Le conte dit populaire : problèmes et méthodes - article ; n°3 ; vol.9, pg 221-236
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Description

Revue des études slaves - Année 1929 - Volume 9 - Numéro 3 - Pages 221-236
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Serge d'Oldenbourg
Le conte dit populaire : problèmes et méthodes
In: Revue des études slaves, Tome 9, fascicule 3-4, 1929. pp. 221-236.
Citer ce document / Cite this document :
d'Oldenbourg Serge. Le conte dit populaire : problèmes et méthodes. In: Revue des études slaves, Tome 9, fascicule 3-4, 1929.
pp. 221-236.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1929_num_9_3_7443LE CONTE DIT POPULAIRE :
PROBLÈMES ET MÉTHODES,
PAR
SERGE D'OLDEMJOURG.
«Il était une fois. . . ». Qui ne connaît cette formule célèbre,
entrée en matière de contes de toutes sortes, contes de fées ou
contes pour rire? Elle nous rappelle une des gloires du génie
français, les contes de Perrault, délices de l'enfance depuis plus de
deux siècles, mais aussi sujet de beaucoup de savantes disserta
tions. C'est de l'étude du conte dit « populaire » que je traiterai
ici, — et spécialement de l'effort assidu que, depuis un temps
assez long, mon pays a consacré à cette étude, — ^ ainsi que des
méthodes, assez différentes des méthodes occidentales, qui sont à
cet égard suivies en Russie. Il me paraît d'autant plus désirable
de parler de cet effort russe que j'ai pu me persuader à quel
point on le connaissait peu, somme toute, en Occident; que l'on
parcoure, par exemple, la liste copieuse des ouvrages cités dans le
grand et beau livre de MM. Boite et Polívka sur les contes des
frères Grimm : on constatera quelle place insuffisante y occupent
les travaux russes.
Mais avant d'exposer les résultats de ces travaux, il convient de
rappeler brièvement les principales théories relatives au conte po
pulaire, qui ont eu cours depuis les quelque cent ans que l'étudo
en a été entreprise. Ces théories, comme tant d'autres théories
scientifiques, ont vieilli à mesure que l'état et les tendances de la
science se modifiaient. Une théorie ne reste vivante et féconde
qu'un certain temps, puis elle est remplacée par une autre plus
conforme à l'esprit de l'époque. Mais, en général, l'ancienne
théorie ne disparaît pas complètement : elle lègue à celle qui lui
succède une partie de son héritage. On ne s'étonnera donc pas de
trouver, dans notre conception moderne de ľétude scientifique du
conte, dos restes de maintes théories aujourd'hui périmées.
Revue de» Etudes slaves, tome IX, îyay, fasc. 3-A.
КТ17ПКЅ SMVP. 999 SERGE ГГОМЖЛВОІ .'Ríi.
La première théorie, celle qu'on nomme souvent la théorie
« mythologique » ou « aryenne », est liée au nom des frères ririmm,
si célèbre dans les annales du conte, et surtout à celui de Jacques
Grimm. Ces auteurs pensaient que le conte était formé par les
débris des croyances anciennes, des mythes vieillis et, en partie
sous l'inspiration de leur sentiment de pairie et de race, ils voyaient
dans le conte un héritage du patrimoine aryen. Il ne subsiste
aujourd'hui que fort peu de chose de celle théorie jadis si popul
aire, mais qui fut vite compromise par des adeptes trop zélés.
La seconde théorie, la théorie « indianiste », lancée par Benfey,
eut plus de succès, et l'on peut dire, jusqu'à un certain point,
qu'elle a encore de nos jours quelque vilalité. Elle voyait dans
l'Inde, pays des conteurs par excellence, la patrie sinon du conle
en général, du moins d'une grande partie des contes connus.
Elle eut des adeptes fervents, elle en a encore. Elle eut aussi
beaucoup d'adversaires, et l'acharnement des luttes qu'elle a
provoquées suffit à lui assurer une longévité considérable. Un comp
atriote de Benfey, Thirnine, a prétendu récemment que « dans la
théorie indienne de Benfey, le plus remarquable est le crédit
qu'elle a gardé si longtemps », et il croit pouvoir expliquer cette
chance imméritée par la pauvreté des renseignements authentiques
qu'on possédait alors sur les contes et recueils de contes indiens,
et aussi par l'autorité tout à fait exceptionnelle dont jouissait
Benfey. Cette explication est insuffisante. Ce sont, bien plutôt, les
adversaires de la théorie qui, par leurs excès, ont le plus contribué
à la soutenir : ils ont voulu trop prouver. Rappelons-nous en effet
la réfutation la plus brillante de la théorie indianiste, celle de
M. Joseph Bédier dans son beau livre sur Les fabliaux. Voulant
réagir contre les extravagances de Benfey et de son école, l'auteur
envisage pour l'étude du conte une méthode plus modeste et plus
sobre, donc, à son avis, plus sure : «L'étude, dit-il, d'un groupe
de contes populaires quelconque, vaine si l'on tente de les suivre
de migration en migration jusqu'à leur indécouvrable patrie, peut
être féconde si on les considère sous l'a forme que leur a donnée
telle ou telle civilisation » M. Et M. Bédier maintient cette déclara
tion dans sa réédition de 19125, plus de trente ans après l'avoir
énoncée pour la première fuis : il s'agit donc bien ici chez lui
d'une ferme conviction. Or, nous trouvons dans le même livre une
remarque singulière, «malgré les apparences contraires», il
(1) Joseph Bédier, Les fabliaux, études de littérature populaire et d'histoire
littéraire du Moyen âjçc, f>e éd.. Paris, 1 9 '» 5 , p. -;i. LE CONTE DIT POPULAIRE : PROBLEMES ET METHODES. 223
accorde que les fabliaux attestés en Orient proviennent de recueils
indiens traduits; seulement, il ne veut attacher à cette source
indienne aucune importance : «le fait, dit-il, a tout juste la
même importance que de savoir que Musset a pris à Boccace le
conte de Simone »M. Mais il ressort de la comparaison de ces textes
que les objections solides de M. Bédier n'atteignent que les excès
d(! la théorie de Benfey, c'est-à-dire tout ce qui, dans cette théorie,
prétendait résoudre la question ftoriginc, si compliquée et proviso
irement insoluble. En revanche, elles laissent entière la question
des influences, influences prouvées dans nombre de cas, et dont
l'importance paraît avoir échappé à M. Bédier. Mais par cette
méconnaissance de l'intérêt qu'il y aurait à étudier les migrations
de contes (c'est-à-dire à traiter la question des influences), M. Bé
dier s'oppose non seulement à la théorie indianiste, mais encore à
une autre théorie dont je parlerai dans un instant et dont il n'a
pas parlé, même dans la dernière édition de son charmant ou
vrage. Quoi qu'il en soit, cette question des influences orientales
et spécialement indiennes est entrée définitivement dans la science,
et l'on peut dire que cest là une survivance du système de Benfey,
abandonné sous sa forme première.
Nous signalerons maintenant la théorie anthropologique,
formée en Angleterre. Cette théorie a voulu traiter de ľorigine des
contes en se servant des données fournies par l'étude des sociétés
primitives. Elle a posé, entre autres, l'importante question de la
pohjgénèse du conte, — polygénèse qui s'expliquerait par ľunifor-
inité des conceptions dans l'Ame primitive; — mais cette import
ante et intéressante question est extrêmement ardue.
La dernière des théories dont je doive parler a encore de
nombreux adeptes, el même elle paraît, jusqu'à un certain point,
dominante. Il est sûr, néanmoins, qu'elle ne constitue qu'une
théorie éphémère comme les autres, et non «la Théorie» défini
tive. Je veux parler de la théorie historico-géographique née en
Finlande et répandue surtout dans l'Europe du Nord; elle a déjà
inspiré tout une série d'excellents travaux, et un exposé très détaillé
et très lucide en a été donné par le professeur K.rohnl2). Elle ne
concerne pas seulement le conte : elle touche le « folklore » en
général; mais, bien entendu, je n'en parlerai ici qu'en fonction du
conte. Cette théorie rappelle quelque peu la théorie indianiste par
l'intérêt qu'elle porte à la question des migrations et des influences
(1> Joseph Bédier, ihid. , \>. ч86.
(ž> K. Krohn, DicjolMavisl'mhi- Whr.

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