Le massacre de l expédition espagnole du Missouri (11 août 1720) - article ; n°2 ; vol.13, pg 239-255
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Le massacre de l'expédition espagnole du Missouri (11 août 1720) - article ; n°2 ; vol.13, pg 239-255

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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1921 - Volume 13 - Numéro 2 - Pages 239-255
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1921
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Baron Marc de Villiers
Le massacre de l'expédition espagnole du Missouri (11 août
1720)
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 13 n°2, 1921. pp. 239-255.
Citer ce document / Cite this document :
de Villiers Marc. Le massacre de l'expédition espagnole du Missouri (11 août 1720). In: Journal de la Société des
Américanistes. Tome 13 n°2, 1921. pp. 239-255.
doi : 10.3406/jsa.1921.2920
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1921_num_13_2_2920LE MASSACRE
DE L'EXPÉDITION ESPAGNOLE
DU MISSOURI
(11 AOUT 1720),
PAR LE HARON MARC DE VILLIERS.
Prévenus par les Padoukas (С о manches) que des trappeurs français
venaient de remonter le Missouri, cherchaient des mines et essayaient de
gagner le Nouveau-Mexique, les Espagnols organisèrent, au printemps
de 1720, une importante expédition pour explorer la région du Missouri,
et chasser de ces parages les Français qui pouvaient déjà s'y être établis.
Seulement les Espagnols ne savaient pas se concilier les Indiens, et leur
colonne, malgré son puissant armement, fut complètement exterminée
par les Otoptatas, autrement dit Otos, à cent kilomètres du Missouri.
Le Père Charlevoix [, Dumont de Montigny2 et le Page du Pratz3,
nous ont chacun laissé un récit du massacre de l'expédition. La vingtième
lettre du Père Charlevoix renferme quelques détails intéressants, surtout
s'ils ont bien été recueillis d Indiens venus directement au Canada4, car
toutes les autres versions que nous connaissons, proviennent) de nations
sauvages ne fréquentant guère que nos postes des Illinois. Le récit de Le
Page du Pratz, beaucoup plus développé, et passablement inspiré de celui
de Dumont, semble parfois un peu trop pittoresque, et a le tort de prendre
les Missouris pour les Otoptatas et, surtout, de confondre les Osages avec
les Panis. Quant à Dumont de Montigny, il a très certainement fort
exagéré l'effectif du corps expéditionnaire espagnol en le portant à
« quinze cents personnes, hommes, femmes et enfants » 5. Deux cents à
1. Histoire delà Nouvelle-France. Edition de 1744, t. Ш, p. 246-25 1 .
2. )fémoires historiques sur la Louisiane, 1753, t. II, p. 284-286.
3. Histoire de la Louisiane, 17:16, t. II, p. 246-251.
4. Celle lettre est datée de Michillimakinac, 21 juillet 1721 ; mais Charlevoix rédi
gea la plupart de ses Lettres, ou du moins les remania complètement, après son
retour en France .
"y. Bossu, qui, en recopiant, exagérait toujours, parla de plus de loOO fusils! Nou-
vrau.r; voi/af/ns aux Indes Occidentales, t. I, p. 175. 240 SOCIÉTÉ DliS AMÉRI GAGISTES DE PAH[S
deux cent cinquante Européens, accompagnés de plusieurs centaines de
porteurs indiens, partirent probablement de Santa-Fé ; mais, comme les
trois quarts des membres de l'expédition retournèrent au Nouveau-
Mexique pour diverses raisons, la colonne, après avoir dépassé la rivière
du Kanzas, ne comprenait guère plus de deux cents personnes dont une
soixantaine d'Espagnols.
Trois documents inédits, conservés dans les archives du Service
Hydrographique de la Marine et du Ministère de la Guerre vont nous per
mettre de rectifier ou de compléter les récits des trois premiers historiens
de la Louisiane, et d'établir, pour la première fois, que l'expédition des
Espagnols fut exterminée, le 11 ou le 12 août 1720, par les Indiens
Otoptatiis [Otos) {, agissant de concert avec les Panis-Mahas (Loups ou
Skidis) et peut-être des Missouris, sur les bords de la rivière Platte
(Nebraska) et, très probablement, près de son confluent avec la rivière du
Loup (Loup Fork).
En 1720, la France et l'Espagne se trouvaient en guerre ; nous venions
de nous emparer du port de Pensacolaet de chasser — momentanément
— les Espagnols de leur poste des Adayes 2 ; il pourrait donc sembler
tout naturel de voir le gouverneur du Nouveau-Mexique chercher à
prendre une revanche facile contre nos postes, fort mal défendus, des
Illinois, et pourtant, quand on connaît la politique fondamentale des
Espagnols, dont tous les efforts tendaient à maintenir une large zone
mystérieuse entre la Louisiane et le Nouveau-Mexique, cette seule rai
son paraît bien insuffisante.
Les soixante et quelques malheureux Espagnols, massacrés par les
Otoptatas, furent, en réalité, d'obscures et infortunées victimes du sys
tème de Law et des réclames fantastiques de la Compagnie des Indes.
Le grand nombre d'outils de mineurs que transportait l'expédition, les
colons qu'elle emmenait avec leur bétail, montrent que les Espagnols ne
comptaient pas se borner à éloigner les Français du Nouveau-Mexique,
mais, surtout, se berçaient de l'espoir de s'emparer des fabuleuses mines
du Missouri, si bien exploitées. . . rue Quinquempoix.
Certes, au printemps de 1720, l'engouement pour le Mississipi avait
déjà bien diminué ; on chantait à Paris :
. . . Les Mines, l'on y fouillera
Car, sans doute on en trouvera
— Si la Nature en a mis !
1. Les noms écrits en italique sont ceux adoptés par le Handbook of American
Indians, publié par le Bureau of American Ethnology
2. Fondé pour surveiller notre établissement des Natchitotchcz, situé sur la
rivière Rouge. LE MASSACRE DE l'kXPÉHÎTION ESPAGNOLE DU MISSOURI 241
et fort peu de personnes, en Europe, croyaient encore aux rochers d'éme-
raude et aux montagnes d'argent de la Louisiane, seulement la nouvelle
de ce scepticisme récent n'avait pas encore eu le temps de parvenir à
Santa-Fé du Nouveau-Mexique.
La plupart des anciens auteurs qui se sont occupés de la Haute-Louis
iane, parlent des Otoptatas, et presque toutes les cartes de l'Amérique
du xviiie siècle indiquent, assez exactement, leur habitat1, seulement le
Carte montrant l'emplacement exact du Massacre de l'expédition espagnole du Missouri.
nom de ces Indiens 2 se trouve écrit de bien des façons et on rencontre
indifféremment Ototactas, Octotactas, Onatotchites, Otontantas, Huatoc-
totos, Othouez, etc., etc. En 1724, Venyard de Bourmont, puis l'auteur
de la Relation de son voyage 3 les appellent Hotos et Othos, et c'est ce
nom à'Otos que les Américains ont conservé aux derniers survivants de
cette nation qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours 4.
D'après le Père Charlevoix, « Les Octotatas sont des peuples alliés des
Aiouez (actuellement Iowas) dont on prétend même qu'ils tirent leur
origine » et ce renseignement concorde avec la classification du Hand-
hook of American Indians qui, parmi les groupes de la grande famille
des Sioux, en forme un composé des Iowas, des Otos et des Missouris.
1 . Citons : Franquelin, le Pagedu Pratz, d'Anville, Vaugondys, Bowen , etc.
2. Le Handbook of American Indians en signale plus de soixante-dix, et cette liste
pourrait être complétée !
3. -Margry, t. VI, p. 396 et 402.
4. Le recensement de 1906 en comptait encore 390. 242 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS
Un manuscrit espagnol, incomplet, compilation de documents non dates,
ni signés, fait descendre les Otos des Missouris. Ce recueil indique qu'au
commencement du xixe siècle, les Otos comptaient une population de
cinq cents âmes, dont cent vingt guerriers, contractaient souvent des
mariages avec les Kansas et protégeaient, d'une façon d'ailleurs fort
dédaigneuse, les Missouris réduits alors à quatre-vingts guerriers. Les
Otos étaient, à cette époque, les alliés des Panis proprement dits (Grands
Panis) [Pawnees Chain), des Sawkees (Sawk) et des Zorros (Renards
ou Foxes) et en guerre avec les Mahas (Omahas), Poncares (Ponça), Sioux,
Grands et Petits Osages et, enfin, avec les Canécis (Lipans ou Apaches)
et les Lobos (Skidis).
Les Otos, originaires, croit-on, de l'Etat actuel d'Iowa, semblent avoir
d'abord habité près de l'embouchure de la grande Nemaha *, avant de
venir se fixer sur la rive droite de la rivière des Panis que les frères Mal-
let baptisèrent, le 2 juin 1739, du nom de la rivière Plaie. Ce nom
caractérisait si bien cette rivière qu'elle la conservé jusqu'à nos jours
avec l'orthographe de Platte 2. Les Otos ne s'éloignèrent jamais beaucoup
de cette région et, bien qu'à plusieurs reprises refoulés vers le Sud pen
dant le cours du xixe siècle, ils occupaient encore, en 1882 3, une
Réserve située dans la partie méridionale de l'état actuel de Nebraska. <

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