La région de Philadelphie, au XIVe siècle (1290-1390), dernier bastion de l hellénisme en Asie Mineure - article ; n°1 ; vol.127, pg 175-197
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La région de Philadelphie, au XIVe siècle (1290-1390), dernier bastion de l'hellénisme en Asie Mineure - article ; n°1 ; vol.127, pg 175-197

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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1983 - Volume 127 - Numéro 1 - Pages 175-197
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Hélène Ahrweiler
La région de Philadelphie, au XIVe siècle (1290-1390), dernier
bastion de l'hellénisme en Asie Mineure
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 127e année, N. 1, 1983. pp. 175-
197.
Citer ce document / Cite this document :
Ahrweiler Hélène. La région de Philadelphie, au XIVe siècle (1290-1390), dernier bastion de l'hellénisme en Asie Mineure. In:
Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 127e année, N. 1, 1983. pp. 175-197.
doi : 10.3406/crai.1983.14034
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1983_num_127_1_14034PHILADELPHIE AU XIVe SIÈCLE 175
COMMUNICATION
LA RÉGION DE PHILADELPHIE AU XIVe SIÈCLE (1290-1390)
DERNIER BASTION DE L'HELLÉNISME EN ASIE MINEURE,
PAR Mme HÉLÈNE AHRWEILER
Le 25 juillet 1261, les armées byzantines conduites par Alexis
Stratègopoulos pénétrèrent dans la ville de Constantinople tenue
depuis 1204 par les Latins. Elles profitèrent de la complicité des
populations grecques de la ville et de l'absence de la flotte véni
tienne occupée à d'autres tâches dans le Pont-Euxin.
Tandis que le dernier empereur latin, Baudoin II, réussit
à s'enfuir sur un bateau italien à Négroponte, l'empereur byzantin
Michel VIII Paléologue, qui séjournait à Météorion en Asie Mineure,
alerté par sa sœur, se hâta de gagner la ville impériale, « le berceau
de l'Empire, le Paradis, la Ville du Tout-Puissant, le joyau de la
terre, délivrée enfin de l'affront qu'elle a subi par les chiens enragés
c'est-à-dire les Latins ri1. Dans la liesse populaire que provoqua cette
nouvelle, une voix discordante s'éleva : « Que dorénavant personne
n'espère rien de bon, puisque les Romains (c'est-à-dire les Byzantins)
occupent de nouveau la Ville2 ». Voilà ce que déclara publiquement
Sénachérim, dit le Méchant, premier secrétaire de la chancellerie
impériale de Nicée. Ces paroles consternantes, qui se révélèrent
prophétiques, résumaient l'opinion d'une bonne partie de la popul
ation byzantine de l'Asie Mineure : la prise de Constantinople
signifierait la reconquête de la partie européenne de l'Empire, et
la réalisation de ce projet national exigerait, une fois de plus, un
effort particulier de la partie asiatique de l'Empire. Libérer le reste
des territoires byzantins fut la priorité fixée par Michel VIII dès sa
rentrée dans Constantinople : « La chute de la Ville », déclara-t-il
dans le chrysobulle adressé au peuple de Byzance, « a été suivie
par la perte de notre territoire ; de la même façon, sa reconquête
annonce la reprise du reste de l'Empire »3. Ce projet grandiose plaça
Michel VIII face aux puissances de l'Occident qui n'avaient pas
renoncé à leur droit au trône de Constantinople. Pour déjouer les
ambitions des Latins dont les intérêts étaient pris en charge par
l'entreprenant Charles d'Anjou, Michel VIII n'hésita pas à contracter
1. Cf. surtout, Michel Choniate, éd. S. Lampros, Ta sôzoména Akominalou,
Athènes, 1879, t. II, p. 149-150, 276-277, 353-356.
2. Pachymère, éd. Bonn, t. I, p. 149.
3. Ibid., t. I, p. 153-157. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 176
des alliances multiples, certaines contre nature, ni même à heurter
le sentiment populaire en souscrivant en 1274 (Concile de Lyon)
à l'union des Églises, mesure sans lendemain, mais qui divisa pro
fondément le monde byzantin.
Quoi qu'il en soit, la réalisation de la politique occidentale de
Michel VIII impliquait pour les populations asiatiques des sacri
fices considérables en hommes et en argent. Elle suscita à la longue
l'hostilité générale, et malgré ses succès — faut-il rappeler que
Michel VIII, dans son autobiographie, se vante d'avoir été le véri
table instigateur des Vêpres siciliennes4 ? — elle provoqua l'affa
iblissement des moyens de défense de la frontière orientale de
l'Empire. Avant la fin du xme siècle, l'Asie Mineure byzantine fut
envahie par les Turcomans que l'arrivée des Mongols, suivie de
l'abolition de l'État seldjoukide (destitution d'Izzedin Kaikavus II
en 1259), avait jetés sur les routes de l'ouest. L'autorité byzantine
fut bannie des régions qui avaient été le berceau de son histoire5.
Dès 1300, à l'aube du xive siècle, étaient constitués les émirats
turcomans (fig. 1) qui se partagèrent l'Asie Mineure byzantine :
les Germian en Phrygie, les Ottomans en Bythinie, les Karachi-
Yaxi en Mysie-Troade, les Sarouchans en Lydie, les Aydin en
Ionie, les Menteche en Carie-Lycie6. Seule resta indépendante pen
dant plus d'un siècle la petite enclave formée par la ville de Phila
delphie et sa région7.
4. Michel Paléologue, « De vita sua », éd. H. Grégoire, dans Bgzantion, t. 29/
30, 1959/1960, p. 457 sq.
5. Sur la situation en Asie Mineure byzantine à la fin du xme siècle, cf. mes
travaux, Byzance et la Mer, Paris, 1966, p. 369 sq., L'histoire et la géographie
de la région de Smyrne entre les deux conquêtes turques (1081-1317) particulièr
ement au XIIIe siècle, dans Travaux et Mémoires, t. I, 1965, p. 1-204, et L'idéo
logie politique de l'Empire byzantin, Paris, 1975, p. 107 sq. ; pour l'Asie Mineure
turque à la même époque, cf. Cl. Cahen, The Preottoman Turkey, Londres, 1970,
et en dernier lieu, R. P. Lindner, Nomads and Ottomans in Médiéval Anatolia,
Bloomington, 1983.
6. Sur les émirats turcs, cf. P. Wittek, Das Fiïrstentum Mentesche, Stud. z.
Gesch. West-Kleinasiens im XIII. -XV. Jh., dans Istanbuler Mitteilungen,
Heft 2, 1934 ; du même, The Rise of the Ottoman Empire, Londres, 1938 ; et
surtout l'ouvrage fondamental de P. Lemerle, L'émirat d! Aydin, Byzance et
l'Occident, Paris, 1957 ; très utile pour la situation des Grecs face aux Turcs,
l'ouvrage de Sp. Vryonis, The Décline of Médiéval Hellenism in Asia Minor and
the Process of Islamization from the Eleventh through the Fifteenth Century,
Berkeley, Los Angeles, Londres, 1971 ; notons une source capitale pour l'histoire
de tous les émirats turcomans et leurs rapports avec les Mongols, Sihabeddin,
Masalik al-absar fi mamalik al amsar (Voyages des yeux dans les royaumes
des différentes contrées), tr. E. Quatremère, Notices et extraits des ms. de la
Bibl. du Roi, Paris, 1838, t. XIII, chap. v : Asie Mineure, p. 334-381.
7. Sur Philadelphie, cf. le travail fondamental de P. Schreiner, Zur Geschichte
Philadelpheias im 14. Jh. (1293-1390), dans Orient. Chr. Per., t. 35, 1969, p. 373-
431 ; et M. Couroupou, Le siège de Philadelphie par Umur Pacha, dans H. Ahr-
weiler, Geographica Byzantina, Paris, 1981, p. 67 sq. avec une note de E. Zacha-
riadou, ibid., p. 78-80. .
PHILADELPHIE AU XIVe SIÈCLE 177
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PHILADELPHIA Fio. 1380 1. — Les émirats d'après de S. l'Asie Vryonis. Mineure occidentale COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 178
Bastion de l'hellénisme, îlot grec au milieu de la mer turcomane,
repoussant pendant plus d'un siècle les multiples assauts des
vagues turques sans bénéficier, de quelque côté que ce fût, d'une
sollicitude particulière, Philadelphie constitue un cas exceptionnel,
rebelle à toute étude normative. Elle déroute l'historien qui ne peut
que constater les faits sans leur apporter d'explication convaincante.
Au

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