Le mariage aux Indes - article ; n°1 ; vol.2, pg 505-516
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1891 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 505-516
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1891
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

Félix Regnault
Le mariage aux Indes
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 2, 1891. pp. 505-516.
Citer ce document / Cite this document :
Regnault Félix. Le mariage aux Indes. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 2, 1891. pp. 505-516.
doi : 10.3406/bmsap.1891.7560
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1891_num_2_1_7560— LE MARIAGE AUX INDES. 505 REGNAULT.
régulièrement les unes sur les autres sur un des côtés du
silex, de telle sorte que le fait de la taille intentionnelle est
même plus nettement démontré sur les pièces de Thenay
que sur celle-ci.
M. Capitan présente, au nom du docteur Baudon, de Mouy
(Oise), qui l'offre à l'École d'anthropologie, un fémur humain
de très grande taille, trouvé dans le département de l'Oise.
Ce fémur provient vraisemblablement d'un Gaulois de très
grande taille, un vrai géant. Il sera étudié ultérieurement.
COMMUNICATIONS.
Le mariage aux Indes ;
PAR M. REGNAULT.
Le caractère le plus frappant du mariage indien est la
rigueur avec laquelle la caste y reste fermée à tout élément
extérieur : qui cohabite hors caste * est décasté, ce qui, pour
l'Indien, entraîne la perte de tout droit civique, de toute aide
sociale. Personne ne veut lui fournir des aliments, sa femme
et ses enfants s'écartent de lui avec effroi ; il est rejeté hors
de l'humanité, seul désormais pour se suffire.
On veut voir là un exemple d'endogamie ; c'est une endo-
gamie de castes, il est vrai; mais je vais tâcher de prouver
que l'institution des castes provoque une véritable exogamie
topographique.
Prenons, comme exemple, un village. Aux Indes, la popul
ation est groupée surtout dans de petits villages de deux à
1 « On peut être réintégré dans sa caste pour des fautes peu graves ; mais
manger de la vache et cohabiter, pour un brame, avec une paria, sont
dea crimes irrémissibles. Car si cette femme était de toute autre caste, je
crois qu'en la répudiant et renonçant aux enfants qu'il aurait eus d'elle,
il pourrait, moyennant beaucoup de purifications et surtout de dépenses,
obtenir son pardon. » (Abbé Dubois.) On voit qu'il parle ici que de cohabit
ation, car le mariage est interdit. SÉANCE DU 16 JUILLET 4891. 506
huit cents habitants l. Sur ce nombre, on trouve d'ordinaire
au moins quatorze à quinze castes, car chaque profession est
le privilège exclusif d'une caste. Pour la vie d'une commun
auté, il faut plusieurs professions ; de là, nécessairement,
plusieurs castes. La division en quatre grandes castes :
brames, kchatrias, vaissiahs et soudras, est purement au
point de vue honorifique.
La caste brame, par exemple, se subdivise en plusieurs
autres2 ne pouvant contracter de mariages entre elles. En
réalité, il y a une multitude de castes. M. Risley, de Calcutta»
chargé par le gouvernement anglais d'en faire le relevé, en
a rempli deux gros volumes, rien que de noms, et il s'en
crée tous les jours.
Or, chaque caste est rigoureusement fermée pour le mar
iage.
D'autre part, considérons que, dans la majorité des cas,
l'Indien vit et meurt dans son village. A Chandernagor, sur
75 ï conjoints, nous n'en avons trouvé que 83 habitant, au
moment du mariage, un village autre que celui de naissance.
A Oulgate, près de Pondichéry, sur 6340, on en trouve seu
lement 263, et ce nombre devait être encore bien moindre
avant l'ouverture des chemins de fer.
Considérons, en outre, que l'Indien est absolument con
traint de se marier dans sa caste; de tous ces mariages, nous
n'en avons pas relevé un seul entre castes différentes.
Nous en conclurons que si le jeune homme choisissait une
épouse dans son village, il devrait prendre une proche pa
rente. Or sa loi le lui défend.
Mais ici, il faut distinguer entre le Nord et le Sud., où la
loi est différente.
* Dans l'Inde anglaise, sur 493 429 communes» il y a plus de 240 000 vil*
lages ayant moins de 200 habitants, 200000 moins de 1000 (Vivien de
Saint-Martin, Dictionnaire géographique),
* «Dans le sud de l'Inde, dit l'abbé Dubois, on distingue- parmi les
frames trois ou quatre castes principales qui, elles-mêmes, en comptent
au moins vingt chacune. Les lignes de démarcation sont tellement tranchées, REGNAULT. — LE MARIAGE AUX INDES. 507
1° Dans le Nord (bassin du Gange, Bénarès), on ne peut se
marier jusqu'au quatorzième degré, et au Bengale, une homo
nymie de nom empêche tout mariage, même si l'on ne trouve
aucun degré de parenté.
Il faudra donc chercher femme au dehors, quelquefois
très loin.
Pour y parvenir, il existe chez les Hindous du Nord une
profession spéciale *, dite des ghataks ou marieurs, qui cher
chent époux aux jeunes filles. Si l'accord est possible, comme
castes, richesses, ce sont eux qui font les premières pro
positions, vantent les deux partis l'un à l'autre, transmettent
et discutent les exigences relativement aux cadeaux à faire.
Ce n'est qu'après entente préalable que le père du fiancé va
voir la jeune fille, et souvent le mariage est arrêté sans que
les deux conjoints se soient seulement vus.
Yoici donc tout un système, castes, Jois contre la parenté,
institution des ghataks, bien réellement exogamique. Du
reste, les faits sont en accord avec les institutions sociales.
Pour avoir la preuve directe, matérielle, il fallait prendre
un village, une ville même, et dresser une statistique d'après
le registre des mariages. Mais les Anglais n'enregistrent pas
les mariages indigènes; seuls, dans le Sud, les prêtres catho
liques tiennent registre pour leurs ouailles.
Dans le Nord, Chandernagor, ville française, est la seule
où existe un registre civil* Son territoire, de 940 hectares,
est peuplé de 22 55Qhahitants, divisés en 29 quartiers. Nous
avons relevé la liste des mariages pour. les ans 1852, 1860,
4865, 1870, 1875, 1880, 1885, trois mois seulement chaque
année. Sur un total ainsi obtenu de 477 mariages, 339 ont
été faits entre conjoints dont l'un habitait le territoire fran»
qu'elles s'opposent à toute espèce de fusion d'une caste à l'autre* surtout
celle qui pourrait s'opérer par le mariage.
« Enfin, il faut remarquer que les signes sur le front sont des signes de
sectes religieuses (vichnouïstes, sivaïstes), et qu'on peut se marier entre
ces sectes. » {Mœurs et Institutions des peuples de l'Inde.)
l Au Bengale, c'est une profession. A Bénarès, ce n'en est pas une, mais
ils sont néanmoins monétairement rétribués de Icur3 peinrs. 508 SÉANCE DU 1G JUILLET 1891.
çais,, l'autre .l'anglais ; 93 entre conjoints habitant 'des
quartiers différents de Ghandernagor, et 43 seulement entre
gens du même quartier. Donc, 71 pour 100 de mariages hors
de Chandernagor1.
TABLEAU DE MARIAGES DO REGISTRE DE t'ÉTAT CIVIL DE CHANDERNAGOR.
Nombre
des fiancés
résidant Mariages
du mariage entre entre
habitants quartiers en un dans
entre .des territoires i différents Nombre autre quartier le des • castes français que celui de même
Années. mariages. de naissance. différentes, et anglais. Chandernagor. quartie
1852 .27 0 0 0 17 10
1860 31 1 0 20 9 2
19 ' 1865 80 10 0 55 6
1870 108 14 0 82 1» 8
1875 99 16 0 77 17 5
5 0 1880. ... 24 20 1 3
18S5. ... 37 0 12 108 85 lt
83 0 45 Totaux. .. 477 339 93
2° Dans le Sud, la loi diffère : on peut se marier entre
familles consanguines. Les cousins germains de frères ne
peuvent jamais se marier entre eux, ni ceux de sœurs; mais
on peut se marier entre cousins germains de frères et de
sœurs. Un oncle peut épouser la fille de sa sœur, mais jamais
celle de son frère. En d'autres termes, on peut s'allier entre
lignes masculine et féminine, mais jamais entre descendants
d'une même ligne masculine ou féminine, fussent-ils de la
dixième génération.
Ce principe est observé dans toutes les castes, même les
parias. De plus, non seulement on se marie dans sa caste,
mais c'est toujours entre vingt ou trente familles que se font
tous les mariages ; de sorte qu'une jeune fille est, dès son ber
ceau, destinée à un garçon qui peut demeurer des centaines
1 Et comme le garçon va souvent loin prendre femme, par décret p

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