Le chômage apparent et la structure du marché du travail en Égypte - article ; n°121 ; vol.31, pg 91-118
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Description

Tiers-Monde - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 121 - Pages 91-118
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Leïla El Khawaga
Le chômage apparent et la structure du marché du travail en
Égypte
In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°121. pp. 91-118.
Citer ce document / Cite this document :
El Khawaga Leïla. Le chômage apparent et la structure du marché du travail en Égypte. In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°121.
pp. 91-118.
doi : 10.3406/tiers.1990.3897
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1990_num_31_121_3897LE CHOMAGE APPARENT
ET LA STRUCTURE DU MARCHÉ
DU TRAVAIL EN EGYPTE
par Leïla El Khawaga*
Nous nous proposons d'analyser dans cette étude le phénomène du chô
mage apparent, dont l'acuité s'est aggravée ces dernières années, en Egypte
en examinant la relation de ce phénomène à la structure du marché local.
Nous tenterons tout d'abord de déterminer l'ampleur de ce phénomène et
d'appréhender sa nature afin de cerner les causes de son apparition et de son
aggravation. Cette problématique, d'apparence simple, se heurte en pra
tique à une difficulté fondamentale : l'appréhension d'un fait aussi
complexe, aussi imbriqué que celui du chômage exige la définition d'un cadre
théorique précis permettant l'identification rigoureuse de ses différentes
caractéristiques. Or la pensée économique, tant classique que contempor
aine, ne s'est pas intéressée au problème du chômage dans les économies en
voie de développement. Le chômage apparent, jusqu'à une période récente,
n'était étudié que dans les sociétés industrielles capitalistes, les problèmes
des économies en voie de développement n'étant pas censés, en la matière,
dépasser ceux du chômage déguisé et/ou saisonnier.
Face à une telle lacune, le chercheur ne peut qu'avoir recours à l'acquis
théorique relatif à l'étude de la relation entre le phénomène du chômage et
la structure du marché du travail. Il prendra néanmoins en compte les
différences entre le contexte économique des pays où cet acquis théorique
s'est construit et celui d'un pays en voie de développement comme l'Egypte.
Cet acquis théorique se constitue essentiellement de l'approche tradition
nelle du marché du travail et des modifications récentes qui ont été élaborées
afin de rendre les hypothèses liées à la structure de celui-ci plus réalistes. Par
approche traditionnelle, nous entendons toutes les théories qui postulent
l'existence d'un marché compétitif du travail (celui-ci étant considéré comme
* Faculté d'économie et de science politique, Université du Caire.
Revue Tiers Monde, t. XXXI, n° 121, Janvier-Mars 1990 92 LEÏLA EL KHAWAGA
une marchandise comme les autres) où la confrontation des courbes de
l'offre et de la demande détermine un taux de salaire et un niveau d'emploi
d'équilibre.
Quant aux modifications de ce modèle traditionnel du marché du travail,
elles sont nombreuses et diverses. Dans notre analyse du cas égyptien, nous
aurons recours à des concepts empruntés à trois ensembles théoriques qui
semblent pertinents pour notre propos, à savoir le concept de « recherche
d'emploi », le concept de « déséquilibre » ou ď « équilibre à prix fixe » et
enfin celui de la « segmentation du marché du travail »x.
La présente étude comprendra deux parties principales :
— La première sera consacrée à l'examen des spécificités du marché
du travail en Egypte et de l'évolution des mécanismes d'ajustement de ce
marché au cours des deux dernières décennies.
— La seconde sera consacrée à l'étude de la genèse et aux différents
aspects du chômage apparent dans la société égyptienne.
Nous nous interrogerons, en conclusion, sur l'avenir de ce phénomène et
sur la possibilité de sa résorption.
A. — SPÉCIFICITÉ DU MARCHÉ DU TRAVAIL ÉGYPTIEN
ET DE SES MÉCANISMES D'AJUSTEMENT
Le problème de l'emploi en Egypte, durant les deux dernières décennies,
peut être schématisé en disant que le secteur de l'agriculture, qui était le
principal utilisateur de force de travail, a vu sa part dans la structure de
l'emploi décliner régulièrement : il employait en 1960 environ 58% de la
population active, 47,6 % en 1976 et seulement 33,6 % en 1983-19842.
Le secteur agricole est donc devenu un secteur répulsif pour la force de
travail, avec pour conséquence des flux de migration interne vers les centres
urbains et — depuis le milieu des années 1970 — des courants de migration
externe vers les pays arabes pétroliers. Une part des migrants ruraux est donc
venue s'ajouter à la croissance naturelle des effectifs de la force de travail
urbain, exerçant ainsi une pression additionnelle sur le marché du
en gonflant le nombre des demandeurs d'emplois dans le secteur moderne.
Or la capacité de création d'emplois de ce dernier a toujours été infé
rieure au niveau permettant une absorption productive du nombre, tou-
1. Voir M. Godfrey, Global unemployment : the new challenge to economic theory, Wheat-
sheaf Books, UK, 1986.
2. S. Soliman et al., Le droit du travail dans l'économie égyptienne, Le Caire, cnrsc,
août 1987, p. 218 (en arabe). CHÔMAGE APPARENT ET MARCHÉ DU TRAVAIL EN EGYPTE 93
jours croissant, des nouveaux arrivants sur le marché du travail. De surcroît,
un grand nombre d'individus à la recherche d'un emploi n'ont pas les
qualifications requises pour travailler dans ce secteur moderne.
Quoi qu'il en soit, le taux de chômage est resté assez faible, puisqu'il
s'est maintenu, jusqu'au milieu des années 1970, à environ 2,5 % de la force
de travail globale, selon une enquête par échantillon effectuée en 19753, ce
qui atteste qu'une sorte d'équilibre a été, d'une façon ou d'une autre, réalisée
entre la force de travail disponible et celle qui a effectivement trouvé à
s'employer.
L'analyse de la réalité économique égyptienne suggère que quatre sec
teurs en particulier ont contribué à rendre possible cet équilibre entre l'offre
et la demande de travail, en accueillant un nombre toujours croissant de
nouveaux arrivants sur le marché de l'emploi. Ces secteurs ď ajustement sont :
— le secteur public;
— l'administration gouvernementale;
— le secteur externe — l'émigration vers les pays arabes pétroliers;
— le informel.
Ces secteurs d'ajustement ont en commun un certain nombre de carac
téristiques qui leur confèrent leur spécificité4 :
1 / Le principal trait commun de ces secteurs est que le niveau d'emploi
qu'ils réalisent n'est pas déterminé par l'interaction des courbes de l'offre
et de la demande de travail, mais que le niveau de l'emploi y obéit à d'autres
mécanismes que nous allons décrire brièvement.
— Dans la logique de la mise en œuvre de deux programmes de garantie
de l'emploi mis en œuvre, en faveur des diplômés de l'enseignement univers
itaire et technique supérieur, d'une part, à partir de 1962, puis des anciens
combattants démobilisés, après 1975, de l'autre, le niveau de l'emploi dans
le secteur public et l'administration gouvernementale n'est plus déterminé
en fonction de leurs besoins réels mais par le volume de Y output annuel du
système éducatif. C'est donc l'importance numérique de ces couches
(diplômés + anciens militaires) qui détermine le niveau de l'emploi dans ces
deux secteurs, avec toutefois l'existence d'un décalage dans le temps entre
3. Selon les données du Recensement de la population de 1976, le taux de chômage a
atteint 7,7 % de l'ensemble de la force de travail. Compte tenu des diverses critiques concernant
les méthodes de calcul de ce taux, nous préférons utiliser les données des enquêtes de la force
de travail par échantillon du capmas qui apparaissent plus fiables. Sur ce point, voir B. Hansen
et S. Rad wan, Employment opportunities and equity in Egypt, Geneve, ilo, 1982, p. 38-43.
4. Leila El Khawaga, La détermination du niveau de Г emploi dans une économie en déve
loppement : le cas égyptien, Thèse de doctorat d'Etat, Université de Paris II, Paris, juin 1984,

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