La prise en compte de l environnement comme facteur de développement - article ; n°137 ; vol.35, pg 151-167
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La prise en compte de l'environnement comme facteur de développement - article ; n°137 ; vol.35, pg 151-167

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Description

Tiers-Monde - Année 1994 - Volume 35 - Numéro 137 - Pages 151-167
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Guillaume Cruse
La prise en compte de l'environnement comme facteur de
développement
In: Tiers-Monde. 1994, tome 35 n°137. Après le Sommet de la Terre : Débats sur le développement durable (sous la
direction de Jean Masini). pp. 151-167.
Citer ce document / Cite this document :
Cruse Guillaume. La prise en compte de l'environnement comme facteur de développement. In: Tiers-Monde. 1994, tome 35
n°137. Après le Sommet de la Terre : Débats sur le développement durable (sous la direction de Jean Masini). pp. 151-167.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1994_num_35_137_4856PRISE EN COMPTE LA
DE L'ENVIRONNEMENT
COMME FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT
par Guillaume Cruse1
II a été affirmé avec force aux Nations Unies que les années 80
devaient être considérées comme une « décennie perdue » en matière de
développement. De fait, loin de s'être améliorée, à l'exception notable
de quelques pays du Sud-Est asiatique, la situation de la plupart des
pays en développement s'est dégradée ces dernières années. Si Ton
intègre légitimement la dimension de l'environnement à la situation éco
nomique, l'effet de recul est encore plus spectaculaire. Cette (récente)
grille de lecture de l'état du monde bouleverse la perception passée du
développement. Ce n'est alors plus sur la seule décennie 80 que se porte
le constat de « perdition », mais sur les trois dernières décennies !
L'Afrique à elle seule concentre une interférence de maux des plus
préoccupants. Il faut le constater sans détour diplomatique : la plupart
des pays de ce continent ne sont pas des pays en voie de développement,
mais des pays en voie de sous-développement accentué. Ainsi la coopé
ration au développement n'a-t-elle pas réussi, en dépit de ses efforts, à
contribuer à faire « décoller » ces économies.
Il importe aujourd'hui de s'interroger sur cette impasse apparente
pour promouvoir de nouvelles dynamiques, tenant compte des erreurs
passées. Il n'est lieu d'être ni optimiste ni pessimiste, mais lucide. Au
cœur de cette redéfinition figure l'enjeu environnemental. Si l'environne
ment confirme cette dégradation des économies et des sociétés, l'a
pproche environnementale contribue à renouveler fondamentalement la
vision du développement et à reformuler ses stratégies. Cette approche
ne se présente pas comme un nouveau remède miracle, une garantie
« pour des lendemains radieux », elle est un préliminaire absolu pour
1 . Chargé de mission au ministère de l'Environnement.
n° 137, janvier-mars 1994 Revue Tiers Monde, t. XXXV, 152 Guillaume Cruse
que tous les efforts consentis par les populations et leurs gouvernements
ne soient pas vains. C'est une manière d'envisager la globalité des sys
tèmes socio-économiques et de faire usage de tous leurs éléments
constructifs, de façon simultanée et coordonnée, sans que les interven
tions des uns nuisent à celles des autres. Elle repose sur quelques
notions essentielles, y compris des valeurs éthiques. Aucun remède n'est
encore à proposer mais un état d'esprit est à dessiner. Il n'y a pas de
solution globale ou même ponctuelle, il y a une dynamique d'ensemble.
Cette remise en cause méthodologique et stratégique n'est certes pas
à son terme. Elle n'a que peu de certitudes à brandir. En aura-t-elle
d'ailleurs jamais ? Elle se construit plus dans ses questions que dans ses
réponses, si elle reste néanmoins essentiellement pratique et opérationn
elle... L'objet de cet article n'est pas d'exprimer des certitudes mais de
provoquer une réflexion. Il pas non plus de favoriser une substi
tution des organismes actuels de coopération mais de les enrichir, moins
de résoudre que d'évaluer, pas de conclure mais d'inciter.
NAISSANCE D'UN CONCEPT : L ENVIRONNEMENT-DÉVELOPPEMENT
Depuis la Conférence de Rio (juin 1992), le souci de préserver et
d'améliorer l'environnement n'est plus perçu comme un luxe réservé
aux seuls pays occidentaux. Il est reconnu comme un impératif catégo
rique pour assurer un avenir à long terme aux pays en voie de déve
loppement. Mais cet acquis intellectuel est loin encore de se traduire
concrètement, sur le terrain, comme auprès des décideurs des polit
iques de développement.
A la lumière des débats en cours, la dégradation de l'environnement
n'apparaît pas seulement comme une conséquence mal maîtrisée du déve
loppement, mais aussi une cause du sous-développement. Ce
constat oblige nécessairement à des changements d'approches des poli
tiques, sans autoriser pour autant les pays riches à faire la leçon aux
pays pauvres. Il a été largement prouvé que les principaux responsab
les de la détérioration de l'environnement mondial sont les pays
industrialisés. C'est leur système qui s'est imposé à l'ensemble de la
planète et que les aides au développement perpétuent par facilité, peut-
être par volonté.
Si la responsabilité reste collective, les devoirs des pays riches sont
d'autant plus marqués. Ils sont les seuls financièrement capables d'en
rayer l'évolution qu'ils ont provoquée. Jusqu'ici ils pouvaient considérer prise en compte de l'environnement 153 La
le développement comme « l'affaire du Tiers Monde », auquel ils concé
daient une aide ; Rio affirme que le développement durable est désor
mais un concept en soi qui concerne le monde entier — même si les pays
du Sud restent beaucoup plus immédiatement exposés à ses méfaits.
Le développement, facteur de dégradation de l'environnement
De Stockholm (1972) à Rio (1992), la prise en compte de l'environn
ement dans les politiques de développement a été fort tardive. Les initia
teurs de cette prise de conscience ne sont pas les financiers de l'aide,
mais certains acteurs du sur le terrain. Sans doute cela
explique-t-il le retard des politiques à intégrer cette dimension. C'est
ainsi que pendant longtemps, les opérateurs classiques du développe
ment ont purement et simplement refusé de se saisir du problème.
Face aux échecs répétés de certaines politiques de développement,
une prise de conscience s'est opérée et a obligé à revoir plusieurs « cre
dos ». Dans le domaine agricole notamment de nouvelles tentatives ont
fini par considérer le monde rural comme un ensemble : les paysans
d'abord, les populations ensuite, étaient enfin situés au cœur des projets,
la démarche de « gestion du terroir » était désormais structurée. Ces
programmes cherchent à fonder une fonction productive en s'appuyant
sur les équilibres locaux et sur les dynamiques paysannes. Faut-il parler
de démarche « environnementaliste » parce qu'un bon sens élémentaire
imposait une approche plus globale, évitait d'implanter des techniques
coûteuses totalement exogènes, estimait que les autochtones avaient des
compétences propres efficaces ? Aujourd'hui, ces programmes, encore
que très différemment reconnus et implantés, servent de justificatifs aux
« développeurs » pour affirmer leur compétence marquée en matière
d'environnement. Or, ils ne sont qu'un élément positif d'un ensemble où
l'essentiel reste à faire.
L'exploitation-destruction de la forêt tropicale, la multiplication des
grands aménagements hydrauliques, l'imposition de monocultures d'ex
portation sont parmi les grands programmes menés pendant trente ans
à rencontre de toute conception environnementaliste. Ils sont loin d'être
totalement abandonnés, bien que les conséquences négatives patentes de
certaines de ces orientations obligent à réaménager fondamentalement
de nombreux projets. Dans les pays en développement, la compétence
environnementaliste des agronomes reste encore relative. Mais les effets
pervers de la non-prise en compte de l'environnement sont à présent
mieux reconnus. 154 Guillaume Cruse
Dans le domaine de l'industrialisation, les conséquences sur l'env
ironnement d'une politique forcée apparaissent souvent moins nettement.
Selon le principe « mieux vaut une usine polluante que pas d'u

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