Le développement du Tiers Monde est-il encore possible ? - article ; n°52 ; vol.13, pg 803-811
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Description

Tiers-Monde - Année 1972 - Volume 13 - Numéro 52 - Pages 803-811
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 22
Langue Français

Extrait

Yves Laulan
Le développement du Tiers Monde est-il encore possible ?
In: Tiers-Monde. 1972, tome 13 n°52. Le capitalisme périphérique. pp. 803-811.
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Laulan Yves. Le développement du Tiers Monde est-il encore possible ?. In: Tiers-Monde. 1972, tome 13 n°52. Le capitalisme
périphérique. pp. 803-811.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1972_num_13_52_1886LE DÉVELOPPEMENT DU TIERS MONDE
EST-IL ENCORE POSSIBLE?
par Yves Laulan*
La prise en considération des problèmes de l'environnement implique un
réexamen des chances du développement du Tiers Monde.
En effet, depuis que, dans les années qui ont suivi la deuxième guerre
mondiale, l'opinion mondiale a pris nettement conscience du problème du
sous-développement, on s'est accordé pour assigner comme objectif aux pays
du Tiers Monde d'obtenir un taux de croissance aussi élevé que possible en
vue de rattraper, dans les meilleurs délais, les nations du peloton de tête.
Cet objectif de développement est, depuis plus de vingt ans, une idée reçue
et acceptée. Sa légitimité n'a jamais été mise en doute. Les possibilités de le
réaliser non plus, du moins sur le plan des principes.
A cette fin, tout un réseau d'institutions nationales et internationales a
été créé, un système d'aide économique mis sur pied et assorti d'objectifs
quantifiés. Dans chaque pays en voie de développement des plans de dévelop
pement économique ont été élaborés, sinon mis en application.
La question qu'on doit se poser ici est de savoir si ce bel édifice ne menace
pas ruine; si, devant les contraintes de l'environnement les plans de dévelop
pement ne sont pas nécessairement voués à l'échec et si les objectifs de ne sont pas un leurre. En d'autres termes, les conditions actuelles de
la croissance ne condamnent-elles pas, en fait, les pays du Tiers Monde au
sous-développement à perpétuité, et leurs populations à une misère sans espoir.
Pour choquantes pour la conscience que soient de telles questions, il
importe de les poser lucidement.
I. L'ÉCOLOGIE, UNE NOUVELLE LOI D'AIRAIN
Certes, dès que les questions d'environnement ont commencé à faire
l'objet d'une réflexion sur le plan national ou international, les problèmes
* Chargé de cours à l'Université de Lille.
803 TIERS MONDE
propres aux P.V.D. (i) ont été clairement perçus. Mais les interrogations que
l'on s'est posées à leur endroit, et la Conférence de Stockholm en fournit une
bonne démonstration, restent très partielles et limitées.
Problèmes mineurs. — On s'est interrogé pour savoir si les P.V.D.
ne devraient pas s'efforcer d'éviter les erreurs commises dans les pays indust
rialisés. On a ainsi souligné que, prises à leur source, les causes de pollution
pouvaient être réduites à bien moindres frais que lorsqu'il s'agit de restaurer un
environnement déjà endommagé. On a également mis en lumière la vulnér
abilité spécifique du Tiers Monde aux effets de pollution, notamment du fait
de la très grande fragilité des sols dont ils sont tributaires pour leur alimentation.
Un deuxième courant de pensée concerne l'aide. On s'est inquiété, en effet,
de ce que les pays développés ne disposaient pas d'épargnes suffisantes pour
lutter à la fois sur le front du développement et sur celui de la lutte antipollu
tion. En outre, beaucoup de responsables des pays sous-développés ont exprimé
la crainte que les pays riches ne soient tentés de financer en partie leurs pro
grammes domestiques pour l'environnement au détriment de l'aide au Tiers
Monde.
Enfin, certains organismes internationaux, et notamment l'O.N.U., ont
exprimé le souci que les mesures prises sur le plan international pour lutter
contre la pollution ne gênent le développement des exportations des pays
producteurs de matières premières.
On ne mentionnera que pour mémoire les positions soutenues, dans un
premier temps, par certains représentants des pays sous-développés qui ont
cru pouvoir affirmer que l'environnement ne les concernait pas dans la mesure
où il s'agissait avant tout d'un problème de nantis. Quitte à devoir choisir
entre la pollution industrielle et l'industrialisation, leur préférence allait sans
balancer à la seconde au nom du slogan : « Notre pollution, c'est la misère. »
Ainsi, la plupart des considérations se bornent à constater l'existence
éventuelle de problèmes d'environnement susceptibles d'affecter les chances
de développement du Tiers Monde. Or, une question beaucoup plus fonda
mentale est de savoir si des chances raisonnables existent encore.
... et problèmes majeurs... — Le problème n'a jamais été franchement abordé
si ce n'est de façon oblique. Certes on retrouve dans les hypothèses du Club
de Rome le postulat implicite que les ressources du globe sont insuffisantes
pour permettre une croissance exponentielle des besoins de l'ensemble de
l'humanité. Cela est applicable, a priori, en ce qui concerne la partie la plus
déshéritée de la population mondiale.
D'autres auteurs s'interrogent pour savoir dans quelles conditions, dans
(i) Pays en voie de développement.
804 DOCUMENTATION
quelques décennies, la terre pourrait nourrir une population qui pourrait
dépasser 7 milliards d'individus.
Mais il faudrait aller plus loin. On est en droit de penser que les contraintes
imposées par le milieu s'exerceront de façon plus rigoureuse qu'on ne le croit.
En effet, la plupart des modèles de projection habituels, y compris celui du
M.I.T., se fondent sur la notion d'augmentation exponentielle des deux variables
fondamentales que sont la population ainsi que la production économique.
L'hypothèse implicite de ces modèles est que grâce à la stabilisation de l'une
et l'autre de ces données, il devrait être possible d'arriver à un système équil
ibré. En d'autres termes, le problème serait en théorie réglé avec une crois
sance démographique zéro et une croissance économique nulle. C'est ce que
propose la fameuse école des Zegistes à laquelle M. Mansholt et M. Marchais
ont accordé un éclat particulier et peut-être quelque peu immérité. De toute
façon, on pourrait taxer cette école de pécher par optimisme. Le paradoxe
n'est qu'apparent.
En effet, en supposant que les pays du peloton de tête soient disposés à
accepter les contraintes d'une croissance nulle et une discipline démogra
phique parfaite, les chances du Tiers Monde ne seraient pas nécessairement
améliorées. Bien plus, même si les pays sous-développés parvenaient par
quelque miracle à ramener à zéro les taux de croissance démographiques
galopants qu'ils enregistrent à l'heure actuelle, la question de leur dévelop
pement ne serait pas résolue pour autant.
2. Un monde aux ressources limitées
En effet, à l'époque où le concept de développement du Tiers Monde
s'est élaboré voici plus de deux décennies, l'hypothèse de travail retenue était
celle de l'existence de ressources naturelles illimitées sur le plan mondial.
Tous les manuels consacrés dans les années 50 a cette question se concentraient
en fait sur les techniques de mise en valeur de ces ressources, de la mobilisa
tion de moyens de financement appropriés ainsi qu'à leurs modes d'utilisation.
Il ne venait à l'esprit de personne que les pays développés ne seraient peut-être
pas toujours en mesure de fournir une telle assistance sans dommage pour leur
propre développement ni que l'industrialisation du Tiers Monde ne puisse
quelque jour porter atteinte à la prospérité des pays avancés. Il était, au contraire,
convenu que la croissance économique des pays pauvres ne pourrait se faire
qu'au bénéfice des uns et des autres.
C'est cette hypothèse des ressources illimitées qu'il convient maintenant
de mettre en question, à la lumière de ce qu'on sait grâce aux inventaires qui
ont été effectués au cours des deux dernières années sur les ressources du
globe non seulement en matières premières ou en terres arables, mais égale-
805 TIER

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