La théorie des « économies concurrencées », fondement du modèle FIFI - article ; n°6 ; vol.24, pg 905-922

Raymond Courbis

Description

Revue économique - Année 1973 - Volume 24 - Numéro 6 - Pages 905-922
La theorie des «économies concurrencees», fondement du modèle Fifi
Innovation fondamentale des méthodes du VIe Plan, le modèle Fifi a pour caractéristique économique essentielle de reposer sur la théorie des « économies concurrencées » proposée par l'auteur de cet article, c'est-à-dire sur une analyse des économies ouvertes prenant explicitement en compte l'incidence de la concurrence étrangère qui vient imposer leurs prix à certains secteurs d'activité (les secteurs « exposés »). Le but de cet article est de présenter dans ses grandes lignes cette théorie, à la fois de manière algébrique et graphique. Deux modèles sont pré­sentés : un « modèle à un secteur » pour comparer la détermination de l'équilibre en économie concurrencée et en économie keynésienne ; puis un « modèle à deux secteurs » qui permet de comprendre le fonctionnement d'une économie où coexistent des secteurs « exposés » et « abrités ».
The theory of « competitioned economies», as a basis of the Fifi model
The main economic characteristic of the Fifi model (which constitutes a basic innovation in the 6th Plan methods) derives from the theory of « competitioned economies » elaborated by the author. This theory is based upon an analysis of open economies explicitely taking info account the impact of foreign competition on the prices of « exposed » sectors. The purpose of this paper is an overview of the theory of « competitioned economies » with algebraic and graphical representations. Two models are presented. A « one sector model » allowing the comparison between the equilibrium determinations in competitioned economy on the one hand, and in keynesian economy on the other hand. A « two sectors model » in which the mechanisms of an economy including both « exposed » and « sheltered » sectors are explained.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1973
• Nombre de lectures: 35
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Raymond Courbis
La théorie des « économies concurrencées », fondement du
modèle FIFI
In: Revue économique. Volume 24, n°6, 1973. pp. 905-922.
Résumé
La theorie des «économies concurrencees», fondement du modèle Fifi
Innovation fondamentale des méthodes du VIe Plan, le modèle Fifi a pour caractéristique économique essentielle de reposer sur
la théorie des « économies concurrencées » proposée par l'auteur de cet article, c'est-à-dire sur une analyse des économies
ouvertes prenant explicitement en compte l'incidence de la concurrence étrangère qui vient imposer leurs prix à certains secteurs
d'activité (les secteurs « exposés »). Le but de cet article est de présenter dans ses grandes lignes cette théorie, à la fois de
manière algébrique et graphique. Deux modèles sont pré-sentés : un « modèle à un secteur » pour comparer la détermination de
l'équilibre en économie concurrencée et en économie keynésienne ; puis un « modèle à deux secteurs » qui permet de
comprendre le fonctionnement d'une économie où coexistent des secteurs « exposés » et « abrités ».
Abstract
The theory of « competitioned economies», as a basis of the Fifi model
The main economic characteristic of the Fifi model (which constitutes a basic innovation in the 6th Plan methods) derives from
the theory of « competitioned economies » elaborated by the author. This theory is based upon an analysis of open economies
explicitely taking info account the impact of foreign competition on the prices of « exposed » sectors. The purpose of this paper is
an overview of the theory of « competitioned economies » with algebraic and graphical representations. Two models are
presented. A « one sector model » allowing the comparison between the equilibrium determinations in competitioned economy on
the one hand, and in keynesian economy on the other hand. A « two sectors model » in which the mechanisms of an economy
including both « exposed » and « sheltered » sectors are explained.
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Courbis Raymond. La théorie des « économies concurrencées », fondement du modèle FIFI. In: Revue économique. Volume
24, n°6, 1973. pp. 905-922.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1973_num_24_6_4081193o S
LA THEORIE
DES «ECONOMIES CONCURRENCEES»
FONDEMENT DU MODELE FIFI
\J ne innovation technique fondamentale des travaux de préparation
du VIe Plan a été l'élaboration en 1967-68 d'un modèle formalisé et
programmé sur ordinateur, le « modèle physico-financier », appelé par
abréviation le modèle Fifi 1. En soi, le recours à un modèle formalisé
de simulation constituait déjà une mutation des techniques de plani
fication par rapport à celles — manuelles et discrétionnaires — utilisées
pour le Ve Plan. Mais d'un point de vue économique, la caractéris
tique essentielle du modèle Fifi n'est pas là : c'est le fait qu'il cor
responde à une vision nouvelle du développement en économie ouverte.
Bien que se plaçant dans le cadre d'une économie ouverte de sous-
emploi (car la compétitivité de l'économie n'est pas suffisante pour
assurer automatiquement un haut niveau d'emploi), le modèle Fifi n'est
pas basé sur l'approche traditionnelle de la théorie keynésienne en
économie ouverte mais sur celle des économies « concurrencées » que
j'avais été amené à élaborer et à proposer en conclusion des travaux
d'analyse sectorielle des entreprises que j'avais effectués lors de la
préparation du Ve Plan 2.
1. Sur le modèle Fifi, voir : M. Aglietta et R. Courbis, « Un outil pour le Plan :
le modèle Fifi », Économie et Statistique, n° 1, mai 1969. — R. Courbis, « Le modèle
physico-financier de projection économique à moyen terme Fifi », Nations Unies, Commission
économique pour l'Europe, Séminaire de Varna, sept.-oct. 1970. — R. « Le modèle
Fifi de simulation à moyen terme », in Le modèle FIFI, tome I, Les Collections de l'INSEE,
série C, n° 22, juin 1973.
2. Sur ces travaux, voir R. Courbis, « Prévision des prix et étude sectorielle des entre
prises pendant la préparation du V° Plan », Études et Conjoncture, novembre 1968.
Au départ, l'objet de ces travaux (faits en 1963-66) était d'effectuer une prévision de
révolution des prix par grand groupe de produit au cours du Ve Plan (ceci dans le cad/re
de l'introduction d'une « programmation en valeur ») mais très vite j'en vins à aborder
l'analyse des problèmes de financement des entreprises. La projection effectuée dans le cadre
de l'établissement de comptes prospectifs des entreprises par secteur fit apparaître un problème 906 REVUE ECONOMIQUE
Une économie « concurrencée » 3 est caractérisée par l'existence
d'une très forte concurrence étrangère qui impose leurs prix aux
producteurs nationaux de certains secteurs d'activité, les secteurs « ex
posés ». Une contrainte de prix s'introduit ainsi pour ces sur
moyenne période et ceci vient modifier fondamentalement les méca
nismes de détermination de l'équilibre, d'où des choix différents de
politique économique.
De ce fait, une bonne compréhension des mécanismes et des résul
tats du modèle Fifi suppose celle de la théorie des économies concur
rencées sur laquelle est fondé ce modèle. Le but de cet article sera
de présenter dans ses grandes lignes cette théorie (pour une étude plus
approfondie, le lecteur se reportera aux ouvrages et articles indiqués
dans la bibliographie donnée in fine). J'en rappellerai tout d'abord
les hypothèses (§ 1), puis je présenterai deux modèles qui seront
volontairement très simplifiés 4 : tout d'abord un modèle à un secteur
(§ 2) qui permet de comprendre les différences de mécanismes qui
existent entre une économie keynésienne et une économie concurrencée
ainsi que l'incidence de l'offre en économie concurrencée ; puis un
modèle à deux secteurs (§ 3) qui permet de comprendre l'incidence
de la demande ainsi que celle de la dualité de structures d'une éco
nomie concurrencée. Enfin (§ 4), je rappellerai quels sont les grands
enseignements qu'on peut tirer de ces analyses pour la conduite de
la politique économique.
de compétitivité : les hypothèses d'évolution des prix qu'on pouvait déterminer en fonction
des coûts et des comportements financiers et compte tenu des hypothèses de production et
d'investissement du Plan ajiparurent pour certains secteurs impossibles car, dans une économie
ouverte sans entraves à l'échange international, on ne pouvait concevoir que les prix nationaux
divergent trop fortement de ceux de leurs concurrents étrangers plus compétitifs. Partant alors
de la donnée des prix étrangers pour de tels secteurs, la projection des comptes de secteurs
montra cette fois que, compte tenu des hypothèses physiques du Plan, ceci conduisait à des
structures financières fortement dégradées, donc impossibles ; d'où l'idée de remettre en
question les hypothèses de production du Plan (déterminées à partir de la demande par le
jeu du tableau d'échanges interindustriels) et de déterminer les investissements en fonction
des incessibilités (Je financement (et d'autofinancement en particulier) et la production en fonc
tion des possibilités d'investissement. C'est sur de telles bases (liaison prix étrangers — >■ prix
nationaux des secteurs « exposés » et liaison autofinancement — >■ investissement — >■ production)
que je fus amené alors à reformuler les analyses de détermination de l'équilibre en économie
ouverte et à élaborer progressivement de 1966 à 1970 ma théorie des économies « concur
rencées » dont je pus en 1968 intégrer les mécanismes au modèle Fine élaboré pour la pré
paration du VP Plan.
3. C'est en 1968 que j'ai proposé ce terme dans mon article d'août 1968 « Développement
économique et concurrence étrangère » (publié en janvier 1969 dans la Revu