Le Gap financing, dernier veau d or du cinéma français - article ; n°1 ; vol.54, pg 119-131
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Description

Quaderni - Année 2004 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 119-131
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Garçon
Le "Gap financing", dernier veau d'or du cinéma français
In: Quaderni. N. 54, Printemps 2004. pp. 119-131.
Citer ce document / Cite this document :
Garçon François. Le "Gap financing", dernier veau d'or du cinéma français. In: Quaderni. N. 54, Printemps 2004. pp. 119-131.
doi : 10.3406/quad.2004.1619
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_2004_num_54_1_1619Dossier
En décembre 2000, sur proposition de Jean Le
le "Gap financing", Garrec, président de la commission des affaires
culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée
Nationale, une mission d'information sur le cinéma dernier veau d'or
était constituée. Considérant que "l'industrie
cinématographique française (devait) faire face
du cinéma à une mutation profonde de son environnement
qui (devait) remettre en cause les fondements
même du dispositif du soutien public"1 , sous la
français direction du député Marcel Rogemont , les
protagonistes de cette mission livraient un épais
rapport. Au final, dans une rubrique intitulée
"Mieux assurer l'amortissement des risques
financiers", les auteurs préconisaient la mise sur
pied d'un instrument ainsi décrit : "Il serait utile François Garçon
d'inventer un outil financier susceptible de
financing" (en anglais dans le garantir le "Gap
Maître de conférences texte), c'est-à-dire l'ensemble des recettes
Université Paris I virtuelles que peut réaliser un film ". Les auteurs
du rapport ayant rendu visite à un grand nombre
de personnalités du monde cinématographique,
mais n'ayant manifestement rencontré personne
impliqué dans '7 'outil financier " dont il s'agit, il
n'est sans doute pas inutile d'en expliquer le
mécanisme. La complexité de son fonctionnement
fait en effet aujourd'hui la fortune des avocats
d'affaires qui s'étripent dans les juridictions anglo-
saxonnes pour déterminer qui, en dernier ressort,
va devoir payer l'addition.
La rampe de lancement
Le cinéma est un métier d'imagination. On connaît
la fertilité des auteurs, capables de proposer,
chaque année, des miniers de nouveaux scénarios.
À charge aux producteurs, ensuite, de faire le tri.
Pour preuve du darwinisme impitoyable qui affecte
cet aspect de l'industrie cinématographique,
QUADERNI N°54 - PRINTEMPS 2004 LE GAP FINANCING *119 notons que moins de 0,5% des scénarios reçus conditions, gagne en simplicité. Le nombre de
guichets est réduit. Devant lui, le producteur par les maisons de productions émerge, pour
américain ne trouve qu'une race d'interlocuteur : prendre, en bout de course, l'aspect d'un film. Les
ratios sont à peine plus décents dans la production le(s) distributeurs). Il financera le film dans sa
de documentaires ou de fictions télévisuelles. totalité, en s'appuyant éventuellement sur des
partenaires pour les ventes hors États-Unis.
Nonobstant la sévérité du tri, il reste ensuite au
producteur à faire son métier, et d'abord à lever La contribution du distributeur se nomme "à-
valoir" ou "minimum garanti". C'est ainsi que les capitaux nécessaires à l'alchimie. Que
l'intéressé soit établi en Europe ou aux États-Unis, fonctionne le financement de la production
cinématographique américaine depuis soixante- les mécanismes de financement sont connus, et
diffèrent. Dans le bloc continental européen, la dix ans : le financement repose sur une espérance
télévision concourt, pour l'essentiel, à la levée de gains dans les salles. Depuis une quinzaine
des fonds. En France, de par leur cahier des d'années, quelques variantes ont été introduites
par les télévisions à péage ou par les éditeurs charges, les chaînes de télévision financent, en
vidéo, mais sans effets dévastateurs. effet, directement, à hauteur d'environ 42%, la
production cinématographique nationale. À quoi
il convient d'ajouter ce qu'elles amènent, via la Constatant la dilatation de l'offre
taxe sur leurs chiffres d'affaires, dans les caisses cinématographique et audiovisuelle sur des
supports ressortissant jusqu'alors de la science- du compte de soutien, au CNC, soit environ 100
fiction, un certain nombre d'opérateurs financiers millions d'euros, soit, pour faire court, environ
ont entrevu des possibilités d'alléchantes plus- 10% supplémentaires. À quoi l'on peut encore
ajouter les concours des Soficas, les aides values. Ainsi, au tournant des années 90, dans
régionales etc. un monde marqué par un engouement de masse
pour le cinéma, et dont témoignera tragiquement
Sur le marché anglo-saxon, et notamment sur le "Vivendi2, les producteurs se sont-ils vus offrir
une nouvelle modalité de financement J'ai nommé marché moteur, le marché américain, cette
mécanique redistributive n'existe pas. Nul le "Gap financing".
équivalent, en effet, d'organismes de perception
et de répartition à l'image de notre C.N.C. ou de Un Mécano financier astucieux
systèmes d'aides régionales comme en All
emagne ; quant aux chaînes de télévision, elles En 1992, en effet, à Londres, une modalité
acquièrent, là-bas, les films une fois qu'ils ont fait jusqu'alors inédite de financement apparaît. À
leur carrière en salle, selon d'autres critères, l'initiative d'un Anglais, Kent Walwin, lui-même
conçus essentiellement sur le succès auprès du ancien producteur, une société de courtage
grand public. appelée Screen Partners élabore un schéma de
financement inédit. Partant du constat que le
cinéma britannique avait reconquis la faveur du Le financement cinématographique, dans ces
120* LE GAP FINANCING QUADERNI N°54 - PRINTEMPS 2004 public anglais, alors même que les distributeurs la définition du mot et qui recouvre l'ensemble
continuaient de mesurer chichement leurs des transactions à venir, court en effet un risque
concours, Screen Partners lance une formule majeur, inhérent à la production
originale de financement. La mécanique, sur le cinématographique depuis les origines : la
papier, est d'une grande simplicité : adossé à une mévente. Que les transactions ne se déroulent
compagnie d'assurances, le courtier, doté d'une pas selon le calendrier attendu ou bien se révèlent
réelle expertise dans ce domaine des risques inférieures aux prévisions, et la différence entre
spéciaux, procède à une estimation des recettes les projections (sur quoi se fonde le crédit obtenu)
potentielles du film. Les paramètres sont connus, et le réalisé (les sommes encaissées), de se lire
même si nul n'ignore qu'ils sont, en réalité, alors comme pertes pour l'assureur, le souscripteur
construits sur du vent3 . Signé par un réalisateur du risque.
expérimenté (dont on peut cerner exactement le
box-office passé, la régularité de ses succès, son Plusieurs raisons expliquent l'apparition de ce
type de public dans chaque pays etc.), servi par mode de financement en Grande-Bretagne.
un casting vendeur (dont on peut également
mesurer l'impact sur le box-office et l'appétit D'abord, la présence à Londres d'une expertise
auprès d'un distributeur), le film, à l'état de projet, d'assurance dans le domaine des risques dits
pèse donc un certain potentiel4. En clair, une "spéciaux", sans équivalent dans le reste du
comédie de Roger Spottinswood, quelle qu'elle monde. Ce n'est pas un hasard si, dans un
soit, représente, sur le papier, quelques millions domaine connexe, celui de la garantie de bonne
de spectateurs, puis quelques dizaines de fin cinématographique, la plus ancienne
compagnie et aujourd'hui leader mondial, Film de téléspectateurs à travers le monde. Les
formules magiques sont tout autant valables pour Finances Ltd, a vu le jour dans la capitale
un film de Jean-Marie Straub, à quelques dizaines britannique, au début des années 50 et continue,
de millions de spectateurs près. Pour cerner ce depuis Los Angeles, d'être sous le contrôle d'un
potentiel, Kent Walwin fait valider les ventes Britannique. Les cabinets de courtage londoniens
estimées par une société de distribution, supposée ont l'expérien

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