Le concept de grappes technologiques. Un cadre formel. - article ; n°5 ; vol.46, pg 1263-1295

Jean-Benoît Zimmermann

Description

Revue économique - Année 1995 - Volume 46 - Numéro 5 - Pages 1263-1295
Dans cet article, nous posons les bases d'une approche formalisée de la théo­rie des grappes technologiques. Le but en est de disposer d'un modèle, d'un lan­gage spécifique dans lequel cadrer les différentes questions relevant de l'analyse des relations entre la technologie d'une part, l'organisation et les stratégies indus­trielles d'autre part. Dans ce sens, il s'agit de beaucoup plus que d'un concept de stratégie d'entreprise. Partant de la nature combinatoire des activités industrielles, la technologie est considérée ici comme clef de lecture d'une analyse morphologi­que de ces activités.
In this paper we set up the basis of a formalised approach to technology bunching theory. The objective is to provide a model, a specific language, as a framework in which to ana­lyse the interrelationship between technology and industrial organisation and strategies. In that sense, the technology bunching concept embraces a far wider scope than firms' strategies. By recognizing the combinatorial nature of industrial activity it treats techno­logy as a key for a morphological analysis of industrial organisation.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 40
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Benoît
Zimmermann
Le concept de grappes technologiques. Un cadre formel.
In: Revue économique. Volume 46, n°5, 1995. pp. 1263-1295.
Résumé
Dans cet article, nous posons les bases d'une approche formalisée de la théo-rie des grappes technologiques. Le but en est de
disposer d'un modèle, d'un lan-gage spécifique dans lequel cadrer les différentes questions relevant de l'analyse des relations
entre la technologie d'une part, l'organisation et les stratégies indus-trielles d'autre part. Dans ce sens, il s'agit de beaucoup plus
que d'un concept de stratégie d'entreprise. Partant de la nature combinatoire des activités industrielles, la technologie est
considérée ici comme clef de lecture d'une analyse morphologi-que de ces activités.
Abstract
In this paper we set up the basis of a formalised approach to technology bunching theory. The objective is to provide a model, a
specific language, as a framework in which to ana-lyse the interrelationship between technology and industrial organisation and
strategies. In that sense, the technology bunching concept embraces a far wider scope than firms' strategies. By recognizing the
combinatorial nature of industrial activity it treats techno-logy as a key for a morphological analysis of industrial organisation.
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Zimmermann Jean-Benoît. Le concept de grappes technologiques. Un cadre formel. In: Revue économique. Volume 46, n°5,
1995. pp. 1263-1295.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1995_num_46_5_409733Le concept de grappes technologiques
Un cadre formel
Jean-Benoît Zimmermann
Dans cet article, nous posons les bases d'une approche formalisée de la théor
ie des grappes technologiques. Le but en est de disposer d'un modèle, d'un la
ngage spécifique dans lequel cadrer les différentes questions relevant de l'analyse
des relations entre la technologie d'une part, l'organisation et les stratégies indust
rielles d'autre part. Dans ce sens, il s'agit de beaucoup plus que d'un concept de
stratégie d'entreprise. Partant de la nature combinatoire des activités industrielles,
la technologie est considérée ici comme clef de lecture d'une analyse morphologi
que de ces activités.
Classification JEL : L21, L22, 032, 033
Les travaux à l'origine du concept de grappes technologiques ont été menés
dans la première moitié des années quatre- vingt, dans le cadre d'un groupe ad
hoc, le GEST, *et avec le soutien du Centre de prospective et d'évaluation du
ministère de la Recherche et de la Technologie. Ils visaient à tester, dans une
série de domaines technologiques, une hypothèse de départ issue de l'observa
tion d'un relatif déclin des stratégies conglomérats, auprès d'un nombre crois
sant de groupes industriels, au profit de nouvelles formes d'action et
d'organisation fondées sur une logique technologique. Ces travaux, présentés
publiquement lors d'un colloque en juin 1985, ont donné lieu à la publication
d'un ouvrage de référence l'année suivante (GEST [1986]).
* GREQAM, Centre de la Vieille Charité, 2, rue de la Charité, 13002 Marseille.
1. Le GEST, Groupe d'étude des stratégies technologiques, était formé, par ordre
alphabétique, de Barthélémy Alcantara (LAREA), Michel Delapierre (LAREA-
CEREM), Marc Giget (Euroconsult), Pierre Grou et Jean-François Lemettre Kira Sipek (CNRS) et Jean-Benoît Zimmermann.
Je tiens à présenter ici mes remerciements à tous les membres du GEST, à l'origine
des travaux concernant le concept de grappes technologiques, ainsi qu'à toutes celles et
ceux avec lesquels j'ai pu avoir des discussions enrichissantes sur ce sujet, en particulier
Louis-André Gérard- Varet, directeur du GREQE et Jacques Morin, directeur fondateur
d'Eurostart. Mes remerciements vont également aux deux referee anonymes qui ont bien
voulu me faire part de précieux conseils.
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Revue économique — vol. 46, n° 5, septembre 1995, p. 1263-1295. Revue économique
Le but de cet article est de proposer un cadre formel précis dans lequel puisse
prendre place l'ensemble des travaux et analyses développés autour et à partir
du concept de grappes technologiques. Aussi ne rappellera-t-on ici que briève
ment les origines de cette approche, renvoyant le lecteur, à travers les références
bibliographiques en fin d'article, aux travaux fondateurs, aux développements
les plus connus et aux analyses critiques les plus constructives. On n'insistera
pas non plus sur les fondements épistémologiques qui sous-tendent la démarc
he, lesquels feront l'objet d'une autre publication.
Il convient néanmoins, avant toute chose, de préciser le statut épistémologi-
que que nous entendons assigner à la théorie des grappes technologiques, vis-à-
vis de l'analyse économique en général, vis-à-vis de l'économie industrielle en
particulier. Il importe, en outre, de dissiper une ambiguïté née de la genèse des
travaux et qui s'est établie, à tort, sur l'idée qu'il ne s'agirait là que d'un concept
de stratégie d'entreprise, bien particulier, et concernant exclusivement les très
grands groupes industriels.
Certes, les travaux de référence sont bien partis de l'observation du compor
tement de certaines firmes qui, dès le début des années soixante-dix, mettaient
en place des stratégies de croissance sur la base d'une diversification, à logique
technologique, de leurs domaines d'activité et, par voie de conséquence, de
leurs marchés d'intervention. Précisément, ces firmes que l'on a désignées
comme menant des stratégies de grappes technologiques. Ainsi a-t-on pu définir
une stratégie de grappes technologiques comme correspondant à la recherche
d'une valorisation multiple d'un potentiel technologique d'entreprise, organisé
et géré autour d'une ou plusieurs technologies génériques, qui fournissent des
axes de structuration.
Ces entreprises font doctrine de l'idée que la technologie est valorisable en
soi et, qu'à ce titre, elle constitue une ressource. Et c'est précisément pour cette
raison que ces entreprises sont sans doute celles qui sont le plus visiblement en
phase avec les transformations profondes que connaît actuellement le système
productif. C'est partant de l'observation de tels comportements que s'est const
ruit et que s'est nourri, à l'origine, le concept de grappes technologiques.
La démarche qu'ambitionne la théorie des grappes technologiques vise alors
à dépasser le seul cadre d'analyse de stratégies d'entreprises spécifiées pour
englober celui de la « trame » technologique et industrielle sur fond de laquelle
s'élaborent des stratégies, qu'elles soient ou non « stratégies de grappes ». Il
s'agit en ce sens à la fois d'un instrument d'analyse des turbulences en cours au
sein des systèmes techno-industriels, et des stratégies mises en œuvre par les
agents pour répondre à / agir sur ces transformations.
Il s'agit cependant de beaucoup plus ici. Ce qui est visé est la construction
d'une approche de nature méso-analytique, apte à rendre compte, dans un cadre
conceptuel unique,
— de la manière dont la « dimension technologique » intervient dans l'organi
sation industrielle et, de manière corrolaire, dans les stratégies des firmes ;
- et, réciproquement, comment les choix stratégiques, notamment au travers
de la technologie, structurent l'organisation industrielle.
L'introduction du concept de filière s'est inscrite dans une préoccupation
assez similaire, d'une nature méso-économique avérée, mais limitée à la rigidité
d'une configuration particulière identifiée à travers les relations inter-industriel-
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les et technologiques à un moment donné de l'observation1. Si la filière permet
dès lors de se dégager d'un cadre intersectoriel étroit, sa nature « photogra
phique » en restreint toutefois la portée à une analyse par trop morphostatique
des comportements et des structures. L'ambition que nous poursuivons ici est,
en quelque sorte, d'en élargir la démarche à un cadre général non contingenté
qui permette de retrouver le facteur dynamique indispensable à l'analyse straté
gique