Le mouvement philosophique en Belgique (suite et fin) - article ; n°60 ; vol.15, pg 454-473
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Revue néo-scolastique - Année 1908 - Volume 15 - Numéro 60 - Pages 454-473
20 pages

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Publié le 01 janvier 1908
Nombre de lectures 38
Langue Français
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Maurice De Wulf
Le mouvement philosophique en Belgique (suite et fin)
In: Revue néo-scolastique. 15° année, N°60, 1908. pp. 454-473.
Citer ce document / Cite this document :
De Wulf Maurice. Le mouvement philosophique en Belgique (suite et fin). In: Revue néo-scolastique. 15° année, N°60, 1908.
pp. 454-473.
doi : 10.3406/phlou.1908.2181
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1908_num_15_60_2181XIII.
LE MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE EN BELGIQUE.
(Suite et fin *).
IV.
La philosophie d' Aristote s'installe en suzeraine officielle
dans les nouvelles chaires ; aristotélicien est le nom désor
mais donné aux scolastiques. Non seulement on enseigne
Aristote dans les pédagogies de la Faculté des arts (péda
gogies du Faucon, du Porc, du Lys, du Château), mais
aussi les théologiens s'en occupent, et nous verrons des
professeurs de médecine jouer un rôle actif dans les plus
intéressantes controverses. Plus tard des concours s'orga
nisent entre les alumni des quatre pédagogies philo
sophiques. Celui qui est classé premier, le primus, est fêté
comme un triomphateur ; des diplômes artistiques attestent
ses succès, on frappe des médailles à son effigie, et l'ét
ablissement qui l'a formé se réclame bruyamment de sa
supériorité vis-à-vis des instituts rivaux.
La doctrine de ces aristotéliciens de la première heure
— Heymeric de Campo, de Sonne (Bois-le-Duc). Henri de
Zomeren, Jean de Hasselt ou Jean Leyten — n'offre pas
grande originalité, mais elle témoigne d'une intense vie
d'études. La jeune université venait à peine de se constituer
qu'un texte du Perihermeneias d' Aristote amorça une dis
cussion des plus passionnées. Un professeur de la Faculté
*) Voir Revue Néo-Scolastique, août 1908. LE MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE EN BELGIQUE 455
de théologie, Pierre de Rivo, dans une dispute quodlibé-
tique de 1465, émit la thèse que les événements futurs
contingents ne sont ni vrais ni faux et fit de cette doctrine
une série d'applications à la théologie. Il fut vivement
repris par plusieurs de ses collègues et notamment par
Henri de Zomeren. La querelle s'envenima et s'étendit
démesurément. Le conflit académique se compliqua d'in
trigues et de procès ; non seulement toute l'université se
partagea sur cette question, mais la Faculté de Paris fut
amenée à donner son avis et la Cour romaine, saisie du
différend, trancha par voie d'autorité, après une série de
procédures qui ont été récemment exposées *) et qu'il nous
est impossible de rolater ici. Ce fut la thèse de Henri de
Zomeren qui finalement l'emporta. D'intéressants manus
crits nous ont conservé les écrits de circonstance issus de
ces conflits d'idées et attendent qu'on les veuille publier :
encore un chapitre inédit de notre histoire philosophique.
Mais l'aristotélisme eut bientôt à se mesurer avec des
philosophies nouvelles, issues de la Renaissance et qui
surent habilement exploiter ses faiblesses. Ce fut l'huma
nisme d'abord, le cartésianisme ensuite ; les chocs inévi
tables de la tradition et de la nouveauté furent plus violents
peut-être, dans nos provinces belges que dans n'importe
quel autre pays.
L'humanisme fit de l'Université de Louvain une de ses
citadelles. On y rencontre le latiniste Erasme ; l'espagnol
Vives, si acerbe dans ses railleries à l'adresse de l'aristo
télisme, y propage ses idées.
Puis Juste Lipse d'Overyssche (1547-1606), non content
de restaurer la latinité classique, fait en même temps retour
au stoïcisme antique, tandis que son successeur Henri
') Cfr. P. Frédéricq, L'hérésie à V Université de Louvain en 1470
(Bull. Classe Lettres Acad. Belgique, 1905) et Laminne, La contro-
verse sur les futurs contingents à V de au XVe s.
(Ibid., 1906). M. DE WULF 456
Vandeputte de Venloo ou Erycius Puteanus préconise
plutôt l'épicurisme, prenant les devants sur Gassendi. Le
culte des langues classiques, qui inspire l'œuvre des human
istes, provoqua chez eux un dégoût profond pour les
formes vieillies de la scolastique, pour sa terminologie
artificielle, sa phrase embarrassée et impure. On ne tarda
pas à englober dans une même réprobation les barbarismes
de la forme et la philosophie qu'ils déparaient.
Les critiques dirigées par les humanistes contre la latinité
des scolastiques sont fondées, bien que leur dédain dépasse
la juste mesure. Par contre, on sourit à poursuivre les
essais de doctrines nouvelles patronnées par ces hommes
qui étaient philologues de profession et philosophes par
accident.
Piqués au vif, quelques aristotéliciens attitrés dans les
facultés universitaires essaient de faire retour à une langue
plus sobre et plus châtiée : Augustin Huens ou Hunnaeus
de Malines (1522-1577), qui fit une dialectique et édita la
Somme Théologique de Thomas d'Aquin, Jean l'Estaignier
ou Stannifex de Gosselies (1494-1536), Serjacobs ou Beve-
rus de Beveren, Corneille Wauters ou Valerius d'Oude-
water (1512-1578) méritent, à ce point de vue, d'être
mentionnés. On y peut joindre le franciscain Tittelmans de
Hasselt (1502-1578) T). Mais pour la doctrine, ces hommes
demeurent inébranlablement péripatéticiens. Et il en sera de
même de leurs successeurs.
Même la Faculté de droit de l'Université de Louvain ne
demeura pas fermée aux infiltrations de la philosophie.
Notre savant collègue M. Brants, qui a étudié la Faculté
de droit de Louvain à travers cinq siècles 2),« montre fort
*) Sur ce dernier vient de paraître: A. Pacquay, Frans Titelmans
van Hasselt (Franciscus Titelmannus Hassellensis). Opzoekingen over
zijn leven, zijne werken, zijne familie, 1907.
2) La Faculté de Droit à l'Université de Louvain à travers cinq
siècles. Louvain, 1896. mouvement philosophique en Belgique 457 Le
bien qu'à partir du xvie siècle, elle intervint dans des
débats qui ne sont pas sans affinité avec les théories sto
ïciennes répandues par la Renaissance. Il s'agit d'un
ensemble d'idées générales sur le Droit naturel ou philo
sophie du Droit, sur le caractère de la loi et de l'obligation,
sur les devoirs du prince, sur les règles du gouvernement,
que les juristes présentent sous forme d'introduction à
l'étude du Droit romain.
On cite des noms et des œuvres. Au xvie siècle, le
de juris arte de Hopperus, véritable traité de Droit général,
exerça une influence caractéristique, et notamment fit une
impression profonde sur Martin Antoine del Rio. Les
juristes marchent ainsi sur les brisées des théologiens, ou
plutôt ils abordent une série de problèmes simultanément
soulevés dans les traités théologiques de jure et justitia, de
mrtutibus fort en honneur depuis Suarez. Au xvne siècle,
la Faculté de Droit demeura fidèle à ces traditions : Gude-
lin, Malderus, Zypaeus, Perez, Tulden, font, dans leurs
écrits, une place notable au Droit naturel et social. Leurs
écrits mériteraient d'être étudiés au point de vue doctrinal.
Il serait intéressant de fixer la filiation de leurs idées, de
préciser l'empreinte de l'humanisme et du naturalisme de
Grotius et de Morus, peut-être aussi celle de la Réforme.
Celui qui fera cette histoire ajoutera une belle page aux
annales de la philosophie en Belgique.
Louvain ne détint pas longtemps, malgré ses efforts
jaloux, le monopole de l'enseignement universitaire dans
les Pays-Bas. Dès 1562, Douai eut son université, et Lou
vain lui fournit ses premiers maîtres de philosophie. On y
retrouve les mêmes luttes de l'aristotélisme et de l'huma
nisme, celui-ci très puissant, grâce à Nicolas du Nancel qui
introduisit les doctrines de Pierre de la Ramée et compta
parmi ses nombreux adhérents, le Gantois Jean Olie-
schlager (Olivarius). Puis ce fut le tour des provinces du
Nord qui, elles aussi, réclamèrent leurs universités, et M. DE WULP 458
recueillirent au nombre de leurs fondateurs des transfuges
de Belgique. Bertius *) de Beveren-Waes (né en 1565),
Gaspar Van Baerle ou Barlaeus 2) d'Anvers (1584-1648),
Gérard de Vos ou Vossius, enseignent à l'Université de

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