Le logement des pauvres à Fès. Processus de production et tendances de l évolution - article ; n°116 ; vol.29, pg 1171-1181
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Le logement des pauvres à Fès. Processus de production et tendances de l'évolution - article ; n°116 ; vol.29, pg 1171-1181

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Description

Tiers-Monde - Année 1988 - Volume 29 - Numéro 116 - Pages 1171-1181
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Mohamed Ameur
Le logement des pauvres à Fès. Processus de production et
tendances de l'évolution
In: Tiers-Monde. 1988, tome 29 n°116. pp. 1171-1181.
Citer ce document / Cite this document :
Ameur Mohamed. Le logement des pauvres à Fès. Processus de production et tendances de l'évolution. In: Tiers-Monde. 1988,
tome 29 n°116. pp. 1171-1181.
doi : 10.3406/tiers.1988.3584
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1988_num_29_116_3584— VARIÉTÉ DES FORMES DE PRODUCTION ///.
DU LOGEMENT DES PAUVRES
LE LOGEMENT DES PAUVRES A FÈS
PROCESSUS DE PRODUCTION
ET TENDANCES DE L'ÉVOLUTION
par Mohammed Ameur*
L'urbanisation rapide et massive est l'une des caractéristiques majeures
qui singularisent la dynamique actuelle de la société urbaine. Depuis
plusieurs décennies la ville s'urbanise à un rythme artificiel consommant
d'énormes quantités de sol et engendrant de multiples formes d'occupation
de l'espace. Cette croissance particulière est due surtout à une très forte
immigration qui a profondément modifié le paysage démographique et
sociologique de la capitale traditionnelle du pays. Cette immigration est
essentiellement d'origine rurale : la part des ruraux atteint près de 64 %*.
De 1975 à 1982 la ville reçoit 8 000 personnes par an, soit un débit de
22 immigrés par jour. Avec ce fort taux de « ruralité » Fès occupe la pre
mière place au niveau national et se distingue nettement des grandes villes
(Casablanca, Rabat) réputées par leur forte attraction sur les populations
des campagnes. La grande majorité de ces migrants provient des régions
à forte densité humaine et à faibles ressources économiques. L'exode revêt
donc un caractère définitif et total.
Le déferlement de ces masses rurales sur la ville a engendré des besoins
croissants en sol et en logements. Au départ la médina, en accueillant
l'essentiel des ruraux, a joué un rôle remarquable dans la satisfaction des
besoins. Très vite, sa saturation a entraîné le développement de nouveaux
* Géographe à l'Université de Fès.
1. Les migrations internes au Maroc, 1975-1982, in Analyses et tendances démographiques
au Maroc, Centre d'Etudes et de Recherches démographiques, Direction de la Statistique,
Rabat, 1986.
Reuue Tiers Monde, t. XXIX, n» 116, Octobre-Décembre 1988 1172 MOHAMMED AMEUR
types d'habitat populaire2 occupant une place distinguée dans la périphérie
urbaine et abritant une part importante de la population (15 % en 1980).
Depuis une dizaine d'années, et en dépit du dynamisme du secteur de la
production foncière et immobilière, le logement populaire connaît une
évolution originale : les possibilités classiques de logement offertes aux
couches pauvres deviennent de plus en plus limitées. Deux dynamiques
sont à la base de cette évolution : d'une part, l'augmentation des valeurs
foncières et la généralisation des pratiques spéculatives dans la périphérie
urbaine et, d'autre part, les conséquences de la politique de restructuration
de l'habitat précaire.
Pour tenter de cerner cette évolution, analyser ses mécanismes et dégager
ses tendances, trois questions sont successivement abordées : d'abord,
identifier les systèmes qui ont assuré jusqu'ici la production des logements
aux pauvres ; les acteurs qui les animent et les pratiques qui les distinguent.
Ensuite, l'accent est mis sur l'action des pouvoirs publics en matière de
restructuration de l'habitat populaire, sur ses objectifs, les moyens mobil
isés et les résultats qui ont été atteints. Dans un troisième temps, il s'agit
de s'interroger sur le devenir de l'habitat des pauvres surtout à un moment
où la crise économique consolide les mécanismes de leur exclusion.
I. — La production de logements des pauvres :
UN PASSÉ PROSPÈRE ET UN DEVENIR HYPOTHÉTIQUE
Au cours de nombreuses décennies, trois processus ont permis de fournir
aux pauvres le sol et le logement : la location de logements dans la médina,
la location du sol dans la périphérie et la production de logements clandestins
dans les nouvelles extensions urbaines.
A. Le système locatif dans la médina
L'émergence de la demande de logement émanant des couches popul
aires est l'une des conséquences de l'urbanisation massive qui s'est déclen
chée à la suite de la pénétration coloniale et aux bouleversements qui ont
affecté les structures socio-économiques locales. Fès, jusqu'alors capitale
économique, politique et démographique, a vu son rôle s'éteindre au profit
de la nouvelle organisation urbaine et sa capitale côtière (Casablanca).
Le déplacement du centre de gravité économique vers l'Atlantique s'est
2. A Fès, contrairement aux centres-villes du pays, il n'existe pas de vrais bidonvilles,
mais des hameaux de type rural. LE LOGEMENT DES PAUVRES À FES 1173
accompagné en effet de l'émigration d'une grande partie de la bourgeoisie
marchande fassie en direction du nouvel espace de pouvoir. En revanche,
l'action coloniale dans le monde rural a provoqué un afflux massif des
ruraux vers la capitale régionale. Dans un premier temps le vide légué
par le départ des Fassis a suffi pour satisfaire les besoins en logement des
nouveaux citadins. Les propriétaires des demeures traditionnelles aban
données ont procédé à leur location aux nouveaux occupants porteurs de
pratiques spatiales et de valeurs culturelles qui leur sont spécifiques. Malgré
ces départs massifs, la population de la médina n'a pas cessé d'augmenter.
Conçue pour abriter une de 100 000 habitants, elle regroupe
aujourd'hui près de 250 000 personnes, soit la moitié de la population de
l'agglomération urbaine. L'installation des ruraux a modifié les structures
foncières et les statuts d'occupation des logements : 50 % des chefs de
ménages sont aujourd'hui des locataires. Cette proportion est plus import
ante parmi les ménages immigrés (67,3 % selon les résultats du dernier
recensement de la population et de l'habitat de 1982) qui sont en majorité
de conditions sociales modestes. La concentration des ruraux en médina
a été favorisée par la souplesse du marché locatif et sa forte adaptation à
leurs financières. La plupart des maisons sont louées à la pièce
en réponse à une demande fortement émiettée et aux stratégies spéculatives
des propriétaires de logements. C'est ainsi que l'unité de la maison tradi
tionnelle a disparu et les nombreux locataires qui n'ont en commun que
leurs difficultés économiques cohabitent dans des espaces ménagés pour
recevoir une seule famille. La propriété du logement s'est donc trouvée
extrêmement fractionnée et les densités humaines ont atteint des seuils
effrayants (plus de 10 000 habitants/hectare dans certains secteurs de
l'ancienne ville...)3.
En recevant le trop-plein démographique, la médina a empêché l'émer
gence précoce et massive du phénomène bidonvillois qui a revêtu une
ampleur sans précédent dans les autres grandes villes du pays, malgré les
conséquences négatives de la concentration des populations démunies sur
ses équilibres internes et sur le fonctionnement du sous-système urbain.
La naissance de nouveaux types d'habitat populaire, intervenue au cours
des dernières décennies, n'a pas remis en cause la fonction du noyau tra
ditionnel comme véritable refuge aussi bien pour les ruraux sans abri que
pour les exclus des autres marchés de logements. Toutefois, trois facteurs
risquent de rétrécir le marché de location en médina et de réduire les chances
des populations pauvres : l'augmentation des prix des loyers, la pénurie du
3. Planche des densités dans la médina de Fès, Atlas de la médina de Fès, 1987, à
paraître. 1174 MOHAMMED AMEUR
sol et la forte concurrence entre l'habitat et les activités économiques qui
résulte de la surdensification humaine...
Le marché de location subit, depuis quelques années, une forte pression
due au gonflement de la demande et aux pratiques spéculatives des pro
priétaires; ce qui a entraîné des augmentations vertigineuses des loyers :
des logements malsains et mal éclair

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