Langage et pensée - article ; n°1 ; vol.14, pg 284-339
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Description

L'année psychologique - Année 1907 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 284-339
56 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1907
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Alfred Binet
Th. Simon
Langage et pensée
In: L'année psychologique. 1907 vol. 14. pp. 284-339.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Simon Th. Langage et pensée. In: L'année psychologique. 1907 vol. 14. pp. 284-339.
doi : 10.3406/psy.1907.3745
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1907_num_14_1_3745IX
LANGAGE ET PENSÉE
SOMMAIRE
I. Une nouvelle méthode psychogénique. — H. L'aphasie et la psy
chologie du langage. — III. Observation d'une imbécile. — Déter
mination scientifique de son niveau intellectuel. — IV. Analyse
de son langage. — V. Trois hypothèses sur l'absence de la parole
chez cette malade. — VI. Les conditions psychologiques de la
parole. Expériences et théorie. — VII. Comparaison entre
l'aphasie proprement dite et le mutisme de l'imbécile. — VIII. La
fonction du langage comme signe de l'intelligence humaine. —
IX. Evolution du langage. Observation d'un imbécile de cinquante
ans. — X. Les rapports entre la pensée et le langage.
I. — Une nouvelle méthode psychogénique.
Nous désirons attirer l'attention de nos lecteurs sur une
étude qui constitue, à notre avis, une nouvelle méthode de
psychologie ; cette méthode consiste à analyser la manifestation
des phénomènes intellectuels chez les individus arriérés, qu'on
désigne sous les noms d'idiots, d'imbéciles et de débiles. Peut-
être les imbéciles forment-ils les sujets les plus instructifs de
tout le groupe des déficients, et en tout cas c'est d'eux seul
ement qu'il sera question dans notre court article. Nous pensons
que la méthode que nous présentons est nouvelle, et nous espé
rons que nous arriverons à démontrer cette nouveauté. Notre
affirmation va paraître suspecte à ceux qui savent l'existence
d'une littérature énorme sur tous ces déficients de l'intelligence.
Mais les cliniciens qui se sont occupés de ces malades, et qui
ont même fait à leur propos une vague pédagogie, décorée du
titre pompeux de méthode médico-pédagogique, ne les ont pour
ainsi dire jamais examinés au point de vue des problèmes que
soulève leur état mental au regard de la psychologie moderne. ET SIMON. — LANGAGE ET PENSÉE 285 BINET
En fait, le chapitre des arriérés est un des plus arriérés de toute
la psychiatrie ' .
La méthode que nous allons décrire est une méthode psycho-
génique; caractérisons-la d'abord, en indiquant de quelles
branches d'étude elle se rapproche, et de quelles autres bran
ches elle s'éloigne.
Depuis trente ans, le domaine delà psychologie a été sillonné
en tous sens par les travaux les plus variés, de sorte qu'il est
devenu extrêmement difficile de présenter un tableau d'en
semble des recherches, qui ne soit pas trop incohérent. Il existe,
à l'heure actuelle, une psychologie objective qu'on oppose
volontiers à la psychologie subjective, termes vagues et presque
indéfinissables. De même, on oppose la psychologie expériment
ale à la psychologie pathologique, en méconnaissant par cette
distinction que l'observation des malades comporte souvent des
expérimentations tout aussi compliquées que pour le sujet sain,
l'élève de laboratoire. Dans cette branche pathologique, on
groupe ensemble la psychiatrie et l'hypnotisme, bien que, comme
valeur et comme procédés, ce soit tout différent. Quant à la
psychologie expérimentale, elle est presque universellement
confondue avec la psycho-physique, qui n'en est pourtant
qu'une partie, bien insignifiante; et cette confusion est d'au
tant plus regrettable qu'elle permet à ceux qui condamnent la
stérilité de la psycho-physique, de jeter du même coup l'ana-
thème sur toute la psychologie d'expérimentation, ce qui est
souverainement injuste. Et puis, il y a encore la psychologie
physiologique, dont le domaine est si mal délimité qu'elle se
confond à la fois avec la psychologie normale, avec la psycho
physique et même avec la pathologique. C'est le
chaos : et si les professionnels ne s'y retrouvent pas toujours,
comment supposer que les profanes puissent arriver à une idée
claire de cet ensemble ?
Nous ne chercherons pas à mettre ici un terme à ce chaos ;
ce serait bien trop long. Mais il suffira, pour bien déterminer
le domaine que nous allons parcourir, de diviser toute la
psychologie en trois régions, d'après la nature des phénomènes
dont elle s'occupe, et non les procédés d'investigation,
i. Nous espérons que cette appréciation ne sera pas considérée comme
une critique injuste de quelques bons travaux qui ont paru sur la psy
chologie des imbéciles. On connaît le livre du Dr Sollier, qui, pour l'épo
que où il a écrit, était excellent. Mais l'analyse psychologique a beau
coup progressé depuis cette époque, et nous sommes dans la nécessité
d'étudier bien des questions qu'on ne songeait même pas à poser. 286 MEMOIRES ORIGINAUX
lesquels sont communs aux trois domaines. Le premier groupe
représente les phénomènes qui ont atteint leur plein dévelop
pement, la période d'état; c'est, sous un autre nom, l'étude de
l'adulte normal. Le deuxième groupe correspond aux phéno
mènes qui sont en voie de dissolution totale ou partielle, ou
de déséquilibration, bref, qui correspondent en gros au concept
un peu vague de phénomènes pathologiques. Le troisième
groupe, le seul dont nous nous occuperons, est celui des phé
nomènes en voie d'évolution; dans ce groupe rentre d'abord
et surtout l'étude des enfants, qui représente la forme la plus
typique de l'évolution ; puis, avec des nuances diverses, on
rapprochera de l'enfant l'individu appartenant à une civilisa
tion inférieure, ce qu'on a appelé longtemps d'un mot naïf le
sauvage, puis l'animal, et enfln l'arriéré.
Pour être bref, ne retenons de cette enumeration que les
deux termes extrêmes, l'enfant et l'arriéré. On l'a dit depuis
longtemps, l'arriéré est comparable à un enfant qui a été
arrêté dans son développement. Nous avons dans nos asiles
des imbéciles de quarante ans, qui sont tout juste au niveau
intellectuel d'enfants normaux de cinq ans. Mais ces rappro
chements, bien entendu, ne sont vrais qu'en gros. Un imbécile
de quarante ans ne ressemble pas exactement a un jeune enfant
normal de cinq ans ; il lui ressemble un peu, suivant une heu
reuse comparaison de Kraepelin, à la manière d'une caricature ;
il lui ressemble autant qu'un infirme peut ressembler à un
sujet sain, autant qu'un être disgracieux et bizarre peut re
ssembler à ce qui est pétri de charme et de grâce. N'insistons
pas pour le moment sur toutes les différences, que l'on prévoit
nombreuses, et qui sont du reste mal connues ; il en est une de
ces différences, qui nous intéresse plus que les autres, c'est la
suivante, car elle légitime la méthode psychogénétique de
l'arriéré.
Un enfant normal de cinq ans est continuellement en train
d'évoluer; il ne reste pas pour ainsi dire pendant une seule
minute au même niveau intellectuel, il parcourt une courbe
ascendante. Au contraire, l'imbécile adulte de quarante ans a
terminé son développement ; il sera demain, ou dans deux ans,
ce qu'il est aujourd'hui, ce qu'il était hier, ce qu'il était il y
a deux ans, il y a dix ans peut-être. Il ne suit pas une ligne
ascendante, il piétine sur un palier. Et la conséquence, c'est
qu'on peut mieux connaître les qualités et les ressources de
son niveau intellectuel que s'il s'agissait d'un enfant; on peut ET SIMON. — LANGAGE ET PENSÉE 287 BINET
savoir, par exemple, toutes les acquisitions que son niveau intel
lectuel comporte ; on peut savoir si son degré d'intelligence le
rend capable d'apprendre à lire, à compter, à enregistrer telles
ou telles connaissances pratiques. Au contraire, on ignore
toutes ces choses pour un enfant de cinq ans, parce qu'il n'a
pas encore eu le temps de les apprendre, et que lorsqu'il les
apprendra, il n'aura plus cinq ans, il aura déjà monté à un
niveau supérieur. Voilà, à notre avis, le grand avantage de la
méthode psychog&

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