greg ; Kenitra, née de la volonté du colonisateur, ne dépasse pas 10 000 ha
bitants.
2°) En 1936, avec 30 % de la population urbaine marocaine, l'axe co-
tier est le principal foyer démographique marocain ouvert au développement
économique et à la population venue de l'intérieur. En quinze années, Casa
blanca s'accroît de 150 % et devient la plus grande ville avec 257 430 habi
tants. La population de Mohammedia a quadruplé, celle de Rabat gagne plus
de 50 000 unités (plus 70 % ) et celle de Kenitra a augmenté de 110 % ; la po
pulation de Salé ne s'accroît que de 31 % ; la vieille Médina paraît comme
étrangère à cette euphorie urbaine.
3°) Pendant les années de guerre et d'après-guerre, la tendance s'af
firme, s'amplifie. En 1952, la population de l'axe approche le million et repré
sente 39 % de l'effectif urbain total. Casablanca est devenue ce gouffre pour
la population rurale en exode, pour la fraction entreprenante des villes endor
mies de l'intérieur (ex. des fâsis). A elle seule, elle a absorbé près de la moi
tié de la croissance urbaine totale et, désormais, sept habitants sur dix de
meurent à Casablanca contre six en 1921 ; Mohammedia qui se dessine comme
proche faubourg industriel de la métropole économique, bénéficie du dévelop
pement de cette dernière et a progressé de 150 % en seize ans ; Rabat pour
suit son essor avec mesure (sa population augmente de 87 % ) tandis que Salé
maintient un niveau d'expansion modéré dépassant, néanmoins, avec un ac
croissement de 46 % la moyenne nationale ; Kenitra, à l'autre extrémité de
l'axe, avec une progression soutenue, gagne 35 000 habitants. Tableau I - EVOLUTION DE LA POPULATION 1921-1970 (toutes nationalités)
1960 1921 1936 1952 1970 (1)
1 500 000 CASABLANCA 101 690 257 430 682 388 965 277
60 000 MOHAMMEDIA 2 500 10 119 25 247 35 010
RABAT 30 953 375 000 83 379 156 209 277 445
500 000
SALE 125 000 24 216 31 823 46 582 75 799
KENITRA 9 438 20 018 55 905 86 775 140 000
CHAINE URBAINE 169 000 403 000 966 500 1 390 500 2 200 000
% DE CASABLANCA
60,2 % 66,6 % 63,9% 70,6 % 69,4 % DANS TOTAL
(1) Estimations au milieu de l'année 1970. oo POPULATION
(ooo h) Evolution de la population des villes
1500
de Taxe atlantique
0 10 20 30U
Figure 1 De 1952 à 1960, le Maroc connaît des années de troubles polit4°)
iques et économiques, mais y gagne l'Indépendance. Ces années de rupture po
litique n'interrompent point l'expansion urbaine de la côte, mais, au contrair
e, l'accélèrent. L'effectif de la chaîne grandit de 425 000 unités. La popula
tion gagne annuellement 55 000 unités contre 35 000 unités dans la période
antérieure et, ainsi, en 1960, 41 % de la population citadine marocaine s 'y ac
cumulent. Casablanca devient une ville millionnaire, atteinte de «macrocépha-
lisme». Elle a gagné annuellement, en moyenne, 35 000 habitants contre
26 500 de 1936 à 1952. Cette promotion n'est pas sans poser de délicats pro
blèmes. Mohammedia s'accroît en moyenne de 5 % par an ; Rabat et Salé
constituent une seule agglomération de plus de 300 000 habitants et ont un
taux de croissance démographique supérieur à celui de Casablanca : respecti
vement, plus de 46 % et 62 %. Salé, désormais, s'accroît à un rythme excep
tionnel et semble bénéficier de la fusion des deux noyaux et de la marocani-
sation progressive des emplois politiques et administratifs dans la capitale ;
Kenitra participe à cette explosion urbaine et gagne, en huit ans, 30 000 uni
tés, soit en moyenne 5,6 %. par an.
C Ainsi, de 1936 à 1960, les villes de l'axe bénéficient d'un dynamisme
exceptionnel que Salé, ville traditionnelle, n'a connu qu' après 1952. Cette
même période met en évidence un tassement relatif du taux d1 accroissement
de Casablanca, tandis que les autres villes : Rabat-Salé et Kenitra acquiè
rent un dynamisme démographique plus intense.
5°) Le Maroc devrait entreprendre au cours de l'année 1970 le recen
sement de la population. Ce dernier ayant été reporté, nous ne connaissons
que les estimations de la Division des Statistiques de Rabat pour l'année
1968 et pour la population marocaine musulmane par provinces et préfectures
(1). Néanmoins, en extrapolant ces résultats pour 1970 et en tenant compte de
travaux récents (2), nous pouvons avoir une idée de la population totale de
l'axe au milieu de l'année 1970 : Casablanca, y compris la euro
péenne et israélite, aurait 1,5 million d&

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