Le clientélisme de parti - article ; n°1 ; vol.9, pg 136-148
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Description

Pôle Sud - Année 1998 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 136-148
Cette contribution propose un bilan conceptuel autour de la notion de clientélisme. L 'auteur insiste sur la dimension essentiellement politique de ce phénomène. Partant de là le clientélisme se différencie d'autres formes allégeance sociale telles que la corruption et le népotisme. De même, l'auteur montre que le clientélisme traditionnel fondé sur un rapport de domination verticale (patronage et paternalisme) est remplacé aujourd'hui par le clientélisme départi où les relations de pouvoir sont horizontales.
This text sets out to summarise debates around the concept of cientelism. Concentrating essantially upon the political dimension of this phenomenon!, it s suggested that the clientelism differs forms other forms of social allegiance such as corruption or nepotism. In addition, the article shows that traditional forms of clientelism founded upon relations of vertical domination (patronage and paternalism) have today been replaced by a party-based clientelism where power relationships are horizontal.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mr José Cazorla Perez
Le clientélisme de parti
In: Pôle Sud, N°9 - 1998. pp. 136-148.
Résumé
Cette contribution propose un bilan conceptuel autour de la notion de clientélisme. L 'auteur insiste sur la dimension
essentiellement politique de ce phénomène. Partant de là le clientélisme se différencie d'autres formes allégeance sociale telles
que la corruption et le népotisme. De même, l'auteur montre que le clientélisme traditionnel fondé sur un rapport de domination
verticale (patronage et paternalisme) est remplacé aujourd'hui par le clientélisme départi où les relations de pouvoir sont
horizontales.
Abstract
This text sets out to summarise debates around the concept of cientelism. Concentrating essantially upon the political dimension
of this phenomenon!, it s suggested that the clientelism differs forms other forms of social allegiance such as corruption or
nepotism. In addition, the article shows that traditional forms of clientelism founded upon relations of vertical domination
(patronage and paternalism) have today been replaced by a party-based clientelism where power relationships are horizontal.
Citer ce document / Cite this document :
Cazorla Perez José. Le clientélisme de parti. In: Pôle Sud, N°9 - 1998. pp. 136-148.
doi : 10.3406/pole.1998.1018
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pole_1262-1676_1998_num_9_1_1018clientélisme de parti l Le
par José Cazorla Perez
Université de Grenade
Pèle Sud №9- novembre 1998 -p. 136 à 148
moderne. Le "patron" jouissait d'un presLe problème conceptuel
tige personnel, de par son statut social vert
Depuis au moins trente ans, la doctrine ical, à savoir celui de notable (au sens où
internationale et les médias portent un les historiens l'entendent), alors que le
intérêt croissant au "clientélisme de parti". nouveau clientélisme concerne des organi
Cependant, en Espagne, les chercheurs ne sations, de sorte que la relation qui s'établit
se sont penchés que très récemment sur ce peut être aussi horizontale. De même, tan
phénomène, et ce en raison de considéra dis que le patronage (et de là le "parrai
tions d'ordre académique et de l'évolution nage") était clairement de nature affective,
récente du système politique espagnol. En particulariste et diffuse (au sens parsonien
réalité, tout comme d'autres phénomènes du terme), de sorte qu'il était naturel que le
de la vie quotidienne de notre société, cette client témoigne de sa gratitude face à la
question a acquis un caractère national, bienveillance du patron, dans le clienté
surtout depuis la deuxième moitié des lisme actuel ce sont les "bénéfices
années 80, avec la médiatisation de situa tangibles" qui importent; les sentiments,
tions qui correspondraient a priori au émotions et liens personnels-familiaux sont
concept de clientélisme politique en tant donc relégués au second plan, voire
que tel. On doit distinguer analytiquement absents. Certes, les modèles traditionnels
ce phénomène d'autres problèmes auxquels décrits précédemment ne disparaissent pas
il s'apparente (nous ne ferons que les évo pour autant, mais ils revêtent un caractère
quer). En science politique, hormis de pré très différent. De fait, si la relation de
cieuses contributions d'historiens et dépendance subsiste, elle n'entraîne plus
d'anthropologues sur le clientélisme tradi forcément une infériorité sociale, comme
tionnel, ce n'est qu'à la fin des années 80 nous le verrons plus loin.
que voient le jour des travaux sur le clienté Un cas curieux, tout au moins comparé
lisme moderne de partis en Espagne, accu au monde actuel, est celui du prestige du
sant ainsi un certain retard par rapport aux "patron traditionnel", qui, dans la culture
événements relatés par les médias dès le catholique avait le pouvoir de transcender ce
début de cette décennie2. qui se passait dans le bas monde. Ainsi,
Bien que nous ayons déjà traité le clien l'intermédiaire, le saint, acquérait grâce aux
télisme traditionnel à d'autres occasions, il miracles qui lui étaient attribués un prestige
ne nous semble pas superflu d'évoquer de fiabilité et d'efficacité. Or, c'est précis
brièvement l'une de ses modalités qu'est le ément ce prestige qui conduisait les fidèles à
patronage afin de le distinguer de sa forme ériger ce saint en protecteur et à le vénérer,
136 Le clientélisme départi
devenant de la sorte "saint patron". La re famille, que lorsque règne la méfiance à
ssemblance physique entre certaines repré l'égard des institutions et quand l'on prête
crédit aux "influences" et aux "recommandatisentations picturales, sculpturales et autres
effigies des notables florentins du XVe et XVIe ons", il est aisé de manipuler les clientèles.
siècles (et même des mausolées) et celles des Dans ce contexte particulier, la culture politique
autels dédiés aux saints patrons importants générale encourage ce phénomène. La lenteur, les
illustre l'appropriation clientélaire par les innombrables et déroutants méandres des admin
nobles, de lieux de culte qui, en principe, istrations ne pouvaient qu'y contribuer. Par
devaient être ouverts à tous les fidèles, sans contre, il était très facile de s'adresser au nom
de "l'amitié" et de la "confiance" à un patron distinction de classe (Vidal, 1993) 3.
Plus près de nous, lorsque la relation s'éta ou à un parrain, qui résolvait rapidement et
blit hors des sphères habituelles du client, sûrement le problème. Pour cette époque où
lorsque les méandres de la bureaucratie l'éloi- domine une forme traditionnelle du clienté
gnaient de son but, le rôle des intermédiaires lisme, il serait hasardeux, comme l'a montré
(avocats, hommes politiques, conseillers et Pizzorno en s'opposant à la thèse de
autres professionnels) se trouvait rehaussé. Banfield, de censurer froidement ce type de
relations dientélaires. Par exemple, l'accès à un service de santé,
Il convient à ce stade de notre développecomme l'hôpital public, s'effectuait grâce à
un patron - généralement un médecin — qui ment de souligner la distinction entre patro
facilitait l'admission du patient peu argenté. nage et paternalisme. En effet, ces deux
Celui-ci ne pouvait payer que symbolique termes sont souvent utilisés comme syno
ment le service rendu. Mais avec le temps, les nymes alors qu'ils renvoient à des réalités
libéralités de ce patron ainsi que son savoir- socio-politiques différentes. Pour Abercom-
faire professionnel étaient vantés dans des bie et Hill (1976) le paternalisme "est fonda
cercles de plus en plus larges de la population mentalement une institution économique,
modeste. Le patron ne manquait pas de voir liée au mode d'organisation d'une unité pro
grossir sa clientèle professionnelle. Du point ductive et aux relations que en découlent
de vue éthique, il n'y a rien à objecter à cette entre les subordonnés et les propriétaires des
variété de clientélisme, très répandue, moyens de production ou leurs agents". Le
d'ailleurs4. C'est pourquoi nous cherchons à patronage se différencie de cette forme d'all
la séparer conceptuellement de variétés parti- égeance dans la mesure où il ne concerne
cularières dans lesquelles les intérêts de tiers guère le mode de production et ne présente
se trouvent souvent lésés. pas les mêmes caractéristiques dans
Comme l'indique Gellner (1977) le patro l'échange. Il s'agit plutôt "d'un échange de
nage est endémique là où les relations s'ét faveurs, certains pouvant avoir valeur pécun
iaire" ablissent dans un contexte traditionnel et (Newby, 1993 5).
arriéré; et il poursuit : "La politique favorise Dans ce contexte, notamment par rapport
le patronage, alors que l'économie ne s'y au caciquisme, les avantages de la relation
clientélaire sont immédiats et correspondent prête que si elle se politise". En d'autres
termes, lorsque l'on trouve une configuration à la mentalité individualiste des clients. La
de faible développement des réseaux voisin- complicité de ceux-c

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