Le chômage et ses inégalités spatiales en Bretagne au recensement de 1982 - article ; n°1 ; vol.128, pg 663-676

J.-P. Larivière

Description

Norois - Année 1985 - Volume 128 - Numéro 1 - Pages 663-676
The population census give a clear evaluation of the unemployment in small- sized areas. From the census of 1982, the unemployment rates of each city and each rural county of Brittany can be calculated, relating the number of unemployed to the number of wage-earners plus unemployed workers. These statistics reveal large spatial inequalities regrouping in rather homogeneous areas which this article presents.
Le recensement de la population donne une évaluation convenable du chômage pour des zones de petite taille. A partir du recensement de 1982 on peut ainsi calculer les taux de chômage de chacune des villes et de chacun des cantons ruraux de Bretagne en rapportant le nombre des chômeurs à l'effectif total des salariés et des chômeurs. Cela révèle de fortes inégalités spatiales avec un regroupement par zones relativement homogènes.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: NOROIS
• Publié le: 01 janvier 1985
• Nombre de lectures: 30
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Jean-Pierre Lariviere
Le chômage et ses inégalités spatiales en Bretagne au
recensement de 1982
In: Norois. N°128, 1985. pp. 663-676.
Abstract
The population census give a clear evaluation of the unemployment in small- sized areas. From the census of 1982, the
unemployment rates of each city and each rural county of Brittany can be calculated, relating the number of unemployed to the
number of wage-earners plus unemployed workers. These statistics reveal large spatial inequalities regrouping in rather
homogeneous areas which this article presents.
Résumé
Le recensement de la population donne une évaluation convenable du chômage pour des zones de petite taille. A partir du
recensement de 1982 on peut ainsi calculer les taux de chômage de chacune des villes et de chacun des cantons ruraux de
Bretagne en rapportant le nombre des chômeurs à l'effectif total des salariés et des chômeurs. Cela révèle de fortes inégalités
spatiales avec un regroupement par zones relativement homogènes.
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Lariviere Jean-Pierre. Le chômage et ses inégalités spatiales en Bretagne au recensement de 1982 . In: Norois. N°128, 1985.
pp. 663-676.
doi : 10.3406/noroi.1985.4282
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1985_num_128_1_4282Poitiers, 1985, t. 32, n° 128, p. 663-676. Norois,
Le chômage et ses inégalités spatiales
en Bretagne au recensement de 1982
par Jean-Pierre LARIVIÊRE
Université de Haute- Bretagne
UER Géographie et aménagement de l'espace.
6, avenue Gaston Berger 35043 Rennes Cedex.
RESUME
Le recensement de la population donne une évaluation convenable du chômage
pour des zones de petite taille. A partir du recensement de 1982 on peut ainsi
calculer les taux de chômage de chacune des villes et de chacun des cantons ruraux
de Bretagne en rapportant le nombre des chômeurs à l'effectif total des salariés et
des chômeurs. Cela révèle de fortes inégalités spatiales avec un regroupement par
zones relativement homogènes.
ABSTRACT
The population census give a clear evaluation of the unemployment in small-
sized areas. From the census of 1982, the unemployment rates of each city and
each rural county of Brittany can be calculated, relating the number of unemployed
to the number of wage-earners plus unemployed workers. These statistics reveal
large spatial inequalities regrouping in rather homogeneous areas which this
article presents.
Avec son augmentation massive depuis 1974, le chômage est actuellement
une composante de tout système régional qu'il est impossible de négliger.
En Bretagne le nombre des chômeurs au sens du recensement passe ainsi
de 14 836 personnes en 1968 à 36 554 en 1975 et surtout à 94 731 personnes
au recensement de 1982. Depuis cette dernière date la hausse continue à se
poursuivre plus rapidement que pour la France entière : en décembre 1984
FA.N.P.E. enregistre 135 309 Demandes d'Emploi en Fin de Mois (D.E.F.M.),
cet indicateur donnant une bonne approche du nombre réel de chômeurs.
Dans l'ensemble des régions françaises la Bretagne se range un peu en
deçà des régions les plus gravement affectées mais avec un taux de chômage
nettement supérieur à la moyenne nationale. D'après une estimation de
l'I.N.S.E.E. (Fig. 1), comptabilisant les chômeurs avec une définition la
plus proche possible de celle du Bureau International du Travail (B.I.T.),
les chômeurs représentaient 8,4 % des actifs totaux bretons à la fin du
1er trimestre 1982 (France 8,1 %) et 11,1 % à la fin du 4e trimestre 1984
Mots-clés : Chômage. Taux de chômage. Disparités spatiales. Bretagne.
Key words : Unemployment. Rates of unemployment. Spatial disparities. Brittany. 664 JEAN-PIERRE LARIVIERE
Taux de chômage
11.8 . 14.1 %
10,8 _ 1 1,7 %
8.9 _ 10.7 %
8.1 . 8.8 %
augmentation duTxde
chômage supérieure à la
moyenne nationale entre
1982 et 1984
Fig. 1. — Taux de chômage (chômeurs /actifs totaux) des régions françaises à la fin
du 4e trimestre 1984. Estimation I.N.S.E.E. se rapprochant le plus possible de la
définition du chômage du B.I.T.
(France 10,3 % ; valeurs extrêmes : Ile-de-France 8,1 % - Languedoc-
Roussillon 14,1 %). De plus pour apprécier le niveau et la forte progression
du chômage en Bretagne on tiendra compte du fait que la région continue
à enregistrer entre 1975 et 1982, et même s'il est réduit par rapport au
passé, un solde migratoire négatif chez les jeunes de 16 à 25 ans. Cette
émigration ne peut manquer d'alléger la demande d'emploi particulièrement
importante à ces âges. Ainsi un bilan de l'évolution de la population active
bretonne de 1975 à 1982 établi par l'I.N.S.E.E. démontre que, sans cet exode
de jeunes, la croissance du chômage dans la région aurait été très supé
rieure (de l'ordre de 30 à 40 %) à ce qu'elle a été réellement. LE CHOMAGE EN BRETAGNE AU RECENSEMENT DE 1982 665
En même temps qu'il augmente fortement, le chômage se généralise
dans l'espace breton. C'est ce que montre la carte des effectifs absolus de
chômeurs au recensement de 1982 (Fig. 2). Certes les unités urbaines
rassemblent la majorité des chômeurs avec 61,6 % de l'effectif total, mais
les 168 cantons ruraux comptent chacun au moins une cinquantaine de
chômeurs.
Or le chômage est un phénomène fortement inégalitaire et l'on connaît
bien maintenant le lourd handicap général des jeunes ou des femmes, voire
des travailleurs âgés de plus en plus victimes d'un « chômage d'exclusion »
(en février 1982 56,5 % des demandeurs d'emploi bretons de 50 ans et plus
étaient inscrits à l'A.N.P.E. depuis plus d'un an au lieu de 12,6 % des
moins de 25 ans). On doit aussi remarquer que le chômage en Bretagne,
plus élevé que la moyenne nationale, comporte aussi par rapport à cette
même moyenne plus de jeunes (en 1982 44,2 % des chômeurs bretons ont
entre 15 et 24 ans au lieu de 41,1 % en France) et plus de femmes (56,5 %
des chômeurs en Bretagne, 54,6 % pour la France).
Tableau 1. — Le chômage, phénomène inégalitaire entre les âges et les sexes.
Bretagne recensement de 1982, sondage au 1/4.
Taux de chômage en % (chômeurs/salariés + chômeurs)
15 - 24 ans 25 -49 ans 50 ans et plus Tous âges
Hommes 18,1 5,6 7,2 8,1
Femmes 30,9 10,5 10,6 15,1
Deux sexes 24,2 7,6 8,6 11,1
Mais il paraît fort pertinent de s'intéresser aussi aux disparités spatiales
qui atteignent une ampleur considérable : comme on le verra, dans la
Bretagne de 1982 les taux de chômage variaient dans un rapport de 1 à
5 entre les diverses circonscriptions. Cet aspect spatial est souvent négligé
faute de données statistiques fiables et, par exemple, ce n'est que tout
récemment que l'I.N.S.E.E. a mis au point une méthodologie pour évaluer
le plus strictement possible le chômage au niveau régional ou départe
mental. Malgré des incertitudes, le recensement de 1982 peut permettre de
saisir ces inégalités spatiales à un niveau géographique encore plus fin.
On voudrait présenter ici les premiers résultats d'une recherche en cours
sur ce thème, en s'en tenant pour l'instant à la seule description des dispar
ités intra-régionales.
I — LE CHOMAGE AU RECENSEMENT DE LA POPULATION
DE 1982.
On sait que la mesure statistique du chômage est l'objet de multiples
controverses, le fond de la question tenant au fait que de plus en plus on
voit se multiplier les chevauchements ou les interdépendances entre
emploi, chômage et inactivité et que d'autre part le chômage n'est pas un 666 JEAN-PIERRE LARIVIÈRE
simple écart résiduel entre le nombre d'emplois disponibles et le nombre
d'emplois recherchés, contrairement à ce qu'affirment certaines expli
cations mécanistes. Ce dernier point explique par exemple l'apparente
contradiction en Bretagne entre l'importante augmentation de l'emploi
salarié entre 1975 et 1982 (Bretagne + 13,9 % - France entière + 4 °/o) et
la multiplication par 2,6 (en France par 2,5) du nombre des chômeurs
durant cette période. Dans l'impossibilité d'arriver à une statistique parfaite
du chômage, sa mesure au recensement de 1982 paraît fort admissible.
Pour la France entière on a d'ailleurs montré qu'il y avait une bonne
cohérence global