La représentation du risque professionnel et l autonomie ouvrière - article ; n°3 ; vol.6, pg 75-98
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Description

Sciences sociales et santé - Année 1988 - Volume 6 - Numéro 3 - Pages 75-98
Denis Harrison: Professional Risk Representation and Workers' Autonomy.
The article examines the impact of work autonomy on the maintaining of workers' physical health. It details the means that enable workers to counter professional risks, and also the limits of such protection. Workers' autonomy in operational modes helps to attenuate professional risks, but the absence of a check on production time is a hindrance to developing capacity for prevention. In the social representation of workers, the risks depend less on
the intrinsic conditions of a particular activity than on the organisation of production as a whole, which excludes safety in the carrying out of production sequences. The results were obtained from interviews with 63 production workers in a branch of the mechanical engineering manufacturing industry.
Denis Harrison : La representación del riesgo profesional y la autonomia obrera.
El articulo examina el impacto de la autonomía del trabajo sobre el mantenimiento de la integridad física de los obreros. Se destacan aquí los medios que permiten a los obreros hacer oposición a los riesgos y los límites de esta protección. La autonomía obrera en los modos operatorios contribuye a atenuar los riesgos profesionales, pero la ausencia de control sobre el tiempo de producción restringe el desarrollo de las capacidades preventivas. En la representación social de los obreros, los riesgos dependen menos de las condiciones intrinsecas de una actividad particular que de la organización del conjunto productivo que excluye la seguridad en la realización de secuencias productivas. Los resultados provienen de entrevistas efectuadas a 63 obreros de la producción de un sector industrial de fabricación mecánica.
Denis Harrison : La représentation du risque professionnel et l'autonomie ouvrière.
L'article examine l'impact de l'autonomie du travail sur le maintien de l'intégrité physique des ouvriers. On y dégage les moyens permettant aux ouvriers de contrer les risques professionnels et les limites de cette protection. L'autonomie ouvrière dans les modes opératoires contribue à atténuer les risques professionnels, mais l'absence de contrôle sur le temps de production restreint le développement des capacités préventives. Dans la représentation sociale des ouvriers, les risques dépendent moins des conditions intrinsèques d'une activité particulière que de l'organisation de l'ensemble productif qui exclut la sécurité dans la réalisation de séquences productives. Les résultats proviennent d'entretiens effectués auprès de 63 ouvriers de la production d'un secteur industriel de fabrication mécanique.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Denis Harrison
La représentation du risque professionnel et l'autonomie
ouvrière
In: Sciences sociales et santé. Volume 6, n°3-4, 1988. pp. 75-98.
Citer ce document / Cite this document :
Harrison Denis. La représentation du risque professionnel et l'autonomie ouvrière. In: Sciences sociales et santé. Volume 6,
n°3-4, 1988. pp. 75-98.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_1988_num_6_3_1104Résumé
Denis Harrison : La représentation du risque professionnel et l'autonomie ouvrière.
L'article examine l'impact de l'autonomie du travail sur le maintien de l'intégrité physique des ouvriers.
On y dégage les moyens permettant aux ouvriers de contrer les risques professionnels et les limites de
cette protection. L'autonomie ouvrière dans les modes opératoires contribue à atténuer les risques
professionnels, mais l'absence de contrôle sur le temps de production restreint le développement des
capacités préventives. Dans la représentation sociale des ouvriers, les risques dépendent moins des
conditions intrinsèques d'une activité particulière que de l'organisation de l'ensemble productif qui exclut
la sécurité dans la réalisation de séquences productives. Les résultats proviennent d'entretiens
effectués auprès de 63 ouvriers de la production d'un secteur industriel de fabrication mécanique.
Resumen
Denis Harrison : La representación del riesgo profesional y la autonomia obrera.
El articulo examina el impacto de la autonomía del trabajo sobre el mantenimiento de la integridad
física de los obreros. Se destacan aquí los medios que permiten a los obreros hacer oposición a los
riesgos y los límites de esta protección. La autonomía obrera en los modos operatorios contribuye a
atenuar los riesgos profesionales, pero la ausencia de control sobre el tiempo de producción restringe
el desarrollo de las capacidades preventivas. En la representación social de los obreros, los riesgos
dependen menos de las condiciones intrinsecas de una actividad particular que de la organización del
conjunto productivo que excluye la seguridad en la realización de secuencias productivas. Los
resultados provienen de entrevistas efectuadas a 63 obreros de la producción de un sector industrial de
fabricación mecánica.
Abstract
Denis Harrison: Professional Risk Representation and Workers' Autonomy.
The article examines the impact of work autonomy on the maintaining of workers' physical health. It
details the means that enable workers to counter professional risks, and also the limits of such
protection. Workers' autonomy in operational modes helps to attenuate professional risks, but the
absence of a check on production time is a hindrance to developing capacity for prevention. In the
social representation of workers, the risks depend less on
the intrinsic conditions of a particular activity than on the organisation of production as a whole, which
excludes safety in the carrying out of production sequences. The results were obtained from interviews
with 63 production workers in a branch of the mechanical engineering manufacturing industry.Sociales et Santé - vol. VI - n° 3-4 - novembre 1988 Sciences
LA REPRESENTATION DU RISQUE PROFESSIONNEL
ET L'AUTONOMIE OUVRIÈRE
Denis Harrison *
Cet article rend compte de la constitution des risques
professionnels d'après les capacités et les possibilités qu'ont les
ouvriers de les identifier et de les contrer de façon à créer un milieu
de travail sûr. Le risque professionnel dépend des conditions
matérielles de la production définies par l'environnement du tra
vail, les matériaux et les produits utilisés, de même que par l'outil
lage et les équipements dont disposent les ouvriers. Cependant le
degré d'acceptation d'un risque, le contrôle ou l'élimination de ses
effets nocifs relèvent aussi de conditions sociales et culturelles.
Ainsi les comportements des travailleurs sont souvent examinés
dans l'analyse des accidents du travail. Le manque d'attention, la
négligence, la méthode de travail sont souvent mis en cause, la
solution repose alors sur les ouvriers qui ont à ajuster une
conduite préventive à un comportement productif. Il arrive par
fois que les ouvriers partagent cette vision de la sécurité du travail
selon laquelle ils seraient responsables des risques professionnels.
Pourquoi les ouvriers s'attribuent-ils de telles responsabilités alors
que, dans la conception taylorienne, le travail est composé de
tâches conçues et assignées par d'autres, l'ouvrier exécutant une
activité dont il n'a choisi ni les matériaux et les substances, ni les
machines et les outils, et où les conditions de travail seraient pour
la plupart imposées? Cette perception est-elle liée à un discours
idéologique ou bien reflète-t-elle une certaine réalité de l'organisa
tion du travail ?
* Denis Harrison, sociologue, Université de Montréal, Département de Sociolog
ie, Case postale 6128, Suce. A., Montréal, P.Q, H3C 307, Canada.
Cet article présente les principaux résultats d'une thèse de doctorat en sociologie.
L'auteur remercie l'Institut de Recherche en Santé et en Sécurité du Travail du
Québec de lui avoir accordé une bourse de 3e cycle. DENIS HARRISON 76
Dans l'exercice du travail, certains risques sont acceptés,
d'autres sont récusés. Quelles sont donc les conditions qui permett
ent de partager ainsi les risques? Nous verrons comment les
ouvriers identifient les risques et les conditions d'acceptation de
certains d'entre eux à travers notamment les possibilités offertes
dans l'organisation du travail de maîtriser des situations. Ensuite,
nous discernerons le rôle et les responsabilités des acteurs sociaux
présents au sein de l'entreprise dans la construction sociale du
risque professionnel. Nous constaterons le rôle prédominant que
s'accordent les ouvriers, sous certaines conditions, dans la gestion
des risques professionnels. Enfin, les accidents du travail témoi
gnent en partie des limites de l'exercice de l'autonomie du travail
et nous verrons comment les ouvriers se représentent les causes
des accidents ainsi que les moyens de les prévenir.
Jusqu'à présent, il y a eu peu de contributions sociologiques
à l'étude des risques professionnels (1). Seuls certains lieux de
travail dont le risque est reconnu comme étant très élevé ont été
l'objet d'analyses: les mines [11], [20], [21]; le bâtiment et les
travaux publics [15] ; la forêt [24] ; l'industrie nucléaire [22]. On y
démontre l'importance du contrôle social dans le partage des
valeurs et des comportements vis-à-vis du risque ainsi que la
nécessité d'une autonomie par rapport à l'autorité dans l'exercice
du travail et dans la capacité d'estimation des risques. Un des
éléments essentiels de prévention repose sur la confiance mutuelle
des compagnons d'un groupe de travail. Mais cela est valable dans
les milieux industriels où les groupes de travail sont relativement
homogènes et constituent une culture de métier. Mais qu'advient-
il de l'autonomie dans des modes d'organisation du travail taylo-
risés où les tâches sont simplifiées, fragmentées, répétitives et rou
tinières ? Le comportement face aux risques est-il alors assimilable
à celui des ouvriers de métier?
En sociologie du travail, l'autonomie est devenue un thème
de recherche important à la suite notamment des travaux de Bra-
verman [2] pour qui le taylorisme n'a été qu'expropriation, dépos
session et destruction des savoir-faire ouvriers. Des travaux
récents ([3], [27], [17], [31]) tendent à démontrer que le taylorisme
n'a pas eu l'effet escompté et qu'à travers des changements fo
ndamentaux apportés à l'organisation du travail subsisteraient des
modes informels permettant aux ouvriers d'exercer une certaine
(1) Selon Renaud et Simard [26], les risques professionnels ont été analysés sous
plusieurs angles par différentes disciplines scientifiques, alors que la contribution
des sciences humaines et de la sociologie en particulier n'a été que marginale. RISQUE PROFESSIONNEL ET AUTONOMIE OUVRIÈRE 77
autonomie dans la mise en forme de qualifications tacites (2). Ce
type d'autonomie est différent de celui de la culture de métier, il
serait plus orienté vers des savoir-faire propres à une entreprise ou
à une

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