Le « mythe » d Arthur : la royauté et l idéologie - article ; n°3 ; vol.39, pg 480-494
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Le « mythe » d'Arthur : la royauté et l'idéologie - article ; n°3 ; vol.39, pg 480-494

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1984 - Volume 39 - Numéro 3 - Pages 480-494
The Myth of Arthur : Kingship and Ideology.
Through a detailed analysis of Beroul's Roman de Tristan, the present study criticizes the now classical conception that treats Arthurian romance of the 12th and 13th century as anideal representation or mirror of feudal kingship and chivalric ideology. The interpretation of the structural particularities of this text leads to the discovery of an independent esthetic discourse in which political views escaping from the so-called dominant doctrine take shape ; at the same time the relationship of the king and his chivalry the romances of Chrétien de Troyes appears in the light of an opening of the feudal model of kingship that prefigures the absolute power of the Prince.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Katharina Holzermayr
Le « mythe » d'Arthur : la royauté et l'idéologie
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 39e année, N. 3, 1984. pp. 480-494.
Abstract
The "Myth" of Arthur : Kingship and Ideology.
Through a detailed analysis of Beroul's "Roman de Tristan", the present study criticizes the now classical conception that treats
Arthurian romance of the 12th and 13th century as an"ideal representation" or "mirror" of feudal kingship and chivalric ideology.
The interpretation of the structural particularities of this text leads to the discovery of an independent esthetic discourse in which
political views escaping from the so-called "dominant doctrine" take shape ; at the same time the relationship of the king and his
chivalry the romances of Chrétien de Troyes appears in the light of an opening of the feudal model of kingship that prefigures the
absolute power of the Prince.
Citer ce document / Cite this document :
Holzermayr Katharina. Le « mythe » d'Arthur : la royauté et l'idéologie. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 39e
année, N. 3, 1984. pp. 480-494.
doi : 10.3406/ahess.1984.283072
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1984_num_39_3_283072MYTHE ARTHUR LA ROYAUT ET ID OLOGIE LE
La fonction du roi Arthur dans la littérature romanesque du xne siècle été
définie surtout en ce qui concerne uvre de Chrétien de Troyes comme la
personnification un principe ce principe étant un état supra
national soustrait emprise un souverain centralisateur et dont les aspi
rations universalistes se fondent sur la vertu une chevalerie parfaite
Arthur romanesque serait selon Köhler un des moyens affirmation des
rois normands et angevins vassaux du roi de France qui cherchent sauve
garder leurs prérogatives vis-à-vis une royauté fran aise revigorée
Dans Historia Regum Britanniae de Geoffroi de Monmouth Arthur et son
royaume légendaire sont ... les moyens une fin très concrète Il est permis de
supposer priori il en va de même pour Arthur du roman mais de fa on
plus vague et plus générale parce il est au service une couche de la féoda
lité courtoise qui prend tout juste conscience de soi2
Dans ce miroir tendu la féodalité hostilité de la chevalerie égard
des changements politiques et sociaux exprimerait par une transposition dans
ordre du psychologique les modifications historiques réelles resurgiraient
sous forme un autre monde du merveilleux et du démoniaque parce elles
seraient restées incompréhensibles et inexplicables aux auteurs des diffé
rentes uvres3 La contradiction entre inconscience des auteurs un
côté la conscience et la volonté politiques des princes féodaux en
général des rois angevins en particulier de autre soulève avec acuité la problé
matique propre au texte littéraire et son interprétation ne serait-il après
tout que reflet du monde traduction plus ou moins consciente ou intui
tive en motifs symboles et idéaux Idéal une réalité Wirklichkeit qui
prime et une certaine manière se dérobe
il en est ainsi pourquoi a-t-il dans un corpus comme celui de Köhler des
items qui se soustraient impact de histoire est le cas de Tristan de
480 HOLZERMAYR LE MYTHE ARTHUR
Béroul rangé par Köhler parmi les récits merveilleux Märchen Wunder
geschichten en marge de la problématique politique de époque la crise de la
chevalerie et inapte véhiculer un contenu idéologique4 Le clivage séparant
selon de prétendus critères de forme le merveilleux énigmatique le mytho
logique les uvres aptes charrier des significations historiques de celles qui
se situeraient en dehors de la réalité historique reste lui-même sans interpréta
tion5
Un phénomène aussi globalement inexplicable semble bien mettre en cause
le modèle explicatif Il agira donc dans la présente étude de suspendre le
classement opéré par Köhler et interroger les rapports spécifiques entre
tient le Tristan de Béroul avec certains romans arthuriens
Le cheminement Arthur travers les nombreux textes les multiples glisse
ments de sa position et de son statut la chute finale dans La Mort
Arthu6 bref les modalités de son passage aJ;ravers tous les stades de force et
de faiblesse apparaissent en eux-mêmes significatifs Cette instabilité ne met-
elle pas en cause une interprétation trop figée du roi Arthur en tant que sym
bole personnification un principe ou modèle fini et exemplaire En
Arthur se fait jour une précarité qui appelle travers les figures de impuis
sance et de la dépendance du secours assuré par une chevalerie parfaite le
chancellement de son univers
La faiblesse et la passivité signes précurseurs de âge et de la mort annon
cent la clôture on trouve un tel usage de ce topos dans Guillaume Angle
terre où Gléolais preux comme Roland vertueux et courtois apparaît malgré
sa valeur comme un personnage regrettable son rôle dramatique principal
semble être de mourir au juste moment pour restituer ses terres au roi Les
temps de Roland semblent définitivement révolus dans ce roman tout est
centré sur avènement un roi nouveau dont aventure initiatique est
plus ordre chevaleresque Guillaume acquiert sa dignité royale en se vouant
humblement activité marchande et il assurera le bien-être de son royaume en
appuyant contrairement aux habitudes de Charlemagne et Arthur sur les
conseils un loyal. bourgeois
usage abstrait des figures poétiques jette donc le doute sur la conception
une transposition psychologique inconsciente de la réalité politique et il
faudra se demander si Arthur lui aussi est pas plus que objet du désir ce
principe chevaleresque dont rêvait la féodalité) si le texte si les romans
arthuriens ne représentent pas autre chose que le chant du cygne une che
valerie déchue
emploi parodique que font des romans comme Cligès et Guillaume
Angleterre de certains topoi conventionnels semble signaler éclatement
un univers clos et annonce une dynamique qui projette le sens au-delà du
monde arthurien qui devient ainsi un moment historique révolu Dans Cligès la
cour Arthur est pas mise en péril par un autre monde diabolique ou
merveilleux le danger vient de intérieur est le mauvais sénéchal qui mal
traite le peuple et quand il cherche emparer du trône il est pas vaincu par
les héros bretons traditionnels mais par un grec Alexandre
La fusion entre les chevaleries grecque et bretonne est dédoublée par le
mariage entre Alexandre et la princesse bretonne Soredamors alliance dont
481 ID OLOGIE ROYALE
naît Cligès la trajectoire de ce chevalier contrevient avec une étonnante préci
sion idéal chevaleresque illustre Erec Cligès renonce volontairement aux
aventures guerrières et se retire avec son amie Fènice dans un jardin
merveilleux soustraits emprise de la cour protégés mieux que Méléagant et
sa dame contre toute intrusion les amants se vouent exclusivement au bonheur
amoureux La séquence finale description de emprisonnement des impéra
trices de Constantinople7 souligne rétroactivement le principe négatif selon
lequel se développe action dramatique contrairement ce qui se passe dans
Erec où toute action vise une augmentation de honneur de la joie commu
nautaire etc.) tout découle ici un enchaînement de soustractions
oncle soustrait le royaume au juste héritier la femme soustrait son corps son
mari les amants se soustraient la cour le coupable enfin se soustrait la
juste vengeance Alis le traître est pas éliminé dans un combat mais il éli
mine lui-même en succombant sa propre fureur
Cligès se pose ainsi comme la négation structurale de son précurseur Erec et
se situe chronologiquement et structurellement dans une position charnière
entre les deux autres romans de Chrétien Erec et Guillaume Angleterre Il
médiatise en quelque sorte le passage un univers arthurien harmonieux
grâce au maintien de équilibre entre chevalerie et courtoisie uni
vers guillaumien où ces qualités effacent derrière de nouvelles vertus ascé
tiques et marchandes qui assurent désormais le bien-être spirituel et matériel du
royaume
Par sa position médiane et sa forme qui constitue une accumulation de
références biaisées autres uvres surtout Erec et Tristan de Béroul)
Cligès apparaît comme le roman qui marque le point de basculement dans une
évolution la manifestation concrète de ordre du progrès du règne arthu
rien vers le règne guillaumien
La mise mort morale et

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