La population juive de l'Etat d'Israël - article ; n°3 ; vol.7, pg 405-452

Roberto Bachi

Description

Population - Année 1952 - Volume 7 - Numéro 3 - Pages 405-452
L'Etat d'Israël, un des plus petits pays du monde par le chiffre de sa population — 1.600.000 habitants — n'en offre pas moins au démographe et au sociologue, des possibilités d'observations et d'études d'une portée exceptionnelle. Placé à l'intersection des civilisations d'Orient et d'Occident, alliant la tradition la plus ancienne aux initiatives les plus modernes, Israël, en pleine évolution, constitue un microcosme où coexistent des communautés aux origines ethniques, sociales, linguistiques, les plus diverses, mais unies par une même volonté de vie en commun. C'est dire combien les problèmes classiques de population peuvent y présenter d'acuité et d'originalité, qu'il s'agisse de l'accueil et de l'assimilation des immigrants, de l'homogarnie, de la fécondité différentielle, de la lutte contre la mortalité infantile, de l'influence du milieu, pour n'en citer que quelques-uns. Personne, dans le monde, n'était plus qualifié pour traiter cette question, que M. Roberto Bachi. Fils de l'éminent et regretté statisticien italien Riccardo Bachi, il se place, par ses travaux, au premier rang dans la science statistique. Membre de l'Institut International de Statistique et professeur à l'Université hébraïque, il a été appelé à diriger le Bureau Central de Statistique d'Israël. Population a la satisfaction et le privilège de présenter à ses lecteurs cette étude documentée, qui fait honneur à la jeune science démographique d'Israël.
48 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1952
• Nombre de lectures: 77
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Roberto Bachi
La population juive de l'Etat d'Israël
In: Population, 7e année, n°3, 1952 pp. 405-452.
Résumé
L'Etat d'Israël, un des plus petits pays du monde par le chiffre de sa population — 1.600.000 habitants — n'en offre pas moins au
démographe et au sociologue, des possibilités d'observations et d'études d'une portée exceptionnelle. Placé à l'intersection des
civilisations d'Orient et d'Occident, alliant la tradition la plus ancienne aux initiatives les plus modernes, Israël, en pleine
évolution, constitue un microcosme où coexistent des communautés aux origines ethniques, sociales, linguistiques, les plus
diverses, mais unies par une même volonté de vie en commun. C'est dire combien les problèmes classiques de population
peuvent y présenter d'acuité et d'originalité, qu'il s'agisse de l'accueil et de l'assimilation des immigrants, de l'homogarnie, de la
fécondité différentielle, de la lutte contre la mortalité infantile, de l'influence du milieu, pour n'en citer que quelques-uns.
Personne, dans le monde, n'était plus qualifié pour traiter cette question, que M. Roberto Bachi. Fils de l'éminent et regretté
statisticien italien Riccardo Bachi, il se place, par ses travaux, au premier rang dans la science statistique. Membre de l'Institut
International de Statistique et professeur à l'Université hébraïque, il a été appelé à diriger le Bureau Central de Statistique
d'Israël. Population a la satisfaction et le privilège de présenter à ses lecteurs cette étude documentée, qui fait honneur à la jeune
science démographique d'Israël.
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Bachi Roberto. La population juive de l'Etat d'Israël. In: Population, 7e année, n°3, 1952 pp. 405-452.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1952_num_7_3_2757LA POPULATION JUIVE
DE L'ÉTAT D'ISRAËL
chiffre pas d'observations L'Etat Placé moins de à sa d'Israël, l'intersection au population démographe et d'études un des — des d'une plus et 1.600.000 civilisations au petits portée sociologue, habitants pays exceptionnelle. d'Orient du des monde — possibilités n'en et d'Occipar offre le
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plus modernes, Israël, en pleine évolution, constitue un
microcosme où coexistent des ccmvmunautés aux origines
ethniques, sociales, linguistiques, les plus diverses, mais
unies par une même volonté de vie en commun. C'est dire
combien les problèmes classiques de population peuvent y
présenter d'acuité et d'originalité, qu'il s'agisse de l'accueil
et de l'assimilation des immigrants, de l'homo garnie, de la
fécondité différentielle, de la lutte contre la mortalité infant
ile, de l'influence du milieu, pour n'en citer que quel
ques-uns.
Personne, dans le monde, n'était plus qualifié pour traiter
cette question, que M. Roberto Bachi. Fils de l'éminent et
regretté statisticien italien Riccardo Bachi, il se place, par
ses travaux, au premier rang dans la science statistique.
Membre de l'Institut International de Statistique et profes
seur à l'Université hébraïque, il a été appelé à diriger le
Bureau Central de Statistique d'Israël.
Population a la satisfaction et le privilège de présenter
à ses lecteurs cette étude documentée, qui fait honneur à
la jeune science démographique d'Israël.
Après avoir émigré, pendant quelque deux mille ans, d'un pays
à l'autre de la Dispersion (1), les Juifs ont commencé au
siècle dernier un mouvement de retour vers leur ancien pays,
mouvement qui est devenu plus intense pendant les trente
dernières années, et surtout depuis la création de l'Etat d'Israël.
(1) La Dispersion — la Diaspora — est pris ici dans son acception historique : la
dispersion à travers le monde antique, des Juifs chassés de leur pays par les vicissitudes
de leur histoire.
S LA POPULATION JUIVE DE L'ÉTAT D'iSRAEL 406
Dans la première partie de cet article, nous nous efforcerons de
donner une esquisse de l'ampleur, des origines et des facteurs de ce
mouvement. Dans la seconde partie, nous examinerons le déve
loppement de la population créé par cette immigration et sa struc
ture par pays d'origine. La répartition des immigrés et de la popul
ation en général, par sexe et âge, est examinée dans la partie 3 et 4.
Dans les parties 5, 6, 7, 8, 9, le mouvement naturel de la population
est analysé, et dans la dixième, nous donnons quelques conclu
sions générales sur les perspectives démographiques de l'Etat
d'Israël.
Le manque de place ne nous permettra pas de discuter les pro
blèmes fondamentaux de l'absorption des immigrants, du point de
vue économique, social, culturel, etc. (à l'exception de quelques
données sur l'absorption linguistique, qui sont mentionnées dans
la seconde partie).
Le manque de place ne nous permettra pas non plus d'examiner
les problèmes démographiques tout à fait particuliers des populat
ions musulmane, chrétienne et druze (173.000 habitants environ
au début de 1952), qui sont restées dans l'Etat d'Israël après le
partage de la Palestine du Mandat en trois parties (dont 21.000 kil
omètres carrés — ou 77 % du total — à Israël, et le reste à la
Jordanie et à l'Egypte), et après le départ d'une partie considérable
de la population arabe du territoire israélien vers les Etats voisins.
L'IMMIGRATION JUIVE VERS LE PAYS D'ISRAEL
L'immigration « ancienne ». Depuis la perte définitive de leur indé
pendance nationale en Judée (70-135
après J.-C.) jusqu'au xxe siècle, l'histoire des Juifs se déroula sur
tout hors de ce pays, et fut principalement l'histoire de la Diaspora,
l'histoire des migrations d'un pays vers l'autre : tour à tour Baby
lone (Irak), l'Egypte et Rome, à l'époque ancienne, l'Espagne arabe
et maint pays de l'Europe chrétienne, au Moyen âge, l'Empire
Ottoman et l'Europe Orientale, à l'époque moderne, et l'Amérique
du Nord de nos jours, etc., devinrent des centres importants de
population juive. Seul un résidu de la population juive resta en
Palestine pendant cette période, sous les dominations romaine,
byzantine, arabe, franque, mameluke et turque. La Palestine attira
de temps en temps des immigrants isolés ou des vagues d'immi
grants qui cherchaient à des époques de détresse un asile dans
l'ancienne patrie détruite (comme par exemple lors de l'expulsion
d'Espagne au xv* siècle), ou étaient animés d'espoirs messianiques
ou d'idées mystiques, ou enfin venaient en Terre Sainte pour y
étudier et y être enterrés. Cependant, les conséquences démogra
phiques de ces mouvements d'immigration furent insignifiants,
soit par suite de l'âge et du sexe des arrivants (grande proportion POPULATION JUIVE DE L'ÉTAT D'iSRAEL 407 LA
de vieillards) ou par suite de la grande mortalité et des difficultés
de la vie qui déterminèrent une nouvelle émigration. Vers le milieu
du xixe siècle, il n'y avait — paraît-il — en Palestine que 12.000 Juifs
environ (1), concentrés dans leur grande majorité dans les quatre
villes saintes (Jérusalem, Safed, Tibériade et Hébron), et vivant
en général de secours qui leur venaient du dehors. En 1882 encore,
le nombre total de la population juive ne s'élevait qu'à 24.000,
bien que les contacts avec l'Europe se fussent multipliés (ouverture
des consulats européens, dont l'influence sous le régime des « capi
tulations » était considérable, ouverture de lignes de navigation à
vapeur, etc.) et que les premiers pas eussent été faits en vue de
rendre productive la population juive de Terre Sainte (ouverture
de la première école agricole en 1870 et de la première colonie
agricole moderne en 1878).
L'immigration dans la dernière phase C'est dès lors (1882) que
de l'administration turque (1882-1914). commence l'immigration mo
derne, qui, avec l'apport de
quelque 1.200.000 Juifs, constitua la population de 1.405.000 âmes
qui se trouve à présent (fin 1951) en Israël.
Les premiers pas de cette immigration furent assez lents,