Le modèle français de soutien au cinéma : le désenchantement - article ; n°1 ; vol.54, pg 81-94
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Description

Quaderni - Année 2004 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 81-94
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Daniel Sauvaget
Le modèle français de soutien au cinéma : le désenchantement
In: Quaderni. N. 54, Printemps 2004. pp. 81-94.
Citer ce document / Cite this document :
Sauvaget Daniel. Le modèle français de soutien au cinéma : le désenchantement. In: Quaderni. N. 54, Printemps 2004. pp. 81-
94.
doi : 10.3406/quad.2004.1616
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_2004_num_54_1_1616Dossier
La France est équipée d'un arsenal de mesures
le modèle de soutien au cinéma dont l'origine remonte à
l'immédiat après-guerre, et dont l'évolution par
bonds successifs et la volonté d'adaptation à une français de
économie évolutive ont permis de dépasser les
objectifs d'origine (il s'agissait alors priorita
soutien au irement de reconstruire en France une économie
du film). Les interventions publiques de plus en
plus diversifiées sur l'ensemble de la filière au
cinéma : le
cours des vingt dernières années sont aujourd'hui
considérées comme des acquis intangibles.
désenchantement
Primitivement destiné à la production, le prél
èvement d'une taxe spéciale sur les recettes des
salles - refusé tout d'abord par les exploitants en
1945 - a été voté par le Parlement en septembre Daniel
1948, dans le contexte de la "situation désas
Sauvaget treuse" (selon les termes des rapports officiels de
l'époque) du cinéma français. Il n'était alors
question que d'une loi d'aide temporaire, et cette Critique de cinéma
aide était accordée non seulement à la production Enseignant à lUniversité Paris III
de nouveaux films, mais à la modernisation des
salles. L'aide temporaire devint ensuite définitive,
dès 1953. Au-delà des allers-retours de l'aide à
l'exploitation dans les années 1959-1967, le soutien
public s'est étendu de trois manières : en faisant
naître du sein de l'aide dite automatique
(économique/quantitative) des aides sélectives
(qualitatives/culturelles), en étendant à la
télévision (1984) puis à la vidéo l'obligation de
contribuer au Compte de soutien en échange de
quelques avantages, et en couvrant peu à peu
tous les secteurs et sous-secteurs : court-métrage
et long-métrage, écriture de scénario et aide à la
distribution, création et production, soutien à la
modernisation des salles et à la desserte du
territoire, insertion dans les instances éducatives
et soutien aux industries techniques, etc.1
QUADERNI N°54 PRINTEMPS 2004 LE DESENCHANTEMENT *81 Seules les années cinquante ont connu une phase, compensatoires, ainsi que le jeu institutionnel de
la relation entre les professionnels et le CNC - aujourd'hui révolue, de contestation des
voire le lobbying - ont contribué à une certaine pouvoirs du Centre national de la cinemato
paix sociale renforcée par la dimension symbolique graphic par certaines couches professionnelles',
notamment dans les milieux de l'exploitation qui et politique des problèmes du cinéma, à un
ont protesté contre les crédits accordés par le unanimisme que l'étranger nous envie au moins
CNC à l'IDHEC, à la Cinémathèque française, à la autant qu'il envie le système lui-même.
Commission supérieure technique (et à l'Institut
de Filmologie créé au sein de la Sorbonne), La fin des certitudes
mesures trahissant, selon certains, les buts
strictement économiques de la loi d'aide. Depuis, Aujourd'hui pourtant, les craquements et les
le Fonds de soutien n'a été que rarement contesté failles sont de plus en plus perceptibles, et le
sur le fond. Jusqu'aux années récentes, les consensus s'effrite, ce dont témoigne la
critiques se dispersaient sur quelques détails multiplication des études et rapports officiels
d'application en matière d'aide sélective demandés par le CNC, le ministère des Finances
(remboursement insuffisant des avances sur ou les parlementaires. Ces rapports ont souvent
recettes jugées parfois "non rentables", le défaut de reposer sur V audition (terme
contestations sur les subventions de l'aide consacré) des professionnels jugés
sélective aux salles, inefficacité des structures incontournables autant et sinon plus que sur les
créées pour l'exportation, divergences sur telle méthodes rigoureuses des véritables audits ;
ou telle réforme de l'art et essai, etc.). Parfois de néanmoins ces expertises se font l'écho de
vagues critiques sans conséquences ont été certaines critiques internes au système, et, plus
émises à propos des modalités d'attribution des rarement, de critiques d'origine externe. La
aides (la structure jugée corporative des politique du cinéma devient pourtant l'objet de
commissions siégeant "auprès" du CNC) ou sur contestations théoriques et pratiques qui
l'excès des prélèvements effectués sur la devraient se révéler plus déterminantes qu'au
"télévision, secteur en croissance, au profit du cours des années précédentes. Par la puissance
cinéma, secteur en déclin". D'autres observations, potentielle des agents économiques capables de
plus concrètes, ont porté sur la non-rentabilité de contester les règles et de les contourner, mais
aussi par de simples conséquences logiques de certaines aides sélectives, sur l'insuffisance des
critères de rendement commercial, sur l'inutilité l'appareil réglementaire qui est au commande du
des concessions fiscales faites dans le cadre des financement, particulièrement celui de la
SOFICA, sur l'absence de liens rigoureux entre production cinématographique, un jeu complexe
plusieurs aides sélectives (création et diffusion, de variables qu'on croyait maîtrisées peut porter
par exemple)... Mais en elle-même, l'extrême atteinte aux équilibres actuels, et même au
diversité des aides, ainsi que la méthode classique système lui-même.
qui consiste à freiner les effets pervers d'une
procédure en en inventant une nouvelle, à buts Le système est littéralement encerclé par
82 LE DESENCHANTEMENT QUADERNI N°54 - PRINTEMPS 2004 de défendre la territorialité des aides et la légitimité l'évolution des marchés de la communication, de
la structure des entreprises et par l'évolution des obligations de production imposées aux
technologique - ce qui ne manque pas de chaînes.
développer chez ses défenseurs légitimes et chez
ses bénéficiaires une mentalité d'assiégé. Et À ces problèmes internationaux (contrôlables
d'autre part, il est miné par ses propres jusqu'à un certain point par le Politique), se
superposent les critiques internes portant sur ce contradictions, par le danger permanent que
représente l'hypothèse d'une baisse des qui, dans un ensemble complexe de
ressources des activités qui contribuent au réglementations, comporte des effets
financement du cinéma et dont la contribution contradictoires et des conséquences hasardeuses
est calculée mécaniquement. Des risques qui dans les domaines concernant le renforcement
n'ont jamais été dénoncés que de manière des entreprises, la commercialisation des uvres,
partielle, anecdotique, alors que la machinerie a l'encadrement du risque. Enfin, d'un point de vue
politique et administratif, un souci de plus grande besoin de réparation et d'aménagements, voire,
efficacité fait naître des expertises et contre- pour emprunter un terme à la mode, de donner
lieu à une refondation. expertises, des recommandations, voire des
exigences, plus particulièrement du coté des élus
Le modèle français est contesté à plusieurs et de l'administration des Finances, qui se
niveaux, à un niveau global, et dans de satisfont de moins en moins des rapports
ses lignes de force. Objectives ou subjectives, d'activité du CNC. Pour s'en persuader, il suffît
les contestations alertent sur l'existence de failles de comparer les rapports de commissions
et de craquements, et l'émergence de véritables culturelles des assemblées parlementaires, plus
offensives déjà manifestes. Au niveau militants qu'analytiques, et ceux qui, plus
international, la pression, liée au marché et à la critiques, souvent discordan

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