La restructuration de la recherche et du développement scientifique et technologique au service du Tiers Monde - article ; n°78 ; vol.20, pg 356-370
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La restructuration de la recherche et du développement scientifique et technologique au service du Tiers Monde - article ; n°78 ; vol.20, pg 356-370

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1979 - Volume 20 - Numéro 78 - Pages 356-370
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Kinhide Mushakoji
La restructuration de la recherche et du développement
scientifique et technologique au service du Tiers Monde
In: Tiers-Monde. 1979, tome 20 n°78. pp. 356-370.
Citer ce document / Cite this document :
Mushakoji Kinhide. La restructuration de la recherche et du développement scientifique et technologique au service du Tiers
Monde. In: Tiers-Monde. 1979, tome 20 n°78. pp. 356-370.
doi : 10.3406/tiers.1979.5841
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1979_num_20_78_5841LA RESTRUCTURATION DE LA RECHERCHE
ET DU DÉVELOPPEMENT SCIENTIFIQUE
ET TECHNOLOGIQUE
AU SERVICE DU TIERS MONDE
par Kinhide Mushakoji*
Comment mettre au service du Tiers Monde la science et la tech
nologie ? Ces notes répondent à cette question en faisant ressortir l'im
portance d'une coopération Nord-Sud ayant en vue la restructuration
nationale et internationale de la recherche et du développement scienti
fique et technologique.
Ces notes font allusion à l'expérience japonaise ; expérience d'un
pays dont les circonstances particulières ne permettent pas d'en déduire
des conclusions applicables à des pays qui n'ont pas parcouru la même
trajectoire historique d'industrialisation. Le cas de cette société, qui est
maintenant industrialisée après avoir été un pays en voie de développe
ment, ne manque pas de poser des questions intéressantes qui permettront
de bâtir un cadre conceptuel pour étudier les structures de la recherche
et du développement dans le Tiers Monde d'aujourd'hui.
Il faut avant tout constater le fait que ce que quelques observateurs
appellent le miracle japonais, c'est-à-dire la rapidité de sa croissance
économique, ne peut être expliqué uniquement par le succès du trans
fert de la technologie occidentale rendu possible par le génie imitateur
des Japonais. Comme plusieurs auteurs l'ont remarqué, il doit être
attribué à la combinaison de plusieurs facteurs nationaux et inte
rnationaux propre à la société japonaise, tels que le haut pourcentage des
lettrés, l'attitude positive envers le travail et les innovations techno
logiques, le haut niveau atteint par la technologie traditionnelle, etc.
Même si ce ne fut d'abord que pour mieux adapter la technologie intro
duite à la culture japonaise, pour la polir et l'améliorer, un effort endo
gène de recherche et de développement caractérise le cas du Japon.
* Vice-recteur en charge du Programme du Développement humain et social, Université
des Nations Unies.
Les opinions présentées dans ces notes sont celles de l'auteur et ne représentent pas
nécessairement la position de l'Université des Nations Unies.
Revue Tiers Monde, t. XX, n° 78, Avril-Juin 1979 RESTRUCTURATION DE LA RECHERCHE ET DU DÉVELOPPEMENT 357
L'expérience japonaise semble ainsi indiquer que, même quand il y a
un effort systématique de transfert de technologie, ce qui compte vra
iment n'est pas la quantité ni même la qualité de la connaissance transférée,
mais bien plutôt la capacité de la société de choisir, d'adapter, d'améliorer
les connaissances technologiques acquises et de déclencher un processus
de développement qui lui permet, après un certain temps, d'atteindre le
stade où elle devient pleinement innovatrice aussi bien en technologie
qu'en science.
I. — Les conditions du développement
Trois conditions sont indispensables à remplir pour qu'une société
puisse déclencher un processus de développement scientifique et techno
logique. Ces conditions se situent sur les trois plans de la société, de la
culture et de la connaissance.
D'abord, sur le plan de la société, il faut que la communauté des
innovateurs (ou des imitateurs) qui portent (ou apportent) la science
et la technologie à une société, ne soit pas coupée et aliénée des autres
secteurs de la société. La comparaison du cas japonais et de celui de la
majeure partie des pays en voie de développement fait ressortir une
différence notable dans la composition du recrutement et des rapports
humains entre les groupes de chercheurs scientifiques et d'innovateurs
technologiques et les autres secteurs de la société. Dans le cas du Japon,
ils sont étroitement liés tandis que dans le cas des autres pays du Tiers
Monde ils constituent un îlot isolé de modernisateurs dans l'océan des
secteurs traditionnels. Rien n'est plus contre-productif dans un pro
cessus de développement scientifique et technologique endogène qu'une
situation où chercheurs et ingénieurs constituent une classe entraînée
en Occident, dépourvue de racines dans leur propre société, car la connais
sance qu'ils sont censés lui apporter devient un corps étranger contre
lequel les secteurs traditionnels de la société ne manquent pas de créer
différents mécanismes de rejet.
C'est seulement quand les groupes innovateurs acquièrent le soutien
de l'élite intellectuelle et industrielle, aussi bien que celui de la popul
ation, qu'ils peuvent mobiliser les ressources matérielles et humaines
indispensables au développement scientifique et technologique endogène.
Pour qu'un processus de développement puisse
être durable, il n'est pas suffisant de mobiliser un groupe restreint d'inno
vateurs. Il faut d'une part que des entrepreneurs se chargent d'adapter
la technologie et, d'autre part, que les ouvriers cherchent à la polir
et à l'améliorer. Sur le second plan, celui de la culture, ou du 35** KINHIDE MUSHAKOJI
système des croyances, valeurs et comportements propres à la société, il
faut tenir compte du fait suivant. Pour que la société tout entière soit
disposée à soutenir l'effort scientifique et technologique d'une équipe de
pointe de chercheurs ou d'ingénieurs, il faut que le système des croyances,
valeurs et attitudes de la société soit prêt à s'accommoder de ce processus
de création scientifique et d'innovation technologique, et à se tran
sformer éventuellement sous l'influence de ce dernier.
L'expérience du Japon, dont le mot d'ordre fut de « combiner
l'esprit japonais avec la technologie occidentale », est un cas typique où
l'accommodation entre la culture traditionnelle et les croyances, valeurs
et comportements accompagnant la science et la technologie occident
ales permit à ce pays de s'engager dans la voie du développement scienti
fique et technologique avec le soutien de la société tout entière, y compris
le secteur rural traditionnel.
Il semble que cet exemple démontre la nécessité de garantir la conti
nuité avec les connaissances et valeurs traditionnelles. Cela n'implique
pas, cependant, que la science et la technologie doivent se conformer à
une tradition figée. Bien au contraire, elles doivent contribuer à un pro
cessus dynamique de revalorisation des idées et valeurs traditionnelles
dans le contexte d'une révolution culturelle. Ce processus dynamique
renouvelle et transforme la société traditionnelle et libère les forces
vives de créativité qui lui sont inhérentes. C'est au cours de cette tran
sformation de la société que des connaissances nouvelles et des valeurs
modernes émergent et créent un nouveau style de vie qui donne à la
science et à la technologie une raison d'être nouvelle et une justification
historique qu'elle n'aurait pu obtenir de la société traditionnelle avant
cette révolution.
Le cas japonais doit sa réussite au fait que la société japonaise, après
avoir accepté la compatibilité de la science et de la technologie avec les
croyances, valeurs et comportements propres à elle, se modernisa à
la suite de son développement scientifique et technologique et accepta
les valeurs modernes propres aux sociétés industrielles en les harmon
isant avec sa culture traditionnelle modifiée.
Il est évident que ce processus ne peut réussir que dans certaines
sociétés où les contradictions entre croyances et valeurs sont mini
misées par un syncrétisme culturel. Le cas japonais n'est donc pas à
imiter. Il pose, cependant, le problème des rapports entre la culture et le
développement scientifique et technologique. C'est un problème omni
présent dans le monde non occidental, à l'encontre de l'Occident où la
science et la technologie son

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents