Le développement des idéologies dominantes en Amérique latine - article ; n°57 ; vol.15, pg 171-188
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Description

Tiers-Monde - Année 1974 - Volume 15 - Numéro 57 - Pages 171-188
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Tomas Amadeo Vasconi
Marco Aurelio Garcia de
Almeida
Le développement des idéologies dominantes en Amérique
latine
In: Tiers-Monde. 1974, tome 15 n°57. pp. 171-188.
Citer ce document / Cite this document :
Vasconi Tomas Amadeo, Garcia de Almeida Marco Aurelio. Le développement des idéologies dominantes en Amérique latine.
In: Tiers-Monde. 1974, tome 15 n°57. pp. 171-188.
doi : 10.3406/tiers.1974.1993
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1974_num_15_57_1993LE DÉVELOPPEMENT
DES IDÉOLOGIES DOMINANTES
EN AMÉRIQUE LATINE
Perspectives théoriques et méthodologiques (I)
par Tomas Amadeo Vasconi et Marco Aurelio Garcia de Almeida*
FORMATIONS SOCIALES ET IDÉOLOGIQUES EN AMÉRIQUE LATINE
Formations sociales et insertion dans un système international d'interdépendance
II semble désormais impossible d'envisager une étude de la nature des
formations sociales latino-américaines sans se référer au contexte international
créé par l'expansion du capitalisme. D'une certaine manière, l'histoire du
capitalisme, surtout durant la période impérialiste, et celle de nos pays se
superposent sur plus d'une dimension. Ce serait cependant commettre une
erreur grossière que de réduire les caractéristiques de ces formations sociales
à un simple « reflet » de ce processus majeur comme l'ont prétendu certaines
théorisations sur « la dépendance ». Nous soulignerons au contraire ici la
spécificité de ces formations sociales, étant conscients du fait que leur nature
dérive, en grande partie, de leur mode d'insertion dans ce système majeur.
L'Amérique latine s'est incorporée au contexte international en tant
que produit du processus de conquête et de colonisation et ce fait a déterminé
un infléchissement de son histoire. Son développement ultérieur ne peut
* Chercheurs au Centre d'Etudes socio-économiques [C.E.S.O.] et professeurs à la
Faculté d'Economie politique de l'Université du Chili jusqu'au n septembre 1973.
(1) Cet article est le résultat, dans une large mesure, d'un travail collectif de la section
Idéologie et Culture du Centre d'Etudes de la Faculté des Sciences écono
miques de l'Université du Chili. Il est le reflet des discussions que nous avons eues, au cours
de plusieurs séminaires, en vue de donner un cadre théorique commun à nos recherches à
venir. La base du texte est constituée par l'exposé présenté par Tomas A. Vasconi, au cours
du séminaire sur « Dépendance et culture », réalisé en mai 1971, à Valparaiso. Aux discussions
préliminaires, en dehors des auteurs, participèrent tous les chercheurs de la section : Fanny
Contreras, Raquel Salinas, Antonio Sanchez et José Bengoa. T. A. VASCONI ET M. A. GARCIA DE ALMEIDA
être considéré comme le développement organique des formations sociales
précolombiennes. Celles-ci ont, dans certains cas, été détruites par l'intr
oduction en leur sein de nouvelles formes productives et de nouvelles relations
de production. Mais ceci ne signifie cependant pas qu'une radicale substi
tution des « modes de production » antérieurs à la conquête ait toujours
eu lieu. Nous nous trouvons au contraire devant un processus complexe
qui englobe la destruction, mais aussi la conservation et l'utilisation de formes
antérieures — structurellement redéfinies en vue de l'accomplissement de
leurs nouvelles fonctions — et d'une insertion partielle de formes nouvelles.
Tout le développement ultérieur des formations sociales latino-américaines
sera marqué par cette caractéristique fondamentale. Ainsi, par exemple,
lorsque vers la moitié du xixe siècle ces formations sociales s'incorporent
au système de « division internationale du travail » développé par le capitalisme
au cours de sa phase financière-industrielle, les nouvelles fonctions (production
et exportation de biens alimentaires et de matières premières) qu'elles sont
appelées à remplir comportent une réorganisation — une restructuration — de
leurs bases économiques mais, encore une fois, sans détruire ni remplacer
totalement les formes antérieures, en les redéfinissant au contraire et en les
utilisant. Comme le signale A. Quijano
« il se produisit... un processus de réordonnancement capitalistique — c'est-à-dire dans
une direction capitaliste — de modes de production précapitalistes, qui furent très vite
désarticulés et remplacés par des structures productives intégrant des fragments structurels
de formes précapitalistes et de chacune des étapes et modalités par lesquelles est passé le
mode de production capitaliste dans les pays d'hégémonie » (i).
Et ainsi, jusqu'à aujourd'hui, où l'Amérique latine présente
« une structure productive qui est, en même temps, dominée, dépendante, inégale et compos
ite et sous-développée. Et tous ces composants gardent entre eux une interrelation nécessaire
et constante, dans le cadre du système actuel » (2).
Et c'est sur cette « structure productive », sur cette infrastructure que repose
aujourd'hui toute la complexité structurale (on a dit « hétérogénéité ») et la
multiplication des contradictions dans les formations sociales latino-améri
caines. Le « développement inégal et combiné » atteint ici son paroxysme.
Et c'est ainsi qu'à côté des processus centraux — et des contradictions fonda
mentales — qui conduiront le système à son intégration et à ses destruction
et dépassement, se produisent et se reproduisent des secondaires
portant sur des domaines, des régions ou des instances spécifiques des for
mations sociales latino-américaines.
(1) A. Quijano, Redefinition de la Dependenciaj marginalisation en America Latina, Santiago,
C.E.S.O., 1970, p. 31.
(2) Ibid., p. 32.
172 IDÉOLOGIES DOMINANTES EN AMÉRIQUE LATINE
Ici toute simplification ne représenterait pas une synthèse mais une
omission dans l'analyse. Cependant, bien que conscients du risque signalé,
nous aimerions indiquer dans cet article tout ce que ceci implique pour
la problématique superstructurale.
Idéologies dominantes et développement des formations sociales latino-américaines
l'économie primaire-exportatrice et l'idéologie libérale
Seule une pensée, d'une part résolument idéaliste, d'autre part imbue
d'un certain concept du « développement » diffusé parmi nous particuli
èrement par l'œuvre de la C.E.P.A.L. — concept qui n'était critiqué qu'afin
de le perfectionner — a pu engendrer une conception comme celle qui
s'exprime dans la citation suivante :
« La constellation d'où est née l'indépendance est placée sous le signe de la liberté et
c'est pourquoi le libéralisme se confond, dès les premiers instants, avec la substance et la
raison d'être des nouveaux Etats. On utilise surtout les idées libertaires et constitutionnelles
venant principalement de France ou d'Amérique du Nord et, de cette manière, prennent
corps des formules aussi étranges — étant donné la réalité et les origines des nouveaux corps
historiques — que les conceptions fédérales qui pesèrent, parfois de façon tragique, sur
les années ultérieures.
« Cependant, le fait que la liberté — • l'aspiration démocratique et constitutionnelle —
soit un des éléments essentiels de la constellation qui est à l'origine de l'Amérique latine,
entraîne aussi avec lui le premier grand paradoxe de son histoire : le maintien des formules d'une idéologie,
durant longtemps en complet désaccord avec les « croyances et conduites effectives de l'existence quotidienne.
On étendit sur un corps de structure agraire et traditionnelle le fragile manteau d'une doctrine prédo
minante libérale et urbaine » (i).
Tous les thèmes et interprétations que nous considérons nécessaire de
réviser apparaissent ici, à travers un exposé sur le libéralisme en Amérique
latine. Une situation « paradoxale » en ce qui concerne les relations entre
l'infrastructure (« agraire, traditionnelle ») et la superstructure idéologique
(« libéralisme bourgeois, urbain ») ; le caractère d'article « importé » (de France
ou d'Amériq

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