Le droit et les familles non mariées en France - article ; n°6 ; vol.49, pg 1347-1373
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Population - Année 1994 - Volume 49 - Numéro 6 - Pages 1347-1373
Prioux (France). - Le droit et les familles non mariées en France En France au début des années 1960, seuls le mariage et la procréation dans le mariage permettaient de former une véritable famille aux yeux de la loi : l'enfant né hors mariage était délibérément défavorisé, et n'était relié qu'à sa mère, et parfois à son père s'il l'avait reconnu ; la famille mariée était en principe indissoluble jusqu'à la mort, le divorce n'étant autorisé que dans les cas graves. La législation des années 1970 a donné à l'enfant naturel une famille, pour peu qu'il ait été reconnu par ses deux parents, et autorisé le divorce par consentement mutuel ; mais l'attribution exclusive de l'autorité parentale ou de la garde aboutit, dans les faits, à privilégier les relations entre les mères et leurs enfants. L'augmentation rapide du nombre d'enfants dont les parents ne sont pas (ou plus) mariés, a conduit le législateur à revoir sa position, et à assimiler de plus en plus la situation de ces parents à celle des couples mariés : l'autorité parentale sera exercée conjointement presque dans tous les cas. Après avoir examiné les principales lois qui règlent les rapports entre les membres des familles non mariées (statut de l'enfant naturel, droit du divorce, autorité parentale) et replacé les réformes françaises dans le contexte européen, l'auteur analyse les statistiques démographiques et judiciaires concernant ces types de familles : reconnaissances d'enfants naturels, légitimations, actions en justice concernant la filiation et l'autorité parentale, divorces et actions postérieures au prononcé du divorce.
Prioux (France). - The law and unmarried families in France In the eyes of French law at the start of the 1960s, only marriage and marital procreation were allowed to form a true family: children born out of wedlock were deliberately discriminated against and were only related to their mother and sometimes to their father if recognised. The married family was in principle unbreakable until death, and divorce was only authorised in serious cases. The legislation in the 1970s gave illegitimate children a family if they were recognised by both parents and authorised divorce by mutual consent; but the assignment of parental authority and custody in practice favoured the relations between mothers and their children. The rapid increase in the number of children whose parents are not or are no longer married has led to changes in the law which increasingly assimilates the status of such parents to that of married couple. Parental rights shall be exerted jointly in almost all cases. Having examined the main laws governing the relations between unmarried family members (status of illegitimate children, right to divorce, parental authority) and having placed the French reforms in a European context, the author analyses the demographic and legal statistics on such families: recognition of illegitimate children, legitimisation, filiation and parental rights suits, divorce and suits following the granting of divorce.
Prioux (France). - El derecho y las parejas no casadas en Francia En Francia, a principios de los aňos sesenta, solamente el matrimonio y la procrea- ción dentro del matrimonio permitian formar una verdadera familia ante la ley: el hijo naci- do fuera del matrimonio estaba deliberadamente desfavorecido, y estaba relacionado con la madré y únicamente algunas veces con el padre si este lo habia reconocido. El casamiento era en principio indisoluble hasta la muerte y el divorcio sólo estaba autorizado en casos graves. La legislación de los aňos setenta dio una familia al hijo natural, bajo condición de ser reconocido por ambos progenitores, y autorizó el divorcio por mutuo acuerdo; pero la atribución exclusiva de la autoridad paterna o de la custodia contribuyó, en realidad, a pri- vilegiar las relaciones entre la madré y los hijos. El rápido aumento del numero de niňos cuyos padres nunca han estado (o ya no están) casados, ha llevado al legislador ha reconsi- derar su posición, y a asimilar de forma creciente la situación de dichos padres a la de las parejas casadas: la autoridad paterna se ejercerá conjuntamente en casi todos los casos. Después de examinar las principales leyes que regulan las relaciones entre los miem- bros de familias no casadas (estatuto del hijo natural, derecho al divorcio, autoridad paterna) y de situar las reformas francesas en el contexto europeo, la autora analiza las estadisticas demográficas y judiciales referentes a estos tipos de familias: reconocimiento de los hijos naturales, legitimación, acción de la justicia referente a la filiación y a la autoridad paterna, divorcios y acciones posteriores a la sentencia de divorcio.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

France Prioux
Le droit et les familles non mariées en France
In: Population, 49e année, n°6, 1994 pp. 1347-1373.
Citer ce document / Cite this document :
Prioux France. Le droit et les familles non mariées en France. In: Population, 49e année, n°6, 1994 pp. 1347-1373.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1994_num_49_6_4139Résumé
Prioux (France). - Le droit et les familles non mariées en France En France au début des années 1960,
seuls le mariage et la procréation dans le mariage permettaient de former une véritable famille aux yeux
de la loi : l'enfant né hors mariage était délibérément défavorisé, et n'était relié qu'à sa mère, et parfois
à son père s'il l'avait reconnu ; la famille mariée était en principe indissoluble jusqu'à la mort, le divorce
n'étant autorisé que dans les cas graves. La législation des années 1970 a donné à l'enfant naturel une
famille, pour peu qu'il ait été reconnu par ses deux parents, et autorisé le divorce par consentement
mutuel ; mais l'attribution exclusive de l'autorité parentale ou de la garde aboutit, dans les faits, à
privilégier les relations entre les mères et leurs enfants. L'augmentation rapide du nombre d'enfants
dont les parents ne sont pas (ou plus) mariés, a conduit le législateur à revoir sa position, et à assimiler
de plus en plus la situation de ces parents à celle des couples mariés : l'autorité parentale sera exercée
conjointement presque dans tous les cas. Après avoir examiné les principales lois qui règlent les
rapports entre les membres des familles non mariées (statut de l'enfant naturel, droit du divorce,
autorité parentale) et replacé les réformes françaises dans le contexte européen, l'auteur analyse les
statistiques démographiques et judiciaires concernant ces types de familles : reconnaissances d'enfants
naturels, légitimations, actions en justice la filiation et l'autorité parentale, divorces et actions
postérieures au prononcé du divorce.
Abstract
Prioux (France). - The law and unmarried families in France In the eyes of French law at the start of the
1960s, only marriage and marital procreation were allowed to form a true family: children born out of
wedlock were deliberately discriminated against and were only related to their mother and sometimes to
their father if recognised. The married family was in principle unbreakable until death, and divorce was
only authorised in serious cases. The legislation in the 1970s gave illegitimate children a family if they
were recognised by both parents and authorised divorce by mutual consent; but the assignment of
parental authority and custody in practice favoured the relations between mothers and their children.
The rapid increase in the number of children whose parents are not or are no longer married has led to
changes in the law which increasingly assimilates the status of such parents to that of married couple.
Parental rights shall be exerted jointly in almost all cases. Having examined the main laws governing
the relations between unmarried family members (status of illegitimate children, right to divorce,
parental authority) and having placed the French reforms in a European context, the author analyses
the demographic and legal statistics on such families: recognition of illegitimate children, legitimisation,
filiation and parental rights suits, divorce and suits following the granting of divorce.
Resumen
Prioux (France). - El derecho y las parejas no casadas en Francia En Francia, a principios de los aňos
sesenta, solamente el matrimonio y la procrea- ción dentro del matrimonio permitian formar una
verdadera familia ante la ley: el hijo naci- do fuera del estaba deliberadamente
desfavorecido, y estaba relacionado con la madré y únicamente algunas veces con el padre si este lo
habia reconocido. El casamiento era en principio indisoluble hasta la muerte y el divorcio sólo estaba
autorizado en casos graves. La legislación de los aňos setenta dio una familia al hijo natural, bajo
condición de ser reconocido por ambos progenitores, y autorizó el divorcio por mutuo acuerdo; pero la
atribución exclusiva de la autoridad paterna o de la custodia contribuyó, en realidad, a pri- vilegiar las
relaciones entre la madré y los hijos. El rápido aumento del numero de niňos cuyos padres nunca han
estado (o ya no están) casados, ha llevado al legislador ha reconsi- derar su posición, y a asimilar de
forma creciente la situación de dichos padres a la de las parejas casadas: la autoridad paterna se
ejercerá conjuntamente en casi todos los casos. Después de examinar las principales leyes que
regulan las relaciones entre los miem- bros de familias no casadas (estatuto del hijo natural, derecho al
divorcio, autoridad paterna) y de situar las reformas francesas en el contexto europeo, la autora analiza
las estadisticas demográficas y judiciales referentes a estos tipos de familias: reconocimiento de los
hijos naturales, legitimación, acción de la justicia referente a la filiación y a la autoridad paterna,
divorcios y acciones posteriores a la sentencia de divorcio.LE DROIT ET LES FAMILLES
NON MARIÉES EN FRANCE
France PRIOUX*
Dans les années 1960-1970, le Livre I du code civil, consacré au
droit des personnes et de la famille, ainsi que certaines parties du Livre III
traitant des problèmes patrimoniaux, ont été profondément modifiés par
une série de lois : la tutelle (1964), les régimes matrimoniaux (1965), l'adop
tion (1966 et 1976), l'autorité parentale (1970), la filiation (1972), enfin
le divorce (1975) ont été réformés. Dans le même temps, l'accès à la
contraception médicale et à l'avortement étaient légalisés (1967 et 1974),
et l'âge de la majorité abaissé à 18 ans (1974). Ces réformes ont abouti
à une totale redéfinition des rapports entre les membres de la famille, et
affirmé le principe d'égalité des enfants, quelle que soit leur filiation. Par
fois considérées comme assez novatrices en leur temps, telle la réforme
de la filiation, elles ont cependant subi des retouches à partir des années
1980: ainsi la filiation (1982 et 1993), la tutelle (1984), le nom (1985)
et l'autorité parentale (1987 et 1993) ont-ils été remaniés.
Notre pays n'est pas le seul à avoir connu un tel bouleversement du
droit de la famille : précédant ou entérinant l'évolution des mœurs, inspi
rées par des principes d'égalité et de non discrimination, ou obéissant à
des conventions internationales sur les droits de l'homme et sur ceux des
enfants0', presque tous les pays occidentaux ont procédé à une refonte plus
ou moins complète de leurs lois sur le mariage, le divorce et la filiation.
Dans ce domaine, les pays Scandinaves apparaissent souvent comme des
pionniers, mais les pays méditerranéens ne sont pas toujours les derniers,
contrairement à ce que l'on observe pour l'évolution de la plupart des com
portements démographiques et familiaux : dès 1975, l'Italie effectuait une
rénovation totale de son droit de la famille et de la filiation, et des réformes
similaires étaient votées en 1981 en Espagne et en 1983 en Grèce; mais
il fallut attendre 1987 en Belgique et en Grande-Bretagne, et 1989 en Au-
* Institut national d'Études démographiques.
(" Citons par exemple la déclaration universelle des droits de l'homme (1948), la convention
européenne des droits de l'homme (1950), la déclaration des Nations Unies sur les droits de
l'enfant (1959), la convention européenne sur le statut juridique des enfants nés hors mariage
(1975, non ratifiée par la France), enfin la convention internationale sur les droits de l'enfant (1990).
Population, 6, 1994, 1347-1374 1 348 LE DROIT ET LES FAMILLES NON MARIÉES EN FRANCE
triche, pour que soient reconnus les mêmes droits aux enfants naturels et
aux enfants légitimes...
Quelles sont les particularités du droit français de la famille ? Quels
liens apparaissent entre ces changements législatifs et l'évolution des com
portements familiaux ? Comment les familles et les individus ont-ils utilisé
ces nouvelles lois à leur disposition? Telles sont les questions auxquelles
nous allons tenter de répondre, en examinant particulièrement les questions
liées à la diffusion des comportements familiaux modernes : divorces et
procréation hors mariage.
La famille dans le code civil Seule la famille légitime, fondée sur un
au début des années 1960 mariage en principe indissoluble, est
gne d'être protégée. Le mari est 

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